Bouclier fiscal : faux débat, vraie diversion
La dernière stratégie de diversion politique s’appelle bouclier fiscal. Tout le monde brasse de l’air et des billets sur le sujet. Comme si l’épaisseur du portefeuille des milliardaires nous intéressait vraiment.
Bouclier fiscal, la "réforme des retraites des riches"
Finalement, ils sont comme nous les nantis. Ils ont les mêmes problèmes. Tous les matins, au George V, devant un café et l’Herald Tribune, ils fument leurs cigares la mine soucieuse et ruminent à voix haute que le bon temps c’est fini, ils vont devoir partir en Suisse ou en Belgique. Conséquence, il va falloir importer le bordeaux et le bourgogne, et ça va coûter des sous en plus du déménagement des meubles Louis XVI. C’est une décision lourde à prendre, ne vaudrait-il pas mieux rester, se soumettre, accepter de donner plus de la moitié de ses revenus avec la nostalgie de l’époque où le bon Sarkozy Premier leur laissait des droits ?
Car là est la question. Pendant la campagne présidentielle de 2007, le futur président avait annoncé sa volonté de limiter le taux d’imposition à 50 %. Dès le premier août avec la loi TEPA, ce fut chose faite. Depuis 3 ans donc, les riches peuvent enfin respirer, mais les retours espérés des exilés de la décennie 1990 n’ont pas été à la hauteur des espérances. Selon Le Figaro, 821 contribuables redevables de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) ont quitté la France en 2008, malgré l’instauration du bouclier fiscal, tandis que seulement 312 expatriés fiscaux sont revenus. Pire ! Johnny est parti ! C’est vraiment le signe que ça ne marche pas... Officiellement, il séjourne plus de la moitié de l’année a Gstaad en Suisse, ce fameux pays qui n’est pas un paradis fiscal puisque Sarkozy a affirmé (vous pouvez changer le verbe par « menti », au choix) qu’ « il n’y a plus de paradis fiscaux ». Mais comme le note Siné Hebdo, il répète partout fièrement qu’il fait construire une luxueuse villa à Los Angeles et scolarise ses enfants dans cette même ville. Johnny petit menteur ? En tout cas, Johnny plus-du-tout-en-France.
Bouclier fiscal ? Dites plutôt pare-feu politique
Depuis leur victoire aux régionales, les chefs de gauche se sont empressés de s’atteler à réformer la France, au nom de tous les prolos qui ont cru en eux. Effectivement, ceux-ci ont été entendu, puisque leurs premiers coups de crocs ont été contre … le bouclier fiscal. Thème qui concerne tous leurs électeurs évidemment, puisque l’impôt sur la fortune touche 1,6 % des Français...
On aurait pu penser que le gouvernement saurait, comme à son habitude, rapidement dire merde à ces attaques, mais non. Les ministres y vont de leur petit avis personnel, avivent le feu du débat. Certains comptent garder leurs amis friqués et soutiennent le bouclier, d’autres plus téméraires émettent des doutes.
Mais l’effet extraordinaire, c’est que ce soi-disant débat intéresse les gens ! C’est parfait ! Pendant que les pauvres s’inquiètent du sort des riches, ils ne pensent pas à leur cas personnel. Les ministres en profitent donc pour se retrancher derrière ce fameux bouclier et ainsi éviter de parler des vrais sujets qui fâchent. En résumé, le bouclier fiscal a le même rôle que les torchons people ; quand on les lit, on se divertit, on s’émeut pour les autres, et on oublie un temps sa condition de mouton. Le comble de l’absurde, c’est de s’émouvoir pour ceux qui vivent de notre argent !
6 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON