Ce que révèle la suprenante ode au globish de Mélenchon
Lundi matin, sur France Inter, Jean-Luc Mélenchon a exprimé son opposition au pavoisement du seul drapeau de l’UE sous l’Arc de Triomphe, n’hésitant pas, comme Fabien Roussel, à mêler ses critiques à celles venues de droite, au nom du droit qui spécifie que ce drapeau doit systématiquement accompagner le drapeau français. Mais il est aussi revenu sur son thème fétiche de la créolisation, sans avoir peur des contradictions qu’il porte, ou de la vision peu attrayante de sa perspective…
Une créolisation à l’accent globish
C’est le candidat qui le dit lui-même sur les réseaux sociaux : « Allez dans n’importe quelle rue de Paris ou d’ailleurs et vous verrez partout des pancartes en anglais. La créolisation est en train d’avoir lieu ». Cette déclaration est effarante à plusieurs titres. Voici donc un candidat à l’élection du président de la République Française qui fait de l’envahissement linguistique du globish dans les publicités un fait positif qui illustrerait la créolisation de notre pays ! Même s’il ne l’aurait pas dit de la même manière, on peut parier que Macron, ce président de la start up nation, avec qui la présidence française de l’UE communique en anglais, ou qui adjoint l’anglais à notre carte d’identité, est probablement sur la même longueur d’onde que Mélenchon. L’envahissement linguistique du globish ne leur pose aucun problème !
Dans le cas de Mélenchon, qui veut quitter l’OTAN, il est pour le moins paradoxal de voir positivement l’envahissement du premier outil du soft power étatsunien : la langue. Lui qui refuse le primat des Etats-Unis ne devrait-il pas refuser cette lente prise de pouvoir du globish dans notre espace public ? Sans même être attaché à la culture et à l’identité de notre pays, Mélenchon pourrait également en critiquer l’impact économique. Car que signifient ces communications en une seule langue ? Elles signifient qu’il est possible de concevoir des campagnes totalement globales, utilisables partout dans le monde, sans même avoir besoin de les traduire dans la langue du pays. Voilà un excellent moyen pour réduire la taille des équipes ou agences locales, qui devraient en assurer l’adaptation si elles devaient les traduire, chose qu’il n’est pas possible de faire depuis Londres ou New-York. C’est donc moins d’emplois…
Bref, le chef de la France Insoumise devrait déjà avoir de bonnes raisons, pas même identitaires ou nationales (probablement des considérations taboues dans son parti) de combattre cette invasion du globish. Mais ce que cela signifie sans doute, c’est que la fusion des cultures et des identités pour lui et ses amis est en fait pour eux un phénomène global, et que, quand il parle de créolisation, cette créolisation s’effectue à l’échelle de la planète ! Quand Jean-Luc Mélenchon parle de créolisation, la perspective qu’il dessine, ce n’est pas juste une inflexion de la culture française, mais c’est, pour lui, à terme, l’avènement d’une culture globale fusionnant et dépassant toutes les cultures nationales. Et peu lui importe que cet agenda soit aussi celui des multinationales, pour qui l’applatissement de la planète est profitable à tous les titres, permettant de produire là où cela est le moins cher, et de construire des marques globales.
C’est sans doute ce que l’on peut considérer une vision franchement extrémiste de l’internationalisme. Car il faut bien une part d’extrémisme pour parvenir à se réjouir de l’effacement du français de l’espace public par l’invasion du globish. Ne peut-on pas rester ouvert tout en voulant préserver une identité propre et distincte ? C’est probablement ici, avec son virage communautariste, qui est lié, que Mélenchon a perdu les Français. Si une petite minorité, à gauche, ou à l’extrême-centre macronien, adhère à cet applatissement de la planète et à la dilution complète de notre identité et notre culture dans un gloubi-boulga global sous forte influence étatsunienne, je pense que l’immense majorité des Français est attachée à notre identité, à notre culture et à nos valeurs. Et après des décennies de laisser-faire coupable de nos dirigeants, il est logique que les sondages indiquent une vraie attente dans ce domaine.
On peut voir dans le rapport de force inédit entre une gauche rabougrie électoralement, et une droite au plus haut, le refus des Français d’abandonner une culture et une identité que Mélenchon veut voir englouties dans une créolisation globale, malgré toutes les contradictions que cela implique pour lui. Et parce que Macron est sur la même longueur d’onde, et que cette position est largement minoritaire, il pourrait bien y perdre l’élection de cette année face à un ou une candidate à la position inverse.
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