Ces 38 qui possèdent les médias : comment la démocratie française et l’information ont été confisquées
Le Monde Diplomatique et Acrimed ont cartographié les actionnaires principaux des groupes de médias français, tous supports confondus (télévision, radio, papier, site internet). Il en ressort que le paysage médiatique français est concentré dans les mains de seulement 38 personnalités, familles, groupes financiers, structures publiques ou fondations.
Leur liste est la suivante :
20 personnalités :
- Bernard Arnault
- Pierre Bergé
- Nicolas Beytout
- Vincent Bolloré
- Édouard Coudurier
- Patrick Drahi
- Xavier Ellie
- Philippe Hersant
- Jean-Sébastien Ferjou
- Pierre Guyot
- Pascal Houzelot
- Arnaud Lagardère
- Gérard Lignac
- Xavier Niel
- Bernard Tapie
- Claude Perdriel
- Matthieu Pigasse
- François Pinault
- Benjamin de Rothshild
- Alain Weill
10 familles :
- Famille Baudecroux
- Famille Baylet
- Famille Bettencourt
- Famille Bouygues
- Famille Dassault
- Famille Hurbain (Groupe Rossel)
- Famille Hutin
- Famille Lemoine
- Famille Mohn
- Famille Saint-Cricq
4 groupes financiers :
- Crédit Agricole Nord de France
- Crédit Mutuel
- Financière Viveris
- Qatar Investment Authority
3 structures publiques :
- ARD/ZDF TV publiques allemandes
- Nethys (possédé par Publifin, possédé par la Province de Liège et des communes associées)
- République française
1 fondation :
- Fondation Varenne
= COMMENTAIRES =
1°) Une poignée de personnes physiques – milliardaires, actionnaires ou dirigeants de grandes entreprises, membres de familles héritières de grandes fortunes, en tout 30 acteurs – possèdent les plus grands médias privés de France.
Grâce à leurs relais médiatiques, ces « 30 » peuvent à loisir :
- défendre la réputation de leurs entreprises et de leur clientèle,
- chercher à obtenir des marchés publics en favorisant une couverture médiatique complaisante des responsables politiques qu’ils ciblent,
- favoriser leur propre carrière politique,
- entretenir des réseaux d’obligés et occulter les informations gênantes,
- combattre, soit en les ignorant délibérément, soit en les tournant en dérision, les idées et les candidats aux élections qui pourraient léser leurs intérêts. Les médias de masse excellent aussi à détourner l’attention des Français des sujets de fond, en leur imposant des débats factices, malsains ou artificiels sur des sujets de second ordre voire créés de toutes pièces.
Les contrepouvoirs à ces dynasties industrielles et financières sont faibles, voire inexistants :
- les sociétés de rédacteurs et les syndicats, qui protègent théoriquement l’indépendance des journalistes, n’ont qu’un poids relatif face aux exigences des actionnaires, surtout dans un contexte de précarisation des journalistes et de diminution de leurs moyens d’investigation. En outre, encore faudrait-il que ces sociétés de rédacteurs et syndicats refusent tout parti-pris européiste et atlantiste pour qu’ils exercent une véritable opposition vis-à-vis des actionnaires,
- le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel, censé garantir les expressions pluralistes des opinions dans les médias audiovisuels échoue à imposer des règles univoques permettant à toutes les tendances politiques de s’exprimer à la télévision et à la radio, de manière juste et loyale. L’UPR en est la meilleure preuve, ne bénéficiant jamais d’aucune invitation dans les médias audiovisuels, alors qu’elle a obtenu 0,9% des suffrages exprimés aux élections régionales de décembre 2015, et que François Asselineau est crédité de 1% d’intention de votes pour les élections présidentielles de 2017 dans un sondage IFOP de Juin 2016.
De plus, la quasi-totalité des titres de la presse écrite bénéficient des aides à la presse octroyées par l’État, donc par le gouvernement, en puisant dans l’argent des contribuables. Certains titres sont dans une situation financière si compromise qu’ils ne risquent pas de mener un quelconque combat contre le gouvernement qui les tient à sa merci. Il est amusant de noter que ces aides sont accordées au nom du pluralisme, moyennant quoi les représentants de l’UPR sont systématiquement évincés de toute la presse écrite.
Dans la mesure où grandes fortunes, médias et responsables politiques s’entretiennent et s’entraident mutuellement en vase clos, aucun des candidats à l’élection présidentielle de 2017 promus dans les grands médias ne risque de remettre en cause la mainmise des féodalités financières et industrielles sur l’information et, finalement, sur la démocratie.
2°) Plusieurs féodalités régionales se sont emparé des médias de leur région, de manière à fortifier leur pouvoir et leur influence sur les responsables politiques locaux.
Cette stratégie est particulièrement visible concernant le Crédit Mutuel dans l’est de la France, la Fondation Varenne dans le centre et en Bourgogne, la famille Lemoine dans le sud-ouest, Bernard Tapie dans le sud-est, Philippe Hersant dans les DOM-TOM, le Crédit agricole dans le nord, la famille Hutin dans l’ouest, la famille Baylet dans le midi, la famille Saint-Cricq dans le centre.
TV Tours, médias de cette dernière famille, avait d’ailleurs diffamé le candidat de l’UPR aux élections départementales de mars 2015 à Joué-les-Tours, tandis que Nathalie Saint-Cricq, membre de cette famille et responsable du service politique de France2, a toujours fermé sa porte à l’UPR. En janvier 2015, Nathalie Saint-Cricq s’était attirée les critiques en appelant à l’antenne de France 2 où elle a table ouverte pour exprimer ses opinions personnelles, à « repérer » et à « traiter » « ceux qui ne sont pas Charlie ».
En jetant ainsi la suspicion sur toute personne refusant l’unanimisme exigé des Français par le gouvernement autour de slogans insignifiants comme « Je suis Charlie », Nathalie Saint-Cricq appelait ni plus ni moins à la mise en place d’un « maccartisme » à la française.
Nul doute que l’UPR, avec sa communication sur les attentats de janvier 2015, a déplu à la grande prêtresse de la politique de France 2.
3°) Plusieurs structures étrangères, fortement orientées politiquement, ont pris des participations, parfois majoritaires, dans des médias de premier plan.
C’est le cas par exemple :
- de la fondation allemande Bertelsmann contrôlée par la famille Mohn, et qui détient 75% de RTL Group (100% de la station de radio RTL et 48% de M6 et W9). La fondation Bertelsmann est connue pour être un groupe de pression ultra-européiste particulièrement offensif s’agissant de la France. Elle s’est ainsi distinguée en :
- se lamentant de la lenteur, en France, des fameuses « réformes indispensables » induites par les traités européens,
- faisant réaliser une étude catastrophiste visant à démontrer que la fin de l’espace Shengen coûterait, sur 10 ans, 80 milliards d’euros à la France, et 470 milliards d’euros, plus généralement, à l’ensemble des pays membres. Ce montant pourrait même atteindre le chiffre apocalyptique de 1400 milliards d’euros dans un scénario pessimiste. Ce type d’étude n’est pas sans rappeler les prophéties de malheur en cas de Brexit, claironnées par les européistes avant le référendum britannique du 23 juin dernier, et totalement démenties par les faits depuis.
- soutenant l’organisation de la conférence sur la sécurité de Munich, qui est l’un des forums de l’OTAN. Les autres sponsors de cette conférence valent le coup d’œil : « the Atlantic Council », la fondation Bill & Melinda Gates, Lockheed Martin ou encore la société germano-atlantique.
- accueillant l’ancien commissaire européen Viviane Reding à son conseil d’administration,
- présentant le Brexit comme catastrophique pour l’économie allemande dont le PIB pourrait reculer de 0,3% à 2% à long terme,
- vantant, au contraire, les mérites du TAFTA qui conduirait à la création de 121.000 emplois en France et 180.000 en Allemagne, en tout 2 millions d’emplois de part et d’autre de l’Atlantique,
- annonçant qu’elle réaliserait un rapport pour l’automne 2016 sur la remise en route de l’Union économique et monétaire, en partenariat avec l’institut Jacques Delors, présidé par l’ancien directeur général de l’OMC, Pascal Lamy.
La fondation Bertelsmann est si puissante en Allemagne que ses détracteurs ont élaboré plusieurs sites internet pour en dénoncer les actions.
- de la Qatar Investment Authority (fonds souverain qatari) qui détient :
- 13% du Groupe Lagardère, lui-même propriétaire d’une part d’Europe1 et de Paris Match, et d’autre part de 15% du Groupe La Dépêche (famille de l’actuel ministre Jean-Michel Baylet) très implanté dans le sud de la France ;
- 1% de LVMH, propriétaire des Echos, de Radio Classique, d’Aujourd’hui en France et du Parisien.
Le soutien du Qatar aux organisations terroristes du Moyen-Orient et l’influence qu’il exerce sur l’ensemble du monde politique français ne sont plus à démontrer.
D’autres investisseurs étrangers détiennent des médias de premier plan, comme les groupes belges Rossel, très implanté dans le nord de la France, et Nethys, qui a investi dans des médias de PACA et de Corse, aux côtés notamment de Bernard Tapie.
De plus, l’infographie du Monde Diplomatique et d’Acrimed ne rend pas compte de la présence d’actionnaires étrangers dans le capital de grands groupes français présents dans les médias : par exemple le fonds américain First Eagle Investment qui détient 7% du groupe Bouygues, lui-même détenteur de TF1.
= CONCLUSION : LA DÉGRINGOLADE DE LA FRANCE DANS LE CLASSEMENT DE RSF SUR LA LIBERTÉ DE LA PRESSE, ET L’ESSOR D’INTERNET COMME SOURCE DU PLURALISME DE L’INFORMATION ET DES OPINIONS POLITIQUES =
L’extrême concentration du paysage médiatique français dans quelques mains n’a pas échappé à Reporters Sans Frontières (RSF). La France a ainsi dégringolé, en quelques années, du 11ème rang mondial qu’elle occupait en 2002 dans le classement de la liberté de la presse de RSF, au 45ème en 2016.
RSF, d’ailleurs, note pudiquement dans son classement 2016 que « le paysage médiatique français est largement constitué de groupes dont les propriétaires ont d’autres intérêts, qui souvent pèsent beaucoup plus que leur attachement au journalisme. Cette situation entraîne des conflits qui font peser une menace sur l'indépendance éditoriale, et même sur la situation économique des médias. On note également une hostilité grandissante à l’égard des journalistes de la part de la population ».
La censure réservée à l’UPR par les médias de masse montre que les craintes de RSF sont fondées. Ces derniers font comme si cela était un fait anodin et négligeable qu’un parti tel que l’UPR, globalement inconnu de la population, ait été capable de présenter 1.971 candidats aux élections régionales de décembre 2015 et, sans aucun passage médiatique significatif, ait obtenu 0,9% des suffrages exprimés.
La réalité, de plus en plus nette, est que les Français évoluent dans un climat de faux, de manipulation et de propagande médiatiques qui leur est odieux. Une séparation se fait jour entre, d’une part, les Français qui s’informent au travers des médias de masse, probablement encore majoritaires parmi l’électorat mais de moins en moins nombreux, et ceux, encore minoritaires mais dont le nombre augmente formidablement, qui vont chercher sur Internet les opinions divergentes et contradictoires dont ils sont privés à la télévision et à la radio. Il s’agit là d’un phénomène classique de toutes les dictatures.
Une preuve de cette évolution silencieuse, essentielle et souhaitable, réside dans les statistiques sur l’âge moyen des auditeurs des radios, qui témoigne du vieillissement de l’audience et de la rareté des auditeurs de moins de 30 ans. Cela signifie que les jeunes générations utilisent peu, voire abandonnent, la radio.
C’est dans cette bascule progressive de l’opinion publique, depuis les médias de grande diffusion vers Internet, que résident, pour l’heure, le succès ainsi que les espoirs de l’UPR. Ce ne sont pas les passages ridicules royalement octroyés par les médias de masse à l’UPR pendant la campagne des élections régionales de décembre 2015 qui lui ont permis de convaincre 189.049 électeurs. Il appartient aux Français de fuir le poison des médias de masse et d’aller chercher, sur internet, les opinions contradictoires dont ils sont privés.
François, adhérent UPR des Hauts-de-Seine
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