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Comment détruire la laïcité à l’école

« Réagissez vite s’il vous plaît M. l’inspecteur… Moi personnellement je ne peux plus travailler dans ces conditions et je vous informe que j’ai un avenir devant moi, que j’ai un brevet, un bac et un métier à obtenir. »

En haut à gauche de la feuille, Jenny , 15 ans, élève de 3e au collège Jean Moulin d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), a écrit son nom et sa classe, comme s’il s’agissait d’une rédaction. L’écriture est ronde, appliquée, la lettre est adressée à « M. l’inspecteur »  : « Bonjour, commence-t-elle, j’ai l’honneur de m’adresser à vous pour vous faire part des conditions dans lesquelles nous, tous les élèves de ce collège, travaillons. » …

Et de citer, à partir de son vécu et de celui de ses « camarades », pêle-mêle, tous les maux qui font la vie quotidienne de ce collège ordinaire d’une banlieue ordinaire de notre beau pays de France  :

« des élèves s’amusent à jeter des bouteilles remplies d’acide, des poubelles, des tomates sur les autres élèves… Des élèves s’amusent à interrompre les cours des autres classes… Il y a des agressions physiques et verbales en permanence… Certains sèchent les cours, traînent dans les couloirs et se mettent à crier comme des sauvages » (Texte à lire dans Le Monde en ligne du 18 /04 /08).

Les médias, dans leur ensemble, ont évoqué cette démarche entreprise à l’adresse de l’inspection académique des Hauts-de-Seine par une soixantaine d’élèves de 4e et de 3e de cet établissement banal dans le paysage actuel de notre enseignement pour clamer leur désarroi, leur souffrance, leur impossibilité d’étudier… Ce qui a déterminé leur geste ? Un « blocus » imposé par une dizaine de protestataires contre les réformes portées par le ministre actuel… essentiellement des anciens élèves et des exclus de l’établissement.

Les médias ont évoqué superficiellement cette démarche… puis sont passés à autre chose : les manifestations et blocages de lycées des pseudo-syndicats de lycéens leur plaisent davantage et il est de bon ton, dans la mouvance gauchisante et bien pensante, de valoriser la chienlit partout où elle se trouve, surtout s’il s’agit de passer la brosse à reluire dans le dos de ceux qui détruisent le système éducatif laïc et public…

Là est la vraie question

A la suite de l’inénarrable ministre de l’Education nationale Lionel Jospin, des pédagocrates condescendants formatés « Mérieu », des « théoriciens » de salon de la gauche syndicalo-politique, des démagogues de certaines fédérations de parents d’élèves, des discours laxistes des gauchistes de tous poils (et de l’écho complaisant trouvé dans les médias), s’est imposée l’idée qu’il « fallait faire entrer la société dans l’école », que « l’élève devait être au centre » (de quoi, on se le demande), qu’il se devait de choisir « son projet éducatif » et même, comme l’affirma l’éphémère et superficiel ministre Jack Lang (oui, oui, celui qui ouvrit la manne financière publique à l’enseignement privé catholique), « qu’il devait être considéré comme un citoyen »

Le témoignage accablant des collégiens d’Aubervilliers montre parfaitement que la société est bien entrée dans l’école et qu’elle y accomplit des ravages qu’il sera difficile de réparer, d’autant plus que les forces destructrices sont aussi au sein même de l’école.

Qui peut affirmer aujourd’hui sans mentir que les heures de cours dans nos lycées et collèges sont toutes des heures de travail et d’accès au savoir ? Qui peut dire sans trembler que les 55 minutes d’une séquence éducative sont 55 minutes utiles dans toutes les classes et toutes les matières ? Qui peut ignorer le fait que, si, à la sonnerie, tous les élèves entrent en classe (et c’est de moins en moins vrai), ce n’est pas pour autant qu’ils vont y étudier ? On fait de l’accueil, oui, mais cela conduit-il nécessairement au travail, à l’écoute, à l’accès au savoir, à l’implication totale de chacun (élève et enseignant) dans l’enceinte close de la classe ?

Qui peut aujourd’hui nier que l’école est soumise aux demandes communautaristes de toutes sortes, et en particulier musulmanes à travers les dispenses de cours d’EPS et le refus de la mixité, la mise en cause des cours de SVT, d’histoire, de philosophie, de littérature, l’exigence de spécificités alimentaires, la demande d’horaires aménagés ? Le rapport Obin qui les dénonçait n’a-t-il pas été jeté aux oubliettes par la bien-pensance de gauche comme de droite qui sévit dans le ministère de l’Education nationale ?

Qui peut fermer les yeux sur l’explosion intra-muros scolaire de la violence sous toutes ses formes, sur le développement du refus de toute autorité (même morale) et de toute reconnaissance du travail et de la discipline, sur la négation du respect que l’on doit à celui qui enseigne et à ce qui est enseigné, sur la mainmise du consumérisme le plus vil sur tout ce qui touche à l’élève et à la vie scolaire ?

Qui peut récuser ce fait incontestable de la dépréciation du diplôme terminal des études secondaires dont l’attribution relève plus d’un certificat de complaisance que d’une évaluation de niveau réel… D’ailleurs, un élève aujourd’hui en terminale, qui a vécu depuis trois ans les grèves, manifestations, blocages et la réduction du temps de travail et de formation que cela suppose, peut-il avoir le niveau requis ? Le croire, c’est nier le rôle de l’enseignant et la validité des savoirs à transmettre…

Et ce dernier point est essentiel pour bien comprendre comment fonctionne la machine à détruire l’espace scolaire public et laïc, afin d’y substituer un enseignement concurrentiel privé (sous toutes ses formes, y compris celle des officines « de soutien » ou de « mise à niveau ») qui accueillera tous ceux qui fuient l’enseignement public, mais, aussi, au sein de cet enseignement public, afin de constituer un enseignement à deux vitesses séparant les établissements « nobles » (fin de la carte scolaire, autonomie des établissements, critères d’inscription… ) du « tout-venant » où la fonction d’accueil sera la seule vraiment réalisée…

Dans la concrétisation de ce projet, les forces « libérales droitières et gauchères  » trouvent d’excellents alliés dans la FSU, le SGEN, SUD, la FCPE et les soi-disant « syndicats de lycéens » dont les actions intempestives actuelles remplissent les listes d’attente du privé et accentuent le clivage entre les établissements qui continuent à « bosser » et ceux qui s’agitent, dans les zones sensibles et les quartiers populaires le plus souvent… Le pire, c’est que, ce faisant, ces syndicats et associations – instrumentalisés par les forces gauchistes et gauchisantes comme par les médias bien-pensants – détruisent frontalement le principe de laïcité qui fonde notre école et en assure l’unité

Comment, après avoir imposé sa « pensée » politicienne et corporatiste à l’ensemble de ceux qui fréquentent un établissement scolaire pourra-t-on s’opposer à la revendication de ceux qui viendront y introduire les éléments de leur religion, de leur idéologie, de leur pratique politique, quelles qu’elles soient ?

Comment, après avoir détruit la neutralité de ce sanctuaire du savoir qu’est l’Ecole pour y substituer la certitude de ses opinions et prises de position partisanes pourra-t-on empêcher que d’autres y viennent prêcher leurs propres certitudes confessionnelles, idéologiques, comportementales ?

Comment, après avoir distribué des tracts et autres publications dénonçant la politique gouvernementale actuelle pourra-t-on s’opposer à ceux qui viennent y distribuer des tracts et autres contributions encensant les choix libéraux européens ?

Ne nous y trompons pas : c’est parce que ces syndicats et associations ont prôné la « désanctuarisation » de l’école et la dépréciation du savoir, et du travail pour y accéder, qu’ils peuvent aujourd’hui se servir de l’école comme d’un champ d’action pour l’exercice de leurs intérêts particuliers. En ce sens, ils nient le caractère laïc du lieu d’enseignement, mais ils nient aussi ce que doit être un enseignant laïc dans l’espace public de l’école.

En effet, l’Ecole publique est celle où chacun pénètre en se libérant de sa gangue familiale, sociale, philosophique, politique et religieuse pour n’être plus que centré sur l’accès à la connaissance, sur l’exercice de l’intelligence pour « suivre dans le silence les traces de la raison humaine » (Montesquieu), sur la construction libre de son identité En ce sens, l’enseignant laïc est celui qui, pénétré de la matière qu’il enseigne, est à même de faire connaître à l’élève tout ce qui concerne cette matière en tant qu’objet et en tant qu’outil, tout ce qui est admis comme ce qui est en débat, éclairant tous les aspects de la réflexion en cours, présentant toutes les réponses possibles aux questions posées, les discutant à la lumière de la « raison » seule, mais donnant les moyens au jugement et à l’esprit critique de se former, puis de s’exprimer avec rigueur. L’enseignant laïc, c’est aussi, celui qui participe de la neutralité de la classe, qui s’abstient de toute manifestation visible (ou implicite) d’une idéologie, d’une foi, d’une conviction philosophique… C’est, encore, celui qui apprend à apprendre, qui fait comprendre l’intelligible, qui transmet le plaisir de « savoir », qui propose les moyens d’un libre épanouissement de l’esprit… C’est, enfin, celui qui ne fait pas entrer dans la classe ses inquiétudes sociales, politiques, personnelles, de quelque nature qu’elles soient, et qui adopte l’attitude de reconnaissance et de respect de l’autre qu’impose la transmission du savoir et l’exercice de la raison.

Dans une démocratie, on a parfaitement le droit de ne pas être pénétré de cette conception laïque et républicaine de l’école, de ce noble rôle de l’enseignant… Et on peut se sentir solidaire du « laisser faire, laisser passer, laisser aller » libéral (économique, politique, éducatif).

Mais il faut alors en accepter les conséquences et s’attendre à ce que triomphe la seule loi écrite sur le livre de pierre que serre contre elle la statue new-yorkaise de la Liberté : la loi de la jungle…

Fait le 03/05/08

Robert Albarèdes

www.laic.fr


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20 réactions à cet article    


  • thirqual 7 mai 2008 11:51

    En 98 dans mon lycée technique de 3000 élèves plutôt que de foutre le bordel dehors on a fait grève _dans_ le lycée (ce qui avait l’avantage supplémentaire de pas mettre dans l’inconfort ce qui désiraient manifester d’une façon ou d’une autre mais n’osaient pas sortir des limites de l’établissements). Occupation des pelouses, tenue de débats, forces de l’ordre informées en avance de ce que nous allions faire (et fort bien nous en avait pris vu le comportement de notre cher proviseur en cette occasion)... et un résultat impressionant par le nombre de mobilisés (la plupart des cours ont été annulés faute de participants) et par l’absence de débordements (une journée calme sans dégradation, ni bagarre, bien plus calme en fait qu’une journée de cours ordinaire).

    Bon on a eu du bol il pleuvait pas

    Cherchez l’erreur. Il y avait pourtant bien une très forte proportion de fouteurs de m...., un des débats fut sur le voile au lycée, et la personne qui a lancé l’idée n’était pas impliqué dans un quelquonque syndicat ou autre.

     


    • tvargentine.com lerma 7 mai 2008 11:57

      C’est très simple mais vous ne semblez pas l’avoir vue comme une majorité de citoyens

      Il faut laisser faire comme votre philisophie de gauchiste soixante huitard dont nous pouvons constaté que la connaissance à reculer alors que le budget de l’éducation nationale a toujours progressé

      Il était temps que restaurer les notions élémentaires de la morale et de l’attachement à une nation afin d’éviter de voir ce que nous avons vue durant des années : la destruction de l’intérieur de la laîcité

       


      • Anto 7 mai 2008 13:50

        "nous pouvons constaté que la connaissance à reculer"

        je ne vous le fais pas dire


      • kall kall 7 mai 2008 15:53

        @ Anto

         

        Il faut préciser, à l’attention de Lerma, que votre remarque stigmatise son orthographe déplorable.

        Il est tellement con qu’il n’avait sûrement pas compris


      • Emile Mourey Emile Mourey 7 mai 2008 14:13

         

        @ l’auteur

         Je vous cite : éclairant tous les aspects de la réflexion en cours, présentant toutes les réponses possibles aux questions posées, les discutant à la lumière de la « raison » seule,

         Bravo ! Mais voyez Agoravox qui est un bon microcosme de notre société. Relisez mon article du 22 avril : "La faillite intellectuelle de l’Occident chrétien" et ma réponse à un commentateur : « Mon article parle de faillite intellectuelle, c’est cela que je déplore. Nous ne sommes pas dans le domaine de la foi. Je veux dire par là que mes contemporains qui se considèrent comme intellectuels se révèlent curieusement incapables de comprendre ce que les auteurs des évangiles et autres textes bibliques ont voulu dire dans leurs écrits imagés, et cela même lorsqu’on leur donne la grille de lecture. C’est le réflexe conditionnel bien connu de Pavlov. Il s’est acquis et même renforcé ces derniers temps dans notre Occident (d’héritage) chrétien. La cloche sonne ; le chien aboie ou il salive suivant le conditionnement qui lui a été donné. Il ne réfléchit plus. »

         Il en est de même pour les textes dits sacrés de l’islam et du judaïsme pour lesquels je propose en vain une interprétation raisonnable qui s’accorde avec le sens de l’histoire. Ou bien, je me fais traiter de catholico fascho ou bien d’illuminé solitaire.

         Mais où est le débat à partir du moment où Agoravox me refuse mes articles sur les textes musulmans sous prétexte de faits faux. Dans ces conditions, force est de reconnaître que les maux que vous dénoncez, notre société les a bien mérités.


        • Breton8329 rol8329 7 mai 2008 14:52

          Enfin, un article qui dit des choses sensées sur l’éducation nationale. Il faut sortir des querelles qui fragilisent l’école et ne profitent à moyen terme qu’aux officines privées qui proposent des services payants. Chaque grève, chaque rupture de service, chaque dysfonctionnnement sont des encouragements pour quitter l’éducation nationale et recourir à d’autres formateurs. Ceux qui ont les moyens peuvent le faire, les autres auront une formation au rabais qui ressemble plus à de la garderie pour les élèves et génère du stress chez les professeurs qui ne parviennent plus à transmettre leur savoir compte tenu des conditions d’enseignement. Pourtant, la transmission du savoir est la clé de voute de notre société toute entière : de son bon déroulement dépend la pérénité de notre civilisation, et pour ceux qui ne l’auraient pas compris, le paiement de nos retraites (Et pour ceux qui n’ont toujours pas compris : si les chinois sont plus doués que les français, les français n’auront pas de travail).

          Quant à la grève actuelle, je ne critique pas son fondement, je critique son mode d’expression. Les chantiers navals de Brest viennent de perdre deux gros contrats qui auraient pu assurer le travail d’une entreprise de la région pendant 2 ans (la remotorisation de deux paquebots). Pourquoi ? Parce que les ouvriers se sont mis en grève et que l’armateur ne voulait pas que ses navire soient bloqués. Conclusion, c’est un chantier de Hambourg qui récupère les contrats, les ouvriers brestois sont au chomage et la vie continue... La vie continuera. De même, pendant que l’école française recule, d’autres en profitent ! La grève des professeurs est une aberration. C’est un suicide générationnel. Elle est bien trop coûteuse à court, moyen et long terme en regard des objectifs défendus.

          Et pour finir sur ce thème, les syndicats et les professeurs ont toujours bloqué toute possibilité d’évolution de l’éducation nationale. Ils ne laissent pas beaucoup de choix au gouvernement : laisser pourrir et reconstruire sur la pouriture. De plus, ces syndicats se décrédibilisent en apportant leur soutien à des actes répréhensibles et condamnables, comme la gifle et les mauvais traitement d’un professeur de technologie sur un élève (80 kg contre 40 kg !). Un peu comme si la SPA défendait un pit bull qui vient de mordre un gosse. Ecoeurant.


          • gecko gecko 7 mai 2008 15:30

            ahh quelle bulle d’air que cet article qui pose enfin la réalité des choses qui ne va ni dans un sens ni dans l’autre, sauvons notre école ! si c’est encore possible....


            • Numero 19 Numero 19 7 mai 2008 15:59

              Pas de panique, ne vous inquiétez pas ! Un pays qui néglige son éducation, l’épanouissement de ses jeunes génération et sa recherche a forcément un moyen d’assurer son avenir ! Nos chers dirigeants, sont, j’en suis sûr, parfaitement au courant de la situation et des réalités.

              Ces élèves sont un peu grognons, mais ca n’est pas significatif. La preuve, je n’en ai pas vu la couleur à la télé.

              Donc pas de problème, ne vous inquiétez pas, occupez vous du présent. Profitez, souriez... Après nous rirons... jaune.

              Comme on fait son lit, on se couche, n’est-ce pas ?


              • Robert Albarèdes Robert Albarèdes 7 mai 2008 16:50

                Ce que dit Léon est dans le corps du texte et dans sa conclusion. L’article se proposait seulement de montrer qu’il y a , à l’intérieur de l’Ecole, des forces qui en minent la finalité et le fondement laïque,sous couvert de les défendre, et qui ,de ce fait, sont les "alliées" - consciemment ou non- de l’évolution "libérale" de l’Ecole que l’Europe va imposer.


              • sisyphe sisyphe 7 mai 2008 18:13

                D’accord avec Leon.

                Selon l’auteur, le trouble en reviendrait entièrement aux "forces gauchistes et gauchisantes" ; alors que c’est la droite qui, au pouvoir, depuis maintenant plus de 6 ans, n’a cessé de diminuer le nombre de postes d’enseignants et de personnel de l’éducation nationale, n’a pris aucune mesure pour assurer la "mixité" sociale des écoles, a, comme toujours, favorisé l’école privée (payante) au détriment de l’école laïque.

                Par ailleurs, c’est toujours la droite du ministre de l’intérieur , puis président Sarkozy, qui a, dans les quartiers, supprimé tous les intermédiaires sociaux entre l’état et les habitants, favorisant ainsi largement la délinquance, qui se répercute, forcément à l’école.

                Et c’est la droite qui continue, sous l’autorité du ministre Darcos, de supprimer les personnels de l’éducation nationale, laissant le champ libre aux perturbateurs extérieurs, sans rien résoudre des problèmes posés par les classes trop nombreuses, des soutiens individuels défaillants, etc....

                Il me semble que les mieux placés pour envisager les problèmes et leurs solutions au sein de l’école sont les personnels de l’EN et les enseignants : encore faudrait-il les consulter et les écouter : le gouvernement actuel, comme les précédents, fait exactement l’inverse.

                 


              • docdory docdory 7 mai 2008 16:59

                 @ Robert Albaredes 

                Merci pour cet excellent article . Quelle magnifique définition de l’enseignant laïque ! J’applaudis à deux mains .


                • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 7 mai 2008 17:25

                  Votre appel à un ordre mythique qui n’a jamais existé, sinon dans l’enseignement catholique traditionnel, est, selon votre propre analyse, tout à fait stérile : aucune force interne organisée de l’EN, comme vous le dites vous-même, ne veut de votre vision excessivement autoritariste de l’éducation, comme si la vision de l’autorité n’avait pas évolué depuis le XIXème siècle.

                  Mais je vous accorde tout à fait le droit et le plaisir de vous défouler verbalement contre des moulins à vent afin d’agrémenter votre retraite que j’espère longue et pré-occupée.


                  • ninou ninou 7 mai 2008 17:49

                    C’est un peu fort de café !

                    Est-ce que ce sont les syndicats qui remettent en cause la mixité à l’assemblée nationale ?

                    Est-ce que ce sont les profs qui demandent le financement des écoles privées par des deniers publics ?

                    Evidemment qu’il y a des dérives et des récupérations ! Qui pourrait les empêcher ? Mais nos enfants sont tous déjà récupérés par la société marchande. Et il faudrait courber l’échine en bon serviteur de la république (pour les profs) ou en bon consommateur de savoir (pour les élèves)...

                    Sur les méchants grévistes lycéens bien caricaturaux que vous nous avez trouvé, qui seraient tous des élèves exclus ou en passe de l’être... je n’ai rien à dire vu que je n’y crois pas une minute. Mais on peut caricaturer dans l’autre sens : les gentils lycéens qui font leur boulot de lycéens se posent moins de questions sur leur avenir puisque ce sont de bons éléments. La seule question qui les préoccupe c’est d’avoir leur bac (et cette question est légitime... si elle s’accompagne aussi d’un questionnement plus large !). Considéreriez-vous l’égoïsme comme une vertu ?

                    Je suis, pour ma part, persuadée que ce n’est pas à nos lycéens de mener le combat des adultes. S’ils le font, c’est le signe que les adultes renoncent !

                    C’est évident : on doit garder sa neutralité avec ses élèves. Les profs qui embrigadent leurs élèves sont dans l’erreur (ceci dit, ce fait est rarrissime). Cependant la laïcité du service publique d’éducation est toujours défendue par tous les syndicats !

                    Je ne pense pas que l’on puisse comparer une action de grève avec du prosélytisme !


                    • Lavigue 7 mai 2008 19:15

                       

                      L’assimilation ou l’avenir d’une illusion.


                      • interscope 7 mai 2008 23:33

                        Toujours bien marrants ces débats sur l’éducation nationale... toujours le même refrain "avant c’était mieux" sauf que le avant commence à dater... et même le paternel (pourtant 76 ans au compteur) trouve les instits d’aujourd’hui bien mieux que ceux qu’il a eu en son temps : certes ils leur arrivent de faire des fautes d’orthographes mais ils sont bien moins psycho-rigides que ceux des années 30/40.

                        Pour l’auteur : j’ai 41 ans et les fouteurs de merde / racketteurs / sécheurs de cours / ... dans un établissement cela a toujours existé, sauf qu’avant, à l’exception de quelques fils (filles) à papa on ne se plaignait pas... De toute façon pour ces derniers (res) c’était ré-orientation dans le privé  !

                        Toujours pour l’auteur : la société à changé, change & changera encore ; je vous donne 2 exemples : du primaire à la terminale je n’ai eu (à l’époque et dans les classes que j’ai traversé) que 2 amis dont les parents avaient divorcé ! Idem pour l’immigration extra-européène : 1 cap verdien (salut à toi laurent !) en primaire et 1 Libanais au collège !

                        Je vois pour ma fille au même âge : 1/4 des parents des élèves de sa classe on divorcé. 1/4 a des parents d’origine extra européèn. Et oui on ne peut plus faire classe comme il y a 30 ans.

                        J’avoue que vous me faîte penser aux profs que j’ai eu au collège à la fin des 70’s, si l’on suivait les cours pas de problèmes (c’était mon cas) mais si on avait du mal (ce qui était le cas de mon frère) c’était invivable : punition, colle, commentaires désobligeants pour les parents lors des réunions parents/prof sur le thème "foutez le en apprentissage" sous entendu qu’il dégage et que l’on continue à faire nos cours magistraux.

                        Non désolé je préfère encore les profs d’aujourd’hui -j’en connais- qui aident les élèves en difficultés.


                        • Lavigue 8 mai 2008 01:17

                          J’ajoute, chère Madame, que vous êtes l’avenir d’une illusion.

                           


                          • Blé 9 mai 2008 07:46

                            L’école est le miroir de notre société. Nous sommes dans une société qui ne réfléchit plus sur les enjeux de l’éducation des jeunes au niveau national mais sur les enjeux individuels, chacun a droit à une éducation, à un savoir, etc...

                            Je ne sais pas par quels chemins cela doit passer mais je pense que dans un système politique démocratique, le seul objectif devrait être l’émancipation des individus. Cette émancipation va bien au-delà qu’une simple transmission des savoirs et/ou de valeurs républicaines qui ne sont aujourd’hui que des coquilles vides.

                            L’économie de marché a t-elle besoin d’individus bien conditionnés ou d’individus "émancipés" ?Comment maintenir un système de domination économique qui ne fonctionne que sur la pauvreté économique et intellectuelle du plus grand nombre ?

                            Le scandal réside beaucoup plus dans le comportement des adultes, enseignants et non enseignants qui débattent sur la couleur des murs alors que ces murs sont entrain de s’effondrer. 


                            • str13 9 mai 2008 15:16

                              @ l’auteur

                              Bravo ! vous dites très bien ce que j’ai moi-même constaté, ayant fait un long séjour dans un collège, en temps que CES, puis CEC ( en tout 5 ans au secrétariat) et j’ai été affligée de voir ce que l’enseignement est devenu.

                              J’ai été témoin de ce que Jenny 15 ans raconte.

                              J’ai pu lire les rédactions de Brevet et c’est attérant de fautes d’orthographes, de syntaxe, beaucoup d’élèves de 3ème écrivent phonétiquement, je n’exagère pas : j’ai pu lire ainsi : chêne y fie, quoulouhard...

                              Je n’ai pas de solution mais il est évident que ça ne peut pas continuer ainsi.

                              J’ai également été menaçée d’être découpée à la hache par une mère à laquelle j’expliquai qu’elle n’aurait pas la bourse pour son fils parce qu’elle n’avait pas rendu son dossier de demande !!

                              Je suis à présent dans une école maternelle sous contrat CAV et ce n’est guère plus reluisant : les enfants ne savent pas ce qu’est la plus élémentaire politesse. Certains sont même coutumiers des insultes et autres doigts tendus, avec dans le regard cette certitude de l’impunité.

                              j’habite depuis dix ans et exerce dans les quartiers nord de Marseille. Quartiers largement laissés à l’abandon par la municipalité. J’y ai découvert ainsi qu’il y avait une frontière entre le nord et le sud.


                              • Gilles Gilles 10 mai 2008 09:57

                                Bien vu ! Saloperie de gauchistes qui n’ont cesse de vouloir miner à tout prix les efforts progressistes des vraies et bonnes gens qui se lèvent tôt.

                                Le constat est unanime sur l’Ecole d’aujourd’hui...vu qu’on le rabâche en boucle depuis des années, voir décénnies. Pour vous tout est blanc ou noir. Si on est pas tout à fait en accord avec ce constat, mais c’est bien sûr, on est les complices des méchants (assassins, dealers, glandeurs....au choix !)

                                Lorsque vous ponctuez votre analyse, au demeurant censée et isntructive, par des accusations dans chaque paragraphe, sans discernement aucun, contre votre ennemi idéologique préféré - syndicats, profs, gauche bien entendu alliés des islamistes et fouteurs de merde, vous démontrez votre inanité. A croire que vous n’avez pas pu vous empêcher de pondre le mot gauchiste rien que pour résorber votre excés de bile

                                Une solution : supprimons les syndicats, interdisons les grèves, éjectons les indésirables (selon vos critères) et ben oui tout rentrera dans l’ordre ! Vous y croyez ?

                                Pour remédiez aux problèmes que vous mettez en avant, il faut des gens à l’esprit clair et ouvert non idéologisés, qui pensent au lieu de n’offrir qu’une stigmatisation en boucle de leurs boucs émissaires adorés.....pas vous, surtout pas vous.


                                • Thoth 12 mai 2008 15:18

                                  Quand je lis certaines interventions, en tant qu’enseignant en retraite qui a vécu Mai 68 et ses désagrégations, je me rends compte combien l’école est tombée bien bas, notamment en découvrant l’"ortografe" de pas mal de textes publiés au travers de toutes les rubriques d’Agoravox. Si je devais chercher du travail maintenant, je choisirais la carrière de crs (ss) comme on disait il y a quarante ans. Pauvres de mes successeurs ! Vous avez cassé la potiche et recollé les morceaux au petit bonheur. Vous manifestiez ? J’en suis fort aise. Alors ramez maintenant ! Vous avez voulu ouvrir l’école sur les idéologies, alors assumez-les ! Et ne venez plus vous plaindre de la foire d’empoigne qui règne dans vos écoles ou autres établissements. Cessez d’accuser tel ou tel gouvernant. La faute, vous incombe entièrement, jusqu’au plus haut sommet de la hiérarchie. Sur ma fin de carrière, il y a presque vingt ans, j’ai connu ces responsables qui ouvraient le parapluie à chaque petit incident : "Ne me dérangez pas pour des queues de cerises !" ai-je entendu dire par certains inspecteurs. Autrement dit : "Laissez-moi roupiller tranquillement derrière mon bureau". Combien de fois, suis-je abordé par d’anciens élèves, devenus parents et même grands-parents à leur tour et qui me disent : "Monsieur, comme je regrette l’époque où j’étais dans votre classe ! Au moins vous nous faisiez travailler et nous savions où nous allions. Maintenant, je suis désepéré de voir les résultats du travail de mon enfant... ou de mon petit-fils." Ce n’est pas tout à fait la faute de leurs maîtres, formés ou plutôt, déformés par l’IUFM. Ils ont l’impression d’avoir inventé la poudre. Je ne prétends pas non plus, avoir découvert l’eau chaude, mais je faisais tranquillement mon boulot, sans me soucier des dizaines de réformes que j’ai vu passer durant plus de trente ans. Les fantaisies et méthodes "à la gomme", je n’en avais cure... Et puis, l’école, c’était la LAÏCITE dans toute sa rigueur et dans le respect des croyances et des philosophies. Les institutions modernes ont ouvert la boîte de Pandore et les extrêmistes en ont jailli, pauvre Ecole moderne ! Elle est actuellement en soins palliatifs. C’est très grave Docteur !

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