CoViD, Macron un général comme en 1914

Dans une allocution adressée au Français Emmanuel Macron déclarait à propos de la pandémie de CoViD-19 : « Nous sommes en guerre. », et il annonçait un arsenal de mesures. Tous, ou presque, nous avons accepté de nous soumettre à ces mesures par raison car nous savons, peu ou prou, qu’une pandémie ne peut se combattre que par des mesures fortes, souvent extrêmement contraignantes.
Puis très vite, fin avril, nous avons senti un fort fléchissement dans la conduite de cette guerre : à peine l’ennemie semblait reculer que le gouvernement levait la plupart des mesures de protection. Il agissait contre l’avis des experts du Conseil scientifique qu’il avait lui-même mis en place. Ce fut le « déconfinement » organisé et géré par un haut fonctionnaire tellement instruit de la gestion des épidémies et savant en épidémiologie comme en infectiologie, que le Dieu de l’Élysée le nommera Premier ministre.
Il n’y a pas pire bêtise dans la conduite d’une guerre que de baisser la garde. Les Français partirent en vacances, se massèrent dans les restaurants, etc.… et la « deuxième vague » submergea nos hôpitaux qui n’avaient pas eu le temps de « se refaire une santé ».
Et la France alla de levée de mesures prophylactiques en vagues d’infection, accompagnée par un flot de communications incohérentes, tantôt alarmistes, tantôt rassurantes, mais qui ne montraient jamais que le gouvernement organisait, préventivement, une nouvelle attaque du virus. Or, gérer une crise c’est mettre en place un ensemble de modes d’organisation, de techniques et de moyens qui permettent à une organisation de se préparer et de faire face à la survenance d’une crise. Puis à l’issue de la crise ou pendant des phases intermédiaires de répit l’organisation doit tirer les enseignements de ce qui s’est passé afin d’améliorer les procédures et les structures dans une vision prospective et préventive. Mais, loin d’appliquer les principes non seulement le gouvernement ne met en place ni techniques ni moyens pour lutter contre l’épidémie.
Ainsi, on ouvre grand les portes des lieux festifs dans lesquels on n’oblige plus le port du masque, plus généralement on lève massivement l’obligation du port du masque dont pourtant on sait qu’il est un des outils majeurs pour éviter la propagation du virus. Le masque, sommet de la cohérence de la politique sanitaire du gouvernement, est maintenu dans des lieux où la promiscuité est moindre. Donc, on sera mieux protégé dans un grand magasin où on ne se « chevauche » pas, que dans un restaurant où on séjourne côte à côte ou face à face pendant un temps long. La logique de cette pensée stratégique repose sur le passe-sanitaire !
On essaie alors de nous faire croire que le passe-sanitaire serait un moyen prophylactique, à tel point qu’on se demande si demain il ne sera pas un moyen thérapeutique. Ce passe-sanitaire cache l’insuffisance de la gestion de crise par le gouvernement qui mise tout sur un seul moyen : la vaccination. Il agit, analogie avec la guerre, comme l’État-Major le fit en 1929 en construisant la Ligne Maginot. E. Macron, général en chef, compte sur un élément unique pour arrêter l’ennemie : la vaccination. L’instauration du passe-sanitaire n’avait d’autre but que d’obliger les gens à se faire vacciner, pas de passe-sanitaire pas d’accès aux restaurants, aux cinémas… Malheureusement la vaccination est une passoire analogue à ce qu’était la Ligne Maginot. On sait assez bien aujourd’hui que la vaccination permet d’éviter dans de très nombreux cas les formes les plus graves, notamment celles qui nécessitent des soins en réanimation, mais on sait aussi qu’elle ne préserve qu’assez faiblement (autour de 50 %) de la contamination et de la transmission.
Donc on ne peut pas miser tous ses jetons sur la seule vaccination ni sur les quelques appels au respect des gestes barrières, d’ailleurs lesquels et où puisqu’on a supprimé le port du masque dans les lieux les plus à risque. On voit donc un président de la République, ne voulant pas risquer de déplaire à un supposé électorat, et son gouvernement abandonner, s’il ne fut jamais véritablement dans cette posture, toute stratégie offensive contre le virus pour au contraire attendre que ce soit le virus qui attaque à nouveau ; les généraux eurent la même stratégie au début de la Première Guerre mondiale à propos de laquelle les spécialistes de stratégie militaire posent la question de savoir si cette stratégie n’était simplement qu’un ensemble de tactiques. Si la tactique s’inscrit dans un projet plus vaste qu’est la stratégie, elle n’a qu’un objectif très limité. Là on voit bien qu’E Macron agit en tacticien. Il ne s’agit pas pour lui de vaincre le virus, ni de protéger la population ce qui relève de la mise en œuvre cohérente de plusieurs moyens et d’une organisation renouvelée ; l’objectif d’E Macron, candidat à sa succession, est double mais à portée limitée : éviter l’encombrement des hôpitaux qu’il a continué à appauvrir en ferment encore des lits, et de se donner l’occasion d’apparaître en possible sauveur du pays (ça, c’est une autre histoire plus vaste que la seule gestion de l’épidémie).
La vaccination permet pour l’instant d’éviter l’encombrement des hôpitaux. Pour combien de temps ? Faut-il attendre que le virus gagne encore plus de terrain pour passer à l’offensive ? E Macron, bien ne servi pas les médias télévisuels, vient comme un général de parade nous raconter qu’on fait mieux que dans d’autres pays, notamment l’Allemagne, comme si comparaison était raison, en même temps il supprime l’accès aux tests empêchant de connaître le taux de contamination, au prétexte que seul compte le taux d’hospitalisation confirmant ainsi son désintérêt pour les gens et confirmant celui qu’il a de maintenir son image qui semble très liée à la capacité hospitalière.
Il aurait fallu ne pas se contenter d’une Ligne Maginot, il aurait fallu maintenir des mesures prophylactiques : tester-isoler, maintien du port du masque, limitation des horaires d’ouverture des lieux festifs et maintien de jauges basses, des restaurants, des magasins, limitation des voyages à l’étranger et des entrées de voyageurs… Sans doute aussi aurait-il fallu augmenter le nombre de lits et augmenter les moyens humains des hôpitaux, loin de ça le gouvernement a continué à fermer des lits et mis en place des mesures qui ont entraîné le départ, de façon transitoire ou définitive suivant la situation des gens, de nombreux soignants.
Le défaut de stratégie offensive va vraisemblablement entraîner une vague importante de malades qui « mouillera les pieds des hôpitaux », peut-être jusqu’aux genoux mais ne les submergera pas, notamment parce qu’on a appris à délaisser un ensemble de malades au profit de ceux atteints de CoViD qui sont les seuls pris en compte par la statistique officielle. Aujourd’hui, en France, on sait tous les jours par les médias combien il y a de cas de CoViD, de morts de la Covid, mais silence sur les malaises cardiaques ou vasculaires cérébraux et les cancers mortels parce que les patients n’ont pas pu être soignés à temps.
Nous n’en serions pas là si les médecins-médiatiques n’étaient pas atteints par « l’illusion de la toute-puissance » (terme emprunté à Raul Magni Breton de l’université de Grenoble) et se souvenaient, pour le dire au Président, qu’il faut des années pour calmer une épidémie et des décennies pour éradiquer un virus (si on n’y arrive jamais) et que la vaccination à elle seule ne suffit pas, qu’en outre il faut qu’elle soit mondiale. Qu’ils se souviennent la variole, de la tuberculose, de la poliomyélite !
Nous sommes, aujourd’hui, en présence de médecins-médiatiques dans l’illusion de la toute-puissance alors que le savoir est encore faible, et qui semblent refuser de voir l’histoire et surtout d’en tirer des leçons. Nous sommes gouvernés par des généraux de parade qui ne mettent pas en œuvre une stratégie offensive mais qui se contentent de caracoler quand l’ennemie, s’ennuyant, pousse une attaque. Il en fut ainsi au début de la Première Guerre mondiale que nous avons bien failli perdre si ça n’avait été le sursaut offensif amené par Clémenceau qui, lui, avait 76 ans et de l’expérience politique et l’expérience des Hommes ainsi que du respect pour eux !
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