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Accueil du site > Actualités > Politique > Dany le Vert, de l’espoir à l’inquiétude des grèves

Dany le Vert, de l’espoir à l’inquiétude des grèves

Pragmatisme, réflexions poussées sur la société d’aujourd’hui, esprit de responsabilité, conscience de l’importance de la dimension européenne des enjeux… mais pourquoi donc Daniel Cohn-Bendit milite-t-il encore dans un groupuscule gauchiste ?

Ce 28 janvier 2009 sur France 3, un ancien révolutionnaire était l’invité principal de Frédéric Taddeï dans l’émission "Ce soir ou jamais" aux côtés de l’économiste Serge Latouche, de l’ancien collaborateur de Jean-Pierre Raffarin Hakim El Karoui et du sociologue adhérent de la LCR Philippe Corcuff.


Un soixante-huitard sexagénaire

À la veille de la "grande grève", Daniel Cohn-Bendit, le visage marqué par le temps (il aura 64 ans le 4 avril prochain, soit l’âge de la première élection de François Mitterrand ou de Jacques Chirac), n’a cependant pas perdu ni de sa fougue oratoire ni de sa cohérence politique.

Certes, deux autres invités se sont amusés à le renvoyer dans le passé, insistant sur sa génération, celle du baby boom, qui a connu la prospérité, les Trente glorieuses, la croissance effrénée…


De l’importance du pragmatisme en politique

Lui au moins, il avait un avantage sur ses contradicteurs, c’est un politique, et en tant que tel, son discours traduisait bien la devise de l’action politique : rendre possible le souhaitable. En clair, "rendre", c’est amener les choses pour faire évoluer dans le "bon" sens (le "bon" étant tout le débat politique). Bref, c’est être pragmatique avant tout. Alors que la plupart de ses interlocuteurs restaient fermés sur un véritable totalitarisme de la pensée, notamment Serge Latouche, économiste qui a écrit un bouquin sur la "décroissance", mot magique qui ne veut rien dire.

Critiquant les premières décisions sur l’environnement du Président américain Barack Obama, Serge Latouche a déclaré que « la croissance verte est un bel oxymore ». Il veut une rupture radicale pour changer le système et considère même de façon totalement irresponsable la crise financière comme heureuse : « La crise est pour moi une bonne nouvelle. ».

Heureusement, Daniel Cohn-Bendit, en bon politique, rappelle que la crise fait des victimes et qu’on ne peut pas s’en réjouir : « Je ne suis pas tout à fait d’accord parce qu’il y en a qui souffrent beaucoup. ».

C’est la différence entre idéologie et politique, celle de se préoccuper du bien des gens avant de vouloir à tout prix appliquer ses idées : « Je crois qu’un politique doit être radical dans la tête et radicalement pragmatique dans le quotidien pour faire avancer les choses s’il a une orientation politique. ».


De l’utilité de la construction européenne

Pragmatisme en effet pour réussir à être efficace dans le changement tout en restant démocrate, car c’est bien de cela qu’il s’agit : les révolutionnaires (de salon), si on les écoutait, couperaient de nouveau des têtes et se moqueraient comme de l’an 1793 de l’avis du peuple.

Pragmatisme pour la démocratie mais aussi pour la diplomatie : il n’y aura pas d’effet planétaire sur l’environnement si une politique concertée avec tous les gros États pollueurs n’est pas initiée. Pas seulement les Occidentaux (Europe et Amérique du Nord, encore que les États-Unis, jusqu’à la semaine dernière, fussent à la traîne sur ces questions) mais aussi l’Inde et la Chine par exemple.

Or, la meilleure intuition de Daniel Conh-Bendit, c’est que le meilleur moyen de négocier avec les Chinois (notamment) et de les convaincre d’adopter des mesures antipollution, c’est justement l’Union Européenne parlant d’une seule voix et faisant bloc. Avec cette autre intuition qui est que le Parlement européen va prendre de plus en plus d’importance décisionnelle et que les élections européennes de juin 2009 vont être essentielles dans ce débat sur l’environnement mondial.


1968, c’est du passé

Dany le Rouge s’est effectivement transformé en Dany le Vert… ou même Dany l’Orange ? Le Vert et le Pragmatique. Ses propos mesurés, posés et modérés sont sans doute le fruit d’une maturité politique et de son expérience des responsabilités (il a été adjoint aux affaires multiculturelles à la mairie de Francfort de 1989 à 1997).

Parmi ses propos intéressants, celui, modeste, de dire qu’il faut arrêter avec mai 1968, qu’il faut l’oublier, que les temps ont changé et qu’il faut éviter de revenir sans cesse à cette période.

Il a d’ailleurs expliqué dans une conférence au Canada en mars 2008 que si Nicolas Sarkozy avait relancé le thème de mai 1968 pour s’y opposer à trois jours de l’élection présidentielle de 2007, c’était pour éviter l’alliance contre lui des électeurs de Ségolène Royal et des électeurs de François Bayrou.


2009 vs 1968

Il a fait une comparaison entre 1968 et 2009 assez modérée en disant qu’en 1968, il n’existait ni le chômage de grande ampleur, ni les connaissances sur le changement climatique, ni le sida.

Pour Daniel Cohn-Bendit, la société actuelle est beaucoup plus difficile que celle de sa jeunesse, et il est très difficile de donner une réponse simple à tous les défis d’aujourd’hui.

En 1968, la grève était une grève d’espoir, avec des lendemains qui pourraient chanter alors qu’en 2009, la grève n’est qu’une grève d’inquiétude, de malaise.

Il a également comparé les deux chefs de l’État : Charles De Gaulle était trop distant par rapport au monde, ne comprenait plus les gens… alors que Nicolas Sarkozy, lui, le comprend trop bien, essaie d’exploiter le monde tel qu’il est, sans distance, sans recul (pour Daniel Cohn-Bendit, c’est pire que de ne rien comprendre).


Utilité de la pratique politique

Tous les cinq ans, Daniel Cohn-Bendit fait parler de lui en France en se présentant aux élections européennes. Il a toujours eu du mal à choisir pour son terrain politique entre la France et l’Allemagne, et il est bien regrettable que ses propos soient rapidement inaudibles lors des échéances nationales françaises par un manque d’engagement de sa part.

Daniel Cohn-Bendit, pourquoi ne rejoignez-vous donc pas d’autres écologistes dans un parti qui a l’ambition d’être gouvernemental pour mettre bientôt en application vos propres idées ?


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (29 janvier 2009)


Pour aller plus loin :

Émission "Ce soir ou jamais" du 28 janvier 2009 sur France 3.

Débat Valéry Giscard d’Estaing/Daniel Cohn-Bendit (décembre 2008).

Daniel Cohn-Bendit sur la même longueur d’onde que François Bayrou (mars 2007).

Pour en finir avec mai 1968 (vidéo du 17 mars 2008).



Documents joints à cet article

Dany le Vert, de l'espoir à l'inquiétude des grèves Dany le Vert, de l'espoir à l'inquiétude des grèves Dany le Vert, de l'espoir à l'inquiétude des grèves Dany le Vert, de l'espoir à l'inquiétude des grèves

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15 réactions à cet article    


  • LE CHAT LE CHAT 30 janvier 2009 11:28

    ou même Dany l’Orange ? il va adhérer au modem ? François , t’es plus tout seul ! smiley smiley smiley


    • LE CHAT LE CHAT 30 janvier 2009 11:30

      quand on mélange du rouge et du vert ça donne une couleur merdique !


      • bernard29 bernard29 30 janvier 2009 11:44

        Vu l’émission. Trés décevante et Cohn Bendit parle trop. Je crois que cette émission l’a vraiment. desservi. je trouve qu’il passe de plus en plus mal à la Télé.

        vous dites

        • Daniel Cohn-Bendit, pourquoi ne rejoignez-vous donc pas d’autres écologistes dans un parti qui a l’ambition d’être gouvernemental pour mettre bientôt en application vos propres idées ?
        qu’ est-ce que vous voulez dire ? quel Parti,  ?? Ils ont tous l’ambition d’être gouvernemental !! les Verts ? , le parti de gauche avec Billard et les écolos de gauche ?, Le PS avec les écologistes d’Utopia ? le Modem avec Benhamias, ? l’UMP avec Hulot ? 

        • Philou017 Philou017 30 janvier 2009 21:56

          Dany est un imbécile qui a multiplié les mauvais choix. Dans de nombreuses déclarations, Dany approuve globalement la société telle qu’elle est. Son Réalisme est bien triste, là où on aurait bien besoin d’un révolutionnaire lucide.
          Aurait mieux fait de prendre sa retraite politique en Juin 68.
          Si j’étais méchant, je dirais que Dany n’est plus que le porte-parole de son conservatisme.
          Bon, je le dis pas, il est sympa Dany, apres tout.


        • marie 30 janvier 2009 12:12

          "En 1968, la grève était une grève d’espoir, avec des lendemains qui pourraient chanter alors qu’en 2009, la grève n’est qu’une grève d’inquiétude, de malaise."


          Ah bien évidemment il n’y a pas de "proposition politique" digne de ce nom. Cet abscence ne tombe pas du ciel comme çà, mais est le résultat d’un certain nombre d’éléments affairisme, fragmentation de la société et pourrissement de la vie politique par des gens qui y ont intêret. et aussi manque de courage. il faut dire que ces affaires prennnet des tours parfois abominables .

          Car les sujets et le sujet fondamental la CRISE ECOLOGIQUE prioritaire ne manquent pas pour refonder une société et une utopie !

          Qu’attendons nous et please pas de Facteur !


          • Emmanuel Aguéra LeManu 30 janvier 2009 17:50

            Les solutions de 2009 sont sous les pavés de 68. Personne n’y a rien compris à l’époque, surtout pas les politiques, et ça a avorté. Aujourd’hui, on commence seulement à comprendre la portée politico-économique de l’avertissement... un peu tard toutefois. Restera le bon en avant "sociétal" (aïe aïe aïe... attention les moins...) dont nos descendants liront l’évolution dans les livres d’histoires.



          • FR-ank FR-ank 30 janvier 2009 23:54

            Societal, effectivement smiley j’aime bien ce mot moi...
            Bon sang, ce capitalisme montre ses limites de lui meme ( l’avarie, la possession, le profit ultime, le credit et la folle sur-consommation) poussee a son maximum. Ca a marche, mais il est temps de passer a autre chose, l’homme et ses valeurs, au lieu de l’argent-dettes tout puissant.
            *Ensemble*


          • maxim maxim 30 janvier 2009 12:24

            je rappelle que Dany le rouge a été interdit de séjour sur le territoire Français ,qu’il a dù certainement en 68 être manipulé pour mettre notre économie à plat à l’époque ....

            je ne crois pas une seconde à la conversion de Cohn Bendit en Vert ,ce n’est qu’un moyen d’aboutir à ses fins ,revenir foutre le merdier chez nous ....


            • Emile Red Emile Red 30 janvier 2009 13:57

              Il est aussi utile à la droite par ses incohérences de vieux machin situ, que nuisible à l’écologie politique par son engagement biaisé dans certains évènements planétaire.

              Il devrait la fermer sur le Tibet, l’Irak ou le traité Européen, et s’inquiéter plus de l’EPR et des excés polluants du néo-libéralisme destructeur.

              Un has-been de plus qui devrait rejoindre une maison de retraite...


              • mandrier 30 janvier 2009 14:10

                Quelqu’un se souvient-il encore d’un bouquin dans lequel il exprimait sa passion pour la jeunesse ?


                Peut-être veut-il revenir en France pour semer la misère et la discorde ?


                • Internaute Internaute 30 janvier 2009 19:26

                  Daniel Cohen Bendit est un mondialiste convaincu, un ancien maoïste et un sioniste activiste.

                  Comment peut-on qualifier une personnalité politique soit disant européenne qui nie l’existence des peuples européens et qui pour faire avancer ses pions mondialistes turcs et israéliens ose crier haut et fort "L’Europe n’est pas un club chrétien" ? Si, l’Europe est un club chrétien même si beaucoup ne sont plus pratiquants. L’Europe doit être faite pour la majorité de ses habitants et non pas pour les infimes minorités agissantes qui ont des officines de lobbying à Bruxelles et du pognon à Tel-Aviv.

                  Ce type se fiche complètement de l’écologie. Elle ne lui sert que de véhicule pour conserver un parti lui permettant d’avoir des fonds, d’être député et apparachik à Bruxelles.

                  Il est quand même triste de voir Dominique Voynet dont je ne partage pas les idées mais qui à l’air d’avoir des convictions s’entourer d’un Cohen Bendit qui détruit l’Europe et ne pense qu’à y faire rentrer l’Israël, d’un Lipsky qui espère se sucrer en dénonçant pour la dix-millième fois la SNCF comme organisation au service des nazis et d’un Mamère dont la principale valeur morale est le bien-être des homosexuels. Je suis désolé mais je ne vois pas où est l’écologie là-dedans. Que les verts commencent par virer ces parasites de leur mouvement et on y verra plus clair.


                  • Céline Ertalif Céline Ertalif 30 janvier 2009 21:57

                    @ l’auteur

                    1 - " Serge Latouche, économiste qui a écrit un bouquin sur la "décroissance", mot magique qui ne veut rien dire". Et est-ce que ceux qui parlent en permanence de la croissance (infinie...) comme d’une magie permanente et inexorable utilise un langage qui veut dire quelque chose ? Posez-vous simplement et honnêtement la question, et on verra après ce qu’il reste de cette assertion.

                    2 - "Ses propos mesurés, posés et modérés sont sans doute le fruit d’une maturité politique et de son expérience des responsabilités". En mai 68 même, DCB n’a-t-il pas été un facteur de modération ? Pourquoi vouloir faire croire que c’est un effet de la "maturité". Les idées reçues, c’est d’un fatiguant...

                    3 - "pourquoi donc Daniel Cohn-Bendit milite-t-il encore dans un groupuscule gauchiste ?". Eh bien, vous savez, les Verts c’est aussi bien qu’un groupuscule centriste rempli d’un tout petit reliquat de notables et de nouveaux venus dans le militantisme désordonnés, inexpérimentés et impatients qui ne savent rien faire. Franchement !

                    Je voudrais que vous vous mettiez un truc simple dans la tête : ce n’est parce qu’on est au centre qu’on est naturellement modéré. Quand on a besoin de partenaires, on commence par les respecter. Cet article montre qu’il y a un chemin indispensable à faire pour que vous vous mettiez simplement en cohérence avec votre conclusion. Comment qualifier un article qui insulte d’abord pour rêver d’une alliance en conclusion ? La politique, ça commence par poli (tout court).





                    • bob 1er février 2009 11:24

                      Cher monsieur,

                      Votre article m’a beaucoup fait rire.

                      Cohn-Bendit est l’archetype du politicard qui a emmene les boeufs a l’abattoir pour son seul profit. En effet, quel est la situation actuelle et par qui a-t-elle ete etablie ?

                      Durant les trente glorieuses, annees de reconstruction de L’Europe suite a la seconde guerre mondiale, se sont opposes deux clans : Le premier, conformiste, conscient d’avoir passe une crise mondiale (1929 et ses consequences) et une guerre mondiale, veut enfin profiter d’une paix qu’il percoit comme fragile ( guerre d’Indochine, guerre d’Algerie). Le second, qui n’a jamais connu ni crise ni guerre prone une revolution intellectuelle puis spirituelle ( de par la renonciation aux biens materiels). Le fait est que ceux qui souhaitent renoncer aux biens materiels sont ceux qui en beneficient sans avoir a travailler ou a effectuer le moindre effort.

                      L’arrivee de ces jeunes dans la vie active va tout changer. L’election de Mitterand ( ancien collaborateur, ancien ministre de l’interieur et promoteur de la financierisation de la France) bouleverse la donne. Desormais, ces jeunes si prometteurs en terme de changement societal, se revelent aussi conformistes que leurs aines. Voraces pendant les annees 80, egoistes de par les lois qu’ils souhaitent voir promulguer pour favoriser leur petite personne au detriment de la conception de groupe qu’ils affichaient initialement dans les annees 90 et fascistes de par les influences electorales des annees 2000, ils cherchent desormais a masquer leur appartenance a un quelconque mouvement revolutionnaire ou a deformer la realite pour les rendre convenables aux yeux de leurs cadets.

                      Que se passe-t-il en 2008, les anciens 68ards si avides de pouvoir pour changer la societe ont la possibilite de le faire. Quel resultat constate-on ?
                      Ils sont devenus une bourgeoisie tres proche de celle qu’ils combattaient tout en se drapant dans une conception politique inappropriee ( anarchisme, socialisme). Ce faisant, ils decribilisent ces mouvements politiques tout en donnant et en se donnant bonne conscience.

                      L’auteur souhaite passer sous silence cet etat des lieux qu’il considere comme accessoire alors qu’il s’agit de l’un des problemes majeurs de la France ( la notion de RESPONSABILITE ).


                      • bob 1er février 2009 11:25

                        De plus, le simple fait de savoir que Cohn-Bendit, va recevoir une retraite de depute vert europeen pour un mandat qu’il a effectue en ... Allemagne est tout simplement consternant. Cela va a l’encontre de la politique qu’il pronait il y a 40 ans.

                        Il semblerait que l’auteur considere cela comme legitime et suffisement insignifiant pour etre oublie.


                        • bob 1er février 2009 11:27

                          La retraite sera versee par la France.

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