De Neauphle-le-Château à Genève, la tragédie mondiale par l’Iran ? Israël au front
Quelques années avant les opérations menées par l'armée Israélienne en 1981 contre le réacteur nucléaire Irakien d'Osirak, chacun garde en mémoire le visage de cet étrange « touriste » resté 122 jours en France, un certain Ayatollah Khomeini. C’était en 1978 à Neaauphle-le-Chateau. Bien des intellectuels comme Jean Paul Sartre ou Michel Foucault ne furent pas sans succomber alors à son charisme. Notons que le Shah d’Iran affirma préférer que Khomeini soit en France plutôt qu'en Syrie (ou en Libye). Les mêmes pays, la même Histoire qui se prolonge, ou se répète ? Le vieux mystificateur au physique de patriarche grec s’était longtemps opposé à la « révolution blanche » lancée par le Shah au début des années soixante. A son retour en Iran Khomeini imposera donc le projet attractif de « démocratie spéciale » ou « démocratie islamique ». L'idée de république islamique fît son entrée en « scène » face au pouvoir du Shah tant ou bien trop décrié. Tout cela n’est pas sans écho avec tous les mythes des « printemps Arabes » de plus en plus hivernaux. La démocratie reste toujours et encore dans la salle d'attente.
Toute proportion gardée, les rapprochements Historiques s’avérant bien souvent hasardeux, il n’en demeure pas moins que l’étrange emballement Occidental pour le supposé « modéré » Hassan Rohani interroge d’autant plus, et la tentative d’imposer la démocratie en Syrie, aussi. Enfin, l’offensive médiatique du même Rohani usant habilement des « concepts » langagiers occidentaux ne serait pas sans prolonger le véritable « plan de communication » lancé jadis par Khomeini depuis Neauphle-le-Chateau sous la forme de cassettes audios de manipulation idéologique diffusées et dupliquées largement, avant et après son retour en Iran. Cette diffusion parallèle permettait d'échapper au contrôle du gouvernement du Shah sur les médias classiques. L’Iran générateur de faussaires et du double langage diplomatique ? Que cet accord de Genève porte en germe le retour radical et tragique du pouvoir des Ayatollahs sur la scène mondiale ?
En parallèle de la guerre civile Syrienne soumise à des influences extérieures évidentes, cet accord de Genève voit aussi Israël étonnamment écarté de tractations qui le concernent en premier lieu. Même si la France a su exiger des engagements un peu plus consistants s’agissant du réacteur d’Arak, difficile de ne pas éprouver un malaise face à la maltraitance diplomatique dont Israël a été l’objet. Que Barak Hussein Obama joue sur plusieurs tableaux ? Que l’Occident et ses alliés cèdent à la pire tentation ?
En pariant sur les hypothétiques prolongements futurs de ce premier acte d’un accord transitoire de 6 mois, chacun ressent bien que l’Iran a d’abord su habilement assurer ses arrières. En gardant ses milliers de centrifugeuses avec autorisation de les renouveler le jour venu, en disposant toujours de son uranium enrichi jusqu’à présent, tenant à l’écart son dangereux réacteur d’Arak, difficile de nier en effet que l’Iran s’en sorte vraiment bien. Les contresignataires se trouvent désormais soumis à la bonne foi escomptée de l’Iran, lequel pourra ainsi durablement se faire désirer pour renoncer à ce qu’il est sur le point d’acquérir, l’arme atomique.
Entre un coup de poker assez fébrilement mené par le président américain, ou un tour de passe-passe habilement conduit par le président Iranien dans l’objectif de gagner du temps, personne ne semble en état de conclure à ce stade. Une heure de vérité a été reportée de six mois.
Toujours est-il que le malaise angoissé semble être palpable surtout du côté des USA et de leurs alliés. L’Iran se réjouit un peu trop pour que cela ne soit pas source d’une inquiétude certaine, premièrement pour Israël. Durant cet accord l’état hébreu s’afficha étonnamment comme le premier exclu de la table des négociations. Alors que quelques heures avant cet accord de Genève, Israël se voyait encore menacé par l’Iran d’être un jour effacé de la carte du monde, l’état hébreu n’aura donc eu droit qu’à s’exprimer à la marge de la table des négociations. Pour peu que l’on croit à la maxime populaire affirmant que les absents ont toujours tort, cet accord à de quoi inquiéter. Qu’Israël l’éprouve comme une « erreur Historique » relève de la logique. L’empressement du président américain à venir pérorer devant les caméras pour promouvoir « son » accord n’était pas sans s’apparenter à la joie naïve et précipitée d’une starlette en herbe de téléréalité, se comportant en stars avant même que d’en avoir la moindre légitimité. Cet accord est d’abord un renvoi à plus tard, avec allègement des sanctions contre l’Iran. Un début de pacte avec le diable ? Puisse cette formulation rester durablement excessive.
En échange de si peu, et alors que les sanctions contre l’Iran suite aux trahisons précédentes de sa parole donnée ne sont pas arrivées à échéance, offrir à l’Iran un délai supplémentaire de recherche bien dangereuse ? Le réintroduire par avance dans le concert des nations ? La première étape de la mise à l’écart symbolique d’Israël ? Cette dernière question peut sembler irréelle, notamment au regard de la puissance pour le moins dissuasive de l’état hébreu, mais cette interrogation ne peut plus être contournée.
Si la gène la plus perceptible est bien du côté des contresignataires Occidentaux de l’Iran dans cet accord, les « 5+1 », c’est bien que quelque chose se passe dans le positionnement adopté par rapport à Israël. Barack Hussein Obama succomberait-il à la tentation ? Celle de s’entendre plus ou moins officiellement avec l’Iran, sur le dos d’Israël. A contrario de ce que bon nombre d’analystes pensent, le risque réel d’une conflagration réside premièrement dans cette trahison sous jacente ou assumée du pacte Israelo-Américain
Et si cet accord, laissant hypothétiquement le temps à l’Iran de devenir plus inquiétant encore, portait en germe l’impensable renversement géostratégique américain paraissant encore « incroyable » à ce jour, dans un début de relégation d’Israël ?
Certes, l’état hébreu persiste à placer ses espoirs dans le Congrès américain, supposé être beaucoup plus favorable à Israël que ne le serait Barak Hussein Obama.
Les plus pessimistes, à moins qu’ils ne soient les plus clairvoyants, ne pourront s’empêcher de faire un parallèle avec la période qui précéda la seconde guerre mondiale voyant Hitler se préparer tranquillement à son arrivée au pouvoir sans masquer ses intentions les plus velléitaires. Le peuple du Livre était déjà la cible première. Quels sont les besoins actuels de l’Iran ? Avoir du temps, et vivre un peu mieux durant le délai nécessaire à l’accès à l’arme atomique. Des propos irrationnels ? Pas plus que les intentions sans cesse réaffirmées de l’Iran tendant à pulvériser Israël.
Ainsi, l’Iran conserve sa capacité nucléaire « latente » en pouvant s’appuyer sur une bonne dizaine de sites, dont le réacteur d’Arak, capable de produire du plutonium. Même s’il fût déjà vigoureusement demandé à l’Iran de cesser d’enrichir de l’uranium, cela aura pu se prolonger jusque ce jour. Il y a fort à parier que le reconvertir n’est pas prêt d’être effectif. Gardons que toutes les structures Iraniennes susceptibles de fabriquer des armes nucléaires resteront parfaitement opérationnelles.
Cet accord s’apparente à un chef de chantier conscient de voir son espace de travail rempli de tous les éléments nécessaires à voir se répandre un grand incendie, et comptant sur les pyromanes des alentours pour lui donner le moyen de joindre les pompiers.
L’Iran laisse habilement à croire que les USA ne sont plus pour lui le grand Satan. Mais Israël le serait plus que jamais. Qu’il y ait un quelque chose de la tentation au désert dans cette affaire est difficile à nier. Puisse le président américain ne pas tenter le diable pour retrouver un peu d’opinions favorables au sein de son peuple, qui le rejette largement ces derniers mois. De la « réal politique » ? Pactiser avec le diable n’a jamais préparé que la chute.
Les plus naïfs se réjouissent de voir le Guide Iranien et « son » président sur la même longueur d’onde, un fait que l’on peut aussi trouver assez inquiétant. Garder à l’esprit que le président Iranien se félicitait de savoir « balader » l’Occident avant que d’avoir sa fonction actuelle. Un état totalitaire le reste. Le cynisme ou la mauvaise foi sont ses cartes maîtresses.
Analyser les réactions à cet accord de Genève permet de saisir le réel rapport de force appelé à se mettre en place, quitte à ce que certains sachent habilement faire patte de velours, les six prochains mois.
Présenté comme « Historique » par les Etats-Unis et leurs alliés, Israël trouvant dans cet accord une « erreur » toute aussi Historique, gardons que les réactions recouvraient premièrement un « pari » relatif à la bonne disposition de l’Iran. Après que celui-ci réaffirma sans détours son intention ultime d’effacer Israël de la carte. Quelle valeur reconnaître à un accord signé dans le dos de celui qu’il vise le plus en réalité ? Et si l’Histoire n’avait pas encore fait émerger des dirigeants à la hauteur de telles négociations.
Un peu comme on laisse en cachette un invité trop dérangeant finir les restes du dessert en cuisine, Obama affirma ainsi au Premier ministre Israélien que "conformément à ses engagements, il veut que les Etats-Unis et Israël commencent immédiatement des consultations concernant une solution globale relative au problème du programme nucléaire Iranien ». Au sortir de cet accord le président Obama chargeait Josh Earnest, porte-parole à la Maison Blanche, de passer la pommade apaisante sur les dirigeants Israéliens.
Ce second couteau déclarait comme on ferme les bancs que « les deux dirigeants ont réaffirmés leur objectif d'empêcher l'Iran d'obtenir une arme nucléaire". Le bon sens fait bonne figure. A bord de l'avion présidentiel Air Force One Obama regagnait ensuite la côte ouest des Etats-Unis, impatient de faire son service après vente.
Au cours d’un nouvel entretien téléphonique ultérieur avec Netanyahu, Obama a souligné « que le groupe 5+1, composé des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU et de l'Allemagne, cherchera lors des prochains pourparlers avec les Iraniens à obtenir une solution durable, pacifique et globale, celle qui dissipera les préoccupations de la communauté internationale ». Sautillant comme il le fait si souvent sur les plateaux de « sa » télé ou il se rend volontiers pour pousser un coup d’instrument à vent, Obama affichait bientôt une gestuelle de petit garçon bien décalé dans la cour des grands.
Dans un éclair de lucidité Obama se limita cependant à évoquer « la première étape importante » d’un « accord cependant intérimaire », soulignant que « d'énormes difficultés persistaient dans ce dossier ». Certes.
Même si des observateurs un peu sérieux et attentifs pourraient en sourire, le président made in US osa paradoxalement conclure en prétendant que cet accord « barre le chemin vers une bombe atomique Iranienne » et que « pour la première fois depuis une décennie, nous interrompons les progrès du programme nucléaire Iranien, des volets cruciaux du programme sont même annulés ». Oubliant tout l’uranium déjà enrichi dont dispose l’Iran et les milliers de centrifugeuses, ainsi que le dangereux réacteur d’Arak, Obama ira jusqu’à affirmer « que l’Iran cessera tout enrichissement de combustible nucléaire à plus de 5% » car « les inspections de l'AIEA permettront à la communauté internationale de vérifier si l'Iran tient ses engagements ou pas ». Demain la bonne foi des Ayatollahs rasera gratis pour la beauté du geste, dans une paix infinie et idéale.
Contredisant Obama, le président Iranien Hassan Rohani estimait a contrario que « dans l'accord, le droit à l'enrichissement d'uranium sur le sol Iranien a été accepté (...) et la structure des sanctions a commencée à se fissurer » réaffirmant pour la forme que « l'Iran n'a jamais cherché et ne cherchera jamais à fabriquer l'arme atomique ». Les chercheurs d’or ne chercheraient donc plus de l’or.
Plus réaliste, le président Russe Vladimir Poutine voyait dans l’accord « un premier pas sur un chemin long et difficile ». Pareillement nuancé le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-Moon jugeait que cela « pourrait se révéler être le début d'un accord historique pour les peuples et nations du Moyen-Orient et au-delà ». Certains jours, le début du commencement d’un premier pas semble ne jamais finir, de commencer.
Dans un même registre lexical le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi trouvait que « cela va aider les différents acteurs à commencer à mener des échanges normaux avec l'Iran ». Le service minimal langagier atteint parfois des sommets de sobriété. Pour le président de l'Union européenne Herman Van Rompuy il devenait « crucial de s'assurer de la mise en oeuvre dans les temps de l'accord et de continuer à travailler sur la base de la confiance construite vers un règlement définitif de cette question ». Une façon élégante de dire que tout reste à faire ? Il n’est vraiment pas le seul à le penser. Le président américain en chute vertigineuse dans son opinion publique aurait besoin de passer à nouveau pour le héros qu’il n’a jamais été. L’Iran a gagné du temps, et de l’argent.
A Londres, le ministre Britannique des Affaires étrangères, William Hague soulignait sagement qu'il reste « un gros travail à faire pour mettre en oeuvre et avancer sur cet accord ».
Comme les représentants Palestiniens, le régime de Damas dont Téhéran est le principal allié régional, saluait avec une joie compréhensible « l'accord Historique garantissant les intérêts du peuple Iranien frère et reconnaissant enfin son droit à l'usage de l'énergie nucléaire ». La Syrie en pleine guerre et l’Iran impatient de vitrifier Israël, causaient donc ensemble de pacifisme. Que l'accord signé entre les sept pays négociateurs ( Iran, Etats Unis, Russie, Chine, France, Allemagne, Royaume Uni) voit l’Iran échapper en premier lieu au statut de dindon d’une farce ? Une question suffit parfois à répondre.
L'Iran se serait en théorie engagé dans une profonde révision de son programme nucléaire et à se soumettrait à des inspections internationales pendant six mois ? Il aurait promis la main sur un cœur d’artichaut de « cesser tout enrichissement d'uranium à plus de 5 % et de dementeler les processus techniques nécessaires pour enrichir à plus de 5 %" en neutralisant en parallèle son stock d'uranium enrichi à près de 20% en le diluant » ? Outre ces milliers de centrifugeuses sonnantes et trébuchantes de menaces, comme l’uranium enrichi accumulé depuis des années. La pluie ne mouillerait plus.
Le pays des Ayatollahs mettrait ainsi ce qui lui reste d’honneur à « faciliter l’accès quotidien de ses sites de Natanz et Fordow à des experts de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) ». En outre, l'Iran devrait même avoir l’extrême gentillesse de communiquer toutes ses informations sur le fonctionnement de son terrible réacteur d'Arak ? Parfois un ange diplomatique passe et personne n’y croit.
En échange, les USA et affiliés offriront avant Noël un allègement des sanctions s’élevant environ à un cadeau enveloppé de sept milliards de dollars…promettant de s’interdire toute nouvelle sanction pendant six mois, si l'Iran respecte ses jolies paroles. En outre « certaines sanctions sur l'or et les métaux précieux, le secteur automobile et les exportations pétrochimiques de l'Iran, vont être gracieusement interrompues ». Le but contractuel serait par la même « de hâter des réparations pour certaines compagnies aériennes iraniennes ». En guise de cerise non voilée sur le gâteau l’on procèdera même « au versement de 400 millions d'euros pour financer les études d'étudiants Iraniens à l'étranger ». Pour que le père Noël existe vraiment pour la joyeuse démocratie sous jacente Iranienne « 4,2 milliards de dollars issus de sanctions sur les ventes de pétrole Iranien seront restitués aux Ayatollahs ». Qui dit mieux ? Noël anticipé à Genève.
Afin de ne pas pécher par excès de dureté à l’égard de cet état totalitaire et tortionnaire l’accord de Genève entend en conclusion « mettre un coup d'arrêt au programme Iranien et donner à ce pays un choix clair : remplir ses engagements et négocier de bonne foi un accord final, faute de quoi la communauté internationale exercera de nouvelles pressions sur le pays et l'isolera davantage » . Le Guide défini comme suprême et son président doivent se le tenir pour dit sauf à être privés de dessert ? En tout cas pas d’armes nucléaires, un jour, dans six mois ? Ou avant.
Ce dimanche 24 novembre 2013, Benyamin Nétanyahu n’aura pas manqué de dire que « le monde est devenu bien plus dangereux, parce que le régime le plus dangereux du monde a franchi une étape significative pour obtenir l'arme la plus dangereuse » précisant « qu’en réalité les grandes puissances ont acceptées que l'Iran enrichisse de l'uranium ». Selon lui « les sanctions internationales ont été levées en échange de concessions cosmétiques de l'Iran, lesquelles peuvent être annulées en quelques semaines ». Attention danger ? Oui.
Le ministre de l'Économie Israelien Naftali Bennett assura rapidement que son pays n’est pas engagé « par un accord qui menace sa propre existence » rappelant le fait souverain « d’avoir le droit de se défendre ». Avigdor Liberman, ministre des Affaires étrangères voyait même dans cet accord « la plus grande victoire diplomatique de l'Iran ». Pour peu que chacun retrouve raison, qui peut contredire Benyamin Nétanyahou lorsqu’il prétend qu’un accord véritable doit exiger en préalable « le démantèlement total des infrastructures d'enrichissement d’uranium, ainsi que la mise sous tutelle des stocks de minerais déjà enrichis » ?
Avigdor Liberman, ministre Israélien des Affaires étrangères devait conclure « Nous entrons dans une nouvelle ère ».
Comme Khomeini prépara à Neauphle-le-Chateau la mutation obscurantiste toujours actuelle de l’Iran, l’accord de Genève pourrait bien annoncer des heures sombres pour le monde entier.
De Neauphle-le-Chateau à Genève, la tragédie mondiale par l’Iran ? Israël au front.
Guillaume Boucard
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