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Accueil du site > Actualités > Politique > Démocratie, oligarchie, doxocratie : les vrais enjeux des présidentielles

Démocratie, oligarchie, doxocratie : les vrais enjeux des présidentielles

En marge de la campagne des présidentielles, ou au coeur des débats que cette campagne qui commence devrait soulever : la nature de notre démocratie... et la nature de la crise qui la frappe... Question de fond (et de base) : les partis sont-ils des rampes de lancement pour des postes électifs ou des « familles qui défendent des idéaux, des intérêts, des objectifs communs » ?

Cette question en amène une autre : la démocratie dite « pluraliste », ou « à l’occidentale », est-elle un mode de sélection des « élites » chargées de gouverner ou une « grille de valeurs », une série de règles d’actions, un régime qui concilie les intérêts contradictoires des « individus » et de la « collectivité », de la liberté et de la solidarité, de « l’égale dignité » entre les personnes et de l’inégalité des conditions de vie ?

Comment ne pas reposer ces questions-clefs aujourd’hui, dans un paysage politique français qui est en pleine rupture avec le paysage sociétal français ? Et dans un contexte socio et psycho-politique qui favorise les pires des impostures en encourageant les plus artificielles ou les plus mensongères des postures. Sur plus d’un terrain et sur plus d’un plan... Et pas seulement dans les « élites ».

La crise de la démocratie dite « représentative » révèle une crise de la démocratie dont on ne sortira pas par des discours, généreux mais truqués, sur les « démocraties » dites « participatives », « délibératives », « interactives », « directes » ou autres...

medium_jacques_julliard.jpgJacques Julliard, avec pertinence, a parlé de doxocratie à propos du règne des sondages, de la « loi de la rue », des modes médiatiques, des doxa (ces pensées dominantes d’un moment), des snobismes quotidiens engendrés par le « système politico-médiatico-publicitéro-marketing », des élans contradictoires des « zappeurs-consommateurs », (des « zappanthropes » disait Cornélius Castoriadis) .medium_Castoriadis.jpg

Cette doxocratie peut-elle contribuer à sauver la démocratie d’elle-même ? Non. Parce que cette « démocratie » reste un idéal, un but à atteindre, un idéat, comme disait Spinoza, non une réalité accomplie. Parce que ce qui est contesté, c’est moins la « démocratie proclamée que « l’oligarchie » effective que les institutions (dites « républicaines » mais en fait césaro-maonarchistes) contribuent à perpétuer.

La doxocratie conduit au triomphe des populismes (de droite et de gauche) et de la médiocratie. Qui en a vraiment conscience ? Qui surtout s’en préoccupe, en ces temps où les crises s’additionnent (et se nourrissent mutuellement), économique, sociale, sociétale, politique, culturelle... ? Comment faire pour que cette campagne présidentielle se centre ou se concentre sur cette question-clef ?

medium_morin.jpgSOS Edgar Morin : c’est la « pensée complexe » qui est en panne, pour cause de simplisme généralisé et instrumentalisé...

Pourtant, nous devons sortir de cette spirale de l’échec de la pensée, qui risque de conduire au pire des crises : une humanité incapable d’assumer l’humain.

C’est politique plus que philosophique, ou, du moins, c’est de l’ordre de cette philosophie politique sacrifiée sur l’autel (stupide) desdites sciences politiques, comme si la politique (ou l’économie) était une science...


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45 réactions à cet article    


  • La Taverne des Poètes 4 octobre 2006 11:25

    Et encore vous n’avez pas cité l’ochlocratie , le gouvernement par la foule !

    Voir sur Wikipedia : "L’ ochlocratie (en grec : οχλοκρατια, en latin : ochlocratia) est une forme de gouvernement dans lequel la masse a tous les pouvoirs et peut imposer tous ses désirs.

    « Si le terme « ochlocratie » est de nos jours quelque peu tombé en désuétude, la réalité qu’il recouvre a toujours été débattue dans les ouvrages de philosophie politique. Pour le définir, on peut tout d’abord s’en référer à la définition qu’en donne le dictionnaire Le Robert, qui précise (...) »

    « Ochlocratie » : 1568. Emprunté au grec okhlocratia, de okhlos, foule et -cratia, pouvoir. Inusité. Gouvernement par la foule, la multitude, la populace ».


    • Daniel RIOT Daniel RIOT 4 octobre 2006 12:16

      Vous avez tout à fait raison, merci.


    • Senatus populusque (Courouve) Courouve 5 octobre 2006 12:06

      Plus complet que le Petit Robert, et en ligne, il existe le Trésor de la Langue Française, édité par le C.N.R.S.

      http://atilf.atilf.fr/dendien/scripts/tlfiv4/showps.exe?p=combi.htm ;java=no ;



    • Bulgroz (---.---.247.234) 5 octobre 2006 12:10

      Courouve,

      Le lien ne fonctionne pas


    • Senatus populusque (Courouve) Courouve 23 septembre 2008 14:43

      Je viens de vérifier que les deux liens donnés fonctionnent.


    • T.B. (---.---.21.162) 4 octobre 2006 12:57

      Parait que la pensée complexe est en panne, qu’il faut sortir de la spirale de l’échec ...

      No problem, je peux vous dépanner et gratos ou cratos. Il faut d’abord écrire le mot démocratie dans les petits rectangles blancs en haut des pages sur votre écran, ensuite ajouter les lettres D I R E C T E. Un petit effort supplémentaite et pouvez ajouter entre les deux le mot « semi ».

      Ensuite, et là c’est plus dur, il faut appuyer sur la touche ENTER ou cliquer sur ENVOI. Enfin, ouvrir les sites et ... lire. Ca vous changera du verbe « élire ».

      Yapadkoa


      • arturh (---.---.119.98) 4 octobre 2006 13:19

        Il n’y a pas de crise de la démocratie, puisqu’il n’y a pas de démocratie.

        Il y a une crise de la Vème République, certes, mais la Vème République n’est pas une démocratie (absence de séparation entre pouvoir exécutif et pouvoir législatif, pouvoir judiciaire sous la tutelle du pouvor exécutif). Il y a donc uniquement une crise de la représentativité du pouvoir dans la République.


        • candidat007 (---.---.122.128) 4 octobre 2006 13:59

          « Comment faire pour que cette campagne présidentielle se centre ou se concentre sur cette question-clef ? »

          C’EST LA BONNE QUESTION ! mais encore faut il savoir ce que l’on demande.

          Tout d’abord ;
          - un postulat « la démocratie est et sera toujours en danger. » et ce n’est pas une échéance électorale qui répondra à toutes nos intérrogations.

          Ensuite ; régler le problème le plus urgent et le plus prégnant, que vous avez particulièrement bien cerné, à mon avis.

          il s’agit d’une crise de « la démocratie représentative » et d’une contestation de l’« oligarchie » effective que nos institutions contribuent à perpétuer".

          A cela une seule première réponse possible, pour débuter cette reconquête démocratique.

          - responsabiliser les élus sur leurs fonctions propres. et donc élire un représentant sur une compétence bien définie. (Département, région, assemblée nationale, sénat etc.. Donc un élu - une compétence ou un mandat.
          - limiter la constitution d’oligarchie en empêchant strictement le cumul des mandats et le renouvellement continuel des mandats.

          ENSUITE on peut s’intérroger sur la manière dont cette question pourra être au centre du débat présidentiel.

          ET LA, il y a un os, parce qu’aucun candidat membre d’un parti n’osera s’affranchir ou bousculer les pesanteurs de sa propre organisation. C’est pour celà, qu’il est nécessaire de trouver un candidat à la présidentielle courageux qui prendra l’engagement de procéder à cette réforme essentielle après son élection.

          Quand le moment sera venu, je ne vois qu’une seule pression possible sur les candidats à la présidentielle ; les menacer de s’abstenir lors de l’élection. Merci de votre attention. Voir mon blog ;


          • T.B. (---.---.21.162) 4 octobre 2006 15:18

            007 tu peux toujours courrir avant de voir cumuls, imminutés et autres aberrations « démocratiques » disparaitre par le seul effet d’une magique baguette à 0,80 euros. Arrêtons de consommer du droite/gauche franchouillard.

            le seul contre-pouvoir face à l’oligarchie ambiante qui squatte le pouvoir c’est le référendum d’initiative populaire. Mode d’emploi parfaitement bien décrit parmi les 39 autres propositions du candidat Alain Mourguy. Cela revient à introduire la démocratie semi-directe en France par le canal de la « démocratie » représentative. Il suffisait juste d’y penser ... ! Mourguy l’a fait.

            Tu ne pourras pas dire que tu ne savais pas.


          • T.B. (---.---.21.162) 4 octobre 2006 15:28

            http://www.elysee2007.org/

            Si quelqu’un peut me dire comment fait-on pour creér le lien actif... Il touchera une forte récompense. Moi n’y arrive pas.


          • chantecler (---.---.4.88) 4 octobre 2006 16:31

            OUI,c’est ce que disait Napoléon III qui aprés avoir été élu président de la République à la faveur des évènements de 1848 (pour ceux qui reviennent toujours à 1968 !) s’est fait proclamé empereur à vie pour nous amener à la débacle de 1970,la Commune, écrasée par les Versaillais arrivés par la porte de Saint-Cloud (comme c’est curieux !)et qui a débouché sur la guerre de 1914/1918 à cause,entre-autre de la perte de l’Alsace et de la Lorraine.

            Lui aussi était partisan des référendum.


          • T.B. (---.---.21.162) 4 octobre 2006 17:18

            Le référendum dont tu parles n’a rien à voir avec les référéndums d’initiatives poupulaires encadrées par une sécurité juridique. Le référendum auquel tu te référes est un coup d’Etat, vient du haut et ses résultats probablement truqués..... Dans la nuit du 1er au 2 décembre 1851, soit 47 ans jour pour jour après le sacre de Napoléon Ier, un décret dissout l’Assemblée nationale et rétablit le suffrage universel. Malgré quelques soulèvements, dans certains départements comme l’Yonne, les Basses-Alpes, le Var et le Lot-et-Garonne, vigoureusement réprimés, le coup d’État est approuvé par le peuple et le plébiscite des 20 et 21 décembre 1851 sur les nouvelles institutions reçoit une majorité d’avis favorables.


          • T.B. (---.---.21.162) 4 octobre 2006 17:54

            32 départements sont mis en état de siège dès le 8 décembre 1851, les zones de « résistance » républicaine au coup d’État sont maîtrisées en quelques jours, les opposants sont arrêtés ou doivent s’enfuir, tel Victor Hugo qui part de lui-même à Bruxelles. 26 000 personnes sont arrêtées, 9 530 envoyés en Algérie, 250 au bagne de Cayenne.... Le « référemdum » dont tu parles (et non pas les référendums) plébiscite ensuite Napoléon III à 92 % des suffrages... Un score peu digne de foi, l’armée au côté de Napoléon III se chargeant de faire « respecter » l’ordre...


          • candidat007 (---.---.122.128) 4 octobre 2006 19:59

            à TB

            Si je le savais puisque j’ai été il y a déjà quelques mois voir le site de Mr Mourguy et que personnellement je suis pour l’établissement et le développement de la procédure de référendum citoyen. Sur le Principe, pas de problème, même Bayrou en prévoit un dans sa proposition de 6 éme république. (reste à voir les modalités de mise en oeuvre, les domaines sur lesquels il serait utile etc etc...). Les propositions de RIC sont extrêment nombreuses,( moi-même sur mon blog « changer la république », je m’y suis essayé) certains vont jusquà proposer des Référendums de révocation d’élus. enfin.. il faut voir...

            Le problème c’est que je ne suis pas convaincu par la pertinence du Référendum citoyen comme solution primordiale à la crise démocratique actuelle. D’abord il e peut résoudre tous les problèmes législatifs et toutes les questions de gestion de la vie publique. c’est évident. Ensuite, on ne peut pas solliciter les électeurs à tout moment et en permanence. Et puis il peut y avoir des dérives ou des abus..

            personnellement, je suis prioritairement pour la démocratie représentative et je pense que la première chose à obtenir est la limitation stricte du cumul des mandats et un renouvellement limité dans un même mandat.

            je peux courir. Sans doute, un peu, mais enfin le PS et l’Udf, Blanc, Mourguy aussi, demandent déjà le mandat unique pour les députés.

            Le débat ne fait que commencer. Il faut s’y investir d’une manière ou d’une autre. Et Monsieur Mourguy a raison d’insister sur des revendications démocratiques. C’est trés bien.


          • T.B. (---.---.21.162) 4 octobre 2006 23:34

            007, merci pour ta réponse.

            les problèmes législatifs et toutes les questions de gestion de la vie publique relatives à la démocratie semi-directes sont déjà solutionnés. Il suffit pour s’en convaincre d’observer la Confédération hélvétique. Non seulement ils ont résolu le problème mais évitent, par là-même, l’inflation législative galopante que la France connaît, monstruosité dénoncée par l’actuel Président du Conseil Constitutionnel Pierre Mazeaud.

            Les référendums d’initiatives populaires n’ont que des avantages : gains de temps et très grande économie financière en plus de voir s’exercer un pouvoir réellement en phase avec les citoyens.

            On ne peut pas solliciter les électeurs à tout moment et en permanence. Tout à fait d’accord. Mourguy aussi et il le dit dans sa 3ème proposition. 3 ou 4 référendums par an en moyenne en Suisse permettant un autre avantage : les citoyens se responsabilisent un peu plus, ce qui ne me déplais pas, bien au contraire. En France, trop de gens sont soit résignés soit se défaussent derrière un candidat qui réfléchira à leur place. Inadmissible.

            C’est quoi « RIC » ?


          • candidat007 (---.---.122.128) 5 octobre 2006 00:05

            à TB

            RIC = Référendum d’Initiative Citoyenne.


          • T.B. (---.---.21.162) 6 octobre 2006 16:17

            Merci, très RIChe ton blog.


          • armand (---.---.103.233) 7 octobre 2006 09:56

            Personne ne nie la brutalité avec laquelle le régime de Napoléon III s’est installé - mais tous s’accordaient à dire, à la veille de la guerre de 1870, que l’exécutif jouait le jeu parlementaire, promouvait des avancées sociales, respectait la liberté d’expression (les figures montantes de la Commune se sont fait entendre, et il y a même eu des tentatives de conspiration, avant la chute du régime dans la funeste guere de 1879). Napoléon III, en libéralisant le système, aurait dit aux parlementaires : « la politique c’est vous, la sécurié je m’en charge ».


          • Le Herisson (---.---.46.229) 4 octobre 2006 14:29

            Cela dit, Jacques Juliard et le Nouvel Obs sont « Royalmaniaques », c’est à dire, ont pris apparemment parti pour une candidate qui entend surfer sur la « loi de la rue ». Comment expliquer ce phénomène ?


            • Edgar de l’est (---.---.64.135) 4 octobre 2006 14:32

              A chaque fois que le systeme capitaliste est dans une impasse il y a -Une guerre si possible mondiale -Un Krach boursier .Après il se réorganise en nouvelle féodalité ,ce n’est que du marketing !


              • chantecler (---.---.4.88) 4 octobre 2006 16:08

                Cela fait un certain temps que je n’achète plus le N.O... Je trouve particulièrement piquant la position de Jacques Julliard ,que j’ai donc perdu de vue,spécialiste es doxocratie.Le l’ai lu pendant des mois ressasser les mêmes arguments au sujet du TCE,avant et un an aprés...Et d’interpeller ceux qui prônaient un plan B caustiquement et de façon monomaniaque.Il aurait pu justement relancer la démarche,s’il avait consenti à descendre de son piédestal.Je le classe parmi les« maîtres à penser » imbitables. Par ailleurs,je ne fais plus confiance en des journaux qui sont truffés de publicité et quelle publicité !(comment avoir confiance en leur indépendance ?).C’est dommage parceque je trouvais certaines plumes et dessinateurs trés interessants.

                Si le Nouvel Observateur soutient Ségolène Royal,je trouve que ce n’est pas un cadeau qu’il lui fait.Désolé.


                • chantecler (---.---.4.88) 4 octobre 2006 16:17

                  Je pense par exemple à Jean-Claude Guillebaud qui en gardant une certaine distance est un journaliste de grand talent et qui fort heureusement écrit dans d’autres journaux, et à bien d’autres : Reynaert,DDT,...


                • (---.---.140.101) 4 octobre 2006 16:46

                  Quoi qu’il advienne, nous ne ferrons plus rien de bon, sans une prise de conscience et un règlement à l’échelle mondiale.

                  L’Europe a failli dans ce domaine, ce qui nous laisse un grand pessimisme pour l’avenir.

                  La France et les Français ne peuvent rien attendre ni des politiques, ni des institutions. Ils sont livrés à eux-mêmes avec des dérives croissantes.

                  Nombreux sont ceux, qui comme vous l’ont dénoncé, depuis un certain temps déjà. Mais ces belles paroles ne suffirons pas, nous le savons tous très bien.

                  Philgri


                  • T.B. (---.---.21.162) 4 octobre 2006 17:28

                    Pour moi, les belles paroles se traduiront par un geste concret, sans équivoques .... Lors du 1er Tour : je mettrai dans l’urne le bulletin avec écrit dessus MOURGUY .


                  • Le Herisson (---.---.121.162) 4 octobre 2006 17:27

                    Moi aussi, je me suis désabonné du Nouvel Obs (après 10 ans d’assiduité tout de même) après une énième couverture sur Royal.


                    • chantecler (---.---.4.88) 4 octobre 2006 18:45

                      Voila qui ne manque pas de piquant !Apparemment tu te situes au centre !Bonne chance !


                    • arturh (---.---.119.98) 4 octobre 2006 18:23

                      Il y a beaucoup de grands mots pour peu de résultat en terme d’analyse dans cet article.

                      Pourquoi ne pas être plus concret et pragmatique ?

                      Par exemple l’auteur écrit : « Comment ne pas reposer ces questions-clefs aujourd’hui, dans un paysage politique français qui est en pleine rupture avec le paysage sociétal français ? Et dans un contexte socio et psycho-politique qui favorise les pires des impostures en encourageant les plus artificielles ou les plus mensongères des.... » etc, etc,

                      Concrètement, où l’auteur veut-il en venir ? J’aimerai savoir par exemple comment il analyse le fait que le Parti Socialiste va obligatoirement présenter un énarque comme candidat à la présidentielle.


                      • pedrolito (---.---.71.140) 4 octobre 2006 20:20

                        Strauss-kahn n’en est pas un ?!


                        • DUGENOU (---.---.4.88) 4 octobre 2006 20:58

                          @ Arthur:tu as raison:les énarques ne sont sans doute pas les meilleurs pour diriger le pays.Mais je préfère un énarque à un con,bourré de préjugés,qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez. Certes, au Front National, il y a moins d’énarques et peut-être pas du tout, mais ce n’est pas pour cela que je lui confierais la direction du pays,et les clés de notre force nucléaire.Votre déférence en votre leader vieillissant ne cesse de m’étonner et franchement je suis consterné qu’autant de jeunots se laissent appâter par tant de démagogie.JMLP n’en a rien à foutre de gens comme toi:mais il est au minimum comme une secte:tant de voix lui rapporteront tant de fric.Demande- lui publiquement de s’engager à ne pas recevoir un Kopek de l’état suite à l’élection et on en reparlera.


                          • Jyjy (---.---.204.61) 4 octobre 2006 21:30

                            Connaissez-vous « la France en Action » ? http://www.lafranceenaction.com/ Si oui, comment appelez-vous ce que propose J-M Governatori ? Vous pouvez écouter une de ses interview par le net, dont celle-ci à RMC : http://www.1001podcast.com/podcast/RMCInfo/channel49/080806_ggjour.mp3 Vous trouverez un certain nombre de propositions évoquées plus haut. J’ajouterai à ce qu’a écrit arturh le 4 octobre 2006 à 13H19 que NOS représentants ne représentent plus grand chose puisque le gouvernement décide, la discipline de groupe majoritaire entérine et, circulez ! Exemple ahurissant : la « fusion » GDF SUEZ dont SArko ne voulait pas il y a peu ! Donc il n’est pas utile de rémunérer 577 députés alors que 1 par groupe suffirait (poids de son vote au prorata du % aux législatives) 1 seul ministre, le 1° avec un vice 1° ministre et basta. J’exagère ? Si peu. smiley


                            • Jyjy (---.---.204.61) 4 octobre 2006 21:34

                              Désolé, il y a erreur sur l’adresse du fichier MP3. N’en tenez pas compte, je vais essayer de vous trouver le « bon ». smiley


                            • Jyjy (---.---.204.61) 4 octobre 2006 21:37

                              Décidément ! « Attendre le contre-ordre avant d’exécuter l’ordre ! » Pour le MP3 c’est la bonne adresse !  :/-(


                            • FredSud37 (---.---.114.163) 7 octobre 2006 14:29

                              « Je l’affirme parce que c’est un engagement du Gouvernement : EDF et GDF ne seront pas privatisés. (.....) Le Président de la République l’a rappelé solennellement lors du Conseil des Ministres au cours duquel fut adopté le projet. Mieux, le Gouvernement acceptera l’amendement du Rapporteur prévoyant de porter de 50 à 70 % le taux minimum de détention du capital d’EDF et de GDF ».

                              Nicolas Sarkozy à l’Assemblée Nationale le 15 juin 2004.


                            • arturh (---.---.119.98) 5 octobre 2006 09:59

                              @ Dugenou.

                              J’ai du relire mon post deux fois pour comprendre pourquoi vous en tirez la conclusion que je suis un partisan de JMLP ! Ca me fait dresser les cheveux sur la tête !

                              Mais c’est intéressant. Oui, je maintiens que aujourd’hui, en France, trois choses sont impensables : 1- Que le prochain Président ne soit pas énarque. 2- Que le candidat du PS ne soit pas énarque. 3- Que le candidat de l’UMP ne soit pas énarque.

                              Il y a une raison à ça.

                              L’auteur de l’article croit qu’il y a une crise de la démocratie. Je lui ait répondu qu’il n’y a pas de crise de la démocratie, puisqu’il n’y a pas de démocratie. JMLP en est la preuve, d’ailleurs, puisqu’il est impensable qu’un JMLP soit en position (théorique) d’être élu chef suprème du pouvoir exécutif d’une démocratie alors qu’il est un ennemi déclaré de la démocratie.

                              Il n’y a donc pas une crise de la démocratie. Il y a une crise de la Vème République qui n’est pas une démocratie. La constitution de la Vème République a été écrite par un comité d’experts qui étaient tous Haut-Fonctionnaires. Il est est donc normal qu’aujourdhui la Haute Fonction publique occupe l’essentiel du pouvoir. Le Président est énarque, le premier ministre est énarque, le futur président sera aussi énarque.

                              Je faisais juste remarquer à l’auteur de l’article qu’un baratin bobo du style : « Jacques Julliard, avec pertinence, a parlé de doxocratie à propos du règne des sondages, de la « loi de la rue », des modes médiatiques, des doxa (ces pensées dominantes d’un moment), des snobismes quotidiens engendrés par le « système politico-médiatico-publicitéro-marketing » n’est qu’une logorrhéé qui ne sert qu’à illustrer comment ces journalistes des « grands médias » abondamment critiqués sur Agoravox pour leur complicité avec le pouvoir en place, fabrique du discours vide de sens pour éviter de parler de la réalité.

                              Mais dans un sens vous avez raison : JMLP est un produit de cette réalité, qui n’a plus, comme on l’a vu le 21 avril 2002, comme seule rssource pour se maintenir au pouvoir au nom de la « démocratie », que de nous dire : « C’est nous, ou JMLP ».


                              • Dugenou (---.---.4.88) 11 octobre 2006 10:55

                                @ Arthur:je comprends ta réaction:je me suis rendu compte de la méprise trop tard:c’est l’inconvénient avec le net:il est parfois malaisé de prendre du recul, surtout quand on a passé trop de temps à surfer:toutes mes excuses donc !


                              • Le Hérisson (---.---.46.229) 5 octobre 2006 11:53

                                Pour répondre à certains, non, Dominique Strauss Kahn n’a pas fait l’ENA même s’il y a enseigné parfois. Il a fait HEC et l’IEP. Cela dit, halte à l’ostracisme... Quelqu’en soit le sens. Si l’on peut regretter qu’autant de décideurs soient énarques, le fait de les éliminer systématiquement du pouvoir serait autant regrettable.


                                • arturh (---.---.119.98) 5 octobre 2006 13:26

                                  « On » ne peut pas éliminer les énarques, puisque le pouvoir est fait par eux, pour eux.

                                  Non, Strauss-Kahn n’a pas fait l’ENA. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il n’a strictement aucune chance d’être le candidat du PS.


                                • (---.---.151.103) 5 octobre 2006 21:50

                                  et na et na et nana c’est certe facile mais avez vous lu nana de zola ou préferrez vous le coca cola. Sérieusement nous sommes en démocratie, « la preuve je peux cliker ou je veux... » quant à la « crise de la représentativité » depuis le temps qu’on en parle, savez vous encore de quoi il s’agit ? Il y a une sacré foutu différence entre se faire sonde le trou du cul et « UN ACTE POLITIQUE »


                                • chochotte (---.---.4.88) 5 octobre 2006 21:55

                                  Peuchére:monsieur n’y va pas avec le dos de la cuillère !


                                • armand (---.---.103.233) 7 octobre 2006 10:01

                                  Nana de Zola... ah, jes dernières années du 2nd Empire quand tout était encore possible, avant 70, avant 14... Promenez-vous Passage des Variétés et vous verrez encore, devant la porte des artistes du théâtre, l’endroit où Muffat faisait les cent pas en attendant Nana....


                                • ben (---.---.149.101) 11 octobre 2006 10:44

                                  Sérieusement nous sommes en démocratie, « la preuve je peux cliker ou je veux... »

                                  J’avoue ne pas trés bien suivre la personne qui a dit ça. En quoi « cliquer où on veut » est-il démocratique ?

                                  Sinon, merci pour le sujet et le site qui sont trés intéressants, ainsi qu’aux gens qui le font vivre !


                                  • melin (---.---.138.30) 16 octobre 2006 11:03

                                    beuhhhhhhhhhhh


                                    • Jean-Charles Duboc (---.---.102.41) 2 novembre 2006 22:59

                                      Dominique Strauss-Kahn « appelle la gauche à dire la vérité aux Français... »

                                      Les Français et les Françaises sauront apprécier un discours de vérité qui permettra d’aborder les problèmes de fonds qui les intéressent, comme par exemple celui de la corruption.

                                      Il est bon de rappeler l’état des lieux de la corruption en France tel qu’il a été évalué par l’Institut des Affaires Economiques (Institut of Economic Affairs / London) le 22 juin 2006.

                                      Cet Institut estime que la France est le plus corrompu des pays industrialisés.

                                      Le classement s’établit en médailles d’or, d’argent de bronze :

                                      France : 4 médailles d’or !...

                                      Japon : 3 médailles d’or !...

                                      Italie : 2 médailles d’or !...

                                      UK : 3 médailles de bronze !...

                                      Il faut avouer que la lutte a été très serrée avec les Japonais et les Italiens, mais nous sommes les vainqueurs !!!!....

                                      A vrai dire, il est possible que l’année prochaine nous aurons encore plus de médailles d’or, et peut-être même un « Special Award ! »... pour un détournement de fonds publics très important.

                                      Afin d’en savoir plus, je vous recommande le Blog que je viens de créer sur la formation humaine des jeunes.

                                      Ce Blog est, d’abord, un lieu de réflexion sur les possibilités de formation des jeunes par la navigation, en équipage, à bord de grands voiliers, la traversée de déserts à cheval, la course en haute montagne...

                                      Mais, il relate aussi un détournement de fonds publics considérable, de 3,5 milliards de dollars, des indemnités de la guerre du Golfe, qui, s’il est confirmé, va poser quelques problèmes pour la présidentielle...

                                      Vous pouvez consulter ce Blog, qui a déjà retenu l’attention de nombreuses personnalités, sur :

                                      http://euroclippers.typepad.fr/

                                      Bonne lecture Jean-Charles Duboc


                                      • sammoura (---.---.156.212) 7 décembre 2006 15:01

                                        Bonjour

                                        Dans le m^me sens je vous propose cet article émanant du groupe de discussion yahoo : apartirdecc écrit par [email protected]

                                        Bonne lecture

                                        Pourquoi faut-il rompre une fois pour toutes avec la politique établie/instituée ?

                                        I 1. Qu’est-ce que la politique établie/instituée ? Ce sont les élections, les partis politiques, les syndicats, plus les hommes - les plus souvent professionnels lorsqu’il s’agit des partis et des syndicats - qui les font fonctionner et qui les animent. C’est, en somme, le régime politique qui domine actuellement moins en raison de l’absence de sa contestation ouverte qu’en raison du manque d’une alternative fiable. 2. Ce régime politique s’auto-proclame démocratique. Quel en est, en droit, son argument suprême ? Que le peuple est la source du pouvoir. Quelle est cependant, dans les faits, sa source ultime de légitimation ? Les élections. C’est-à-dire, concrètement et dans les faits réels et incontestables, le vote des citoyens (électeurs/spectateurs) tous les cinq ans pour élire ceux qui vont décider lors les cinq ans à venir à leur place. Non pas pour décider tout court sur les grandes orientations de la société et sur les lois qui la gouvernent, mais pour décider sur les personnes, à savoir pour désigner ceux qui vont décider à leur place. 3. Si on définit la démocratie, comme le mot lui-même l’indique, par le pouvoir du peuple, le régime politique actuel n’est donc pas démocratique. Si on concrétise davantage le contenu de ce pouvoir populaire par le droit de tous à la décision sur les grandes orientations du pays et même le vote des lois fondamentales ainsi que l’exercice du pouvoir judiciaire , on voit que le régime n’est pas démocratique. Son appellation peu importe. Certains, critiques envers ce régime (Cornelius Castoriadis , Hannah Arendt ) ou non (Maurice Duverger ), l’appellent oligarchique. Pour nous, peu importe. L’important est que le régime représentatif n’est pas démocratique et que son auto-proclamation comme démocratie (représentative) est fallacieuse et même hypocrite . 4. On objectera que la politique établie/instituée n’est pas seulement les élections. Les partisans du régime politique dominant nous diront que la politique instituée est aussi le droit à la libre expression, écrite ou orale, de l’opinion, le droit à la manifestation et à la grève, le droit à une vie privée librement choisie par chacun, le droit à la liberté religieuse et ainsi de suite. Une petite digression s’impose ici. Il faut souligner qu’aucune procédure de délibération en commun des citoyens - fût-ce en tant qu’électeurs - n’est prévue dans le régime politique actuel. Voici donc un droit parfaitement démocratique dont la reconnaissance n’a pas encore eu lieu. Pourquoi ? Il est vrai que, dans un parti ou un syndicat, les membres se délibèrent en commun. Il est vrai également que, pendant une mobilisation, les individus concernés procèdent aux assemblées générales, par exemple dans les hôpitaux , mais les citoyens, par exemple dans un bureau de vote, jamais. Devant une telle argumentation, qui conçoit la démocratie comme les élections plus les droits de l’homme et du citoyen, et qui ajoute plus récemment encore le cosmétique des sondages, nous pouvons avancer les arguments suivants. Tout d’abord, ces droits acquis et fortement respectables n’ont pas été acquis justement dans le cadre de la politique instituée, mais en bousculant et en rompant continuellement et graduellement ce cadre. Le pouvoir établi veut toujours présenter la reconnaissance d’un droit en tant qu’un don octroyé par lui, alors que dans la plupart des cas des longues luttes ont précédé cette reconnaissance. Le droit de vote des femmes n’a pas été obtenu par le droit de vote des hommes ! Ensuite, la question de la possibilité de l’exercice effectif de ces droits se pose toujours. J’ai le droit à la libre expression de mon opinion, mais où et comment pourrais-je exposer ici et maintenant mon opinion en tant que simple citoyen ? Quel impact aura cette expression ? Ces droits, enfin, ne sont pas du tout garantis une fois pour toutes, et on pourrait parfaitement imaginer leur suppression par un pouvoir gouvernemental légitimement sorti des urnes. Mais l’argument décisif est tout autre. Pour les grandes orientations d’une société actuelle, ce ne sont pas les citoyens (avec tous les droits du monde, ceux que l’on peut concevoir et ceux que l’on ne peut pas concevoir), ce sont les professionnels de la politique qui décident. En participant aux élections et en leur élisant, le citoyen, à vrai dire l’électeur (car dans les faits le citoyen se réduit de plus en plus en un simple électeur), ne fait que légitimer leur pouvoir. Le caractère décisif de cet argument se manifeste clairement si on émet l’hypothèse suivante : lors d’une élection décisive pour le régime actuel en place, un nombre considérable d’électeurs ne se rendent pas aux urnes. On verra que la légitimité du régime sera profondément touchée et l’abîme s’ouvre entre le pouvoir qui n’a d’autre source d’existence légitime que le peuple docile électeur et le peuple voulant décider de son destin. En exerçant librement tous ces droits, le citoyen ne peut pas intervenir décisivement dans la décision sur les grandes orientations. Il ne peut qu’infléchir la politique d’un gouvernement. Son rôle est limité à une fonction défensive, corrective, protestataire, et il ne consiste pas en une fonction délibérative, créatrice des idées neuves et des propositions originales. Une autre petite digression s’impose ici. Il ne faut pas confondre état général - démocratique ou non - de la société, régime politique et système politique. Je me réfère ici à une distinction nette que je propose pour ces trois concepts qui sont mêlés de manière confuse dans les écrits des analystes. Le régime politique est, dans le cas des sociétés occidentales, la « démocratie représentative ». Le système politique est, dans le cas par exemple de la France contemporaine, ce que l’on appelle la Ve République, dont la spécificité est, par rapport aux autres pays du même régime, l’élection du président de la République au suffrage direct. L’état général de la société, concept emprunté à Tocqueville, à affaire, dans le cas du même pays, avec des institutions existantes au sens le plus large, comme par exemple la laïcité qui est aussi, paraît-il, une spécificité de la France, dans l’Europe occidentale et même universellement. Il y a une certaine interaction de ces concepts/faits, mais pour le pouvoir gouvernemental, c’est le régime/système politique qui est décisif, et ce régime/système est fondé sur les élections. Et autant qu’il est certain que le régime/système politique de la France contemporaine constitue une oligarchie (une « monarchie républicaine », selon l’oxymore bien connu), au même titre il est certain que l’état général de la société contient des forts éléments démocratiques. (L’un de ces éléments est qu’il nous soit permis d’écrire et éventuellement de diffuser ce texte.) Mais ces éléments démocratiques ne font pas une société démocratique, car si c’était le cas, on aurait abouti à une autre contradiction plus flagrante : une société démocratique dont le régime politique est oligarchique. 5. Qu’est-ce que la politique établie/instituée ? Ce sont les élections qui érigent une élite préformée et prédestinée à décider du destin de ses sujets. On n’exagérera pas si on réduit l’essentiel de l’imaginaire politique dominant actuellement à la signification imaginaire de droit de vote.

                                        II 6. D’après ce constat simple, il me paraît plus qu’évident qu’aucune transformation radicale et démocratique ne peut survenir dans l’état actuel de la société sans l’abandon définitif par un nombre croissant d’individus de la politique établie/instituée. Aucun moyen n’existe pour élaborer un projet positif, collectif, politique, au sens vrai du terme - l’institution globale de la société tout entière et de toutes ses institutions actuelles - sans le rejet délibéré et catégorique de la politique instituée. 7. Certes, ne pas voter aux élections ne suffit absolument pas. Mais c’est un acte symbolique de haute importance, un premier pas fondamental pour envisager une autre façon de faire la politique. Parce que les élections ne sont finalement pas une simple procédure de légitimation d’un pouvoir gouvernemental. Au fond, ou plutôt au-dessus, se trouve un imaginaire politique qui, au nom de l’égalité politique de tous, divise hypocritement les membres d’une société entre ceux qui sont disposés à gouverner et ceux qui sont disposés à être gouvernés, et ce, à jamais. Aucune politique alternative ne pourrait être mise en place sans la contestation claire de cette division fondamentale sur laquelle est fondée la politique établie/instituée, sans la contestation de la bureaucratisation et de la hiérarchie des valeurs suprêmes du régime politique en place et de la société tout entière. La manière la plus aliénante pour faire aujourd’hui - surtout aujourd’hui - la politique est de participer à la politique établie/instituée. Je l’affirme, avec toute ma conviction, que la façon la plus aliénante de se référer actuellement à la politique est de voter. Le noyau dur de l’imaginaire politique dominant actuellement reste le droit de vote. C’est pour cela que ma position centrale, concrète, d’un comportement politique digne d’une opposition radicale contre le régime en place est sans aucune hésitation l’abstention, le refus conscient de ce droit. Ce n’est pas, comme il est évident, d’un refus provenant d’abord d’indifférence. (Je me passionne par la politique). Ce n’est absolument pas, ensuite, un refus provenant de sous-estimation ou de mépris pour les droits acquis. Il faut, sans aucune hésitation, conserver comme la prunelle de nos yeux les droits acquis, les droits démocratiques, et aussi le droit de vote mais pour les décisions. Il s’agit donc d’un refus de l’imaginaire politique dominant, refus de légitimiser ceux qui vont décider pour mon sort. Il est évident que si tout le monde s’abstenait un abîme s’ouvrirait entre la nécessité de légitimation pour un pouvoir et les citoyens et le manque de cette légitimation. Devant la perspective de l’ouverture de cet abîme, le citoyen actuel se trouve donc peureux et hésité. Mais il n’y a pas d’autre chemin. Confronter l’abîme, proposer une autre source de légitimation, forcer la classe politique par un moyen tout à fait démocratique, et pas du tout violent (car la violence est le viol de l’histoire), d’abandonner leur course cynique vers un autre abîme, celle de la catastrophe générale. Dire que nous refusons les politiciens, correspond à dire un refus de la politique instituée qui est incarnée par les politiciens en chair et en os. En même temps, le même courage poussera les citoyens de réfléchir à d’autres formes de participation et de légitimation du pouvoir. Par exemple, la constitution de petits conseils partout, pour assurer et assumer la phase transitoire. Devant la corruption et l’irresponsabilité des politiciens, tous les droits acquis et tous les procès, tous les juges incorruptibles et courageux, tous les perquisitions ne suffisent pas. Il faut dire courageusement aux professionnels de la politique : « vous n’êtes plus légitimes ; démissionnez, afin que de nouveaux hommes prennent les relais ; tous en sont capables » ! Car, on ne peut pas dire que l’on maque des hommes courageux en nombre et en qualité dans une société de soixante millions - société qui ne peut pas s’auto-gouverner, nous disent, en raison de ces soixante millions.

                                        III 8. Quelle pourrait être une politique alternative aujourd’hui ? Une autre question plus générale précède cette question fondamentale, fondatrice, inaugurale, dans l’état actuel des sociétés occidentales : que voulons-nous faire avec une autre politique ? Nous voulons transformer démocratiquement - toujours démocratiquement - tout. Et surtout nous voulons délibérément détrôner les valeurs dominantes dans cette société pour mettre à leur place d’autres valeurs. La politique établie/instituée ne pose pas la question des valeurs dominantes. Celles-ci sont pour elle données. Un individu, né dans cette société, est tout d’abord destiné - par qui ? - à être élevé par la famille, puis par une éducation publique - dont le contenu est décidé par qui ? Il est, ensuite, destiné à obtenir une formation professionnelle, pour exercer l’activité la plus valorisée actuellement parmi les autres activités de sa vie, c’est-à-dire son travail/gagne-pain. Et si, de plus en plus, l’individu contemporain a la tendance à avoir le plus possible de temps dit libre - par opposition au temps d’enfer du boulot - pour ses loisirs, jusqu’au moment de sa retraite et de sa mort, que signifie d’autre cela sinon que le travail/gagne-pain est considéré comme une corvée inévitable et irremplaçable, dont on demande de sortir le plus rapidement possible. (Que signifie d’autre la juste mais insuffisante revendication actuelle de la retraite à 55 ans. Avec cette remarque, je ne vise pas une critique de cette revendication, je fais seulement un constat de l’état actuel.) 9. Nous voulons changer cet itinéraire, qui constitue une façon parmi d’autres pour illustrer les valeurs dominantes actuellement. Et nous ne voulons pas imposer un itinéraire alternatif unique à tous et à chacun. Nous voulons plutôt multiplier ses itinéraires et laisser la plus grande possibilité effective à chacun, selon ses capacités, ses vocations, ses talents, de développer sa personnalité. Nous voulons donner à l’éducation (de zéro an jusqu’à la mort), au « travail », aux relations interpersonnelles et à la culture (ces quatre axes qui doivent conditionner la vie d’un individu libre et autonome) la place qu’ils méritent dans une société libre et autonome. Comment garantir cette liberté et cette multiplicité des itinéraires individuels, sans une prise en compte du destin de chacun par chacun et de la destinée de tous pour tous ? 10. Ces questions sont intimement liées et se nouent sur la question par excellence politique de notre époque : inventer un nouveau sens de vie pour chacun et pour tous, créer de plusieurs sens de vie en société au lieu d’un et unique sens pour chacun et pour tous dans la situation actuelle. 11. Il est maintenant évident que la politique établie/instituée n’a aucun rapport avec ces questions fondamentales de notre temps. La politique établie/instituée a pour première et unique préoccupation la conservation de la société dans l’état actuel avec de petits ou de grands changements qui ne touchent pas le noyau dur de son sens. C’est encore l’une des raisons, et, finalement, la raison fondamentale, pour laquelle il faut rompre une fois pour toutes avec cette politique. 12. On peut établir toutes les divisions que l’on veut entre les membres des sociétés actuelles. De droite ou de gauche, selon encore une fois la politique instituée ; des pauvres et des riches, selon l’état malheureusement effectif de la société ; des conservateurs et des progressistes, selon une conception erronée d’un sens de l’histoire qui marcherait irrésistiblement vers le progrès et l’égalité et ainsi de suite. La division fondamentale est celle-ci : êtes-vous oui ou non pour la politique établie/instituée ? Etes-vous pour ou contre la démocratie ? Si vous êtes pour la démocratie, vous ne pouvez pas vous limiter au rôle actuel, que le régime vous réserve, d’un simple électeur muet et aliéné. 13. Quelle pourrait être une politique alternative aujourd’hui ? La réflexion et la contribution de chacun à l’invention de nouvelles valeurs et l’action individuelle et collective qui visent à instaurer ces valeurs dans tous les domaines de la vie en commun. Et parallèlement l’élaboration d’un nouveau régime politique véritablement démocratique qui posera comme premier principe fondateur et fondamental le droit de tous à décider des grandes orientations de la société et de ses lois fondamentales.

                                        IV 14. D’après l’analyse qui a précédé, l’une des questions majeures de notre époque, qui est l’apathie politique, est lumineuse d’une autre manière. Au lieu de déplorer l’indifférence des gens à l’égard des affaires communes, il faut voir dans ce comportement une position critique de leur part à l’égard de la politique établie/instituée, position qui ne suffit pas, bien entendu, pour changer le cours des choses. Ainsi, en considérant les gens comme citoyens, il faut adresser à ceux-ci les contre-invitations et les invitations suivantes. 15. Je ne vous invite absolument pas à vous inscrire dans un parti politique - rouage indispensable pour le fonctionnement de ce système politique. Je ne vous invite pas à manifester dans la rue en faveur du service public à la française (avant tout hautement bureaucratisé), ni en faveur du pouvoir d’achat - acheter quoi ? -, ni non plus pour l’emploi - travailler pour quoi ? pour qui ? pour produire quoi ? Je vous invite - c’est déjà le moment opportun (καιρὸς) pour cette invitation - à comprendre que faire la politique est une tout autre chose que pratiquer toutes ces actions traditionnelles qui ne font que renforcer la société, que vous voulez peut-être combattre. 16. Je vous invite, en revanche, à penser que le sens de la vie n’est pas donné une fois pour toutes par quelqu’un d’autre que vous. Le sens que possède notre vie actuelle, car elle a un sens et un itinéraire fixe, nous conduit à la misère dans tous les sens qu’elle peut avoir : misère affective, intellectuelle, relationnelle, culturelle, économique. La misère n’est pas seulement, ni prioritairement économique. Le sens actuel de notre vie nous conduit à la répétition des choses, à la routine cruelle. 17. Certes, l’invention d’un nouveau sens de la vie pour chacun et pour tous est une tâche difficile, qui présuppose la transformation civilisationnelle, une nouvelle création historique. Mais si difficile soit-il, c’est le seul chemin vers la liberté ! On peut facilement aller de l’élection à l’élection, de manifestation en manifestation, d’aliénation en aliénation. Rien ne changera des choses concrètes, quotidiennes de notre vie. Avec une autre Assemblée nationale, avec un autre Président de la République, la misère continuera. Tant que les citoyens ne prendront pas les choses en main, tant qu’ils ne feront pas que leur vie dépende, dans la mesure d’humainement possible, de leurs décisions individuelles et collectives, rien ne pourra fondamentalement changer. 18. Les élites d’aujourd’hui nous réservent la misère d’aujourd’hui et nous préparent à la misère de demain. La solution n’est pas de changer d’élites. La solution est de détruire l’idée d’élite qui postule explicitement que nous, les autres, sommes nuls en matière de politique. Celui qui vote ou participe d’une façon ou d’une autre à la politique instituée, accepte explicitement ou implicitement, consciemment ou non, cette politique ainsi que son postulat humiliant et inhumain. Il n’y a qu’une seule solution pour rejeter ce postulat : rompre définitivement, sans aucune hésitation, avec la politique établie/instituée. Et travailler pour ouvrir la possibilité de l’émergence d’une politique alternative, d’un nouveau régime politique démocratique, d’un nouvel itinéraire pour chacun et pour tous, d’un nouveau sens de vie dans une société autonome.

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