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Accueil du site > Actualités > Politique > Édouard Balladur, le théoricien de la cohabitation

Édouard Balladur, le théoricien de la cohabitation

« Il y a eu trois cohabitations, le Président et le Premier Ministre ont appartenu à des familles politiques opposées. J’avais recommandé cette application nouvelle de nos institutions dès 1983, afin que la Ve République sorte de cette alternative stérile, faisant courir des risques inutiles à sa stabilité, voire à sa survie (…). Toutes trois ont eu l’ambition de mettre en œuvre des changements profonds, malgré l’opposition du Président de la République en exercice, qui ne jouait guère plus que le rôle d’un spectateur, mais dont l’expression publique pouvait être redoutable. (...) Aucune des trois cohabitations n’a mis à mal les institutions. (…) La défaite de chacun des Premiers Ministres a permis de retrouver le fonctionnement ordinaire des institutions, la prépotence présidentielle est redevenue incontestée, le Président réélu ou élu étant délivré de leur présence. (…) La cohabitation (…) est un expédient auquel il peut être utile de recourir. » (Édouard Balladur, "Grandeur, déclin et destin de la Ve République", éd. de l’Observatoire, 2017).



L’ancien Premier Ministre Édouard Balladur fête ce jeudi 2 mai 2019 son 90e anniversaire. Un âge canonique qui l’en fait le doyen de tous les anciens Premiers Ministres français encore en vie. Le doyen d’âge mais pas d’ancienneté puisque le doyen d’ancienneté à Matignon est Jacques Chirac, son "ami de trente ans" et rival de l’élection présidentielle de 1995.

Né à Izmir en Turquie, diplômé de l’IEP de Paris (et ensuite maître de conférences à l’IEP) et de l’ENA (dans la même promo que Jérôme Monod, Jacques Calvet, Jean Dromer, Pierre Verbrugghe, etc.), intégré dans la botte au Conseil d’État, Édouard Balladur fut d’abord un haut fonctionnaire qui a rempli à la fois des missions administratives mais aussi industrielles puisqu’il fut le président de plusieurs entreprises, la Société pour la construction et l’exploitation du Tunnel sous le Mont-Blanc entre 1968 et 1981, la Générale de service informatique (GSI) entre 1977 et 1986 et la Compagnie européenne d’accumulateurs entre 1980 et 1986, ces deux dernières entreprises étant des filiales de la CGE (Compagnie générale d’électricité).

Son implication dans la vie politique s’est faite au travers les cabinets ministériels. Après avoir dirigé le cabinet du directeur général de l’ORTF (dont il est devenu ensuite administrateur entre 1967 et 1968), il fut membre du cabinet de Georges Pompidou lorsque ce dernier était Premier Ministre, et l’a suivi à l’Élysée comme Secrétaire Général adjoint de la Présidence de la République (la même fonction que, bien plus tard, Emmanuel Macron a occupée entre 2012 et 2014). Alors que Michel Jobert, le Secrétaire Général de l’Élysée, fut nommé Ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement de Pierre Messmer à l’issue des élections législatives de mars 1973, Édouard Balladur l’a remplacé entre avril 1973 et juin 1974, devenant l’homme clef de l’Élysée au moment où le Président était très malade.

En 1976, ayant quitté Matignon et créé le RPR, Jacques Chirac (maire de Paris à partir de mars 1977) l’a recruté pour en faire son conseiller économique pendant une dizaine d’années. Ce fut donc par Jacques Chirac, qui a travaillé avec Édouard Balladur en 1968 lors des négociations des accords de Grenelle, que ce dernier est entré sur la scène politique. Naturellement, il s’est engagé électoralement. Édouard Balladur a été élu député de Paris de mars 1986 à juin 2007 (président de l’influente commission des affaires étrangères du 27 juin 2002 au 19 juin 2007), conseiller de Paris de mars 1989 à mars 2008, il chercha même à postuler pour être le candidat du RPR à la mairie de Paris en mars 2001 et fut le candidat RPR (malheureux) à la présidence du conseil régional d’Île-de-France en mars 1998.

Avant 1986, Édouard Balladur n’était pas qu’un simple conseiller de l’ombre et ne parlait pas seulement d’économie : il fut présent dans le débat public à partir de 1983 où il rédigea une tribune cruciale dans le journal "Le Monde" publiée le 16 septembre 1983 qui en a fait le théoricien de la cohabitation. La situation politique était la suivante : considérant que la grande impopularité de François Mitterrand allait probablement lui faire perdre les élections législatives en 1986, les institutions de la Cinquième République allaient se retrouver dans une situation sans précédent avec un Président et une majorité parlementaire de deux bords opposés.

Fallait-il alors que François Mitterrand remît son mandat présidentiel en jeu ? C’était la version prônée par Raymond Barre, et avec lui, tous ceux qui étaient proches de l’esprit des institutions voulues par De Gaulle : « Il est normal chez nous que le Président de la République et le Premier Ministre ne soient pas un seul et même homme. Certes, on ne saurait accepter qu’une dyarchie existât au sommet. Mais justement, il n’en est rien. En effet, le Président, qui, suivant notre Constitution, est l’homme de la nation, mis en place par elle-même pour répondre de son destin ; le Président, qui choisit le Premier Ministre, qui le nomme ainsi que les autres membres du gouvernement, qui a la faculté de le changer (…) parce qu’il ne l’approuverait plus (…). » (conférence de presse du 31 janvier 1964).

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Fallait-il au contraire éviter une crise institutionnelle majeure et aller au gouvernement pour redresser la France le plus rapidement possible ? C’était la solution prônée par Édouard Balladur dans l’intérêt bien compris de son mentor de l’époque, Jacques Chirac, le "poulain" de Georges Pompidou devenu, à partir de 1981, le leader principal et incontesté de l’opposition. L’objectif était clair : Matignon en 1986 et l’Élysée en 1988.

Ainsi, à l’issue des élections législatives du 16 mars 1986, la première cohabitation fut engagée. Le 20 mars 1986, Édouard Balladur fut nommé Ministre d’État, Ministre de l’Économie, des Finances et de la Privatisation (jusqu’au 12 mai 1988). Numéro deux du gouvernement de Jacques Chirac, il fut régulièrement considéré comme un Vice-Premier Ministre, caricaturé par Plantu avec une chaise à porteur en raison de son côté un peu hautain et peu populaire qui contrastait avec le contact facile que pouvait montrer Jacques Chirac avec les gens.

Cette première expérience de cohabitation fut désastreuse pour Jacques Chirac. Comme il ne faisait plus rien, François Mitterrand pouvait regagner de la popularité tandis que le gouvernement était responsable de tous les mécontentements. Les manifestations contre le projet Devaquet qui finirent dans le sang de Malek Oussékine, la suppression de l’impôt sur les grandes fortunes (IGF) qui fut incomprise (on voit que cet impôt, créé seulement en 1982, pose encore problème de nos jours), les problèmes du chômage, de sécurité (attentats), etc. ont fait que Jacques Chirac a perdu dans son duel face à François Mitterrand lors de l’élection présidentielle de 1988.

Contesté et défié à l’intérieur du RPR par Charles Pasqua et Philippe Séguin d’un côté, puis par les Rénovateurs de l’autre, Jacques Chirac trouva en Édouard Balladur, Alain Juppé (secrétaire général du RPR) et Nicolas Sarkozy (secrétaire général adjoint du RPR) les trois lieutenants restés fidèles au chiraquisme quoi qu’il arrivât… Ce fut Édouard Balladur qui conseilla à Jacques Chirac de voter "oui" au référendum de septembre 1992 sur le Traité de Maastricht, malgré la forte opposition d’une majorité de militants du RPR.

La même perspective qu’en 1986-1988, s’est profilée pour 1993-1995 : forte impopularité de François Mitterrand et plus généralement des socialistes (gouvernement de Pierre Bérégovoy), retour de la coalition de centre droit en 1993 et horizon de l’élection présidentielle de 1995. La question de la cohabitation n’était alors plus sans réponse : elle aurait lieu assurément. À la différence près que, d’une part, François Mitterrand, malade, ne serait plus candidat, et que, d’autre part, l’UDF n’avait plus aucun candidat sérieux à présenter pour 1995 (Raymond Barre et Valéry Giscard d’Estaing n’étaient plus en mesure de se présenter, François Léotard s’est rapidement balladurisé, ainsi que Simone Veil, quant à François Bayrou, c’était encore bien trop tôt pour lui).

Cependant, malgré ce contexte très différent, il n’était plus question pour Jacques Chirac de redevenir Premier Ministre, comprenant qu’il fallait qu’il se concentrât avant tout sur l’élection présidentielle de 1995. Or, il n’était pas très difficile de trouver un Premier Ministre de substitution, Édouard Balladur était l’homme idéal : numéro deux en 1986, très proche conseiller de Jacques Chirac, compétent en matières économiques, théoricien de la cohabitation, et en plus, il s’était permis d’enfoncer le clou en disant que le futur Premier Ministre de la nouvelle cohabitation ne devrait pas avoir d’ambitions présidentielles, ce qui simplifierait l’action du futur gouvernement.

C’est dans ces moments qu’on voit que la politique ne peut en aucun cas être séparée d’une part de cynisme qui serait aussi du réalisme qui peut balayer les amitiés. Édouard Balladur fut donc nommé Premier Ministre de la deuxième cohabitation le 29 mars 1993 (jusqu’au 17 mai 1995). Son gouvernement était le contraire de celui nommé en mai 2017, à savoir composé de tous les poids lourds politiques de la majorité. Pas moins que quatre ministres d’État (François Mitterrand en a déjà nommé cinq en même temps) : Simone Veil aux Affaires sociales, Santé et Ville, Charles Pasqua à l’Intérieur et Aménagement du territoire, Pierre Méhaignerie à la Justice et François Léotard à la Défense.

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Les autres ministres étaient des fortes personnalités politiques, présentes ou même futures : Alain Juppé aux Affaires étrangères, François Bayrou à l’Éducation nationale, Gérard Longuet à l’Industrie, Postes et Télécommunications et Commerce extérieur, Bernard Bosson à l’Équipement, Transports et Tourisme, Alain Madelin aux Entreprises, Développement économique, PME, Commerce et Artisanat, Jacques Toubon à la Culture et Francophonie, Nicolas Sarkozy au Budget et porte-parole, François Fillon à l’Enseignement supérieur et Recherche, Michel Barnier à l’Environnement, André Rossinot à la Fonction publique, Hervé de Charette au Logement, Dominique Perben aux Dom-Tom, Michèle Alliot-Marie à la Jeunesse et Sports, Alain Carignon à la Communication et Philippe Mestre aux Anciens combattants et victimes de guerre.

Parmi les sous-ministres (aucun secrétaire d’État, tous des ministres délégués), on peut aussi citer Pascal Clément aux Relations avec l’Assemblée Nationale, Roger Romani aux Relations avec le Sénat (pas moins de deux ministres pour garder le contact avec la majorité pléthorique !), Philippe Douste-Blazy à la Santé et Alain Lamassoure aux Affaires européennes.

Dans ce gouvernement, je n’ai nommé que les poids lourds politiques, et ils étaient nombreux. L’idée d’Édouard Balladur était d’impliquer tous les leaders politiquement influents. Il lui a manqué cependant Charles Millon, le très influent président du conseil régional de Rhône-Alpes, qui a refusé l’Agriculture et voulait la Défense.

Édouard Balladur était tellement scrupuleux dans la composition de son gouvernement qu’il a fait des déçus. Ainsi, Pierre Méhaignerie, qui s’était préparé pendant cinq ans à devenir Ministre de l’Économie et des Finances, s’est retrouvé Garde des Sceaux, une fonction qu’il ne connaissait absolument pas. Édouard Balladur avait lui préféré l’économiste Edmond Alphandéry (lui aussi centriste). De même, Charles Pasqua aurait voulu changer de ministère, qu’on ne lui collât pas sans arrêt sur la peau l’étiquette "premier flic de France", il imaginait par exemple la Défense. Ce fut pour cette raison qu’il transigea en acceptant l’Intérieur mais avec l’Aménagement du territoire en plus, portefeuille important sur la décentralisation, l’une des priorités des centristes. Quant à la Défense, François Léotard a pu l’obtenir au contraire de 1986 (et au contraire de Charles Millon, son rival au sein du Parti républicain).

En cours de mandat, Édouard Balladur a dû changer quelques ministres, en raison d’affaires politico-judiciaires : Alain Carignon (19 juillet 1994), Gérard Longuet (14 octobre 1994) et Michel Roussin (12 novembre 1994) ont dû quitter le gouvernement. Bernard Debré, frère jumeau de Jean-Louis Debré, a remplacé Michel Roussin à la Coopération, il était par ailleurs le médecin de François Mitterrand (chef de service à l’hôpital).

Au cours de cette deuxième cohabitation, Édouard Balladur a mis en garde François Mitterrand sur les risques d’ingérence politique avec l’Opération Turquoise décidée pour arrêter le génocide rwandais.

Édouard Balladur avait un atout supplémentaire qu’on a pu analyser a posteriori : il connaissait très bien la situation dans laquelle se trouve l’Élysée lorsque le Président de la République est très malade. Or, comme Georges Pompidou, François Mitterrand était très malade, voire agonisant en automne 1994 (on avait même averti le Président du Sénat René Monory de se tenir prêt à assurer l’intérim). Édouard Balladur a donc probablement bénéficié du pouvoir politique le plus puissant de tous les Premiers Ministres de la Cinquième République, court-circuitant parfois l’Élysée sur des questions de défense ou de politique étrangère, ce qui mettait en rage François Mitterrand qui finalement préféra la victoire de son ancien rival Jacques Chirac à celle de son dernier Premier Ministre qui lui "pillait" ses prérogatives. 

La manière très prudente de gouverner (un pas en avant, deux pas en arrière, par exemples, la réforme de la loi Falloux ou le SMIC jeunes) a rendu Édouard Balladur populaire dès la fin de l’année 1993, et vu comment ce dernier avait composé le gouvernement, il était difficile de croire qu’il n’avait aucune arrière-pensée présidentielle. La forte popularité a renforcé cette ambition présidentielle parallèlement à la marginalisation politique de Jacques Chirac.

Le président du RPR était alors victime d’un contexte politique qui lui était très défavorable. D’une part, l’UDF s’est balladurisée pratiquement dans sa totalité (en fait, pas complètement). Pour la plupart des leaders UDF, c’était l’occasion rêvée d’éliminer politiquement enfin Jacques Chirac et d’avoir plus d’influence sur l’Élysée. D’autre part, l’influence personnelle des ministres importants rendait impossible toute distanciation avec leur Premier Ministre, en raison de la solidarité gouvernementale.

Ce qui devait arriver arriva donc : les sondages donnant Édouard Balladur le favori de l’élection présidentielle renforça la conviction de nombreux élus RPR que leur carrière politique nécessitait un changement de locomotive. Les premiers soutiens balladuriens furent d’abord UDF : François Léotard, Simone Veil, Bernard Bosson s’engagèrent assez rapidement dans l’aventure.

Au RPR, Édouard Balladur a bénéficié de deux soutiens de poids très étonnants. Charles Pasqua qui, en principe, était plutôt réticent vis-à-vis de la politique libérale d’Édouard Balladur, avait révisé son jugement sur le Premier Ministre. Il avait vu en lui un authentique serviteur de l’État. De plus, Édouard Balladur avait laissé une grande autonomie au Ministre de l’Intérieur, ce qui avait étonné en bien Charles Pasqua, qui, de toute façon, ne croyait plus en l’avenir de Jacques Chirac depuis l’échec de 1988. Le second soutien fut l’un des fils spirituels de Jacques Chirac, justement, à savoir Nicolas Sarkozy. Ce que Jacques Chirac a considéré comme une trahison expliqua leurs relations conflictuelles entre 1994 et 2012.

Il y a eu aussi d’autres surprises, plus tardives, comme le soutien étonnant de François Fillon, proche de Philippe Séguin, à Édouard Balladur. En clair, il ne restait à Jacques Chirac comme soutiens que les laissés-pour-compte de la Balladurie, à savoir Philippe Séguin (Président de l’Assemblée Nationale), Jean-Louis Debré, Charles Millon, et quelques rares fidèles au sein du gouvernement : Alain Juppé (dont la position était la plus délicate), Jacques Toubon et Hervé de Charette. Quant à Michèle Alliot-Marie, dont l’arrivisme était déjà connu (elle a fait une très belle carrière ministérielle jusqu’en 2011), elle a réussi (un exploit) à rester à égale distance de Jacques Chirac et Édouard Balladur (au cas où). François Bayrou, officiellement balladurien, était beaucoup moins convaincu que son rival Bernard Bosson qu’il a battu au sein du CDS en décembre 1994 pour conquérir la présidence du parti centriste.

Lorsque Jacques Chirac a annoncé officiellement sa candidature à l’élection présidentielle, à Lille lors de la Saint-Charles, le 4 novembre 1994 (un clin d’œil à De Gaulle), il n’était qu’à 10% dans les sondages d’intentions de vote. Après le désistement de Jacques Delors en décembre 1994, seule personnalité socialiste capable de l’emporter, les médias considéraient que le second tour présidentiel pourrait se jouer entre Jacques Chirac et Édouard Balladur, ce qui était surréaliste.

Édouard Balladur a attendu longtemps avant d’annoncer officiellement sa candidature, le 18 janvier 1995 sous la forme d’une allocution télévisée depuis Matignon très mauvaise, plein de condescendance. Certains l’imaginaient même élu dès le premier tour (ce qui était farfelu !). Une campagne électorale sert à cela : à faire bouger les lignes. Le favori fut mis en difficulté (affaires judiciaires, réticence à se mêler au peuple, etc.) et "l’inversion" des courbes des sondages a eu lieu en février 1995. Les élus RPR proches de Jacques Chirac qui avaient pris position en faveur d’Édouard Balladur en ont fait les frais.

Après une remontée dans les sondages dans les dernières semaines, Édouard Balladur n’a pas pu rattraper l’avance de son concurrent. Le 23 avril 1995, il fut éliminé du second tour en n’obtenant que 18,6% des voix. Jacques Chirac avait obtenu à peine plus, 20,8% et la grande surprise fut que le candidat socialiste Lionel Jospin était arrivé en tête avec 23,3% des voix. Néanmoins, sans surprise, Jacques Chirac fut élu Président de la République le 7 mai 1995 avec 52,6% des voix. Le score très honorable de Lionel Jospin (47,4%) lui a permis de reprendre la tête du PS et, inimaginable en 1995, à devenir Premier Ministre deux ans plus tard, le 2 juin 1997 (au cours de la troisième cohabitation). Entre-temps, Alain Juppé succéda à Édouard Balladur à Matignon.

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Édouard Balladur resta jusqu’en 2007 sur l’avant-scène politique, cherchant parfois à conquérir sans succès quelques exécutifs locaux prestigieux (conseil régional d’Île-de-France, mairie de Paris). Une fois élu, Nicolas Sarkozy l’a nommé le 18 juillet 2007 à la tête d’un comité (le comité Balladur) pour réfléchir à la réforme des institutions qui a abouti à la remise de son rapport le 29 octobre 2007 et à la révision constitutionnelle du 23 juillet 2008. Nicolas Sarkozy l’a chargé à nouveau le 22 octobre 2008 à la tête d’un comité pour la réforme des collectivités locales qui a abouti à la remise de son rapport le 25 février 2009 qui est resté sans suite à l’exception de la création du Grand Paris.

Malgré sa grande compétence sur les institutions, Édouard Balladur a refusé la proposition de Nicolas Sarkozy de le nommer au Conseil Constitutionnel en mars 2010 (depuis cette date, trois anciens Premiers Ministres y ont fait leur entrée : Lionel Jospin, Laurent Fabius et Alain Juppé). Il reste encore aujourd’hui assez influent dans les sphères de l’UMP puis LR. Il serait même l’un des conseillers de Laurent Wauquiez, président de LR. En 2012, il avait soutenu François Fillon contre Jean-François Copé lors de l’élection du président de l’UMP et en 2016, il avait soutenu Nicolas Sarkozy à la primaire LR (puis François Fillon au second tour). Le choix de Nicolas Sarkozy était logique puisque Nicolas Sarkozy fut le principal soutien d’Édouard Balladur en 1995.

Je termine par une conclusion exprimée par Édouard Balladur sur les institutions, dans son dernier livre, coécrit avec Alain Duhamel, "Grandeur, déclin et destin de la Ve République" (éd. de l’Observatoire, 2017), déjà cité en tête de l’article : « Nos institutions posent trois questions. La première est celle de la sélection des candidats à l’élection présidentielle, afin d’éviter une prolifération parfois fantaisiste qui ridiculise la démocratie. Les primaires ne l’ont pas résolue, mais au contraire aggravée, en prolongeant [le] débat public (…). La deuxième est le mode de scrutin pour l’élection des députés. Le scrutin majoritaire fait partie de l’essence même de la Ve République il privilégie un choix clair par les Français (…). La troisième question est celle de la concomitance entre élection présidentielle et élections législatives, à laquelle on a fait grief d’accentuer l’influence du scrutin présidentiel sur le scrutin législatif. ».


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (02 mai 2019)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Édouard Balladur, le théoricien de la cohabitation.
Le Comité Balladur de 2007.
La cohabitation de 1986.
Le génocide rwandais.
La Cinquième République.
De Gaulle et les institutions.
Valéry Giscard d’Estaing et les institutions.
Georges Pompidou.
Jacques Chirac.
Nicolas Sarkozy.
Simone Veil.

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5 réactions à cet article    


  • Clocel Clocel 3 mai 2019 18:40

    Le goitreux sodomite...

    Prototype exemplaire de ce que notre système est capable de produire...

    Après Balladur on était mûr pour Sarkozy, Hollande,,, et,,, Macron.

    Un enterrement de première classe pour nos illusions républicaines...

    Je l’aurais volontiers fait entrer dans l’Histoire par la fenêtre de la bascule à Charlot...


    • devphil30 devphil30 3 mai 2019 19:17

      @Clocel

      Il est encore temps et comme cela on fera des économies car ces guignols commencent à être nombreux et il faut en plus les nourrir après les avoir subi pendant des années


    • Dom66 Dom66 3 mai 2019 20:00

      Encore un article sur une raclure

      alors mr Rakoto : je vous demande de vous arrêter smiley



        • mac 4 mai 2019 09:43

          En lisant rapidement votre titre j’ai vu collaboration à la place de cohabitation. Au temps pour moi...

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