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Elections municipales et cantonales, les limites de la loi sur la parité

Ce n’est un secret pour personne, ce week-end a lieu dans toutes les communes de France les élections municipales et, dans un département sur deux, les élections cantonales. Il y a sept ans, pour les précédentes échéances municipales, s’appliquait pour la première fois la loi du 6 juin 2000 favorisant l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives, autrement dit, la loi sur la parité. Avant même les résultats de ces élections, nous pouvons déjà tirer quelques conclusions des effets de cette loi sur l’accès des femmes au pouvoir. Regardons - dans un premier temps - ce qui se passe dans un cas où la loi ne s’applique pas, les élections cantonales, puis nous analyserons ce qui se passe pour les élections municipales.

8 candidats sur 10 aux cantonales sont des hommes. 80 %, ce chiffre paraît tout simplement d’un autre âge, il n’est guère plus élevé que celui de 2001 ou 2004 (rappelons que les Conseils généraux sont élus pour des mandats de six ans, mais qu’ils sont renouvelés par moitié tous les trois ans), l’observatoire de la parité ironise d’ailleurs sur cette faible progression en affirmant qu’à cette vitesse il faudrait soixante-dix ans pour qu’il y ait autant de candidates que de candidats aux cantonales. Le choix des candidats est laissé à la discrétion et au bon vouloir des partis. On voit dans cette statistique que, si on ne leur force pas la main, les partis ne sont pas du tout enclin à favoriser l’accès des femmes à la politique. Ceci confirme la célèbre phrase de Janine Mossuz-Lavau, « les partis politiques sont des cénacles masculins fonctionnant en cercle fermé ». Outre, le très faible nombre de candidates, on peut noter que les femmes sont régulièrement placées dans des circonscriptions dites « ingagnables ». Ainsi, non seulement, elles ne sont que 20 % de candidates, mais, au final, elles n’atteindront guère plus de 10 % d’élues. Les graphiques ci-dessus sont parlants. Une fois encore, dans deux semaines, on peut prévoir qu’il n’y aura pas plus d’une femme sur dix élus aux Conseils généraux. Peut-être peut-on même battre le record de 2001, où dix-huit départements n’avaient élu aucune femme au sein de leur Conseil général.

Notons trois facteurs à ceci : une mauvaise volonté des partis comme nous le signalions, un très faible taux de renouvellement des élus (les candidats enchaînent souvent beaucoup de mandats) et enfin le caractère très local de cette élection qui favorise toujours les notables installés depuis long terme dans les régions, donc des hommes (blancs).

Passons aux élections municipales. La loi sur la parité s’applique aux communes de plus de 3 500 habitants. Les listes doivent être mixtes pour être valides. Cette mixité fonctionne par tranche de six candidats, il faut donc trois hommes trois femmes, et ainsi de suite. Les résultats sont - bien sûr - visibles. En 1995, un élu sur quatre dans les Conseils municipaux était une femme, en 2001, 47,5 % des élus sont des élues. Une victoire pour la parité ? Pas vraiment.

Si les femmes entrent dans les mairies, les hommes en gardent les clés. La loi sur la parité ne joue que sur la mixité de la liste, elle n’a aucun caractère d’obligation sur le sexe de la personne qui conduit cette liste. Ainsi, comme on le voit ci-dessous, les femmes entrent massivement au Conseil municipal, mais la part de maire du sexe féminin reste encore très faible. D’ailleurs, plus la taille de la ville augmente, plus la part de femme maire diminue. Ainsi, cette part passe de 7,8 % à 11,2 % pour les villes de moins de 3 500 habitants entre 1995 et 2001 et de 4,4 à 6,7 % pour les villes de plus de 3 500 habitants sur la même période. Parmi les villes de plus de 150 000 habitants, seules Lille et Strasbourg sont dirigées par des femmes !

Ce n’est pas tout. Si les femmes entrent dans les Conseils municipaux, on les cantonne encore très souvent à des rôles que l’on qualifie volontiers de « féminins ». Aux hommes les affaires économiques, industrielles, sécuritaires, bref toutes les fonctions propres à la gestion de la commune. Aux femmes : le social, le familial, la petite enfance... Cette division imposée des rôles est une façon d’interdire aux femmes l’entrée dans la sphère proprement politique.

En conclusion, ce petit article pour dire qu’il y a encore beaucoup de travail avant que l’on puisse parler de parité dans les Conseils municipaux et généraux même si l’on voit que la loi sur la parité a au moins le mérite de faire entrer les femmes en nombre dans les Conseils municipaux.


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5 réactions à cet article    


  • arretsurlesmots arretsurlesmots 7 mars 2008 10:03

    Excusez-moi, les schémas ne sont pas passés sur AgoraVox, j’ignore pourquoi : pour plus de lisibilité, cliquez sur ce lien :

    http://arretsurlesmots.blogspot.com/2008/03/elections-municipales-et-cantonales-les.html

     


    • Cris Wilkinson Cris Wilkinson 7 mars 2008 11:24

      Cela me dérange, cette sois disant égalité des sexes lors de la présentation des candidats.

      Il n’y a rien de plus sexiste que d’imposer une personne par rapport à son sexe et non selon le vote de la section locale du parti qui va participer au vote.

      Si il y avait vraiment un problème d’exclusion des femmes en politique, comment ce fait-il que le deuxième partie de France est proposé une femme à l’élection présidentielle ? En plus cette femme a eu 3 enfants, ce qui n’est donc pas un frein à une carrière politique.

      Mais est-ce que le vrai problème du manque de femme en politique, n’est pas une volonté des femmes de faire de la politique ? La politique c’est dur, c’est âpre, il ne faut pas oser trahir ses idéaux et ses amis pour réussir. Et est-ce que les femmes ont envie de cela ?


      • arretsurlesmots arretsurlesmots 7 mars 2008 14:51

        Pour dire vrai, il n’y a pas de problème numérique pour recruter les femmes, la france (grâce à ses cinq niveaux administratifs) a un des plus grands nombres de femme élue au Monde. Le fait est que ces femmes n’occupent que très rarement des postes importants. Ce n’est probablement pas parce qu’elles ne le veulent pas, ou qu’elles ne le peuvent pas.

        Quand à Ségolène Royal, vous oubliez probablement toutes les attaques qu’elle a dû affronter en tant que femme ("qui va garder les enfants", " ce n’est pas un concours de beauté",...). C’est un vrai exemple de la différence entre la volonté du peuple (prêt à voter pour une femme) et la volonté d’un parti qui préfère présenter un homme (blanc, notable).

        La loi sur la parité avait à l’époque partagé les féministes. Force est de constater que là où elle s’applique le personnel politique en place à trouver les solutions pour féminiser les équipes.Quand la loi ne s’applique pas, il n’y a aucune avancée. C’est peut-être très artificiel, mais c’est la seule solution pour casser le monopole masculin de la politique.


      • Internaute Internaute 7 mars 2008 17:32

        Il faut abroger cette loi ou alors exiger la parité de la couleur des yeux, de la couleur du slip, de la pointure, de l’âge, des fumeurs et non fumeurs, des noirs, des jamaïcains, des handicapés, des originaires de la Normandie, et de toutes les catégories socio-professoinelles que l’on peut imaginer.

        Il n’y a qu’une seule chose à faire. Voter pour celui que personne n’attend. Les notables doivent sentir le sol s’effondrer sous leurs pieds. Cela leur évitera peut-être de nous imposer leur conneries à l’avenir.


        • Dalziel 7 mars 2008 18:49

          8 candidats sur 10 aux cantonales sont des hommes. 80 %, ce chiffre paraît tout simplement d’un autre âge...

          Ca, ça dépend complètement de l’idée qu’on se fait des temps actuels et du "progrès", donc, c’est complètement subjectif ! Il ne vaut même pas la peine d’entrer en matière.

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