Emmanuel Macron et son harcèlement sexuel par mails
Le harcèlement, à la différence d’une démarche insistante provoquant l’agacement, est une conduite abusive répétitive susceptible de provoquer des troubles graves chez la personne qui le subit. Les formes et les moyens du harcèlement sont multiples. Le fait de pouvoir être harcelé par mails constitue une forme d’agression d’apparition récente liée à la création d’internet ; un type d'agression ne pouvant survenir que dans des conditions particulières où le harcelé se trouve dans l’incapacité de se soustraire au harceleur par le blocage de la réception de ses mails.
Ce blocage s'avère difficilement réalisable soit parce que le harceleur multiplie les adresses mails, dispose de plusieurs ordinateurs ou modifie à l’envie son adresse IP, et à condition que le harcelé n’ait pas les moyens techniques de faire face à ce genre de pratique. Soit parce qu’à l’instar d'une situation professionnelle, il existe un lien de subordination du harcelé vis-à-vis du harceleur et des obligations professionnelles exigeant le maintien des échanges de courriels. Soit encore parce qu’il existe un rapport d’influence forte ou de dépendance rendant le rejet des mails du harceleur préjudiciable ; comme dans l’affaire Baupin où une des plaignantes, responsable EELV et militante pourtant aguerrie, s’est retrouvée, selon ses dires, harcelée par mails sans pouvoir s’y soustraire. Probablement lui semblait-il difficile voire impossible pour des raisons politiques de tarir la source d’informations incarnée par celui qui n’était pourtant pas son supérieur hiérarchique, de s’affranchir politiquement de son influence exercée par des mails n’ayant pas forcément tous un caractère insistant.
En dehors de ce genre de situations de contraintes, fortes ou relatives, peut-on être harcelé par mails quand la simple mise en « spams » ou en « indésirables » de l'adresse mail du harceleur ne nécessite qu’un clic pour faire taire définitivement l’importun ou l’importune ?
Si l’on se fie à une autre affaire récente impliquant Emmanuel Macron il existerait apparemment d’autres cas où le harcèlement est possible bien qu’il n’y ait ni relation de subordination, ni influence forte ou dépendance, ni à priori contrainte technique incontournable, et que, malgré tout, le blocage de la réception des mails s’avère impossible.
Pendant des mois Emmanuel Macron a, selon la justice, subi un harcèlement sexuel par mails quand il était encore ministre de l’économie, et qui a fini par trouver une conclusion par l'intervention judiciaire. Une affaire dont les médias n'ont pas interrogé le caractère inédit, se limitant à l'annonce de la plainte et de ses conséquences. Et pourtant c'est une affaire dans laquelle une jeune femme a peut-être progressivement sombré dans la folie, si du moins elle ne souffrait pas, dès le départ de l’affaire, de troubles psychologiques « conséquents ». Mais si tel avait été le cas, le harcèlement aurait-il duré des mois ? On peut en douter, un ministre disposant de services techniques d’Etat permettant à priori de contrer efficacement et rapidement un envahissement pathologique par voie numérique.
C’est une jeune gabonaise de 29 ans, étudiante en Droit, qui, selon la justice, a harcelé sexuellement par mails Emmanuel Macron, de septembre 2015 à février 2016, bien qu’à l’évidence il ne se trouvait pas vis-à-vis de sa harceleuse en situation de subordination. Par ailleurs selon l'article du Midi Libre l'étudiante ne disposait que d'un ordinateur et d'un téléphone portable.
Le ministre de l’économie a finalement porté plainte à l’encontre de cette jeune femme, qui l’inondait de courriels énamourés, composés de déclarations d’amour et de photos érotiques d'elle-même. Si elle n'a finalement écopé que d’un simple rappel à la loi, cette jeune femme qui souffrait au moment de son interpellation « de troubles psychologiques conséquents » selon Christophe Barret, procureur de Montpellier, aura passé la journée et la nuit du jeudi 25 février 2016 en garde-à-vue pour « messages réitérés malveillants en vue de troubler la tranquillité d’autrui ». « Mais, a précisé le procureur, l’enquête a montré qu’elle ne présentait aucune dangerosité ».
Elle était détentrice de l’adresse-mail du ministre parce que celui-ci, « dans le but de séduire les entrepreneurs », l’avait délivré à son auditoire à l’occasion d’une interview publique lors du salon LeWeb de décembre 2014.
En définitive on peut considérer, comme l'ensemble des médias ayant relaté l'affaire, qu'avec ce simple rappel à la loi les choses se terminent plutôt bien pour cette jeune femme qui risquait jusqu’à un an de prison et 15000€ d’amende pour harcèlement. Si ce n'est tout de même qu’elle a gravement souffert sur le plan psychologique. Et bien qu'elle ne soit pas la harcelée.
Il demeurera donc des questions. Comment se fait-il par exemple que le service informatique du ministère de l’économie d'une des premières puissances mondiales et la DGSI ne soient pas parvenus à stopper l’acharnement sur un ministre, par mails et pendant plusieurs mois, d'une étudiante de 29 ans ? N'auraient-ils pas été sollicités ? Parce qu'en réalité un simple "clic" aurait suffi ? Impossible à effectuer ? Et pour quelle raison ?
Car bien entendu dans cette affaire on ne pourrait suspecter un manque de célérité chez un Emmanuel Macron sensible aux charmes d’une étudiante, pas plus qu'un manque de discernement, et encore moins un jeu de séduction aux conséquences devenues non maîtrisables et ne trouvant comme solution expéditive que le recours à la justice quand il existe aussi des services psychiatriques.
Quoiqu'il en soit des inévitables interprétations que chacun fera d'une telle affaire publique, elle offre l'opportunité d'un regard sur la personnalité d'un candidat à la fonction présidentielle, laquelle nécessite en général du discernement et de la maitrise de soi, et pour laquelle il va nous falloir faire un choix le 23 avril prochain.
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