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Emmanuel Macron, le harcèlement et la disproportion

Emmanuel Macron, le président de la république française, a publié le 8 novembre une vidéo dans laquelle il interpelle les élèves sur le sort de ceux qui peuvent être victimes de harcèlement à l'école. Son exercice n'est pas nouveau. Il incite à la sympathie et à l'empathie. Quand on est parent, le harcèlement scolaire, on peut y être sensible. On peut imaginer ce que ça signifie. Non pas parce qu’on l’a subi ou fait subir, mais parce que notre instinct protecteur nous fait craindre que notre enfant serait sans défense. Dans ce cas, nous avons la dose émotionnelle de base qui peut ouvrir sur l'empathie. Mais, de toute évidence, tout le monde ne l'a pas.

Harcèlement scolaire et rejet social

Personnellement, enfant, j’avais la réaction bagarreuse. A l’époque, le concept de harcèlement n’était pas d’usage. Pourtant, je me souviens de l’accueil qui m’avait été fait à l’orphelinat, la première année. C’était en 1966. J’avais 9 ans : insultes et agressions, parce que j’étais « nouveau ». Après un moment d’incompréhension, et sans doute à la deuxième bousculade agressive, j'avais réagi de manière adaptée, selon mes moyens : violemment. Je me souviens aussi avoir pris fait et cause pour un autre enfant qui avait été « embêté » de la même manière. A la cantine aussi, quand les plats arrivaient vides en bout de table ou la loi des aînés pour cirer les chaussures, les gestes pédophiles des pions ou des profs. J’affrontais et en retour j’ai été puni. Parfois avec grande violence. Déjà, l’esprit de justice sévissait selon les conséquences, pas selon les causes. Autrement dit, parce que j'opposais une résistance ou que je me défendais, j'étais puni pour bagarre ou insolence. Ce mécanisme de la répression existe encore, partout dans la société : on réprime celui qui se révolte parce qu'il utiliserait des "moyens inacceptables" et on prétend évaluer la proportionnalité des mesures répressives prises à son encontre. La révolte de celui qui subit est considérée comme délinquante, incitant celui qui n'ose pas trop protester à se murer dans le silence et ceux qui observent à ne pas dénoncer, piégés entre le statut de délateur et de complice.

Lutter contre les violences masquées

Ainsi, la vidéo d’Emmanuel Macron est porteuse de sens. C’est important de dénoncer et d’enrayer les mécanismes des violences cachées. Oserais-je dire, des violences voilées ? Il faut rompre les silences d’impuissance, d’ignorance, d’incompréhension ou d’indifférence. Parce que c’est de cela dont il s’agit : enfant ou adulte, on n’ose pas faire face, on ne sait pas faire face, on ne comprend pas ce qui se passe ou on n’est pas du tout sensible à ce qui se passe. Ce n’est pas simple. Désormais, on peut apprendre l'altérité, avec les formations à l'altérocentrage. On n'apprend pas les émotions, mais on peut les découvrir. Néanmoins, le silence du non sachant peut être perçu comme une complicité, voire du voyeurisme malveillant. Pour que l'action pédagogique marche, il faut illustrer le phénomène de plusieurs de manières, de sorte à être cohérent. Et que les actions soient dans la même logique.

Pour comprendre, éprouver de la sympathie jusqu’à de l’empathie, etc…

C’est de cette cohérence dont je souhaite parler ici. Pour cela, il me faut maintenant moins d’une minute. Accordez-moi ce temps s’il vous plait. C’est de la violence faite aux autres dont je souhaite parler, dans la même logique que celle du harcèlement scolaire ou des violences faites aux femmes.

Encore une minute de votre temps, s'il vous plait.

Regardez ces violences faites aux gens éborgnés, mutilés, atrophiés depuis plusieurs années parce qu’ils ont manifesté dans les rues. Vous ne dites rien ? Vous dites que c’est bien fait pour eux ? Vous dites qu’ils n’avaient pas à faire face à la police ? Hé bien adoptez le même discours que celui de la vidéo enregistrée par Emmanuel Macron : elle invite à adopter une posture empathique. Faites l’expérience et ensuite prenez la parole. Si rien ne bascule dans la compréhension de ceux qui protestent, vous êtes bon pour être complice des violences faites aux femmes, du harcèlement des gosses, parce qu’en réalité, il n’y a aucune différence. Vous aurez cependant le sentiment d'être totalement dédouané. Vous vous direz que ce n'est pas votre problème et parlerez même en terme de "chacun ses responsabilités". Et grâce à vous, les violences sociales continueront avec leurs cortèges de rébellions et d'insécurité.

Emmanuel Macron pourrait produire une nouvelle version de sa vidéo qui commencerait par : « A tous les citoyens, je vous demande une minute… etc… » sur fond de Marseillaise. Peut-être alors, là, par adhésion à un leader, vous commenceriez à comprendre.


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3 réactions à cet article    


  • Yann Esteveny 12 novembre 2019 18:13

    Message à Mr Jean-Louis Lascoux,

    Merci d’avoir partagé votre très bon texte ainsi que votre effort de concision. L’émotion n’est pas une chose mauvaise en soi. Ce qui manque dans notre pays, c’est la maturité émotionnelle de ses habitants. Cela permettrait de débarrasser la France des professionnels du spectacle qui saturent l’espace médiatique et dont vous citez le plus imposant. Nous pourrions alors essayez de mettre en lieu et place des hommes de valeurs.

    Par votre texte et à votre échelle, vous montrez l’exemple à qui veut le comprendre.

    Respectueusement


    • Kapimo Kapimo 12 novembre 2019 21:21

      Quand un psychopathe vante l’empathie, on a le « en meme temps » Macroniste .


      • zygzornifle zygzornifle 13 novembre 2019 14:20

        Pas un regret sur les yeux de crevés , les mains d’arrachées , les miliers de traumatismes ni les mort parmi les GJ , Macron est insupportable et dire qu’en 2022 on risque de se reprendre 5 ans de travaux forcés ....

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