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Emploi et économie : quelle est l’alternative du Parti socialiste ?

Concernant l’emploi, la France, au sein de la compétition économique internationale, n’est plus maîtresse de sa situation, conséquence de l’arrivée en force de nations au profil « agressif ». La France est donc bousculée par cette nouvelle donne, pourtant prévisible. Faute d’anticipation, erreur impardonnable de la part de nos responsables politiques, car c’était de leur devoir, les remèdes semblent maintenant pires que les maux.

Sur le CPE (contrat première embauche), comme prévu, le Premier ministre, Dominique de Villepin, persiste et signe. Il tient tête aux syndicats, associations d’étudiants labellisées de « gauche », et au Parti socialiste qui a soudainement retrouvé des couleurs, de la voix et, plus que tout, de l’unité ! Bref, droits dans leurs bottes au PS, plus une tête ne dépasse sur un sujet, l’emploi, qu’ils considèrent comme fondement de leur identité et de leur raison d’être politique. Ils croient au retour des combats qui ont fait la gloire de la SFIO. Seulement en apparence, car il manque au PS, à la fois une âme et un véritable capitaine pour susciter une adhésion populaire à la hauteur de leurs espérances, et qui, ainsi, leur permettrait de « recoller » un électorat au mieux éloigné, au pire perdu.

Cependant, le PS s’exprime d’une voix timide et faible au sujet des solutions alternatives au CPE suggérées par ses leaders, car elles sont toutes des « faux frères » de ce qui existe déjà, ou de ce que propose le Premier ministre. Donc rien de nouveau sous le soleil.

Voilà qui illustre aussi toute l’étendue de l’embarras de notre classe politique sur le thème qui vient en tête des préoccupations de nos concitoyens : l’emploi. Et quel est cet embarras ? Il est simple. La France, depuis plusieurs années, voit son chômage désespérément scotché autour de 10%. Pour deux raisons, principalement.

La première tient à un taux de croissance insuffisant pour relancer la création d’emplois. Bien souvent, pour invoquer cette faiblesse, les gouvernements successifs ont trouvé des facteurs exogènes, en d’autres termes, des boucs émissaires qui allaient de la hausse des cours du pétrole à la variation des taux de change, en passant par le ralentissement de la croissance chez nos partenaires, une Europe économique inachevée... Un inventaire impressionnant, qui les dédouanait en permanence. Bref, ni responsable, ni, a fortiori, coupable ! Dégager en touche, nos politiques savent le faire !

La deuxième tient à l’émergence à vitesse grand « V » de puissances industrielles aux coûts de production hyper compétitifs, en raison d’une législation du travail et donc d’une protection des travailleurs quasi inexistante, contre lesquelles la France ne peut pas s’aligner. Sauf à démanteler notre système social. Et le symptôme le plus dramatique en est les délocalisations en série.

Une quadrature du cercle, à laquelle sont confrontés tous les gouvernements depuis vingt ans, et contre laquelle ils se sont tous cassé les dents, notamment en raison de leur crainte des syndicats qui dégainent à peine le mot « réforme » prononcé. Or, en ce domaine, faute d’avoir pris les mesures qui s’imposaient il y a vingt ans, et d’avoir fait preuve de courage au moment où on pressentait cette redistribution inévitable à moyen terme des cartes de la production mondiale, la France se retrouve le couteau sous la gorge. Autrement dit, à tailler dans le vif, à intervenir dans l’urgence. Et cela est forcément douloureux. Preuve en est, ce CPE.

La gauche ferait-elle mieux ? Certainement pas. Une fois aux affaires, elle serait vite, elle aussi, soumise au principe de réalité. Elle a beau jeu de crier et haut et fort son attachement historique à la défense des droits des travailleurs, mais, une fois au pouvoir, elle devrait vite ranger sa panoplie « socialiste » pour se plier aux règles économiques mondiales. Sinon, la sanction serait immédiate : une marginalisation accrue de la France.

Que l’on soit contre ou pour la mondialisation, là n’est pas exactement le débat, carc’est une réalité désormais incontournable ; la question est plutôt de savoir quelle politique nous souhaitons voir appliquer, pour permettre à la France de ne pas se laisser distancer par ces puissances témoignant d’une incroyable agressivité économique, et animées d’un féroce appétit de conquête.

Modifier le Code du travail est certainement indispensable, si la France veut à tout prix, et j’écris bien à tout prix, « tenir son rang » parmi les pays les plus « riches » mais, évidemment, c’est insuffisant. C’est une jambe. La France a un besoin impérieux de s’appuyer sur une seconde jambe pour avancer correctement et vite : celle d’une meilleure spécialisation à la fois industrielle, autrement dit sur les activités à forte valeur ajoutée donc exigeantes en savoir, et géographique, soit sur les marchés à forte croissance. Cela implique une réflexion en profondeur sur l’efficacité de notre système de formation, et une valorisation du secteur recherche et développement, encore parent pauvre de l’État.

Sans ces efforts, la France continuera à accuser un déclin sur la scène économique internationale. Et tout changement du Code du travail sera comme une application de mercurochrome sur une jambe de bois, soit sans effet aucun sur l’amélioration du marché du travail, ou alors à très court terme, grâce au traitement social du chômage. Donc, un leurre sur le long terme. Cela s’appelle reculer pour mieux sauter ! Gage d’un nouveau réveil brutal pour plus tard.

La question de l’emploi en France semble insoluble car notre pays, comme l’Europe, au sein de la compétition économique internationale, n’est désormais plus maître de sa situation, conséquence de l’arrivée avec force de nations qui lui disputent son statut de puissance économique dominante sur l’échiquier mondial. Des puissances qui remettent en cause un ordre, jusqu’ici bien établi, et des règles favorables au couple Europe/ États-Unis. La France est donc bousculée par cette nouvelle donne, pourtant prévisible. Mais, faute d’anticipation, erreur impardonnable de la part de nos responsables politiques, car c’était de leur devoir, les remèdes semblent maintenant pires que les maux.


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5 réactions à cet article    


  • (---.---.102.65) 7 février 2006 20:22

    « a gauche ferait-elle mieux ? Certainement pas. »

    Ca dépend. Si par la « gauche », vous entendez le PS de Hollande ou Ségolène, effectivement, ils ont suffisament prouvé depuis 81 qu’ils ne font pas mieux.

    Mais la « gauche », ce n’est ni Hollande, ni Ségolène, aujourd’hui. La gauche est incarnée aujourd’hui par les valeurs de ce qu’on nomme « l’altermondialisme », mouvement planétaire qui vise à changer la manière de considérer aujourd’hui l’économie, l’écologie, le travail, la société. Il est dommage que le PS y reste fermé, et préfère se calquer sur le modèle « blairiste » libéral ...


    • Christophe (---.---.55.122) 8 février 2006 11:38

      Pour ce qui concerne la France, il est clair que le système de formation, fortement lié à la recherche est plutôt très mal adapté aux contraintes d’adaptabilité inhérentes aux évolutions techniques et technologiques actuelles ; surtout à la vitesse de ces évolutions.

      Que nous ayons un système éducatif tel qu’il existe est une chose, mais quelles perspectives pour les 40 à 45 années de travail qui vont suivre ? Il existe un système de formation continue, mais uniquement si un salarié décide de réaliser des efforts tant il est conscient de la nécessité de la formation tout au long du cycle professionnel. Pour ceux ont vécu ce type d’adaptation, il faut reconnaître que ce principe n’est pas ancré dans la culture française et que cela nécessite d’avoir acquis, au préalable, les bases nécessaires à l’adaptation ; ce qui est loin d’être un acquis pour tous par la formation initiale.

      Concernant la mondialisation, il est vrai qu’elle est incontestable. Cependant, il existe une problématique majeure actuellement qui à mon sens pose problème. Cette mondialisation est réalisée pour les besoins commerciaux dont les règles sont régis par l’OMC. Cette dernière souhaite obtenir, in fine, un grand marché mondial libre et non faussé ; ce qui en soit est antinomique avec le principe d’autodétermination des peuples.

      Tout peuple de la planète, dans son environnement, dans sa société, dans ses frontières étatiques a le droit de donner des priorités sociales, écologiques, ... et donc des contraintes fiscales afférentes. Ces choix démocratiques posent donc la problématique du respect d’un marché non faussé par des mesures qui seront considérées, à juste titre, comme du protectionnisme social, écologique, ...

      La mondialisation, en elle même, ne pose de problème majeur. C’est bien l’intention qui pousse vers la mondialisation qui en pose un. Opter pour une concurrence libre et non faussée pose le postula que les choix sociaux, écologiques, ... échappent à la volonté démocratique des peuples d’une nation qui ne pourra, à productivité égale, faire son propre choix car la concurrence l’obligera à calquer son modèle de société à celui des autres nations de productivité identique, un nivellement par le bas est le seul possible.

      Il est évident, par cette approche, que pour deux nations ayant une productivité égale, le plus performant sera celui qui aura les inspirations sociale, écologiques, ... les moins contraignantes. A force d’ajustement, que restera-t-il des choix démocratiques ?


      • Nada (---.---.92.175) 11 février 2006 12:19

        Votre constat est on ne peut plus réaliste, et j’y adhère directement.

        Comme vous le constatez « Cela implique une réflexion en profondeur sur l’efficacité de notre système de formation, et une valorisation du secteur recherche et développement, encore parent pauvre de l’État. »

        Oui bien sûr. J’irais, pour ma part, plus loin que cela. En effet, il semble que la France reste scotchée, en terme économique, sur l’unique volonté de préserver les activités économiques classiques, l’industrie manufacturière ou activités industrielles historiques. Or, il est évident que ce sont d’abord ces secteurs qui subissent de plein fouet la concurrence des pays émergents.

        Il me semble que le terme « activité nouvelle » n’a pas encore cours dans le vocabulaire de nos politiques, ni même de nos intellectuels. Ainsi, nous ne pensons la lutte contre le chômage que comme la mise en oeuvre de moyens nous permettant de protéger les emplois existants... On en perçoit les résultats ... Il me semble que la réflexion de nos politiques aurait dû, depuis bien longtemps, porter sur des stratégies de développement concernant des activités nouvelles, sur lesquelles notre avance en terme de développement (puisque nous étions un pays développé) aurait constitué un avantage concurrenciel important. Ainsi, quid des nouvelles technologies, qu’elles soient industrielles ou liées au NTIC. Le secteur des NTIC, me semble t-il, est un secteur amené à se développer, tant en terme d’usage par le particlier, qu’en terme de marché économique. Or, a t-on créé la moindre activité nouvelle, le moindre emploi, en rapport à cela ... non ! Plus fort encore, nous sommes déjà en train de nous faire surprendre, sur le secteur des NTIC, pas l’innovation d’autres pays (cf. les réactions engendrées par les projet Google Bibliothèque Mondiale ou encore Google Earth, l’absence de politique européenne sur la transcription économique du développement des NTIC ...). Bref, de futurs secteurs économiques (ils sont encore à inventer) sont déjà en train de nous passer sous le nez, pendant que nos poliques s’échignent à tenter de préserver les emplois industriels classiques, voués de toute façon à être délocalisés.

        Alors, on parle de formation, de qualité de formation, de recherche, de budget de recherche, ... Certes, on en parle, mais il me semble que le principal obstacle concernant la transcription économique du développement des NTIC est avant tout culturel. Ainsi, aucun économiste ou politique résonne autrement qu’en terme industriel, l’atout technologique n’étant perçu que comme moyen (comme outil) d’augmenter la productivité ... industrielle bien sûr. Bon, l’Europe commence à parler des nanotechnologies, certes, mais c’est bien parce que l’implication de ces technologies est concrète, parce qu’elles représentent un produit palpable (on peut le toucher, on voit ce que c’est) que l’on s’y intéresse. Or, il existe également un marché immense ou le produit n’est pas palpable, c’est le marché de l’information, au sens large, c’est à dire l’ensemble des NTIC. La dessus, rien du tout, aucun projet européen, aucun projet français, aucune réflexion, ....

        Pourquoi ? Je me le demande fortement...


        • wwww.jean-brice.fr (---.---.239.172) 12 février 2006 17:44

          cela fait 30 ans que nos dirigeants font exactement le contraire de la politique lançée par le Général De GAULLE et Jacques Rueff le 4 Février 1965 : et vous vous étonnez que nous en soyons arrivés là où nous en sommes. Le principal responsable de cette situation est d’abord M. Gicard d’Estaing, aidé par M.Chirac, ensuite M. Mitterrand qui, par la politique économique désastreuse appliquée en 81, mit la FRANCE en grande difficulté et ensuite l’abandona à Bruxelles ensuite. Pour redresser cette situation, il faut revenir aux sources : sur ce point, consultez www.jean-brice.fr.


          • Raz le Bol (---.---.178.150) 5 avril 2006 16:43

            Votre article, Stéphane, est extrêmement intéressant car il soulève tous les « disfonctionnements de notre pays ».

            Pour commencer, notre système de protection sociale, système par répartition, est le système le plus intelligent qui puisse exister dans le monde, car il est basé sur la solidarité, mais A CONDITION QUE l’on travaille et que l’on en abuse pas. Or nous pouvons constater que ce système a dérivé par au fils des années.....

            Trop de social tue le social ! L’arrivée de la Gauche au pouvoir, avec son programme commun de la Gauche a lié mains et pieds le PS au PC, aux partis d’extrême gauche, ainsi qu’aux syndicats. Et nous avions pu voir fleurir des lois de protections sociales qui marchaient complètement sur la Tête ! On a acheté la paix sociale à tout va en injectant de l’argent à gogo dans la nature !

            Que l’on baisse le temps de travail obligatoire à 35 heures par semaine, n’est pas en soi une absurdité, comme on peut autoriser les 30 heures, ou 25 heures, mais l’on oblige tout un pays à travailler 35 heures est débile !

            Combien ont coûté les plans sociaux, les FNE, et autres mettant les gens à la retraite à 50 ANS ?

            Je ne vais pas énumérer toutes les âneries faites dans le passé !

            Et la mondialisation ! Pourquoi les japonais, les coréens, les américains, .... viennent chez nous ? parce qu’ils trouvent une main d’oeuvre qualifiée ! et pourquoi ils repartent, parce que pour un oui ou pour un non , c’est la grève !

            Les délocalisations ? Généralement ce sont les entreprises à capitaux étrangers qui repartent. Personne ne donne des exemples sur les PME / PMI dans notre pays, à capitaux français qui sont extrêmement performantes et qui exportent. Croyez moi, Il y en a ! Et pourquoi ? Parce qu’elles sont flexibles, et parce qu’elles ne sont pas touchées par des grèves, parce qu’il n’y a pas de syndicats, parce qu’elles savent s’adapter aux variations saisonnières....

            Les syndicats ? Ils ne représentent qu’environ 6% des salariés et se concentrent où ? SNCF, EDF, EDUCATION NATIONALE... Vous le savez bien ! Et tout le monde sait pourquoi ils font grève !

            Revenons au PS ! comme à l’UMP ou l’UDF : Messieurs, avez vous enfin LE COURAGE POLITIQUE d’appeler un chat, un chat, un chien ,un chien ! et de vous réunir enfin pour travailler pour la prospérité de notre pays !

            Les contestations ? Les manifestations de rue ? Quand on atteindra le fond, il faudra bien ramer pour reconstruire.

            L’ARGENTINE ? çà vous dit quelque chose ?

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