En marche pour une 6ième ?...
Le député centriste et béarnais Jean Lassalle vient de boucler en France une marche de 6000 km, et a acquis, au cours de son périple la certitude d’une fracture entre le peuple et ses dirigeants, ressenti la colère latente du peuple, et est convaincu qu’un changement radical s’impose, espérant que ce soit sans violence…

Dans la foulée des marcheurs célèbres, de Mandela à Gandhi, en passant par la « marche des beurs », et bien d’autres, le député béarnais à parcouru la France dans tous les sens à la rencontre de ces concitoyens.
Le bilan qu’il tire après sa rencontre avec des milliers de français est accablant : « mépris des nantis face au petit peuple, méconnaissance profonde des élus, de quels bords soient-ils, la misère de millions de citoyens, coupure évidente entre le peuple et ses dirigeants, situation d’un pays qui se délite, lien humain atteint » bref pour le député marcheur, la situation est préoccupante…ce qui est une litote, et, dans la foulée d’un Stéphane Hessel, il évoque un nécessaire acte de résistance.
Lors d’une interview réalisée à France Culture, dans l’émission du 13 décembre « les matins », il enfonce le clou :
« Il ne reste plus qu’un système fou furieux, la finance prend la pouvoir une fois de plus, aux états succède la technostructure (...) Nous n’avons plus la possibilité de peser sur le destin de nos compatriotes »
Il évoque un changement de monde, souhaite des innovations, il découvre ce pays qui ne sait plus ou il en est, constate la disparition des industries, de l’agriculture, et est convaincu qu’il faut « reprendre lien avec le peuple, le grand absent de ces 25 dernières années ».
Il dénonce l’amplification de la dette nationale, convaincu qu’on ne peut rien sans le peuple, et face aux manifestations corporatiste, à la tentation du vote désespéré, il constate qu’il n’y a jamais eu autant de propos et d’actes racistes autant désinhibés.
Récemment la nouvelle Miss France, fière d’être métisse franco-béninoise rappelait les mésaventures de l’une de ces consœurs, Sonia Rolland, métisse aussi, qui racontait son calvaire, surtout avec son courrier : lettres d’insultes, voire paquets contenants une matière chère à Cambronne. lien
Jean Lassalle est donc convaincu qu’il faut changer de paradigme. lien
Un sondage récent lui donne raison : on y apprend que 3 français sur 4 considèrent que la France est en déclin, et pour relancer la croissance, seulement 13% seulement font confiance à l’état, 43% aux entreprises, 54% aux français eux-mêmes… cerise sur le gâteau, ils sont 59% à penser que pour relancer la croissance il faut limiter au maximum le rôle de l’état. lien
Brice Couturier, chroniqueur dans cette émission lui répondait en écho déclarant : « L’état aujourd’hui empêche, entrave, bride l’élan créateur de la société, à travers ses milliers de règlements absurdes, qui prélèvent une portion anormalement élevée de la richesse crée, sans apporter la preuve qu’il en fait bon usage.
La société, elle, fait preuve de résilience, encaisse la crise en inventant des activités et des solidarités nouvelles, sur le terrain, à bas bruit, il semble que fleurissent toutes sortes d’initiatives, a travers des solidarités et gère la crise à sa façon » et posant la question : « l’émancipation de la société est elle souhaitable, la société civile doit-elle prendre le relais des élites défaillantes ? » (lien) il constate qu’il y a « une volonté pour essayer de dépasser ce moment vécu avec une très grande souffrance, le désespoir, l’absence de destin, qu’il faut dépasser un cap, et surtout le faire sans violence, le peuple ayant pris conscience que cette violence pourrait venir, que ça pourrait dégénérer, tant est forte l’aspiration de la société de prendre des responsabilités dont elle est dépossédée depuis des dizaines d’années, puisque l’état a été détricoté, pour faciliter une intégration européenne ratée, et l’état bienveillant et protecteur voulu par les républicains s’est transformé en un état qui n’est plus adapté à notre temps » lien
En effet, à la lecture du petit livre noir des GPII (grands projets inutiles imposés) comment ne pas s’étonner que l’Etat, après avoir consulté, commandé des rapports, entérine pourtant ces projets inutiles, en investissant au bas mot 140 milliards d’euros, comme par exemple pour la ligne LGV-Fret Lyon-Turin, (28 milliards d’euros) considérée comme inappropriée par la Cour des Comptes (lien) et comme contestable dans le rapport Duron, (lien) ce qui n’a pas empêché le chef de l’état de la valider, aux quelques 59 députés présents dans l’hémicycle de l’acter, et de l’appuyer par la décision du Sénat, où n’étaient présents que 13 représentants de chaque parti politique. lien
Au-delà des réflexions du député Béarnais, et du journaliste de France Culture, il faut évoquer celles de Jeremy Rifkin qui est convaincu qu’une nouvelle révolution industrielle est déjà enclenchée, et qu’elle n’a pas attendue de décisions en haut lieu pour se réaliser. Il l’appelle la « production distribuée », chacun devenant producteur d’énergie, en organisant le partage de celle-ci. lien
Le même modèle fonctionne déjà dans d’autres secteurs, avec les AMAP, qui permettent de créer un lien direct entre producteurs et consommateurs (lien) les paniers paysans, qui permettent de recevoir chez soi des produits frais et sains, (lien) le SEL (système d’échange local) qui permet à n’importe quel particulier de proposer ses services contre d’autres services, (lien) le covoiturage, une alternative bon marché aux transports en commun actuels, (lien) les « consommacteurs » (lien), et autant d’initiatives qui vont toutes dans le même sens, sans oublier l’information avec la presse citoyenne, Agoravox en est l’un des exemples, qui en permettant à chacun de devenir journaliste citoyen, de donner des informations vérifiées et vérifiables, que l’on trouve rarement dans la presse officielle. lien
On pourrait aussi évoquer le Bitcoin, cette monnaie décentralisée électronique et numérique, qui permet un paiement sécurisé et anonyme entre particuliers. Cette monnaie qui se veut universelle permet de payer des biens dans le monde réel, tout en étant échangeable contre des devises sans pour autant être adossée à aucune institution financières ou bancaire.
L’idée est de contrer les organismes centraux, source de tous les maux de l’économie et notamment de la spirale inflationniste. lien
Les monnaies complémentaires locales avaient donné le signal, avec en ligne de mire la volonté de se réapproprier l’usage de la monnaie. lien
Alors qu’on attend que le président de la république prouve enfin que son adversaire est encore la finance, on vient d’assister à la naissance d’un nouveau mouvement politique, la « Nouvelle Donne » qui fait valoir des ambitions européennes.
Les vieux partis ont attisé la haine raciale, dressé les classes les unes contre les autres, les gouvernements se suivent et se ressemblent, proposant des promesses rarement tenues, organisant des débats dont les conclusions ne sont pas entendues, commandant des rapports sans pour autant tenir compte de leurs recommandations, faisant vivre ainsi une illusoire démocratie.
Cette « nouvelle donne » a vu le jour le 28 novembre dernier, au Café du Croissant, lieu hautement symbolique, puisque Jean Jaurès y a été assassiné, et l’économiste Pierre Larrouturou, l’un des animateurs de ce nouveau parti n’y va pas par quatre chemins : « le pays est mur, il est en colère. Nous sommes la France qui en a marre d’attendre alors que des solutions crédibles existent », ce qu’appuie le philosophe Edgar Morin pour qui « tout n’est pas fait par le gouvernement pour lutter contre le chômage, alors que, depuis un an et demi, il y a 500 000 chômeurs supplémentaires et 600 000 fin de droits tombés dans la pauvreté ». lien
On trouve dans les rangs de ce nouveau parti des militants et des élus issus du PS, du Modem, du Front de gauche, des patrons, des précaires, Christiane Hessel, veuve de Stéphane Hessel, des révoltés qui s’assument comme Isabelle Maurer, laquelle s’était illustrée récemment face à Jean François Copé sur le plateau de télévision de « des paroles et des actes ». La colère qu’elle exprime face à un Copé sans voix mérite le détour. vidéo
Le programme de ce parti se décline en 20 propositions parmi lesquelles on trouve entre autres une loi d’initiative européenne qui permettrait que tout texte ayant recueilli au moins 300 000 signatures soit débattu au sein du parlement, ainsi qu’une renégociation du traité européen, en se souvenant que celui qui est appliqué aujourd’hui avait été refusé par le peuple par référendum…
Leur programme complet est sur ce lien
Vont-ils assez loin pour autant ?
A la lecture de ce manifeste, signé Pascal Geoffroy, la réponse penche du coté du non.
N’est-ce pas, comme au temps où Mitterrand avait lancé Génération Ecologie pour faire de l’ombre aux Verts, une manœuvre élyséenne pour préserverr une majorité à gauche ?
L’avenir nous le dira, car comme dit mon vieil ami africain : « la politique est l’art d’empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde ». (à moins que la phrase ne soit de Paul Valéry…
L’image illustrant l’article vient de « www.fhimt.com  ;» ;
Merci aux internautes de leur aide précieuse
Olivier Cabanel
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