Ensemble, tout est-il devenu possible ?
Le 6 Mai 2007, Nicolas Sarkozy était élu président de la république française, à la faveur de 53% des suffrages exprimés. Aujourd’hui, 42% des français assurent avoir confiance en Nicolas Sarkozy pour résoudre les problèmes auxquels notre pays est confronté, contre 53% de français qui ne font pas confiance au chef de l’état. Cette côte de confiance sensiblement défavorable au président de la république doit cependant être replacée dans son contexte, celui d’une crise économique sans précédent dont les dégâts ne sont qu’à leur commencement. La campagne présidentielle de 2007, porteuse d’espoir après le premier et dernier quinquennat de Jacques Chirac, durant lequel le laxisme de ce dernier fut souvent décrié, a été marquée par une participation historique, tout du moins nettement supérieure aux précédentes échéances de 2002 et de 1995. L’opinion avait alors exprimé sa volonté de changement.
La présence au second tour de deux personnalités, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, vierges de toute participation à une élection présidentielle, symbolisait le désir de voir émerger une classe politique renouvelée, ayant enfin franchi le cap du XXIème siècle. Porteur d’espoir, Nicolas Sarkozy n’a, pour une majorité de français, pas su relever les espérances placées en lui. Mais sa faible cote de popularité n’en est pas moins influencée par son comportement, méprisé par l’opinion, plus qu’à sa capacité à tenir ses promesses. Je me suis procuré la profession de foi de celui qui n’était alors que candidat à la présidence de la république, pour ainsi tenter de faire le point sur l’avancée des réformes et des promesses, et cela, tout en prenant compte du facteur crise.
Le plein emploi en 2012 n’est plus concevable
Je veux réhabiliter le travail. Le travail est la condition de la liberté et de la dignité. Tout doit être fait pour donner du travail à ceux qui n’en ont pas. Je souhaite que nous atteignions le plein-emploi en moins de cinq ans, je pense notamment aux femmes. Objectif réussi ? Loin de là puisque le taux de chômage, malgré une baisse historique à 7,8% au quatrième trimestre 2007, est revenu à 8,2% de la population active, soit un chiffre similaire à celui de mai 2007, date de l’élection de Nicolas Sarkozy. La crise économique va inexorablement conduire à une forte hausse du taux de chômage, les prévisions les plus pessimistes tablant sur 9,8% de chômeurs en 2009, 10% en 2010, voir 12% aux horizons 2011-2012. Le plein emploi devra donc probablement attendre...
Alors que Nicolas Sarkozy promettait d’établir l’égalité salariale d’ici 2010, la situation professionnelle des femmes n’a que très peu évolué depuis son élection, elles touchent ainsi en moyenne 86,5% du salaire d’un homme (contre 86,2% lors de l’arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy), une avancée peu significative mais qui est nettement plus conséquente que lors de la législature 2002-2007, où ce pourcentage n’a augmenté que de 0,5 point en cinq ans. Quant au taux d’activité des femmes, il n’a augmenté que très légèrement (+0,5%) sur la période 2007-2008, d’autant plus que la crise économique touchera très probablement les femmes avec plus de vigueur que les hommes. Les femmes sont davantage concernées par le temps partiel et les contrats précaires, elles vont donc être tout particulièrement atteintes par les fins de contrats et leur non-renouvellement estiment ainsi les économistes Françoise Milewski et Hélène Périvier. Seul motif d’espérance pour les femmes, dès 2010, les entreprises non-paritaires se verront infliger des sanctions financières.
Le succès de la défiscalisation des heures supplémentaires
Les heures supplémentaires seront toutes rémunérées au moins 25% de plus et exonérées de toutes charges sociales et fiscales, afin qu’en travaillant plus vous puissiez gagner vraiment plus. Mesure phare de la loi TEPA, ou "paquet fiscal", la défiscalisation des heures supplémentaires a constitué une réussite non négligeable pour le gouvernement. Elles ont en effet augmenté de plus de 40% au premier trimestre 2008 (par rapport au premier trimestre 2007) et de 6% au deuxième trimestre. Malheureusement, si le volume d’heures supplémentaires a nettement augmenté comme l’attestent ces chiffres, les entreprises qui y ont recouru sont en régression : effectivement, la défiscalisation des heures sup’ ne profite pas réellement aux employeurs, qui n’économisent que 0,5€ par heure supplémentaire. A l’inverse, les salariés ont été les principaux bénéficiaires de la défiscalisation, leurs heures supplémentaires n’étant plus comptabilisées dans l’impôt sur le revenu.
Concernant le pouvoir d’achat, auquel Nicolas Sarkozy tenait tant, il est encore trop tôt pour établir un constat de la politique du chef de l’état : seuls les chiffres de l’année 2007 ont été rendus publics, et qui attestent d’une évolution de 5,42% du revenu disponible brut des ménages, tandis que le taux d’inflation s’était limité à 1,5%. A titre de comparaison, l’évolution du revenu disponible brut des ménages n’avait pas excédé les 4,7% en 2006 et les 3% en 2005. Autre promesse tenue par Nicolas Sarkozy, celle de ne pas augmenter les impôts. Eric Woerth, le ministre du budget, avait récemment exclu cette éventualité, estimant que si on augmente les impôts, c’est la crise qu’on approfondit.
Nicolas Sarkozy brille sur la scène internationale
J’ai proposé à nos partenaires de sortir de la crise européenne par un traité simplifié, limité aux questions institutionnelles, afin de pouvoir rapidement fonctionner à nouveau. La France pèsera sur la scène internationale et assumera pleinement ses responsabilités dans le respect de son indépendance, de ses alliances et des droits de l’homme. Nicolas Sarkozy a fait de l’international un des axes de sa politique, intervenant à maintes reprises et impulsant de nombreuses décisions, telles que la signature du traité de Lisbonne ou la tenue du G20 économique mondial. L’action du chef de l’état sur la scène internationale, lors des conflits en Géorgie et à Gaza où il aura tenté d’assurer le rôle de médiateur, lui a d’ailleurs valu d’être nominé pour obtenir le prix Nobel de la Paix 2009.
La présidence française de l’Union Européenne aura elle aussi constitué un succès, dont le mérite fut d’afficher une unité retrouvée au sein de l’UE. La tenue du G20 mondial, impulsée par Nicolas Sarkozy, aura permis de masquer le manque de coordination entre les multiples plan de relance nationaux. Le succès de la présidence française a d’ailleurs été reconnu par tous, y compris par les socialistes. Ce serait abusif de trouver votre présidence parfaite mais malhonnête de la trouver ratée avait affirmé le député européen Bernard Poignant lors d’une séance à Strasbourg en présence de Nicolas Sarkozy. Marielle de Sarnez a elle reconnu que la présidence avait été à la hauteur des enjeux, tandis que le socialiste Martin Schulz avait fait lui un bilan positif de la présidence française.
Seule tache noire dans le beau parcours de Nicolas Sarkozy sur la scène internationale, sa capacité de passer au-dessus des droits de l’homme, une pratique qu’il vilipendait dans sa profession de foi. On l’a ainsi vu accueillir en grandes pompes dans le cadre d’un séjour commercial le dictateur Lybien Kadhafi, durant lequel le président français omis d’évoquer le cruel manque de libertés publiques en Lybie, les félicitations adressées à l’état russe pour la bonne organisation des élections présidentielles qui se sont tenues dans le respect des principes démocratiques, alors que tout contre-pouvoir est asphyxié par le Kremlin, qu’il s’agisse de l’opposition ou des médias indépendants.
Dans le cas de la Chine, avec laquelle Nicolas Sarkozy aura maintes fois négligé l’aspect des droits de l’homme qu’il s’est contenté d’évoquer, la priorité aux potentiels contrats s’est révélée être un échec. Le fait de s’être personnellement engagé dans la signature de contrats lors de visites internationales s’est avéré néfaste, Nicolas Sarkozy s’étant retrouvé pris à son propre piège. Effectivement, lors du froid diplomatique qui éclata entre la Chine et la France, la première réaction de l’état chinois fut de rompre certaines relations commerciales avec des firmes françaises.
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