ESCLAVAGE : on va quand même pas le rétablir ?

L’esclavage existe depuis des milliers d’années, alors, pourquoi il a disparu si rapidement entre 1830 et 1900 ? Est-ce que les maîtres sont devenus subitement bons ? A mon avis l’arrivée de la machine à vapeur et des machines utilisant le pétrole ont rendu l’exploitation des esclaves non rentable. Et au État Unis, les capitalistes ont accepté la fin de l’esclavage en partie aussi parce qu’ils avaient trouvé mieux : les migrants.
Ce sont les Yankees à New York qui ont observé l’arrivée de ces vagues d’Européens, qui étaient gratuits (pas d’investissement en capital, ils paient leur voyage), et ne nécessitaient pas de maintenance (ils crèvent, ils sont remplacés). Il fallait les payer, mais les salaires pouvaient être contenus en s’assurant de l’arrivée régulière de nouveaux migrants et d’un “bon” niveau de misère générale (style Dickens). Au total, les migrants étaient moins chers que les esclaves. Ceci pour dire que si l’esclavage a été aboli pour des raisons capitalistes, et non morales, il peut tout aussi bien être rétabli un jour s’il devient soudainement plus rentable que les migrants.
Actuellement, il est bien plus intéressant d’avoir des salariés corvéables à merci. En effet, on n’a pas à les nourrir, les loger, les vêtir, etc. ! C’est beaucoup plus économique comme ça ! On peut les virer quand ça nous chante ! On n’a même pas besoin de les entraver avec des chaînes pour qu’ils restent à notre service, puisqu’ils se battent entre eux pour venir travailler chez nous comme des esclaves ! Elle n’est pas belle la vie des capitalistes ! Surtout ne changer rien ! C’est parfait comme ça. “Nous” avons des moutons biens dociles que nous avons conditionnés à obéir aveuglément à l’autorité, sans poser de question, dès leur plus jeune âge, à l’école.
Mais le problème, avec la main d’œuvre, c’est que même très docile, il peut y avoir parmi eux des fauteurs de trouble, des empêcheurs de tourner en rond, capable de monter la tête au reste du troupeau. Même si l’on a tout fait pour marginaliser les syndicats et les partis dit « d’extrême gauche », il y a un risque potentiellement présent de révolte ou tout du moins de contestation. Non, l’idéal dans l’absolu, c’est de se passer de main d’ouvre sous quelle que forme qu’elle soit : esclavage librement consenti ou forcé. Il faut donc produire plus avec moins, avec de moins en moins, en excluant une multitude toujours plus grande du « marché du travail ». Il est impératif de faire bouger les lignes, d’aller de l’avant … d’ailleurs toutes les fameuses réformes auxquelles les français seraient frileux sont faites pour ça !
Si l’énergie et la technologie permettent une meilleur productivité, cela ne remplace pas la main d’œuvre, du moins pas complètement, pour cela il faut encore attendre la prochaine révolution robotique. La globalisation, fabriquer ailleurs où la main d’œuvre est moins chère est aussi une réponse au fameux problème du coût du travail que le capital essaie de résoudre de manière toujours plus violente. La robotisation complète pourrait peut-être résoudre ce problème en rendant soit l’homme obsolète pour les “0.001%”, soit oisif si les 99.999% décident de ne pas se laisser obsolètiser.
Nombreux ici sont ceux qui diront et alors ? Qu’on en finisse. Allons vers le chaos, quand nous toucherons le fond nous finirons bien par réagir. Outre que je pense qu’il vaut toujours mieux agir que réagir, Je crois que c’est également très mal mesurer la longueur et la violence de la dégringolade, et manquer singulièrement soit d’imagination soit d’expérience quant au chaos. Même le dernier d’entre nous a encore beaucoup à perdre en France. Il nous reste encore beaucoup que nous pourrions sauver plutôt que de baisser les bras simplement parce que le système est bien fait pour nous tenir hors du jeu. Ce n’est pas une raison pour acquiescer et faire semblant de ne pas vouloir jouer.
Demain nos enfants nous demanderons où nous étions quand une succession de gouvernements ont mis en place le travail obligatoire et gratuit ou mis fin à la sécurité sociale, etc… Pour nous dédouaner, dirons-nous simplement que nous n’avons pas cautionné ? Marie-France Garaud a cent fois raison lorsqu’elle dit : “Ceux qui ont raison, ce sont ceux qui exercent le pouvoir. Tous les autres ne comptent pas !” … il ne tient qu’à nous de la faire mentir !
A propos … en faisons nous parti ?
“Ce que nous ne voulons pas, c’est que le capital international aille chercher la main-d’œuvre sur les marchés où elle est la plus avilie, humiliée, dépréciée, pour la jeter sans contrôle et sans réglementation sur le marché français, et pour amener partout dans le monde les salaires au niveau des pays où ils sont le plus bas. C’est en ce sens, et en ce sens seulement, que nous voulons protéger la main-d’œuvre française contre la main-d’œuvre étrangère, non pas je le répète, par un exclusivisme chauvin mais pour substituer l’internationale du bien-être à l’internationale de la misère.”…- Jean Jaures, discours “Pour un socialisme douanier”, 17 février 1894
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