@FHollande : ce sont les #socialistes qui en parlent le mieux

Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice PS de Paris, et surtout figure incontestée de l’aile gauche socialiste, n’y va pas par 4 chemins dans sa dernière note de blog. Depuis qu’il est à la tête du pays, François Hollande mène une politique bien plus libérale que sociale démocrate, contraire aux engagements de la campagne de 2012. Surtout, cette politique productiviste de l’offre est enclenchée dès sa prise de fonction avec la non renégociation du traité européen, et se poursuit avec plus d’intensité et plus d’effets dévastateurs chaque jour qui passe. Pire encore, elle dénonce fortement la collusion du gouvernement de Jean-Marc Ayrault avec le Medef, à travers l’exécution de tous les souhaits de l’organisation patronale représentative du Cac 40 plutôt qu’avec le monde du travail et du salariat. Aussi, pouvons-nous dire sans détour que le 5 février 2014, Marie-Noëlle Lienemann et son courant Maintenant La Gauche, qui a largement diffusé sa note de blog se montrant ainsi solidaire de ses propos, se placent résolument dans une opposition de gauche à François Hollande.
En juin 2012, ici même A gauche pour de vrai, nous dénoncions le TSCG et la règle d’or. On nous accusait de faire de l’anti Hollande primaire. En novembre, ici même A gauche pour de vrai, nous dénoncions la mise en place de la TVA anti sociale que nous décrivions déjà comme une orientation fiscale de droite car la TVA n’est pas un impôt nominatif et progressif, mais un impôt anonyme et proportionnel. On nous accusait de faire de l’anti Hollande primaire. En janvier 2013, ici même A gauche pour de vrai, nous dénoncions le démantèlement du code du travail et l’impuissance qui serait celle de l’aile gauche du PS à infléchir d’un iota le texte made in Medef. On nous accusait de faire de l’anti Hollande primaire. En juin, ici même A gauche pour de vrai, nous étions vent debout contre le projet de rallongement de la durée des cotisations retraites qui, de fait, porte l’âge de départ à taux plein à 66 ans minimum. Nous expliquions qu’il s’agissait d’obéir, pour François Hollande, à une injonction d’une commission européenne hautement libérale. Nous nous insurgions contre l’attitude des députés de l’aile gauche du PS qui avaient le pouvoir d’empêcher un tel désastre salarial mais qui ont préféré s’abstenir ou s’absenter le jour du vote. Nous étions alors accusés de faire de l’anti Hollande primaire. En janvier 2014, ici même A gauche pour de vrai, nous écrivions et décrivions la catastrophe économique et sociale vers laquelle nous conduirait un pacte d’irresponsabilité si, d’aventure, il devait être voté. Une fois encore, nous passions pour être anti Hollandiste primaire. En réalité, depuis le mois de mai 2012, le Front de Gauche tout entier, alors qu’il a fait élire Hollande président de la République, n’a eu d’autre choix que de rentrer dans une opposition de gauche.
Disons le respectueusement mais fermement à Marie-Noëlle Lienemann et ses camarades de la gauche socialiste : en écrivant et en relayant ce que vous écrivez et relayez désormais de ce qu’est en réalité la politique économique, sociale et maintenant sociétale du président de la république VOUS NE FAITES PAS DE L’ANTI HOLLANDE PRIMAIRE. Vous constatez un paysage politique qui accroit les inégalités, le chômage, la précarité, mais aussi les profits du Cac 40 et des principales fortunes du pays. En clair et sans décodeur, et pour pousser un peu plus loin les propos de la sénatrice socialiste de Paris, vous ne pouvez que constater l’incroyable politique libérale de classe que mènent l’exécutif et l’assemblée qui donne systématiquement son aval. Et cela vous met en colère, vous donne la rage, et ce ras le bol légitime désormais vous l’écrivez.
Mais les écrits largement relayés, aussi vrais soient-ils, ne seront rien s’ils ne sont pas suivis des actes. Et là encore, Marie-Noëlle Lieneman, tout comme Gérard Filoche, un autre socialiste qui parle si bien de François Hollande, ont raison. Sous la Ve République, un homme seul peut trahir, oui trahir, ses promesses de campagne. Peut, sans aucun contrôle aucun, réorienter l’avenir d’un pays, le conduire au fatalisme, même s’il ne dispose plus de majorité pour cela. Il lui suffit d’écrire d’autorité une ordonnance ou d’engager la responsabilité du gouvernement pour piéger tous les opposants de gauche à sa politique, les bâillonner, les empêcher. Cette pratique porte un nom : le déni de démocratie. Or, la gauche du parti socialiste porte l’idéal de la 6e République. Et la prochaine question de confiance
qui sera posée aux parlementaires offre une fenêtre de tir idéale pour frapper un grand coup contre la Ve république. D’une part, au travers de son texte, Marie Noëlle Lienemann démontre qu’elle n’est d’accord sur rien de ce qui a été entrepris d’essentiel du point de vue économique et social depuis le 6 mai. D’autre part, elle affirme qu’elle est en désaccord total avec ce qui est proposé pour demain. Plus que de confiance, elle s’inscrit dans une défiance affirmée, revendiquée et portée en place publique. D’un strict point de vu politique, la seule attitude possible serait donc de na plus accorder la confiance au gouvernement, d’avoir une attitude 6e République qui remet le parlement à sa juste place de faiseur de la loi et non d’exécutant d’odres menaçants !
Ce coup de semonce ne serait pas catastrophique, il serait bien plus bénéfique. Le gouvernement tomberait il est vrai. Mais François Hollande ne convoquerait pas le peuple pour faire élire une nouvelle chambre. Il n’en a pas les moyens, son parti étant électoralement là où il l’a conduit en 19 mois…dans l’abîme. Il nommerait un nouveau premier ministre, constituerait un nouveau gouvernement qui seraient davantage conforme à ce que 51,7 des Français ont signifié en l’élisant le 6 mai 2012. Nous aurions, en quelque sorte, un retour à la normale démocratique plutôt que de perdurer dans ce holdup. Si ce coup de semonce ne devait pas être tiré, alors les électeurs de gauche n’y comprendraient plus rien. Car même des personnalités majeures du PS dénoncent et attirent l’attention sur la dérive fortement droitière du président, y compris dans son approche « anormal » du pouvoir, et finalement lui donneraient quitus pour continuer dans la même voie. Cette contradiction, proche de la schizophrénie, entamerait encore un peu plus le divorce entre le peuple de gauche et ses responsables politiques.
Finalement, en mettant leurs actes en conformité avec leurs propos et surtout avec leurs pensées, les députés de la gauche du PS, ne feraient pas de l’anti Hollande primaire. Ils permettraient la constitution d’une majorité de gauche pour de vrai ! Et il y a urgence pour des raisons évidentes. Les précaires, les chômeurs, les salariés pauvres, et tous les fragiles qui désespèrent, n’ont pas le temps d’attendre le bon vouloir d’un monarque libéral et si peu progressiste.
Sydne93
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