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Accueil du site > Actualités > Politique > Guaino cogne Bendit : l’encombrant cadavre de Mai-68

Guaino cogne Bendit : l’encombrant cadavre de Mai-68

Il est parfois des moments où le sens des événements se livre avec clarté. Ce fut le cas lors de cette rencontre qui était inéluctable et qu’on attendait avec impatience. Ce samedi 22 décembre, Henri Guaino et Daniel Cohn-Bendit ont été invités dans l’émission d’Alain Finkielkraut pour faire le point sur une page de l’Histoire commencée un 22 mars en 1968. On ne présente plus les invités, le premier, parolier du président Sarkozy et le second, porte-parole et témoins des événements de Mai-68 dont on va célébrer avec passion, enfin, c’est moins sûr, le quarantième anniversaire.

Une impression générale pour commencer. D’abord, le débat a été pour le moins confus et, si dialogue il y eut, ce fut un dialogue de sourds, chacun ayant ses idées et ses munitions en tête et s’efforçant de les placer dans une cible souvent ratée. Ensuite, une différence de tonalité flagrante, sans doute due aux caractères des protagonistes, avec un Guaino plutôt zen, donnant l’impression d’être invité à un apéro dans un salon, alors que Cohn-Bendit visiblement avait choisi l’option ring. D’où une impression surréaliste de deux pensées qui se sont croisées sans se rencontrer sur l’essentiel, ne serait-ce que pour s’opposer franchement selon l’art de la dialectique. Enfin, une appréciation sur le match car s’en fut un. Une formule dit que les vainqueurs écrivent l’Histoire. A entendre nos deux débateurs, on peut dire que le vainqueur est plus à l’aise pour interpréter l’Histoire, celui-ci n’étant autre que Guaino, situé dans le camp de la victoire électorale en 2007. Quant à Cohn-Bendit, il s’est bien défendu, mais on sent bien que l’héritage de Mai-68 a du mal à se faire reconnaître, comme s’il avait été laissé en friche, alors que la société se démocratisait en devenant individualiste et épousant les valeurs du plaisir et du fric.

Quelques mots maintenant sur ces échanges. Guaino entame les hostilités en explicitant ce qui justifie à ses yeux la condamnation de Mai-68. L’individualisme, l’interdit d’interdire, la récusation des pouvoirs, des valeurs, de la hiérarchie dans les institutions, mais aussi les savoirs et puis, comme la division permet de mettre en difficulté son adversaire, Guaino sépare le mai des étudiants et celui des travailleurs, ce qui est exact dans un sens politique, mais erroné dans le sens de la vie sociale où les barrières entre classes, sans être tombées, ont été percées suffisamment pour qu’une mixité entre gens de conditions inégales se produise. C’était ça aussi la magie des années post-68, magie qui n’a pas été évoquée par un Cohn-Bendit trop focalisé sur la contre-attaque. Ce qu’il fit en ironisant sur un Sarkozy qui, selon lui, affiche sans jouissance sans entrave, se mettant en scène comme séducteur d’un jour à Disneyland.

Ce petit jeu a duré une bonne partie de l’émission. Chacun s’emparant d’un thème pour l’utiliser comme appui pour soi et cible contre l’adversaire. Ce fut le cas de Sarkozy. Il a bien profité des acquis de mai dit l’un et l’autre de répliquer, oui, il a sa vie, mais du moment qu’il travaille et pas qu’un peu, pourquoi lui reprocher ses frasques qui ne relèvent que des options privées. Même chose pour l’émancipation des femmes et la légalisation de l’avortement. L’un de mettre en avant les puissances revendicatrices du mouvement et l’autre de dire que cette avancée sociale est le fait de Simone Veil, avec l’appui du duumvirat Chirac-Giscard. Bref, ces échanges ont paru mesquins, mais pouvait-on y échapper. Chacun campant sur ces positions. Guaino affirmant que c’est une erreur de récuser l’autorité du gaullisme et Cohn-Bendit revendiquant la défiance vis-à-vis du pape et le droit de ne pas croire dans l’autorité.

Finkielkraut s’est alors improvisé en juge de paix, reconnaissant avoir été Mao, influencé par le marxisme, soutier de Mai-68, acteur dans le report du concours de ENS. Rendant justice en un mai qui a permis l’expression contre la répression, voyant dans ce mouvement un moment tocquevillien, dirigé contre notamment les parcours d’existence déjà fixés selon les classes d’origine. Bref, des aspirations démocrates qui ne vont pas sans les effets secondaires sur une culture qui se nivelle et sur la perte du sens de l’autorité avec la confusion entre pouvoir et autorité, en quelque sorte le péché originel de mai selon Finkielkraut. Et là la zone d’opposition s’est déplacée sur le terrain de la culture, de l’éducation, du pédagogisme, de la place de l’enfant, de l’autorité des enseignants, bref, toujours les mêmes ficelles déjà utilisées. Contre l’enfant roi rétablissons l’humilité face aux textes dit l’un. L’individu doit devenir autonome et s’opposer à l’adulte dit l’autre. On ne s’en sort pas de ce dialogue de sourds.

Et cette fois, Finkielkraut jouant les demis de démêlée en utilisant la carte Ionesco qui à travers sa pièce Rhinocéros illustrerait parfaitement les failles du mouvement de mai. Plus précisément, l’alliance entre un conformisme et le déchaînement pulsionnel. Une illustration qui n’a rien apporté de positif dans le débat, Guaino profitant de cette entame pour louer justement le non-conformisme de de Gaulle dans sa politique étrangère.

Il était attendu qu’on en viendrait à la question des parachutes dorés, sujet de dispute après l’imputation aux héritiers de mai de ces pratiques prédatrices par Sarkozy. Et Guaino d’enfoncer le clou avec une trahison des ouvriers sur fond de Jaurès avec le relativisme moral engendré par les enfants de mai. Ensuite, un échange de sourds sur la BCE, Cohn-Bendit franchissant le point Godwin (eh oui, il n’y a pas que sur internet que ça se passe) en faisant allusion à la politique de la banque allemande et la montée du nazisme et Guaino de répliquer avec une astucieuse mauvaise foi que la banque américaine qui elle, était indépendante, n’a pas empêché la crise de 1929.

Enfin, l’autocritique arrive. Cohn-Bendit reconnaissant la bêtise des slogans comme élection piège à con, CRS SS, faisant son mea culpa sur l’autogestion impropre à relayer la démocratie, mais insistant sur un mai comme étant à la base d’un progrès social. Bref, c’est peut-être une des clés de l’interprétation. Le mouvement de mai représenta le moment de grandes émancipations sociales et individuelles, mais une société a aussi ses nécessités de fonctionnement, de gouvernance, si bien qu’il ne peut y avoir transcription directe du social dans le politique. Ces deux domaines, s’ils sont en conflit, doivent le rester et c’est à ce prix qu’un système démocratique fonctionne. Il ne faut pas confondre le social et le politique, la société et l’Etat, sinon c’est le totalitarisme qui nous pend au nez.

Le rideau s’est fermé sur un plaidoyer pour la culture. Finkielkraut effectuant une saillie percutante en opposant au Mai-68 déconstructeur de la culture le printemps de Prague, fondé sur le texte et l’autorité des livres, avec la figure de Kundera. Puis sonnant la charge contre la grimaldisation de l’Elysée, la bigardisation de la vie politique, le chemin vers Disneyland, l’avènement de la jet-set et l’ajoute pour ma part la montée de la bling génération et la culture des parvenus. Et sur ce point, Finkielkraut conclut en regrettant la disparition de la grande bourgeoisie, celle dont la taille de la bibliothèque était à la hauteur de la position sociale alors que, maintenant, c’est la dimension du yacht qui sert d’étalon.

Cette émission a donné quelques éclairages sur comment Sarkozy a pu si aisément gagner les présidentielles, jouant une campagne blitzkrieg en infligeant une étrange défaite (clin d’œil à Bloch) à une gauche dépourvue de généraux et de stratèges autant politiques qu’intellectuels.


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22 réactions à cet article    


  • Internaute Internaute 28 décembre 2007 15:46

    Je n’ai pas vu l’émission mais j’apprécie ce compte-rendu. Cependant, je ne crois pas du tout à la révolution spontanée sortie soudainement de la tête d’un étudiant. Le compte rendu, que je suppose fidèle, fait la part belle à la question idéologique comme si elle était au coeur de Mai 68.

    En y réfléchissant bien il me semble que cette question est un moyen et non une fin. L’objectif de Mai 68 était avant tout de déboulonner de Gaulle. Je me base pour cette conviction sur les éléments suivants :

    - Le peuple se fiche de la révolution. Celle-ci n’est faite que par un petit groupe d’activistes bien organisés. A l’époque, moi comme mes camarades, étions ravis d’aller dans les AG de notre lycée où l’on pouvait enfin fumer dans les salles de classe et préférions marcher l’aprés-midi en criant « Les travailleurs au pouvoir » plutôt que de suivre des cours ennuyeux. Surtout que Mai c’est le printemps et la montée de la sève, chez les plantes comme chez les hommes. La dialectique dont vous parlez n’a mobilisé que quelques illuminés, la majorité étant là pour s’amuser.

    - L’exemple récent des Révolution Oranges pour déstabiliser le pourtour de la Russie montre trés bien comment on fout la m... dans une société, à peu de frais. Il suffit d’envoyer quelques agitateurs sur place, distribuant des attrape-nigauds comme des bottes neuves ou des écharpes orange et promettant une vie facile dans un futur radieux.

    - Ceux qui ont fait Mai 68 sortent tous du même moule, qu’on appelle les judéo-gauchos. Alain Krivine, Alain Geismar, Daniel Cohen-Bendit, Glucksman, July (de libé) et Cie. Leurs relais dans les lycée à la tête des CAL (Comités d’Action Lycéens) viennent aussi du même sérail. Rappelons que ce sont les CAL qui permettent de mobiliser la province et d’étendre le mouvement. Idem pour les chefs du PCF et de la CGT alors tout-puissants et qui ont pris le relais lorsque le mouvement étudiant s’est essoufflé.

    - En 1967, l’Israël mène la guerre des six jours avec une aviation et une artillerie pour une bonne part française. Le Général de Gaulle met un embargo sur les ventes d’armes de la France aux belligérants, coupant ainsi le ravitaillement de l’armée israélienne. Ils devaient avoir suffisamment de tout pour tenir 6 jours mais ils ont sûrement retenu la leçon et attendu l’occasion pour lui rendre la pareille.

    - Curieusement on retrouve en tout petit le même schéma et les mêmes acteurs que la révolution Russe de 1917.


    • Bernard Dugué Bernard Dugué 28 décembre 2007 16:04

      Déboulonner De Gaulle, c’était plutôt à mon avis un dessein de Mitterrand, la génération de mai, elle voulait déverrouiller la société, par exemple avoir la clé qui ouvre le dortoir des filles à la cité-U


    • Gazi BORAT 28 décembre 2007 16:34

      « Déboulonner De Gaulle » ?

      Le général résista on ne peut mieux et la contre manifestation de la place de l’Etoile ainsi que les résultats de la droite aux élections qui suivirent montrent bien que Mai 68 ne fut pas un déferlement révolutionnaire..

      Le grand perdant fut en réalité le Parti Communiste Français, cible privilégiée des jeunes mouvements gauchistes de toutes obédience (maos et autres..) qui le renvoyaient aux poubelles de l’histoire en tant que parti « révisionniste ».

      Je me souviens d’une chansonnette de l’époque :

      « Réviso, réviso, tu trahis les prolos.. »

      Le petit monde intellectuel allait certes se réactualiser, se « gauchiser » dans le discours puis, les nouveaux venus une fois bien installés allaient effectuer leurs premières purges avec l’apparition des « Nouveaux Philosophes » et les survivants petit à petit se « droitiser »...

      On en trouve un bon nombre dans le petit monde des « néo réacs » et certains (non des moindres)dans l’entourage de Nicolas Sarkozy ou dans son « gouvernement »..

      gAZi bORAt


    • debase 28 décembre 2007 18:35

      @Internaute

      100% d’accord.

      Je ne pense pas (mais qui sait ?) qu’il y ait eu complot prémédité contre De Gaulle mais il est clair qu’un certain milieu médiatique a encouragé les manifs en donnant exagérément la parole aux meneurs auparavant tous totalement inconnus du public.

      Tout le monde à l’époque a été surpris par l’ampleur prise par ces évènements, tout cela n’a-t-il pas été artificiellement grossi ?

      Je pose la question !


    • Le péripate Le péripate 28 décembre 2007 19:10

      Judeogauchos ! Je connaissais islamogauchistes, découvert sur Agora, mais voilà un nouveau mot à mon vocabulaire. Et un concept aussi nébuleux que le précédent. On pourrait faire aussi, voyons, boudhogaucho, pedogaucho, portogaucho.... Il n’y a que la composante raciste qui semble évidente.

      En tout cas, ça veut dire que le monsieur Internaute qui dit ça, il les aime pas, les judeogauchos.


    • debase 29 décembre 2007 11:46

      @Le péripate

      ’judeogaucho’

      Ce concept, qui n’est pas vraiment une nouveauté (car on parle aussi de ’juif-bolchevique’) est-il si nébuleux ?

      Il ne repose en tout cas pas sur du vent. Savez vous que, un peu comme Mai68, la quasi totalité des figures de proue de la révolution russe étaient juifs (y compris Lénine) ? Voyez ici : http://russie.tv/octobre-1917.html

      Il y aurait des questions passionnantes à se poser...

      Mais là (et fort malheureusement) on va tout droit vers le fameux point ’goodwin’ et j’entends déjà ADAMA accourir à grands pas pour taxer tout le monde d’antisémitisme


    • Le péripate Le péripate 30 décembre 2007 08:55

      @ debase

      Nébuleux.... J’aurai pu, ou du, dire glauque, ou vaseux.

      Toujours est-il qu’il y a dans la construction de tels mots (judeogaucho, islamogaucho, islamofaciste, etc...) l’association de termes hétérogènes. D’une part une connotation ethnico-religieuse, et d’autre part une connotation politique. Loin de se penser comme oxymore, ces termes se veulent explicatifs, ils per-forment une réalité. Gauchiste, ou fasciste parce que juif ou musulman.

      J’ignorais que Lenine fut juif, et, d’ailleurs je ne le crois pas, plus, je n’ai même pas envie de vérifier. Pourquoi ?

      Parce que, en tout cas, Lénine ne s’est jamais pensé comme juif. Et l’ethnie (car ici ce n’est visiblement pas au sens religieux du mot juif que vous faites allusion) est une construction, une adhésion, une revendication, un produit du politique. On peut par exemple se référer aux travaux historiques sur l’ethnogenèse des peuples barbares sur le limes romain dans les premiers siècles.

      Maintenant, si malgré tout vous ne voulez pas en démordre de cette théorie du complot juif, pensez simplement que dans l’Europe du moyen age, seuls les clercs avaient le droit de lire (la Bible), quand tous juifs sans exception devaient lire ( la Thorah), comme se fut le cas plus tard pour le protestantisme. Et l’illettrisme est bien la cause de la relative arriération des catholiques et des orthodoxes. Il n’y a là nul besoin d’une explication ethnico-religieuse. Je n’espère pas vous convaincre, et je vous prie de m’excuser d’avoir fait le faux naïf. Bonnes fêtes.


    • debase 30 décembre 2007 11:44

      @le Peripate

      Merci pour votre réponse, surtout pour son dernier paragraphe.

      je remarque que certaines coïncidences aveuglantes ne vous interpellent pas plus que cela... Vous avez, semble-t-il, vos réponses toute faites que vous ne voulez surtout pas remettre en question (vous dites bien « je n’ai même pas envie de vérifier »).

      En ce qui concerne le ’complot’, j’ai juste voulu dire que certains (dans les médias surtout) en avaient profité pour appuyer sur la pédale au maxi afin de déstabiliser De Gaulle.

      Sinon comment une petite histoire sans importance de dortoir en cité-U, concernant des personnes inconnues du public, a-t-elle pu dégénérer à ce point sachant que l’immense majorité de la société de l’époque, dont le sort ne cessait de s’améliorer, n’était absolument pas désireuse de tout chambouler ? Il ne s’agissait pas du tout là de cette ’étincelle’ qui déclenche les révolutions...

      Je trouve que la question reste à ce jour totalement ouverte.


    • JoëlP JoëlP 28 décembre 2007 15:51

      « Puis sonnant la charge contre la grimaldisation de l’Elysée, la bigardisation de la vie politique, le chemin vers Disneyland, l’avènement de la jet-set... et l’ajoute pour ma part la montée de la bling génération et la culture des parvenus. Et sur ce point, Finkielkraut conclut en regrettant la disparition de la grande bourgeoisie, celle dont la taille de la bibliothèque était à la hauteur de la position sociale alors que, maintenant, c’est la dimension du yacht qui sert d’étalon. »

      Bravo, belle envolée !

      « Cette émission a donné quelques éclairages sur comment Sarkozy a pu si aisément gagner les présidentielles, jouant une campagne blitzkrieg en infligeant une étrange défaite (clin d’œil à Bloch) à une gauche dépourvue de généraux et de stratèges autant politiques qu’intellectuels. »

      Bon, là je ne comprends pas bien le lien entre l’article et cette conclusion.

      Un bon article qui fait regretter un peu d’avoir manquer ce débat qui, dites-vous, n’a pas vraiment eu lieu. Sacré Daniel !


      • Bernard Dugué Bernard Dugué 28 décembre 2007 16:01

        Le lien n’est pas explicite en effet, disons qu’il m’a semblé pourvoir faire un rapprochement avec le PS qui lui aussi, traîne un cadavre emcombrant, celui de la lutte des classes et de l’économie étatisée, d’où une même mise en difficulté


      • Le péripate Le péripate 29 décembre 2007 00:24

        La déréglementation financière de P.Beregovoy, c’est la lutte des classes et l’étatisme ? Le grand cadavre se limite à une poignée de résistants au sein du PS. Il n’est que de voir les recommandations du FMI France, dirigé par DSK, ou de voir l’Europe de Delors et Lamy. Plus à droite que ça, ne reste que le FN comme objectif.

        Le grand cadavre, quelques osselets pour amuser le badaud.


      • Rage Rage 29 décembre 2007 01:03

        Bonsoir,

        Va falloir s’arrêter de dire n’importe quoi, tant l’auteur de l’article que les commentateurs.

        Mai 68 marquait un raz le bol envers un mode de faire d’une société et vers le mythe du « communisme ». Cohn-Bendit n’a fait que s’illustrer pendant cette période qui cloturait les 30 « glorieuses ».

        Sans mai 68, la France serait encore à l’âge de pierre, âge auquel on souhaite nous faire revenir.

        L’histoire ne se réécrit plus, elle se construit.

        Guaino nous a fait sa splendide langue de bois avec des distingo fort peu clairs dignes de l’interprétation et des phrases à double sens.

        Quand on sait que c’est lui tient la plume pour « parler au pape » et nous envoyer tout droit vers l’ancien régime, le mec « bien dans son apéro » n’est ni plus ni moins que le pourfendeur des idéaux d’une génération.

        Démolir est aisé, construire plus osé. Guaino et sa troupe de comiques sauront-ils construire une France meilleure pour nous et nos enfants ?

        Je n’y crois pas une seconde.

        Et qu’on le veuille ou non, mai 68 a marqué une génération. Au moins, celle-ci pouvait rêver à plus de libertés alors qu’aujourd’hui les rêves, on les brise méticuleusement à la racine.

        Dostoievsky avait raison : c’est dans la beauté que l’on peut trouver un souffle d’avenir pour l’homme.

        Pas dans les discours de vieux con en soutane, rolex et chevalière en or : le cadavre dont vous parlez, c’est celui de vos idéaux.

        A force de les avoir mis aux oubliettes, vous en oubliez que pour vivre mieux, l’homme doit nourrir des espoirs dans l’avenir.


      • Martin Lucas Martin Lucas 29 décembre 2007 09:18

        C’est bien sûr Mai 68 qu’on assassine en ce moment, mais on assiste à une démolition beaucoup plus inquiétante dans le même temps, celle des valeurs du Conseil National de la Résistance.

        Les revendications de Mai 68, qui se faisaient dans ce cadre là, paraissent d’autant plus « luxueuses » pour les néo-cons d’aujourd’hui qu’ils sont en train de casser l’arrière plan de ce mouvement.


      • meridien meridien 28 décembre 2007 16:29

        j’ai vu le dit débat at celà me confirme dans l’impression de + en + nette que vous engagez dans une voie à sens unique ,de partie pris manifeste et contre productif mais vous ne grugerez que les gogos et les avocats ne serviront de rien vous vous démasquez ; mais peu importe,je vois que vous êtes comme Bilger ,persona ’très grata’ par le ’médiateur


        • Jocrisse Jacques 28 décembre 2007 17:23

          B.DUGLE

          Décidément, vous écrivez des articles EXCELLENTS.

          J’ai vécu cette période et croyez-moi si vous voulez, je n’ai jamais vu venir le coup. J’avais 24 ans (j’effectuais mon service militaire) en mai 68 et je garde le souvenir d’une jeunesse heureuse sans avoir ,à aucun moment, ressenti le poids de cette chape de plomb si souvent évoquée. Pendant ma vie professionnelle, j’ai souvent évoqué le sujet avec beaucoup de collègues de ma génération. Rares sont ceux qui aspiraient à des changements profonds et qui n’ont pas été surpris par ce mouvement.

          Je précise que je suis issu d’un milieu modeste et que j’ai fait mes études dans une Ecole Normale d’Instit (je n’ai jamais enseigné ), milieu en principe favorable aux idées de progrès.

          Encore merci pour la qualité de vos articles !


          • Céphale Céphale 29 décembre 2007 09:54

            Je n’ai pas vu l’émission, et cet article me l’a fait regretter. Dans les événements de mai 68 (que j’ai vécus) et dans les changements politiques qui ont suivi, on trouve le meilleur et le pire. C’est pourquoi il est toujours intéressant de suivre un tel débat, surtout quand il est dirigé par Alain Fielkenkraut.


            • Céphale Céphale 29 décembre 2007 10:45

              La proposition « en infligeant une étrange défaite (clin d’œil à Bloch) à une gauche dépourvue de généraux... » est-elle d’Alain Fielkenkraut ou de Bernard Dugué ? En tous cas, je la trouve pertinente. Marc Bloch a montré comment la défaite de 1940 était inévitable face à un adversaire intelligent, très bien organisé, se moquant de tous nos principes moraux.


              • Bernard Dugué Bernard Dugué 29 décembre 2007 10:49

                Pour répondre à votre question, oui, c’est une touche personnelle que j’ai ajouté, pour renvoyer au texte introductif du billet évoquant la place de cette émission dans le contexte actuel. Le coup de la bibliothèque et du yacht c’est aussi un rajout personnel, pour traduire la pensée de Finkielkraut


              • jak2pad 30 décembre 2007 01:25

                Monsieur Dugué,

                Vous me rendez immensément triste, parce que vous êtes une incarnation de ce qui découle de 68, bien longtemps après : quelqu’un qui a (ou prétend avec une certaine immodestie,avoir...) un certain savoir. Qui n’a pas d’emploi bien défini, ni de perspective bien définie,ni d’autre plan que de résumer pour certains des émissions où d’autres ont parlé, et qui n’arrive pas à le faire de manière intéressante.

                Je me suis intéressé à cette époque de notre histoire, et je crois que le temps n’a pas encore fait son oeuvre, qui est un tri entre ce qui a de la valeur et ce qui n’est que du vent.

                J’ai l’impression, et même la certitude, que vous n’êtes que du vent, et je vous souhaite bonne chance et beaucoup de bonheur. A vous lire.... .


                • Marc P 30 décembre 2007 18:54

                  J’ai écouté l’émission... Et j’ai noté lorsque DCB a dit avec insistance et selon moi de l’élégance, jouant cartes sur table qu’il était ce que la plus part d’entre nous savons un grand bourgeois d’origine.

                  Je suis allé voir la courte biographie de Guaino sur Wikipedia, je pense que cela éclaire beaucoup le débat qui, évidemment ne pouvait pas avoir lieu... même si Finki n’a pas son pareil...

                  L’un sorte de « self made haut fonctionnaire »,comme Juppé a gravi tous les échelons pour approcher le et faire partie du pouvoir suprême en épousant étroitement le système...

                  L’autre, solidement épaulé par son frère n’a eu de cesse de faire évoluer les mentalités en interrogeant et critiquant l’héritage culturel et intellectuel de nos pères... avec n’oublions pas un regard au moins bi-culturel germano-français...

                  Marc P


                  • Emin Bernar Paşa 30 décembre 2007 20:53

                    vive dany le rouge vive le miracle du bosphore àbas guéneau le pétainiste


                    • meridien meridien 31 décembre 2007 14:25

                      je vous invite mr.dugué au c.v. impressionant de lire, au sujet de l’année 1968 et de ses ’mouvements’ l’excellent numéro du Courrier int. de cette semaine quand on lit votre article donnant ’guano’(sud-amérique) vainqueur aux points contre bendit. et quand on sait que le dit ’guano’..écrit les déclarations de son « SUR-Fifre » ,sarko qui veut supprimer ’l’esprit de mai 68..on est pris d’un doute..

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