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Accueil du site > Actualités > Politique > Haro sur les journalistes

Haro sur les journalistes

L’éviction d’Alain Duhamel met en lumière la crise dont souffre le journalisme, profession aujourd’hui aussi décriée qu’elle était encensée il y a encore trente ans. Alors, responsables mais pas coupables les journalistes ?

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Accusés de tous les maux, les pauvres journalistes ? Non, simplement de connivences avérées avec LE pouvoir, les pouvoirs en place, ils font donc l’objet des mêmes critiques que les hommes politiques. Ne pas parler des vrais problèmes, ne pas poser les questions qui fâchent, autoriser les petits arrangements entre amis, passer sous silence les informations qui dérangent. Nous tous, journalistes, avons été confronté à ces petits renoncements, ces minuscules lâchetés : accepter de déjeuner avec un ministre, un chef d’entreprise, puis partir dans le même avion « pour mieux comprendre son projet », et dîner avec lui ou elle, le soir. Accepter de faire relire une interview (il y a peu, Le Monde précisait en bas du texte « article amendé à la demande de ... », bizarrement la mention a disparu). Il n’y aurait plus de relectures des interviews au Monde  ? Je ne le crois pas, malheureusement. Ce genre de dérive existe depuis bien longtemps également dans la presse people ou de télévision ; la moindre starlette de seconde zone passée deux fois en prime time demande par l’intermédiaire de son attachée de presse à relire son interview... Au cas où elle aurait parlé trop durement de son caniche nain... On sombre dans le ridicule.

Les émissions de débats, ces foires d’empoigne spectaculaires parfois, utiles et informatives surtout, ont également disparu. De L’Heure de vérité du regretté François-Henri de Virieu, à Droit de réponse de Michel Polac, les hommes politiques se pressaient pour faire partie du show. Mais le nivellement idéologique, la logique publicitaire, la force des groupes privés ont peu à peu aseptisé, puis tué le débat. Maintenant, on vient chez Ruquier, Ardisson ou chez son clone énervé, Fogiel. medium_images-3.jpeg

Journalisme à l’américaine
Le modèle américain est passé par là bien sûr et, après avoir vu Fabius se faire ridiculiser par Chirac (« vous parlez au Premier ministre de la France »), ou Mitterrand narguer en direct le même Chirac (« je vous le dis dans les yeux »), les fameux conseillers en communication ont décidé qu’il était urgent d’arrêter les frais et d’adopter illico le modèle des confrontations à l’américaine. On assiste donc maintenant à des débats grotesques, avec des personnalités côte à côte et non plus face à face, (la peur du regard qui tue sans doute). Celles-ci se contentent de répondre sagement à des questions choisies par leurs équipes et sagement posées par des journalistes triés sur le volet... Et maintenant par les fameux panels représentatifs :« Alors Josiane, une question sur les retraites pour M. Le Pen peut-être ? ». Tout cela est évidemment sans danger aucun pour les politiques, sans intérêt non plus, même si ces émissions font un carton sur TF1. Miroir, mon beau miroir...

TF1 l’aseptisée
TF1, depuis sa privatisation, achetée par le groupe Bouygues, a beaucoup contribué à cette aseptisation des esprits. L’une des rédactions les plus choyées de France, où l’on est très bien payé, est aussi l’une des plus dociles. Elle est cornaquée de main de maître par le clan des « anciens d’Europe 1 », Mougeotte, Nahmias, Villeneuve,. Le seul manquant à l’appel, Carreyrou, a été exilé sur Odyssée à la suite de l’engagement un peu voyant de la chaîne pour Balladur en 1995. Car TF1 sait comment prendre position sans jamais le dire explicitement à l’antenne... Mais attention, ils ne sont pas les seuls. Europe 1, propriété du groupe Lagardère, tout comme Paris-Match, ou Le Journal du Dimanche (sans parler de tous les autres titres) ne sont pas connus pour leur indépendance d’esprit vis-à-vis du pouvoir. Seule exception ? Elle est de taille : la couverture de Match consacrée à Cécilia Sarkozy et à son amant. Une couv’ signée d’un G comme Genestar, ex-patron de la rédaction, qui paya de sa place cet excès d’indépendance que d’aucuns n’avaient jamais aperçu dans sa carrière journalistique. medium_images-1.2.jpeg

La presse sous contrôle
Le Figaro, longtemps propriété de Robert Hersant, « votait » systématiquement à droite, c’était connu, tout comme Le Monde votait à gauche. Mais les chaînes du service public formatées à l’image de TF1, l’arrivée de M6 sur le même modèle aseptisé que TF1, ont considérablement rétréci l’espace dévolu au débat, aux échanges directs et aux vraies questions. A tel point que pour lire des révélations, des informations vraiment inédites, (hors quelques exceptions dans le Point, l’Express ou Marianne) il faut acheter les livres de journalistes trop contrôlés ou trop occupés pour écrire dans les magazines ou tourner des reportages pour la télévision. Les sujets plus audacieux ou plus critiques sont souvent refusés ou réécrits et les journalistes motivés se consacrent donc finalement à l’édition ou... à la pêche à la ligne. Mais le bon peuple, bien qu’un peu abruti par les jeux, les talk-shows de blondes et les blagues lourdes de Cauet, s’est aperçu de la mascarade. Et il sanctionne maintenant de la même main politiques et journalistes.

Quel cinquième pouvoir ?
medium_images.4.jpeg Alors faut-il pour autant passer la main à ce « cinquième pouvoir » dont certains (comme Agoravox) réclame l’avènement ? Doit-on chanter «  Au journalisme citoyen » sur l’air de la Marseillaise  ? Et donner toute la parole au peuple, à la base, à ceux qui osent poser les vraies questions ?
A mon avis, tout cela ressemble à un cataplasme de grand-mère sur la jambe d’un brûlé au napalm. Parce que le journalisme est un métier qui requiert apprentissage, entraînement, contrôles et corrections. Un métier transmis par de bons pros à d’autres bons pros. Alors bien sûr il y a des médiocres, mais comme dans tous les métiers, pas plus, pas moins. Quelques escrocs, quelques vendus qui s’épanouissent dans le système. Mais aussi et surtout de bons professionnels qui n’aspirent qu’à bien faire leur métier dans une rédaction indépendante des pouvoirs, et pas seulement du politique. Car la puissance de l’argent, à travers la pub, pèse au moins aussi lourd que le pouvoir politique. Qu’il faille réformer ce métier, lui redonner ces lettres de crédit professionnel, s’éloigner des pouvoirs pour retrouver les racines de l’information, aucun doute. Mais une vaste entreprise... pour tous ceux qui ne demandent qu’à y croire un peu plus et qui ont plein de bonnes questions en réserve. D.A.


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26 réactions à cet article    


  • (---.---.37.71) 26 février 2007 11:23

    Pff, toutes les chaine de télé du service public sont à gauche, voir à l’extréme gauche (mamére, militant Maoiste en vient !) France 2, 3, Arte, Canal plus, que des chaine de gauche, avec des journalistes de gauche ! Il faut arreter d’être con un moment, hein ! La société n’est pas à droite parce qu’elle regarde TF1, c’est parce qu’elle est de droite qu’elle regarde TF1 et fuit vos chaines débiles de gauche, avec ses journalistes millionaires vivant sur le dos du peuple qui donne leur opinion sur le partage des richesses, et ses séries sur les gentils immigrés et les méchants patrons..

    Ensuite, le journalistes sont le pouvoir, et c’est normal qu’ils soient critiquer pour tous ce qu’ils ont fait : immigration, droit au logement, devoir de mémoire et autre repentance, sans papier, exaltation du laxisme, négation de l’insécurité, insulte des victimes de l’immigration, du droit àla différence, du refus de l’assimilation, politique débile de relance keynessienne, silence sur la francisque, sur Mazarine, etc.. etc.. Bref, ils sombrent avec la politique socialo-communiste qu’ils ont fanatiquement défendu.


    • RemiZ (---.---.178.10) 26 février 2007 11:40

      Pour parler du modèle Américain : un journaliste dont le nom m’échappe avait révélé au Newsweek que les Etats-Unis financaient des rébellions en Amérique du Sud grâce à du commerce avec des trafiquants de drogue qui revendaient à Los Angeles (si mes souvenirs sont exacts). Il révélait ici un des plus grands scandales politiques de tous les temps : les EU financant la drogue dans leur propre pays !!!

      Ce journaliste fut viré, et travaille aujourd’hui dans un anonymat insultant, pour lui qui avait fourni de si bons résultats. L’affaire, elle, fut médiatiquement engloutie par l’affaire Lewingsky (que je ne sais pas orthographier...).

      C’est malheureusement le prix de la liberté journalistique, et je ne pense pas que la France soit bien différente des EU aujourd’hui dans ce domaine...


      • RemiZ (---.---.178.10) 26 février 2007 13:33

        D’ailleurs, parlons-en à Robert Denis et le juge Van Ruymbeck...


      • ZEN zen 26 février 2007 11:42

        Sur les relations incestueuses et souvent souterraines entre un certain monde des media et celui des affaires et du pouvoir(en connivence trés souvent), la lecture de la petite étude de Serge Halimi :« Les nouveaux chiens de garde » reste toujours d’actualité.. ;


        • ZEN zen 26 février 2007 11:49

          @RemiZ

          Oui, vous avez raison de souligner qu’il y a quelques journalistes courageux aux USA. Je pense que vous vous référez aux cas qu’évoque N.Borjesson dans Blacklist(coll.10/18), qui est un admirable écrit de résistance dans le monde des media US « under control ».



        • Forest Ent Forest Ent 26 février 2007 12:10

          Structure capitalistique des médias français, administrateurs, liens industriels, quelques liens avec le pouvoir politique :

          http://forestent.free.fr/

          Gratuit, non sponsorisé. smiley


          • (---.---.37.71) 26 février 2007 12:18

            Et n’oublions pas aussi les liens entre service public et Etat.. Non seulement les chaines de radio,de télé, l’Humanité, mais aussi l’éducation natioanle, qui permet un lavage de cerveau de masse au Marxisme Léninisme.


          • ZEN zen 26 février 2007 12:11

            On peut toujours s’instruire en allant faire un tour par là :

            http://forestent.free.fr/sarko.html


            • ZEN zen 26 février 2007 12:13

              Désolé, Forest, on s’est croisé. Ton site est épatant.Mon lien va peut-être fournir un accès plus direct.Amicalement.


            • Bill Bill 26 février 2007 12:12

              « Si brave donc vous êtes, que vous avez charge des bêtes ? »

              Cette ruse des tyrans d’abêtir leurs sujets n’a jamais été plus évidente que dans la conduite de Cyrus envers les Lydiens, après qu’il se fut emparé de leur capitale et qu’il eut pris pour captif Crésus, ce roi si riche. On lui apporta la nouvelle que les habitants de Sardes s’étaient révoltés. Il les eut bientôt réduits à l’obéissance. Mais ne voulant pas saccager une aussi belle ville ni être obligé d’y tenir une armée pour la maîtriser, il s’avisa d’un expédient admirable pour s’en assurer la possession. Il y établit des bordels, des tavernes et des jeux publics, et publia une ordonnance qui obligeait les citoyens à s’y rendre. Il se trouva si bien de cette garnison que, par la suite, il n’eut plus à tirer l’épée contre les Lydiens. Ces misérables s’amusèrent à inventer toutes sortes de jeux si bien que, de leur nom même, les Latins formèrent le mot par lequel ils désignaient ce que nous appelons passe-temps, qu’ils nommaient Ludi, par corruption de Lydi.

              « Le Discours de la servitude volontaire » de la Boëtie est téléchargeable sur wickypédia

              Bill


              • CAMBRONNE CAMBRONNE 26 février 2007 12:14

                BONJOUR A L’AUTEUR et merci pour cette mise au point .

                Ayant quelques année derrière moi , comme beaucoup d’entre nous j’ai vu évoluer la presse écrite et télévisée .

                A mon avis il n’y a rien de nouveau sous le soleil .Les gens de gauche trouvent que les médias sont à droite et vendus au capitalisme en se référant aux propriétaires de journaux , les gens de droite disent que c’est l’inverse en se référant à ce qui est diffusé .

                Je crois que toute la différence est là : Nous avons quand même des journalistes libres de s’exprimer et qu’il est un peu léger de parler de presse à la botte des pouvoirs .

                Tout le monde rève d’une presse soumise . Aux US c’est le travail des lobbies qui est primordial . Le lobbying est officiel et chacun peut faire le sien ce qui équilibre la donne .

                L’Auteur nous parle des livres écrits par les journalistes et je suis d’accord avec lui c’est à l’heure actuelle le meilleur moyen d’avoir de l’information détaillée sur un sujet traité souvent rapidement et mal .

                Le cinquième pouvoir montre régulièrelent ses limites y compris sur Agoravox . Il y a de l’excellente information sur ce site et c’est un bon complément surtout grace à la possibilité de répondre et d’enrichir une info ou de la dégonfler .

                Le PB de ce média est l’incontrolabilité des intervenants qui ne sont pas responsables de ce qu’ils écrivent à la différence des journalistes pros qui ont des comptes à rendre .

                Salut et fraternité .


                • TB (---.---.21.162) 26 février 2007 12:27

                  Cela me fait penser que le sondage Avox "Pensez-vous que la suspension du journaliste de France 2 et de RTL Alain Duhamel soit :
                  - justifiée
                  - injustifiée « ... est un sondage d’esprit totalitaire. Il exclut la réponse »Duhamel rien à fiche« ou »autre« ou »sans réponse". Du coup je ne vote pas sur ce sondage. Pourtant j’ai ma petite opinion sur la question. Je vais quand même faire un tour sur Wikipédia voir comment est défini Duhamel.


                  • senso (---.---.164.101) 26 février 2007 12:44

                    Tout à fait d’accord, TB ! Je me suis fait la même réflexion. Mais le site internet du Monde était coutumier de ce genre de sondages orientés (je n’ai pas regardé dernièrement si cette tendance s’est infléchie ou non), totalement totalitaires. Normal, ces journalistes finissent par penser tous de la même manière. Je ne crois même pas que ce soit volontaire de leur part ; ils n’envisagent pas d’autre réponse, étant complètement « dans le moule ».

                    En effet, que peut bien nous faire le cas de Duhamel, cet « expert » autoproclamé du microcosme télévisuel ?

                    Le problème, c’est que les journalistes se croient souvent très indépendants et originaux, mais ils font partie du « système » ... et que nous sommes tous des accros aux « news » ! Retournez un peu votre télévision contre le mur pendant une semaine. Vous ne vous en porterez que mieux ! Idem avec internet.

                    La vraie vie est ailleurs, disait Rimbaud...


                  • TB (---.---.21.162) 26 février 2007 13:20

                    De retour de Wikipédia, Duhamel dit du mal de Ségo avant de dire, ensuite, du bien de Bayrou.

                    C’est donc effectivement nous prendre pour des cons de nous demander si son éviction est justifiée ou pas justifiée car cela implique que la gauche, le centre (? !) et la droite sont bien cloisonnée dans notre esprit. Quand on sait que, de gauche à droite, toute cette oligarchie qui les regroupe tous (leaders politiques, décideurs économiques, journalistes, patron de presse, leaders syndicaux) se réunit un mercredi par mois dans des clubs fermés au public comme le Siècle (ou l’IFRI) ... on ne tombe plus (ou pas) dans le piège.


                  • TB (---.---.21.162) 26 février 2007 14:02

                    Quelques membres du Siècle :
                    - Martine Aubry
                    - Claude Bébéar
                    - Pierre Bilger
                    - Thierry Breton
                    - Emmanuel Chain
                    - Jean-Pierre Chevènement
                    - Bertrand Collomb
                    - Jean-Marie Colombani
                    - Jean-François Copé
                    - Michèle Cotta
                    - Anne-Marie Couderc (Hachette Filipacchi Médias)
                    - Bertrand Eveno
                    - Laurent Fabius
                    - Franz-Olivier Giesbert
                    - Élisabeth Guigou
                    - Claude Imbert
                    - Odile Jacob
                    - Philippe Jaffré
                    - Denis Jeambar (L’Express)
                    - Laurent Joffrin
                    - Serge July
                    - Bernard Kouchner
                    - Étienne Lacour
                    - Maurice Lévy (Publicis)
                    - André Lévy-Lang
                    - Jean-Marie Messier (ancien membre)
                    - Alain Minc
                    - Nicole Notat (Vigeo)
                    - Michel Pébereau (BNP Paribas)
                    - Patrick Poivre d’Arvor (TF1)
                    - Alain de Pouzilhac (Havas)
                    - David Pujadas (France 2)
                    - Édouard de Rothschild
                    - Nicolas Sarkozy
                    - Louis Schweitzer (président du conseil d’administration de Renault)
                    - Ernest-Antoine Seillière
                    - Anne Sinclair
                    - Dominique Strauss-Kahn
                    - Marc Tessier (ancien président de France Télévisions)
                    - Jean-Claude Trichet
                    - Hubert Védrine

                    Je serai fort étonné qu’un Duhamel ou qu’un Bayrou ne fréquentassent point le Siècle (ces noms sont donnés par Wikipédia). Wikipédia indique aussi à « Trilatérale » le nom de Bayrou au-dessus de celui de Bush. J’avais donné le lien (seulement le lien, je précise, pas la liste comme ici) vendredi dans l’article en Une de vendredi, il a été supprimé aujourd’hui. Dommage il était à +13 (pour une fois !). Je verrais combien de temps « tient » ce commentaire ...

                    Vous avez aussi les membres des conseils d’administration des grands groupes ...


                  • D.Artus (---.---.210.28) 26 février 2007 14:22

                    Il est évident que l’appartenance à un club de « décideurs » rapprochent les hommes et les points de vue... Mais ce n’est pas toujours une mauvaise chose. La première mission du journaliste est de rapporter de l’info. En participant au Siècle, on entend sans doute des secrets intéressants...Encore faut-il ensuite avoir le courage de les diffuser dans son media... L’indépendance journalistique passe par là.


                  • Bertrand C. Bellaigue Bertrand C. Bellaigue 26 février 2007 12:40

                    A D. Artus

                    Cher confrère, dans l’ensemble vous avez raison. C’est exactement ce que j’ai écrit dans deux de mes livres publiés récemment ( cf sur google.com chercher Bertrand C. Bellaigue) .

                    Toutefois vous avez tort de généraliser. Nous sommes actuellement au moins 36 000 journalistes des trois sexes dans la profession. L’énorme mjorité d’entre eux font honnêtement et correctement leur travail.

                    Il est vrai de dire que notre métier est décrié - souvent injustement. Pourquoi ? C’est simple. Après avor fait rêver ( avec Kessel, Hemingway , Rouletabosse et compagnie ), on a envié tous ces gens qui « vivaient de leurs aventures dans les palais de la république et les hotels internationaux » , puis , comme de coutume, on les a détestés et, pourquoi pas , hais, et maintnant calomniés.. Et l’on voudrait se mettre à leur place et « briller » comme on s’imagine qu’il brillent. .

                    Mais il est vai qu’une réforme s’impose dans certains esprits et même - sans nommer personne - dans des écoles techniques professionnelles qui ne sont pavenues - le plus souvent - qu’a fabriquer de potentiels rédacteurs et chef et des « clones » socio-politiques. Peu importe qu’on soit de droite ou de gauche puisqu’on a eté dressés a adopter le même comportement à l’égard du pouvoir, quel qu’il soit.

                    J’oubliais, dans un univers dns lequel les medias sont "normalisés par le grand capital, il n’est jamais sûr de ne pas être viré après voir c vessé de plaire.

                    C’est pourquoi la règle de l’Associated Press est respectable :

                    Dans le cadre du métier : Ne jamais acceptet aucune faveur, aucun présent, aucune invitation à déjeuner ou dîner, toujours payer ses frais de deplacemnt et de voyage. Ne jamais être l’invité. Ne jamais copiner avec son interlocuteur. Ne jamais écrire de papiers de complaisance.

                    Tout cela est aussi valable pour le journalisme classique et que pour celui des « rédacteurs-citoyens »

                    Bertrand C. Bellaigue


                    • vienne (---.---.12.242) 26 février 2007 12:50

                      Cela fait bien longtemps que je ne regarde plus Fr 2, 3, Arte et Canal +, mais pour autant je ne regarde pas non plus Tf1 et les autres ...sauf exceptionnellement pour certaines émissions comme C dans l’air.

                      J’ai ma propre sélection de journaux, de blogs et forums sur Internet pour m’informer, ceux qui ont su se garder de tout sectarisme primaire et qui fournissent un travail d’analyses travaillées et réfléchies. Il n’y a rien de plus détestable que des journalistes qui essaient de nous vendre leurs convictions personnelles.

                      Combien de fois j’ai constaté l’agressivité, la désinformation, le découpage des reportages pour tenter d’influencer les spectateurs ! Pour ne citer qu’un exemple flagrant : l’histoire du mot « racaille » soigneusement découpé du contexte et monté en épingle pour discréditer un homme politique.

                      La différence du comportement de certains journalistes face aux politiques est parfois tellement flagrante qu’il est difficile de ne pas éteindre rageusement le post. Il n’y a pas que les politiques et leur langue de bois d’énarques, les journalistes eux mêmes ont une grande responsabilité du dégoût et de la désaffection qu’ils suscitent. Agoravox est très inégal dans les choix de ses rédacteurs, mais il y a de temps en temps quelques contributions de grande qualité.


                      • (---.---.141.237) 26 février 2007 15:47

                        Les médias voudraient imputer à la seule télévision la responsabilité du discours de régression sociale et sécuritaire qui a dopé le score du Front national. Mais Le Pen a eu d’autres alliés que les seuls Jean-Pierre Pernaut de TF1 et Daniel Bilalian de France 2.

                        Comme le chef du FN l’a admis lui-même, c’est l’ensemble des médias qui lui a fait la courte échelle : « Les hommes politiques, les journalistes et les politologues parlent un langage qui n’est pas très éloigné du mien, quand il ne le recouvre pas, voire le dépasse. Je me suis normalisé puisque tout le monde parle comme moi. » (France Inter, 16.04.2002).

                        Malgré des discours « citoyens » et « républicains » tenus devant les caméras, les patrons qui plastronnent ont tout de suite compris l’intérêt qu’ils pouvaient tirer d’une telle situation. Un de leurs journaux, le Financial Times, a expliqué le 25 avril 2002 : « Les responsables des milieux d’affaires français ont demandé hier aux hommes politiques d’utiliser le trouble provoqué par la victoire électorale de l’extrême-droite dimanche dernier pour introduire des réformes radicales, économiques et constitutionnelles. »

                        Pour vendre leur torchon, pour fouetter l’audimat, conquérir des marchés publicitaires ou complaire à leurs actionnaires, les médias ont colporté la peur à coup de manchettes criardes, d’articles et de reportages sur la « violence » et la « délinquance ».

                        ...Simultanément, ils couvraient d’un silence plein de mépris les victimes de la violence économique et de la délinquance patronale. « Il y a du chômage, on en a pas parlé pendant la campagne », couinait dans une émission de téléachat Edwy Plenel, directeur de la rédaction du Monde (LCI, 27.04.2002).

                        Car ces pyromanes de l’« insécurité » ne maîtrisent plus la flamme qu’ils ont alimenté. Ils voudraient à présent vendre plus de papier et plus d’audimat encore en affectant d’être désolés de la montée de l’extrême-droite. Habiles à apaiser leurs consciences, les médias déploient une pédagogie anti-FN dont Libération a fourni le modèle (génial).

                        Un article présentait les dangers du programme du FN en ces termes : « Adieu la paire de basket made in Tunisie à 22 € ou le jean made in China à 30 €, achetés en grande surface » (Libération, 25.04.2002)

                        Ces journaleux qui hier encore affirmaient : « Personne n’envisage sérieusement que MM. Chirac et Jospin ne se retrouvent pas face à face au second tour. » (Le Monde, 19.04.2002) ou caquetaient que « Jacques Chirac et Lionel Jospin sont assurés du second tour. » (Serge July, Libération, 16.04.2002) donnent des leçons de morale civique en stigmatisant la « frivolité », « l’insoutenable légèreté » et la « désinvolture démocratique » de ceux qui n’ont pas voté pour les candidats des médias (Laurent Joffrin, Le Nouvel Observateur, 25.04.2002).


                        • Reinette (---.---.153.169) 26 février 2007 16:23

                          Pour un journaliste, l’impertinence, c’est la flatulence !

                          En effet, les médias qui ont alimenté le FN et ses combats ne sont PAS SEULEMENT constitué par les responsables de droite, Le Figaro, RTL et TF1 ; c’est aussi le Parti Socialiste et ses alliés, des radios comme France Inter ou France Culture et des périodiques prétendument « citoyens » ou « de gauche » comme Le Monde, Libération, ou Le Nouvel Observateur.

                          Tous disposés à mentir ou à se courber pour favoriser les patrons et le « modèle américain » (guerre permanente aux pauvres du monde, prisons pour les pauvres d’Amérique, ...).

                          Quand aucun crime ou chapardage de téléphone portable ne défraie la chronique, chacun a compris que les journaux ouvriront sur le sport ou sur la météo. C’est le « système Jean-Pierre Pernaut », très largement plagié, qui a garanti les succès d’audimat du journal de 13 heures de TF1.

                          Par exemple :

                          1) France Inter, le 30 octobre 2001 : alors que des B52 américains pilonnent l’Afghanistan, 10 des 30 minutes du journal de France Inter sont consacrées au « temps exceptionnel qu’il fait en France ».

                          2) Radio France, le 31 octobre 2001 : quand la multinationale Alcatel annonce le licenciement de 10 000 salariés, l’information est évacuée au journal de 8 heures en quelques secondes.

                          3) En 2001, les radios du service public mélangeaient sans vergogne les événements de New York et les faits divers français. En l’espace d’une semaine, France Inter a décliné 3 émissions spéciales autour de cet amalgame :

                          « Le téléphone sonne » du 26 octobre 2001 interroge : « Islamisme et intégration : il y a-t-il ou pas un effet Ben Laden dans les banlieues ? »

                          4 jours plus tard, « Le téléphone sonne » fait grésiller ce sommaire provocateur : « Sécurité ou liberté : jusqu’où peut-on aller pour combattre la délinquance et la menace terroriste ? »

                          Le lendemain, l’émission « Respublica », confiée à Pierre Le Marc, un clone d’Alain Duhamel, permet à Charles Pasqua, cet homme intègre, d’épancher une montée de bile : « Il faut que la peur change de camp. [...] Ceux qui font si peu de cas de la vie humaine, qui n’hésitent pas à kidnapper des enfants et à les assassiner, à torturer des personnes âgées et à les assassiner, savent en définitive qu’ils ne risquent rien. Ils sortiront au bout de dix ans. Voilà la réalité. Et moi je dis : il faut au moins qu’ils aient la menace du châtiment suprême. »

                          Interrogé par Télérama (9.12.1998), Jean-Pierre Pernaut avait livré sa philosophie de l’information :

                          « Le 13 heures est le journal des Français, qui s’adresse en priorité aux Français et qui donne de l’information en priorité française. Vous voulez des nouvelles sur le Venezuela ? Regardez la chaîne vénézuelienne. Sur le Soudan ? Regardez les chaînes africaines. Le journal de 13 heures de TF1, c’est le journal des Français. »

                          Le « système Jean-Pierre Pernaut » la vraie garantie d’audimat de votre journal !


                        • bird (---.---.111.59) 26 février 2007 17:30

                          En France c’est bien connu il y a 60M de journalistes avec autant de désacords et de critiques.


                          • Ar Brezonneg (---.---.43.119) 26 février 2007 20:16

                            Les journalistes ???? Les journaux ? Bof !

                            Il y a quelques annéees j’ai été « intewievé » par des journalistes d’un quotidien régional bien connu.... L’article, ou plutot les articles racontaient des arguments que je n’avais jamais proférés ! Et en plus c’était le contraire de ce qui avait été dit !!!! Le journaliste contacté -très gêné !- m’a avoué que c’était sa rédaction qui avait « bricolé » certaines déclarations qu’il m’avait imputées ! Ce jour là j’ai compris que ce journal qui plône certaines valeurs humanistes n’était en fait que malhonn^te ! Le résultat c’est qu’apres il a été boycotté par moi, et mes collègues !


                            • senso (---.---.186.127) 27 février 2007 00:00

                              Tout à fait vrai. Mais ça, le grand public ne le sait pas.

                              Tous les journalistes ne sont pas comme ça, mais beaucoup. Il faut aller dans les coulisses. Un jour, j’ai vu un journaliste dans une rédaction être tout miel, tout doucereux avec une interlocutrice au téléphone et à peine avait-il raccroché qu’il a proféré ces mots : « Oh, putain, celle-le là, j’vais me la faire ! », autrement dit : il allait l’assassiner dans son article...

                              Les directions des journaux envoient de jeunes journalistes sur le terrain et ensuite réécrivent les papiers s’ils ne vont pas dans le sens qu’ils souhaitent. Vous pouvez donc avoir face à vous un interlocuteur parfaitement sincère et honnête et au-dessus de lui, un rédac chef, dans sa tour d’ivoire, qui plaquera ses préjugés, ses stéréotypes par-dessus le travail de l’homme de terrain. Ces jeunes journalistes finissent par devenir de vieux cyniques s’ils veulent prospérer dans le métier et ressembleront vite alors à leurs aînés...

                              Allez faire un tour dans une rédaction de grand journal : la pression y est considérable, l’ambiance y est tendue, c’est étouffant, la plupart des gens se détestent les uns les autres, sont à couteaux tirés. C’est un peu comme chez les flics : à force de ne voir que l’aspect le plus sordide de la société, à regarder les chiens se faire écraser, à côtoyer la lie, à voir le monde comme une poubelle, à relater les pires nouvelles, ces gens-là deviennent le plus souvent complètement désabusés, affreusement cyniques. Il n’est pas besoin de dire qu’ils sont hyper critiques. Certains, même, suent la haine. Et puis, pour « parvenir », beaucoup se compromettent, jouent double-jeu, font ami-ami avec les notables, etc.

                              Pour être objectif, je dirais que dans les rédactions de journaux de province, c’est moins pire... Il y en a même qui, oui, sont sympa. Mais je n’irais pas jusqu’à dire que j’ai rencontré des journalistes heureux...

                              Dur métier !


                            • D. Artus D. Artus 27 février 2007 09:36

                              Vous exagérez ! Il existe des journalistes contents de faire leur métier et toutes les rédactions ne fonctionnent pas comme vous le dites, heureusement... Mais il est vrai que des dérives multiples donnent de plus en plus souvent cette image négative à notre profession. Il y a donc du boulot pour corriger ces errements et cette mauvaise image.


                            • Senatus populusque (Courouve) Courouve 3 décembre 2007 14:40

                              La qualité de l’expression des journalistes est en baisse constante (syntaxe, liaisons). Mais aussi la rigueur de la pensée.

                              Exemple récent d’une belle absurdité par Yves Calvi :

                              « C’est pas une phrase sortie de son contexte, il l’a prononcée. » (C’est dans l’air, 2O/11/07).

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