Hollande : dur à cuire ou fier-à-bras
Dans son duel télévisé, jeudi soir, face à Alain Juppé, François Hollande est apparu sûr de lui et arrogant. Au point de ressembler à celui à qui il souhaite succéder le 6 mai prochain.

Son image de grand méchant mou lui collait trop à la peau. Y compris dans son propre camp. Montebourg l’a surnommé « Flamby », Fabius « Monsieur petites blagues » et « Fraise des bois », l’ex-plume de l’ex-premier ministre, Guillaume Bachelay, « Guimauve le Conquérant ». A droite, ce n’est bien sûr pas mieux. Sarkozy l’appellerait « le petit » en privé, élément de langage repris sur i-Télé par Estrosi. Chatel, quant à lui, l’avait qualifié de « Babar ».
Conscient de cette fragilité, désireux qu’elle ne se transforme pas en talon d’Achille, Hollande a décidé de jouer les durs pour montrer qu’il avait bien la gueule de l’emploi. Il a choisi un autre dur comme faire valoir. Plus exactement, un ex-dur sur le retour : Alain Juppé. C’était hier soir sur France 2 lors de l’émission « Des paroles et des actes ».
Le revers de la médaille, dans ces cas-là, c’est de forcer le trait au risque d’en rajouter. Un écueil que n’a manifestement pas su éviter le candidat socialiste. Tout à leur surprise de découvrir un Hollande sûr de lui, et haussant le ton face à Juppé, l’ex-"meilleur d’entre nous", certains journalistes ont crié ce matin à sa victoire aux poings sur le ministre des affaires étrangères.
Certes, Hollande s’est montré cinglant sur le bilan de "Sarko" (comme s’est laissé à l’appeler Juppé), que Juppé a mollement tenté de sauver des eaux en défendant quelques réformes que le PS n’avait pas contestées. Paradoxalement, comme si c’était pour lui un brevet d’honorabilité. Mais l’ex-premier secrétaire du parti socialiste s’est surtout montré impoli, coupant à moult reprises la parole à son aîné, et arrogant en se comportant comme s’il était déjà élu. Au point, qu’à la fin, un Juppé excédé lui a rappelé que le favori de janvier n’était jamais l’élu de mai. Ce qui fut souvent vrai. Mais faux en 2007, où le favori de janvier, un certain « Sarko », a bien été élu en mai.
Il n'en reste pas moins vrai qu'en voulant (sur)-jouer les durs à cuire, Hollande a pris le risque d'apparaître, avant-hier au soir, comme un fier-à-bras. L'impopularité de celui qui occupe déjà l'Elysée devrait l'inciter à ne pas trop renouveler l'expérience. Sinon, il finira par donner raison à Juppé.
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