Jack Lang se délie des instances du PS
Menacé d’exclusion des instances du parti s’il acceptait de participer à la mission sur les institutions que veut mettre en place Nicolas Sarkozy, Jack Lang a annoncé lui-même qu’il en démissionnait mercredi 11 juillet. Le député du Pas-de-Calais qui reste simple militant socialiste dénonce le caporalisme de François Hollande et l’ambiance délétère qui règne dans la direction du PS.
La meilleure défense, c’est l’attaque. Jack Lang, l’une des figures historiques et symboliques des années Mitterrand a choisi de claquer les portes. En homme libre qui a une haute image de sa personne, le député du Pas-de-Calais n’aime pas les diktats. Mêmes causes, mêmes effets. Après avoir dénoncé le management autoritaire du président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, JM Ayrault, et s’être de lui-même exclu du groupe, Jack Lang récidive avec François Hollande. Dans une interview au quotidien Libération du 12 juillet, il précise sans tomber dans le règlement de comptes, les raisons qui ont motivé sa décision.
"Le climat humain s’est détérioré au PS. Aujourd’hui, je ne me sens pas heureux dans cette maison. Je n’accepte pas le caporalisme." De façon très concise, en trois phrases tout est dit. Revenant sur son engagement dans les combats politiques, Jack Lang ne regrette rien, si ce n’est l’essentiel : l’absence d’attitude respectueuse des personnes de la part des dirigeants du PS.
L’autoritarisme est souvent un aveu de faiblesse. François Hollande et l’état-major du PS sont entre les lignes directement visés. Bien qu’officiellement le démissionnaire déclare ne rien reprocher au premier secrétaire, dans les faits, c’est tout le contraire. Jack Lang déplore notamment l’absence de reconnaissance de François Hollande auquel il aurait apporté son soutien à plusieurs reprises "dans des circonstances parfois très difficiles pour lui". Au-delà, le sectarisme des instances dirigeantes cacherait une absence d’autocritique et d’analyse.
A l’origine de la crise, le débauchage, pour ne pas dire le dépeçage organisé par l’Elysée. Contraint à réagir le PS et son premier secrétaire ont choisi la pire des méthodes, celle de la terreur. Sur le fond, la participation éventuelle à titre individuel de Jack Lang à une commission sur la réforme des institutions n’est pas en soi aussi révolutionnaire que les dirigeants socialistes ont bien voulu le présenter. Ne doit-on pas y voir l’occasion de se débarrasser d’un rival potentiel ? "Mitterrand, lui, n’avait pas peur de s’entourer de personnalités fortes", place au détour d’une phrase le député.
D’un revers de main, Jack Lang écarte l’accusation sous-entendue de ralliement au président de la République. "Je suis plus opposant que jamais. Il s’agit d’une mission pluraliste sur la rénovation des institutions. C’est l’un des combats de ma vie. Il n’est pas anormal que le pouvoir exécutif, avant de saisir le Parlement, veuille se forger une opinion et se tourne vers des personnalités qui ont une compétence en la matière. C’est quand même le président qui a le pouvoir d’initiative en matière de réforme institutionnelle. J’ajoute que ce n’est pas la première fois que des personnalités socialistes sont ainsi sollicitées. Quand Michel Delebarre a participé à une mission sur la laïcité créée par Jaques Chirac, personne n’a poussé les mêmes cris d’orfraie. De plus, j’ai été totalement loyal. Quand j’ai été approché par l’Élysée, j’ai aussitôt demandé l’avis de Hollande et Ayrault. Je n’ai pas agi en catimini. Et au moment où ils lancent indirectement une fatwa contre moi, je n’ai toujours pas donné ma réponse au pouvoir exécutif. C’est hallucinant !"
Quelques lignes plus loin, le professeur de droit constitutionnel enfonce le clou : "l’amalgame qui est fait entre l’entrée dans un gouvernement et l’acceptation d’une mission transparente est inacceptable". La méthode toujours. On connaît le sort qui fut réservé à Robespierre. En attendant, dès ce matin sur les ondes de RTL, Jack Lang, enivré par sa liberté retrouvée appelait à une démission collective des instances dirigeantes du PS, "ce serait plus loyal, car le PS connaît une crise très grave".
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