Jacques Chirac propose une baisse de l’impôt sur les sociétés à 20%
Qu’est-ce qu’il est bon, Chirac ! A chaque cérémonie des voeux, il sort de son chapeau une série de mesures... qu’il aurait pu prendre depuis longtemps ! Aujourd’hui plus qu’hier et moins que demain peut-être... Que veut-il ? S’imposer en candidat naturel pour un autre quinquennat ? Montrer sa différence de fond face à Sarlozy ? Nous forcer à partager ses propres regrets ? SOS, FOG !
Les faits : lors des voeux des forces vives, le président a fixé pour objectif du prochain quinquennat de ramener l’impôt sur les sociétés de 33% à 20%, et a souhaité voir créée une « sécurité sociale professionnelle ».
Baisse drastique de l’impôt sur les sociétés, meilleure répartition des recherches entre salariés et actionnaires, création d’une « sécurité sociale professionnelle », adaptation au nouveau modèle économique, celui du développement durable... Jacques Chirac a un programme pour les cinq années à venir. Pourtant, le discours qu’il a prononcé jeudi 4 janvier, en fin de matinée, devant les forces vives à l’Elysée, n’était ni une déclaration de candidature, ni un passage de témoin, jurait-on dans son entourage.
Le chef de l’Etat s’est donc livré à un exercice politique encore non identifié lors des traditionnels voeux aux syndicats, patronat et monde associatif réunis à l’Elysée. « Mon intention, aujourd’hui, n’est pas de revenir longuement sur ce qui a été fait », a-t-il prévenu d’emblée, évacuant la question du bilan après douze années passées à la tête de l’Etat.
Définir les priorités
Simplement, « alors que les Françaises et les Français vont être amenés à faire des choix décisifs pour l’avenir » les 22 avril et 6 mai, il entendait « dire dans quel esprit et avec quelles priorités la France devra poursuivre sa marche en avant ».
Car, apparemment, les programmes des différents candidats à la présidentielle, qu’il a soigneusement étudiés, selon son entourage, n’ont guère l’air de le séduire. « Il faut se garder des idéologies, des illusions : la réduction du temps de travail comme solution au chômage, la hausse des impôts plutôt que les réformes », a-t-il prévenu, jetant une pierre dans le jardin socialiste. Mais « il faut tout autant écarter la voie d’une France convertie au tout libéral, à la compression des salaires et au rétrécissement de la protection sociale ». Le président de l’UMP, Nicolas Sarkozy, risque de se sentir visé.
« La France a les moyens d’une bien plus grande ambition, d’une ambition qui lui ressemble », a plaidé Jacques Chirac. Et de dérouler cette ambition, en faisant des propositions parfois très précises.
Une « sécurité sociale professionnelle »
Il veut ainsi voir créée une « sécurité sociale professionnelle, nouvel instrument de combat contre le chômage et pour l’emploi » né de « la fusion de l’ANPE et de l’Unedic ». Elle aurait « quatre missions : le versement des allocations chômage, l’accompagnement personnalisé pour la recherche d’emploi, l’aide à la mobilité professionnelle et la formation tout au long de la vie » et constituerait « un véritable lien contractuel, faits de droits et d’obligations » qui « unira les salariés sans emploi et la sécurité sociale professionnelle », a-t-il expliqué. « Il reviendra aux partenaires sociaux, aux côtés de l’Etat, de gérer ce nouvel ensemble. »
Baisse de l’impôt sur les sociétés
Reprenant des accents de sa campagne de 1995, il a suggéré que les entreprises qui « distribuent autant à leurs salariés, sous forme de participation ou d’augmentation de salaires, qu’à leurs actionnaires » bénéficient « d’un taux d’impôt sur les sociétés réduit, de l’ordre de 10% ». De même, « lorsqu’un fonds d’investissement décide de revendre une entreprise, il faudrait lui imposer de reverser aux salariés une fraction significative de la plus-value réalisée, par exemple 20% ».
Après avoir fait de la baisse de l’impôt sur le revenu son cheval de bataille lors de la campagne de 2002, il préconise de faire passer le taux de celui sur les sociétés à 20% d’ici cinq ans.
« L’enjeu majeur des années à venir, c’est la concurrence fiscale entre les nations. Pour conserver nos entreprises et en attirer d’autres, c’est sur le taux de l’impôt sur les sociétés qu’il faudra agir. Il s’élève en France à 33%, près de huit points de plus que la moyenne européenne », a-t-il noté. « L’objectif doit être de le ramener à 20% en cinq ans. »
Une politique commerciale européenne
L’université française doit également devenir une « priorité budgétaire des cinq prochaines années, pour consacrer à nos étudiants autant que le font les autres grandes nations, soit 30% de plus qu’actuellement ».
En matière européenne aussi, Jacques Chirac a des idées : « il est temps » pour l’Union européenne « d’exercer sa souveraineté économique, avec la fixation d’une politique de change et la refondation de la politique de la concurrence pour tenir compte de la mondialisation », a plaidé jeudi Jacques Chirac. « Il est temps pour l’Union d’adopter une politique commerciale offensive, à armes égales avec les autres puissances. »
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