« L’usure des citoyens » et les élections régionales
Le médiateur de la République évoque la « société tendue » dans laquelle nous sommes. Un message aux candidats pour mars prochain ?
« Nous sommes dans une situation pré-insurrectionnelle ». Propos de François Bayrou, avant l’élection présidentielle de 2007. A l’époque, le candidat béarnais se faisait traiter de « Le Pen light » par Alain Minc... Trois ans après, à quelques jours des élections régionales, le Médiateur de la République, Jean-Paul Delevoye, offre un écho à la parole de François Bayrou. Rapport à l’appui. Bilan 2009 remis à Nicolas Sarkozy.
Le Médiateur de la République et ses délégués locaux peuvent être saisis par tout citoyen mécontent de l’administration ou des services publics au sens large. L’an passé, près de 76.300 réclamations enregistrées à travers la France (+ 16 par rapport à 2008). Plus de la moitié des demandes ont été "traitées". Le Médiateur de la République favorise le règlement des litiges à l’amiable. Ces « dossiers » révèlent le désarroi du peuple.
Jean-Paul Delevoye perçoit une « société en tension et en usure psychique ». Selon l’ancien ministre de la Fonction publique (de Jean-Pierre Raffarin), la citoyenneté court un danger car, partout, « la qualité des rapports humains se dégrade avec des montées d’agressivité ». Jean-Paul Delevoye pense qu’il est urgent de reconstruire un « vivre ensemble ». Les citoyens se sentent « ballottés », dit-il, par « d’incessants changements censés les avantager ». Une allusion claire aux réformes. Les citoyens sont aussi désorientés par un « vertigineux empilement de lois et de règlements », estime Jean-Paul Delevoye. Un propos qui cible l’inflation législative dénoncée jusque sur les bancs parlementaires de l’UMP. Le rapport du Médiateur souligne une double souffrance sociétale : les fonctionnaires, qui ont du mal à faire leur travail, sont autant à la peine que les citoyens qui se plaignent d’eux ! Et la crise économique creuse le malaise.
Dans un entretien au journal Le Monde, Jean-Paul Delevoye estime à « 15 millions le nombre de personnes dont les fins de mois se jouent à 50 ou 150 € près ». Extrapolation ? Lepénisation light, comme dirait Alain Minc ? Non, bien sûr ! Il suffit de lire les dernières études statistiques sur le chômage et la pauvreté, ainsi que les différents rapports des associations, quelles que soient leurs affinités politiques.
Plus que jamais, la politique a besoin de sens et de projets d’espoir. Plus que jamais, il faut de la volonté et de la compréhension, et cet élan vers l’Autre, avec un grand A pour remettre sur pied et à sa juste place l’administration du pays.
Cet élan, des candidats aux élections régionales le portent. Quel que soit votre choix, le premier tour de ce scrutin pour le "vivre ensemble", c’est le 14 mars.
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