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La campagne permanente

A peine trois ans après les élections présidentielles 2007, déjà, les médias et les hommes politiques n’ont plus que les échéances de 2012 en tête. C’est tôt, d’autant plus que nos dirigeants réagissent en menant une politique populiste et électoraliste, calquée sur les humeurs versatiles de la sacro-sainte opinion. Pour y remédier, pourquoi ne pas instaurer le quinquennat unique ?

Universités d’été d’Europe-Ecologie, rassemblement de La Rochelle, tergiversations sur une possible candidature d’Hervé Morin, débat sur la politique sécuritaire de Nicolas Sarkozy : la campagne des élections présidentielles 2012 est lancée, cela ne fait plus aucun doute. A un peu moins de deux ans des échéances, c’est tôt. Trop tôt. Alexis de Tocqueville disait dans le premier tome de "De la démocratie en Amérique" que dans les états électifs, à l’approche de l’élection et longtemps avant qu’elle n’arrive, les rouages du gouvernement ne fonctionnent plus. On peut sans doute combiner les lois de manière que l’élection s’opérant d’un seul coup et avec rapidité, le siège de la puissance exécutive ne reste pour ainsi dire jamais vacant ; mais, quoi qu’on fasse, le vide existe dans les esprits en dépit des efforts du législateur. (...) De son côté, la nation n’a les yeux tournés que sur un seul point ; elle n’est occupée qu’à surveiller le travail d’enfantement qui se prépare. Ce syndrome de la campagne permanente touche d’autant plus violemment la France depuis le passage du septennat au quinquennat.

Une offensive en vue de la présidentielle

Il est évident que l’offensive sécuritaire du gouvernement sur les Roms a des visées uniquement électoralistes. C’est ce que l’on est en droit d’espérer tout du moins, nous ne pouvons nous résoudre à croire que les hommes que nous avons élus en 2007 sont aussi stupides. Lorsque le ministre de l’intérieur Brice Hortefeux justifie l’expulsion déguisée en retour volontaire de centaines de Roms par l’explosion de la délinquance des étrangers roumains à Paris (+259% durant les dix-huit derniers mois), on ne peut croire que notre gouvernement, élu, démocratique, se complait à puiser ses "solutions" dans le registre de la facilité populiste, l’accent berlusconien en prime.

Lorsque Christine Lagarde se félicite des bons chiffres du chômage cet été alors que la réalité est tout autre, on ne peut envisager que la ministre de l’économie ment ouvertement, ce comportement ne peut être qu’électoraliste. En parallèle, les médias batifolent et papillonnent autour de la thématique qui va animer les deux prochaines années, les élections présidentielles.

Le pouvoir otage de l’opinion

A quoi bon élire un président de la république pour cinq ans, si au bout de trois ans et trois mois, ses faits et gestes ne sont dictés que par les humeurs versatiles de l’opinion ? Pis, avec la multiplication des échelons administratifs, il y a en France, environ une élection par an, ce qui revient à dire que notre pays vit une élection permanente.

Rééligible, le président n’est qu’un instrument docile dans les mains de la majorité. Il aime ce qu’elle aime, hait ce qu’elle hait, il vole au devant de ses volontés, prévient ses plaintes, se plie à ses moindres désirs : les législateurs voulaient qu’il la guidât, et il la suit : appliquée par Tocqueville aux Etats-Unis, cette phrase conserve pourtant tout son sens dans notre pays. Le gouvernement n’agit désormais qu’en vue de la réélection de Nicolas Sarkozy, s’agite à la moindre émotion éprouvée par l’opinion au risque de flirter avec l’incohérence et se refuse à mener des politiques novatrices, susceptibles de sortir la France du marasme qui guette.

Un mandat unique de cinq ans

Malheureusement, l’ambition étant inscrit dans l’ADN de notre élite politique, on ne peut espérer que cet état de fait ne vienne à changer. La question de la non-ré-éligibilité du président de la république se pose donc naturellement. Pourquoi ne pas accorder un mandat de cinq ans non renouvelable au premier des français si cela peut permettre à ce que l’opinion ne prenne pas le pouvoir en otage ? De plus, les deux expériences de réélection sous la Vème république ont été négatives : Mitterrand en 1988 et Chirac en 2002 n’ont cessé de donner l’image d’un "roi fainéant" en fin de parcours, reclus à l’Elysée.

Réduire le nombre d’élections intermédiaires permettrait également d’atténuer cela, en supprimant l’échelon départemental par exemple (donc les élections cantonales) et surtout, car il s’agit d’une évolution irrévocable, obtenir un meilleur équilibre des pouvoirs, c’est à dire de distinguer les régions, les pays et l’Europe comme trois entités à pouvoirs égaux ou presque, ce qui tempérerait les ardeurs populistes et électoralistes de nos dirigeants. Si le pouvoir à conquérir ou à conserver est moins prestigieux, nul doute que la lutte pour le pouvoir sera moindre.

A retrouver dans son contexte original sur le blog d’Alex Joubert, l’Offensif


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2 réactions à cet article    


  • asterix asterix 1er septembre 2010 18:25

    L’idée n’est pas mauvaise mais je préférerais qu’il ne soit pas rééligible uniquement pour l’élection suivante.
    Si le Président était un homme d’exception, mieux vaut parfois refaire appel à lui.


    • Alex Joubert 2 septembre 2010 10:48

      Pour que l’on se retrouve avec un Poutine qui place un sbire qui démissionne avant de provoquer de nouvelles élections non merci. Et après cinq ans, beaucoup de choses changent...

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AJ


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