La campagne permanente
A peine trois ans après les élections présidentielles 2007, déjà, les médias et les hommes politiques n’ont plus que les échéances de 2012 en tête. C’est tôt, d’autant plus que nos dirigeants réagissent en menant une politique populiste et électoraliste, calquée sur les humeurs versatiles de la sacro-sainte opinion. Pour y remédier, pourquoi ne pas instaurer le quinquennat unique ?

Une offensive en vue de la présidentielle
Il est évident que l’offensive sécuritaire du gouvernement sur les Roms a des visées uniquement électoralistes. C’est ce que l’on est en droit d’espérer tout du moins, nous ne pouvons nous résoudre à croire que les hommes que nous avons élus en 2007 sont aussi stupides. Lorsque le ministre de l’intérieur Brice Hortefeux justifie l’expulsion déguisée en retour volontaire de centaines de Roms par l’explosion de la délinquance des étrangers roumains à Paris (+259% durant les dix-huit derniers mois), on ne peut croire que notre gouvernement, élu, démocratique, se complait à puiser ses "solutions" dans le registre de la facilité populiste, l’accent berlusconien en prime.
Lorsque Christine Lagarde se félicite des bons chiffres du chômage cet été alors que la réalité est tout autre, on ne peut envisager que la ministre de l’économie ment ouvertement, ce comportement ne peut être qu’électoraliste. En parallèle, les médias batifolent et papillonnent autour de la thématique qui va animer les deux prochaines années, les élections présidentielles.
Le pouvoir otage de l’opinion
A quoi bon élire un président de la république pour cinq ans, si au bout de trois ans et trois mois, ses faits et gestes ne sont dictés que par les humeurs versatiles de l’opinion ? Pis, avec la multiplication des échelons administratifs, il y a en France, environ une élection par an, ce qui revient à dire que notre pays vit une élection permanente.
Rééligible, le président n’est qu’un instrument docile dans les mains de la majorité. Il aime ce qu’elle aime, hait ce qu’elle hait, il vole au devant de ses volontés, prévient ses plaintes, se plie à ses moindres désirs : les législateurs voulaient qu’il la guidât, et il la suit : appliquée par Tocqueville aux Etats-Unis, cette phrase conserve pourtant tout son sens dans notre pays. Le gouvernement n’agit désormais qu’en vue de la réélection de Nicolas Sarkozy, s’agite à la moindre émotion éprouvée par l’opinion au risque de flirter avec l’incohérence et se refuse à mener des politiques novatrices, susceptibles de sortir la France du marasme qui guette.
Un mandat unique de cinq ans
Malheureusement, l’ambition étant inscrit dans l’ADN de notre élite politique, on ne peut espérer que cet état de fait ne vienne à changer. La question de la non-ré-éligibilité du président de la république se pose donc naturellement. Pourquoi ne pas accorder un mandat de cinq ans non renouvelable au premier des français si cela peut permettre à ce que l’opinion ne prenne pas le pouvoir en otage ? De plus, les deux expériences de réélection sous la Vème république ont été négatives : Mitterrand en 1988 et Chirac en 2002 n’ont cessé de donner l’image d’un "roi fainéant" en fin de parcours, reclus à l’Elysée.
Réduire le nombre d’élections intermédiaires permettrait également d’atténuer cela, en supprimant l’échelon départemental par exemple (donc les élections cantonales) et surtout, car il s’agit d’une évolution irrévocable, obtenir un meilleur équilibre des pouvoirs, c’est à dire de distinguer les régions, les pays et l’Europe comme trois entités à pouvoirs égaux ou presque, ce qui tempérerait les ardeurs populistes et électoralistes de nos dirigeants. Si le pouvoir à conquérir ou à conserver est moins prestigieux, nul doute que la lutte pour le pouvoir sera moindre.
A retrouver dans son contexte original sur le blog d’Alex Joubert, l’Offensif
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