La France d’après. En 2008... Sarkozy est président
La France d’après est une fiction d’anticipation sur l’après mai 2007. 17 auteurs de littérature noire y ont contribué. Ce livre, qui est leur sombre description d’une France qui serait dirigée par Nicolas Sarkozy, paraît jeudi 8 mars aux éditions Privé. Pour vous le faire découvrir, j’ai posé quelques questions à l’initiatrice du projet.

Quelle est la forme narrative de La France d’après et pourquoi ce choix ?
La France d’après est une uchronie, à savoir ici
une vision pré-écrite de l’après mai 2007 (un à deux ans après les
présidentielles). Les 17 auteurs ont tous respecté ce cadre temporel. Tous se
sont également engagés à écrire ensemble une politique-fiction noire. Chaque
auteur apporte sa vision cauchemardée de la société française dans les années
qui viennent si Nicolas Sarkozy était élu.
Quels sont par exemple les thèmes abordés par les auteurs ?
Le livre aborde de
nombreux thèmes : marchandisation des individus ; ghettos urbains pour riches ;
déchaînement de violences policières ; contrôle autoritaire des familles ; asservissement
quasi-volontaire de la presse ; manipulation et instrumentalisation de la vie
privée ; démence de la télévision et des communicants ; disparition de la
création artistique ; gouvernants sous le contrôle du pouvoir financier ; et
même, au bout du cauchemar, une nouvelle configuration politique... pour le
moins déroutante.
La France d’après est une politique-fiction noire, mais est-ce une histoire
vraisemblable ?
Tous les gens qui ont lu l’intégralité de La France d’après me disent que c’est hélas aussi effrayant
que vraisemblable. Les auteurs ne sont pas des conteurs pour enfants, ils n’ont
pas créé de toutes pièces un monde imaginaire. Souvenons-nous de 1984 de George Orwell... La réalité rejoint parfois la fiction. Il y a des
nouvelles très réalistes. Nous sommes des auteurs militants éclairés, mais je
vais vous rassurer tout de suite : nous sommes de très mauvais prévisionnistes.
Ce livre, c’est de la politique, ou de la littérature ?
Les 17 auteurs sont des
« plumes » militantes et acérées. La quasi-totalité sont auteurs de
polars, plusieurs sont même bien connus. C’est d’abord la dimension politique
de ce projet qui a spontanément motivé leur participation. Leur engagement ne
tient pas à l’urgence des échéances, mais bien plus au devoir de lutter contre la menace qui pèse sur les valeurs
universelles défendues jusqu’ici dans notre pays. Ce sont des auteurs lucides
qui voient au-delà du 6 mai 2007. Face à l’omniprésence verbeuse d’une minorité
de penseurs « alignés » et d’une majorité de journalistes censurés ou
pire, autocensurés, ces 17 auteurs noirs entrent en résistance en livrant une
oeuvre collective d’anticipation politique. Mais ils n’inventent pas une énième
utopie pour (r)éveiller les esprits : ils dévoilent seulement un futur proche
qui pourrait bien se révéler très obscur.
Quel est le véritable objectif militant de La France d’après ?
La France d’après est une oeuvre collective de résistance à Nicolas Sarkozy. Notre combat de
mots contre son idéal de maux. « La France, c’est pas fini »,
annonçait Nicolas Sarkozy lors de ses voeux pour 2007. Eh bien, non, la France
des libertés, du partage des richesses, de la solidarité nationale, de la
protection sociale, du droit d’asile..., c’est pas fini. « La France
d’après », que l’on nous vend à coups de slogans publicitaires et de
promesses électorales, nous horrifie déjà. Et pourtant, la France
d’aujourd’hui, c’est déjà : un système politique oligarchique, une économie sous
le joug des marchés financiers, des médias anesthésiés par excès de
frilosité...
Devons-nous nous laisser
imposer un modèle de société encore pire ? La réponse doit désormais devenir
pour le plus grand nombre une évidence : il est grand temps de dire STOP à ce
cauchemar d’avenir.
Vous ne craignez pas certaines pressions en cette période
pré-électorale assez tendue ?
Non, le ministre de l’Intérieur, ancien ministre de la communication,
je vous le rappelle, est toujours à
l’écoute. Très à l’écoute... Et
puis, Nicolas Sarkozy a déclaré « Je préfère l’excès de caricature à l’excès de censure », je ne peux donc être que rassurée.
Non ?
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