La politique n’est-elle qu’apparente mise en scène et communication ?
Le terme de politique people est-il si récent que cela ? En réalité, la communication est chose très ancienne dans la vie politique française. Un des premiers à l’avoir maîtrisée est l’ancien président Valéry Giscard d’Estaing qui s’était montré avec sa famille sur ses affiches électorales. Mais rien de plus.
Un premier pas fut franchi lorsque Michel Rocard annonça publiquement son divorce. Il était encore bien timide, par rapport à ce qui allait suivre. L’article suivant le prouve. Il est tiré de l’ouvrage suivant : Les politocrates : vie, mœurs et coutumes de la classe politique, de Jean-François Bazin et Joseph Macé-Scaron. Editions du Seuil, février 1993. Pages 265 et suivantes.
" La gamelle de Nicolas Sarkozy et l’accouchement de Ségolène Royal "
Pour cette génération, le professionnalisme, en politique, est plus qu’une vertu. C’est un modèle de comportement qui découle d’un choix de carrière. Ils sont politocrates. Ils l’ont voulu. Ils ne le regrettent pas. Ils ne doutent de rien. " Quand on ne m’invite pas, je m’impose, à la table, avec mon couvert et ma gamelle ", déclare Nicolas Sarkozy. Sur un registre différent, ce " cynisme vrai " règle également la conduite de Ségolène Royal. Ces deux-là ont admis que, pour grimper dans le système, ils devaient se donner les moyens de leurs ambitions. Tous les moyens ! Leur culot a quelque chose de scientifique. C’est ce qui les différencie de leurs aînés. Ils n’ont pas froid aux yeux. C’est ce qui les distingue de leurs jeunes collègues en proie aux états d’âme.
A chacun sa spécialité.
Une partie des nouveaux professionnels de la politocratie, à l’image de Ségolène Royal, ne respecte plus le bon vieux distinguo entre vie publique et vie privée. La société politique, avec la complicité tacite de la société médiatique, a su longtemps protéger ses secrets d’alcôve. Quelques ricanements. Un ou deux potins, pour briller dans les dîners en ville. Pour le reste, motus et bouche cousue.
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Pourtant, certains politocrates ont mis, depuis peu, le doigt dans un engrenage qui bouscule des tabous jusqu’alors inviolés. Quel bel accouchement que celui de Ségolène Royal ! En avril 1992, on lâche l’information dans la presse : le ministre de l’Environnement est enceinte. Comme Frédérique Bredin, sa collègue de la Jeunesse et des Sports. Clichés des futures mamans dans Paris en juin, un supplémentaire est franchi : les échotiers sont avertis qu’une salle d’accouchement a été aménagée dans les locaux de l’ambassade de France, pendant le sommet de Rio. Au cas où... Émotion dans les chaumières.
Et puis, au début de juillet, c’est le bouquet final. Ségolène Royal entre en contact avec la rédaction de TF 1 : "Je connais la date de mon accouchement parce qu’il sera provoqué. Vous pourrez me filmer à la sortie du bloc opératoire." Le jour dit, les caméras de TF 1 sont en place. Celles d’Antenne 2 aussi, averties de l’événement par le même canal. II ne restera plus au ministre de l’Environnement qu’à poser, pour France-Soir et Paris Match, la jeune Flora dans les bras et entourée de ses trois premiers enfants. Dans la médiatisation d’un événement privé, on n’a jamais fait mieux, en politocratie. Dans le cynisme tranquille, non plus. " Mes électeurs des Deux-Sèvres ont trouvé ça très bien ", dira plus tard Ségolène Royal.
Cette évolution n’a fait que s’accentuer depuis le début des années 2000. Nicolas Sarkozy s’est affiché avec Cécilia travaillant avec lui dans son ministère, a mis en avant son propre fils lors de son sacre de président de l’UMP, avant d’être victime d’un choc en retour avec le départ de son épouse. Départ qui l’a amené à être plus prudent.
Le fait que les deux personnes qui ont accentué cette dérive risquent de se retrouver en compétition en 2007 (mais rien n’est encore fait), n’est pas innocent, mais révélateur de ce qui nous attend pour l’année prochaine. Une bataille d’images, de slogans, des positionnements qui se croient habiles. Le réveil risque d’être brutal.
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