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Accueil du site > Actualités > Politique > La politique Sarkozy : de l’équité à la panique

La politique Sarkozy : de l’équité à la panique

Le succès de Nicolas Sarkozy aux dernières élections présidentielles s’explique avant tout parce qu’il a réussi à convaincre un bon nombre d’électeurs que lui seul était capable de réaliser les réformes trop longtemps différées à leurs yeux : retraites, marché du travail, éducation en particulier. Il a ainsi réussi à retenir un nombre suffisant d’électeurs fluctuants, déçus par les années Chirac, mais qui n’ont pas pour autant rallié Ségolène Royal dont les propositions réformatrices n’étaient pas suffisamment convaincantes. Pour la même raison, il a pu attirer à lui certains électeurs habituels de gauche.
Les débuts de la présidence Sarkozy, après les cafouillages initiaux de la communication (le Fouquet’s, le yacht, l’augmentation brutale du traitement présidentiel), n’ont pas déçu les partisans des réformes, celle des régimes spéciaux de retraite ayant été menée fort adroitement. L’argument de l’équité, judicieusement mis en avant, a convaincu l’opinion et les bénéficiaires de ces régimes ont été incapables de les défendre ouvertement. La réussite de la politique présidentielle est ainsi apparue éclatante, malgré les contreparties obtenues par les salariés concernés (à l’égard desquelles les deux parties ont su se montrer discrètes).
Sur le marché du travail, le bilan est moins brillant, car le gouvernement n’a pas été capable de démontrer qu’il était décidé à aller au-delà du renforcement de la flexibilité demandé par le patronat pour instaurer une véritable « flexsécurité », à l’instar de certains pays d’Europe du nord. Déficit d’équité sur ce plan-là, donc.
Sur le plan de l’éducation, les mesures décidées pour réduire l’inégalité des chances allaient dans le bon sens mais elles ont été noyées dans une politique d’ensemble incohérente. Pourquoi instaurer la semaine de 4 jours à l’école alors que le nombre de jours de classe est déjà trop faible, en France, de l’avis de tous les spécialistes ? Pourquoi précipiter une réforme du lycée en seconde avant d’avoir défini le contenu des années suivantes ? Pourquoi enfin présenter la réduction du nombre de postes d’enseignants comme un oukase budgétaire, au lieu d’expliquer et de réexpliquer pourquoi on pouvait effectivement réduire le nombre de postes sans diminuer la qualité de l’enseignement (professeurs en surnombre, sections aux effectifs trop réduits pour être raisonnablement maintenues, etc.)
Tout cela se passait, dans l’ensemble, avant le déclenchement de la grave crise financière qui débouche désormais sur une crise économique aux conséquences encore plus graves. Cette dernière, avec l’augmentation du chômage qui l’accompagne inévitablement, prend à contre-pied la politique de réduction des effectifs publics. Le gouvernement est donc tenu d’avoir une argumentation sans faille s’il veut persévérer dans cette voie. Sinon toute réforme incorporant une baisse du nombre de fonctionnaires est immédiatement disqualifiée, comme le gouvernement est en train d’en faire l’expérience dans le domaine de l’enseignement supérieur et de la recherche. A tout prendre, il serait sans doute préférable de faire une pause sur la réduction des effectifs, dans attente de la reprise économique, plutôt que de renoncer à des réformes indispensables.
Le système éducatif français, du primaire au supérieur, ne fonctionne pas efficacement. S’il fallait s’en convaincre, il suffirait de regarder les comparaisons internationales. Il faut dire qu’on a accumulé les erreurs ! Dans l’enseignement primaire : la suppression des écoles normales d’instituteurs, l’interdiction du redoublement dans certaines classes sans mettre en place un dispositif spécifique pour les élèves en retard. Dans l’enseignement secondaire : le collège unique, comme si l’on pouvait mettre tous les élèves dans le même moule, y compris ceux qui arrivent en sixième sans maîtriser la lecture. A l’université : la massification non contrôlée, le refus de la sélection, comme si tous les bacheliers – quel que soit leur niveau et leur curiosité intellectuelle – étaient aptes à suivre des études supérieures ; tout cela en permettant la prolifération des structures concurrentes (grandes écoles, BTS, IUT), plus attractives justement parce qu’elles sont sélectives. Est-il si difficile de remédier à des défauts aussi évidents ? Est-ce que, là encore, le devoir du ministre n’est pas d’expliquer et de réexpliquer qu’on ne peut pas continuer avec un système qui sacrifie des générations d’élèves, année après année ?
Quant à la recherche publique, elle réunit le meilleur (avec des équipes reconnues au niveau international, parfois en tête des découvertes), le plus souvent dans les sciences dures où les critères d’évaluation sont incontestables – et le pire, dans beaucoup de disciplines où la recherche n’ayant pas d’utilité sociale mesurable, il est difficile d’évaluer les contributions des chercheurs. La recherche publique se fait dans des grands organismes où les chercheurs sont à plein-temps et à l’université où ils sont en même temps enseignants. Parmi les enseignants-chercheurs, certains cherchent beaucoup, parfois au détriment de leur enseignement, d’autres cherchent moins, ou plus du tout.
La ministre de l’enseignement supérieur fait face actuellement à la fronde des-dits enseignants-chercheurs. Ils refusent une modification de leur statut, laquelle vise à moduler leur service d’enseignement pour tenir compte de l’importance des tâches qu’ils accomplissent par ailleurs dans la recherche ou l’administration universitaire. « Même les professeurs de droit sont dans la rue », souligne-t-on, en sous-entendant que la réforme doit être vraiment injuste, puisque les spécialistes du droit la récusent ! On oublie de préciser que beaucoup de ces professeurs sont avocats, ou consultants, et qu’ils cèdent parfois à la tentation de faire passer leurs clients avant leurs tâches universitaires !
Après le recul de M. Darcos sur la réforme du lycée, il semble bien que Mme Pécresse soit en train d’enterrer celle du statut des enseignants-chercheurs. Ce serait pourtant de la bien mauvaise politique que de renoncer à introduire davantage d’équité à l’université !
Enfin est venue la crise des Antilles. Comme les grands médias audio-visuels reprennent sans aucun recul les dires des meneurs du mouvement revendicatif, beaucoup de Français sont probablement convaincus que la situation des Antillais est insupportable, qu’ils payent les denrées les plus indispensables deux fois le prix de la métropole et qu’ils sont victimes de très graves injustices. Dans son discours de la semaine dernière adressé aux populations ultra-marines, le Président Sarkozy a pu renforcer cette impression en mettant quelques centaines de millions sur la table. Ce qui revenait à faire ce qui a toujours été fait dans des circonstances semblables : acheter la paix sociale à coup de subventions et d’exonérations diverses. Chaque fois – hélas ! – avec le même résultat : une économie ultra-marine de plus en plus plombée, de moins en moins capable de produire de la richesse (hors administration), avec un taux chômage plus de deux fois supérieur à celui de la métropole, mais où l’on consomme néanmoins de plus en plus, où la richesse s’étale partout, pas tant celle des « grands blancs monopoleurs » (qui existent mais se font en général discrets) que celle des fonctionnaires surpayés par rapport à la métropole et des prédateurs de tout poil qui savent détourner à leur profit une part substantielle de la manne publique. Un président soucieux de l’intérêt général n’aurait-il pas dû commencer par s’attaquer à ces pratiques déshonorantes pour notre pays, plutôt que de céder à la panique qui saisit tous nos gouvernants chaque fois que l’outre-mer s’agite ?

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6 réactions à cet article    


  • PapyJC_78 24 février 2009 14:03

    "l’exaspération des de souche dans le domaine de l’immigration-invasion de matrice alterculturelle !"

    Et réciproquement où plutôt vice et versa ?


  • Daniel Roux Daniel R 24 février 2009 20:17

    Le succès de Sarkozy aux élections présidentielles est dû aux mensonges, à la démagogie, aux promesses tout azimut, à la déconsidération systématique et organisée de son adversaire, aux manipulations des médias détenues par ses complices, à l’angoisse entretenue savamment par les faits divers passés en boucle dans les journaux télévisés.

    La compétence ne vient pas aux hommes politiques le jour de la proclamation des résultats, comme par miracle. Tant que la promotion de ces gens là se fera par cooptation sur des critères obscurs, nous n’aurons pas d’hommes d’Etat mais des hommes d’affaires.

    53% des Français ont voté pour lui parce qu’il s’était engagé à retirer les soldats Français de la "guerre pour le pipeline" en Afghanistant et la réinsertion des SDF.

    2 ans après, les soldats Français sont toujours plus nombreux en Afghanistan et il y a toujours des SDF dans la rue.

    Ils devraient réclamer la démission de Sarkozy car on imagine pas qu’il le fasse de lui même mais en France, c’est bien connu, les promesses n’engagent que ceux qui y croient.



    • JONAS JONAS 24 février 2009 22:55

      @ L’Auteur :

      La Guadeloupe, la Martinique, record d’Europe du chômage des jeunes, plus de 50 % !

      Voilà où conduisent les allocations braguettes.

      Et vous êtes professeur de sciences économiques, bravo ! Je vous qualifierai plutôt de professeur en sciences politiques !

      Ah ! Si la métropole était aussi prolifique que les Antilles, nous n’aurions pas de soucis à nous faire pour conserver notre identité nationale, de 1982 environ 330 milles habitants, à 2007, plus de 450 milles, soit une croissance de plus d’un tiers en 25 ans… ! Il n’y a pas à dire, nous sommes des affameurs !
      Pourtant, je n’ai pas entendu parler de cas de rachitisme aux Antilles françaises, sur certaines prises de vues, j’aurai plutôt tendance à penser qu’il y a des cas flagrants d’obésités.

      Ne me faites pas l’injure d’une comparaison de croissance démographique avec la Métropole, championne d’Europe de la natalité ! Oui, nous sommes les champions de la natalité " des Français d’origines étrangères ", n’étant pas au FN, je m’abstiens de dire Français de papiers.

      En définitive et conclusions, vous vous servez des Antilles pour baver sur ce Gouvernement qui n’est pas pire que ceux des Socialistes des décennies précédentes.

      C’est un article banal d’opposition, sans solutions pertinentes.

      Bien à vous.


      • deovox 25 février 2009 02:30

        @jaunas

        on n’a pas lu le même article. quelle opposition ?
        qu’est ce que les socialistes viennent foutre là ?
        quant à votre remarque sur l’obésité, elle démontre de votre part une ignorance totale du problème.
        le Mexique est le pays où sévit le plus fort taux d’obésité au monde, au coude à coude avec les usa. c’est aussi une des pays concentrant le plus d’habitants vivant en dessous du seuil de pauvreté. aux etats-unis, les états les plus "gros" sont aussi les plus pauvres . 
        Votre seule connaissance des Antilles se résume-t-elle à une statistique de natalité et aux quelques photos où vous avez cru voir des obèses ?
        Ne jamais avoir entendu parler d’un problème de rachitisme prouve-t-il que ce problème n’existe pas ?
        pour émettre un commentaire constructif, il ne suffit pas de copier-coller des infos sans les comprendre. au final, de votre prose ne ressort que de la f-haine.


      • Elisa 26 février 2009 09:49

        De poncifs vulgaires en affirmations démagogiques, on renforce l’hydre du racisme qui a toujours présidé aux justifications des situations coloniales : regardez ces populations qui ne veulent pas travailler, qui associent délibérémént plaisir sexuel et manne financière sans oublier leur propension chronique au détournement de l’argent public !

        On disait autrefois les peuples colonisés sont de grands enfants qui ne pourraient se débrouiller seul sans la férule éclairée des civilisateurs.

        Hélas voilà un point de vue qui est toujours prêt à resurgir et contre lequel il faut toujours se battre.

        Le propos de Lévi Strauss dans "Race et Histoire" est plus que jamais d’actualité : le barbare est celui qui croit en la barbarie.







      • Hermes Hermes 26 février 2009 14:17

        Tant de naïveté désarme. Si un jour vos yeux voient, vous riqueriez de ne pas supporter. Alors continuez de rêver ...

        PS : difficiel de commenter cet article, la pub vient masquer la zone de saisie, seul cas connu !

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