La primaire s’anime

Le deuxième débat des primaires « citoyennes » a eu lieu mercredi soir sur la chaîne parlementaire. On peut regretter que cette relative moindre exposition ; sa diffusion sur une chaîne plus confidentielle le rendra moins directement audible. Ce sont les commentateurs et les politologues qui en feront une traduction plus retenue que le spectacle lui-même.
Côté politologues justement, aucune surprise : ils ont tous depuis longtemps choisi François Hollande et en ont fait immédiatement le vainqueur de la soirée. Il est vrai que prenant souvent la parole après les autres (Valls li faisant remarquer), il a su se placer comme au-dessus, comme l’arbitre.
Professoral, il ne s’est pas désolidarisé du « projet socialiste » en prenant parti pour les « emplois d’avenir » voulus par Martine Aubry. Fidèle à sa ligne « réaliste », il n’ a cependant jamais « censuré » les propositions de ses rivaux.
Nous l’avons déjà écrit, cette formule nouvelle de désignation d’un candidat est très appréciable et globalement le PS sort plutôt grandi d’une telle nouveauté. En dépit des divergences entre les postulants qui ont pu apparaître lors de ce deuxième débat beaucoup plus que lors du premier, l’essentiel unitaire n’a pas été gravement touché. Il y eut des moments difficiles, mais toujours assez bien maîtrisés. Je persiste : ces primaires sont une trouvaille intelligentes du PS ; elles valorisent l’exercice démocratique et l’ensemble de ceux qui participent.
Mardi soir, le « club des six » – Martine, Ségolène, François, Manuel, Jean-Michel et Arnaud – ont encore haussé le niveau de jeu. Leurs interventions sur les thèmes de l’économie, du social et de la sécurité ont constitué un ensemble cohérent. Les futurs électeurs du 9 et sans doute du 16 octobre ont pu déceler les points de convergences et les vraies divergences entre les candidats.
Chacun se fera une opinion sur les différents candidats et sur les projets exposés et nous ne jouerons pas ici un mauvais remake des analyses de nos politologues professionnels et patentés. Il suffira seulement de noter que les projets proposés ressemble à un catalogue des espérances sur lequel ne figure pas le prix à payer.
Revenant aux politologues : deux constantes. La première, François Hollande les a à peu près tous dans la poche et Martine Aubry semble définitivement battue à cet applaudimètre de salon, tout comme Ségolène Royal ; la politesse amusée prévaut pour le brave Baylet. L’autre, celle qui consiste à regarder les deux petits jeunes Valls et Montebourg avec des yeux intéressés et une crédibilité à retardement, pour plus tard. En substance tous déclarent les deux approches, certes très différentes des gamins, comme intéressantes, prometteuses d’avenir , mais pas pour 2012 … Pour 2017 !
Il y a dans ce raisonnement sur l’avenir des trublions une faille surprenante venant de tels spécialistes. D’une part, ils sont à peu près tous convaincus que Sarkozy sera battu en 2012 et par Hollande et pourtant perçoivent Valls ou Montebourg pour 2017 ! Comment commettre une telle erreur ?
Si Hollande est élu au printemps prochain, soyons certains que la primaire « citoyenne » n’aura pas l’occasion de se reproduire en 2016 pour désigner le candidat de gauche en 2017. Le candidat naturel sera le sortant : Hollande. C’est à droite que l’organisation de primaires deviendra d’actualité, pas à gauche. Valls et Montebourg n’auront pas l’occasion d’offrir à nouveau leurs services pour occuper la plus haute fonction de l’Etat : les dures lois du calendrier sont toujours à regarder avec attention. L’élection de Hollande en 2012 relègue Valls et Montebourg aux calendes du trop tard.
Pour terminer avec cette deuxième production de la maison PS, deux groupes de personnalités sont en présence, celui des caciques (Aubry, Hollande,Royal, Baylet) dominé très largement par Hollande et celui des nouveaux, par ailleurs très divergents, (Montebourg, Valls). Pour la santé de la vie politique française il serait bon qu’un Montebourg l’emporte ; ce ne sera sans doute pas le cas. Les Français, même, surtout, de gauche demeurent très conservateurs. Dommage.
Avant le premier tour du 9 octobre, un dernier débat doit être organisé, la semaine prochaine : il y a risque de lassitude en dépit de la bravitude !
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Jusqu’ici, tout va bien !
Tous les présidents de la Ve République ont été mal élus !
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