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Accueil du site > Actualités > Politique > La « Réacratie », nouvel âge de la Démocratie à l’ère (...)

La « Réacratie », nouvel âge de la Démocratie à l’ère médiacratique

La plupart des scrutateurs de notre époque l’on affirmé, chacun à sa manière, d’Umberto Eco à Pierre Rosanvallon et Régis Debray, la démocratie représentative, forme politique née au XIXe siècle et accomplie dans les années 1960, s’est profondément transformée, notamment sous l’effet des médias. Debray évoque l’âge vidéosphérique, avec ses images, comme suite à la période graphosphérique basée sur l’écrit ; Eco stigmatise la démocratie populiste, émotionnelle. Quant à Rosanvallon, dont les thèses sont souvent reprises par le monde intellectuel, il décrit l’apparition d’une défiance des citoyens vis-à-vis d’un pouvoir perçu comme mauvais, néfaste, oppresseur. Cette défiance s’exprime par les médias et s’ajoute à une autre forme de défiance, plus profonde pourrait-on dire, manifestée par les courants libéraux se méfiant d’un Etat trop puissant, contraignant les libertés et marges de manœuvres des citoyens entreprenants. La défiance populaire, très répandue dans les classes précaires, tend à diaboliser le pouvoir, ne cherchant pas à le mettre à l’épreuve, usant sans réserve du préjugés et n’espérant rien d’un Etat perçu comme une instance au service des puissants et du profit.

Si le propre de la démocratie représentative est de donner mandat à un gouvernement pour que s’exerce une volonté générale dont l’orientation est choisie après un débat démocratique et rationnel, la démocratie à l’ère médiatique joue sur les émotions, la peur, la séduction. Dans une démocratie représentative, le citoyen est vigilant, mais laisse le temps au gouvernement d’agir, fait confiance aux instances de contrôle, puis jauge et juge en temps voulu, en examinant le fond de la politique menée et les résultats. Dans une démocratie d’opinion, l’individu scrute, observe les moindre détails des agissements des puissants, non sans une dose de voyeurisme, puis s’agite, réagit. L’individu est REACTIF, sa manie étant de tout commenter, de réagir sur tout, en utilisant notamment un nouvel outil, le net. La société est atteinte de réactivite aiguë, sorte de manie presque compulsive. A l’instar des achats compulsifs où le consommateur ne sait pas contrôler ses désirs, si bien que tout devient une acquisition possible, la réactivite décide que tout détail, toute parole, toute action, tout fait politique devient une cible possible pour la réaction.

Le consommateur compulsif est limité par la hauteur de son compte en banque, l’individu réactif est limité par son temps disponible. On retrouve là sous une modalité nouvelle l’équivalence temps-argent. Le temps est l’unité de compte dans le monde médiatique. On ne peut pas réagir plus que notre timing le permet. Il faut dormir, travailler, se déplacer, manger, se laver... De l’autre côté, les puissances médiatiques cherchent à influencer les téléspectateurs. L’unité de compte est la même, le temps de cerveau disponible. Pour la publicité, mais aussi pour servir la réactivite aiguë. Le citoyen réactif est en manque s’il n’a pas son lot de faits divers et autres révélations, phrases, postures, à l’instar du consommateur compulsif qui déprimerait vite fait si on le plongeait dans un monde sans vitrine ni centres commerciaux. La société a besoin de stimulants et de matière à réagir, à s’émotionner, se plaindre, se fusionner. Saluons les médias grand public pour leur travail de production d’images et de sons, judicieusement sélectionnés, où les uns agissent et disent, les autres réagissent et où le spectateur se nourrit et peut à son tout réagir face à l’action, ou réagir face à la réaction. François Hollande et Ségolène Royal figurent au palmarès des célébrités politiques les plus réactives.

Le lecteur aura noté que l’auteur de ce billet trace un constat, certes, mais semble réagir lui aussi au monde réactif, autrement dit, jouer d’une écume sémantique pour peindre le tableau d’une écume hyper-réactive se manifestant dans les médias, grands ou petits, interactifs le plus souvent, net, presse, radio, télé. Quel est le statut de ce phénomène ? Est-ce un mode de renforcement de la démocratie ou bien un édulcorant ? Platon mérite un détour, vous allez voir pourquoi.

Dans le Gorgias, Platon se plaît à effectuer une mise au point sur une catégorie d’individus qu’il ne portait pas dans son cœur, les sophistes, ainsi que les rhéteurs. Comme souvent, Platon use de détours allégoriques ou analogiques pour asseoir son argumentation et aller au but***. Pour expliciter l’essence (ou la non essence, autrement dit la superficialité) des sophistes, il présente quatre disciplines ; deux, la médecine et la gymnastique, opérant sur le corps et deux autres sur l’âme, la justice et la législation. Ces pratiques sont censées conduire l’homme et la cité vers un état de perfection, mais peuvent être falsifiées. Ainsi, la « cuisine » est présentée comme une médecine trompeuse et frelatée, faite de ragoûts. La toilette joue le même rôle vis-à-vis de la gymnastique, procédure frauduleuse visant à présenter un corps dans un apparat trompeur et artificiel, autrement dit, du cosmétique pour parler avec les termes de notre époque. A l’inverse, un corps non pas travesti par la toilette, mais traversée par la gymnastique se présente dans sa splendeur naturelle, avec formes et grâces. Platon n’a plus qu’à transposer et expliquer que la sophistique rapportée à l’art législatif, la rhétorique rapportée à la justice, sont comme la toilette face à gymnastique ou bien le ragoût face à la médecine***.

Maintenant, nous pouvons nous demander, en questionnant à la manière de Platon, quel est le statut de cette réactivite aiguë. Est-ce une manière de servir la démocratie, à l’instar des arts législatifs et judiciaires, ou bien de la médecine et la gymnastique au service du corps ; ou bien cette réactivite se présente-t-elle comme une expression frelatée, comparable aux frasques des rhéteurs, des sophistes, ou encore au travestissement de la toilette, au mauvais goût de la cuisine ?

La démocratie est fondée sur plusieurs arts, l’argumentation raisonnée et rationnelle, la bonne information, importante pour la vie citoyenne, l’éducation au sens critique, le débat de fond. Or, nous observons quelques dérives si bien qu’une forme frelatée de démocratie a vu le jour. On peut la désigner comme réacratie. Au lieu d’analyser les événements et de comprendre le monde, le réacrate pleure, se plaint, réagit, commente !

Prenons un exemple, le supposé cadeau effectué par un promoteur de Neuilly à Sarkozy. Voilà de quoi alimenter l’ardeur des réacrates qui ne manqueront pas de s’offusquer, de compter, comparer, voir si la presse relaie bien l’info, ou si Le Figaro est muet, ou si le JT de la Une est silencieux. Et pourtant, n’est-ce pas une affaire de détail ? Eu égard aux centaines de millions d’euros déversés en parachutes et autres stocks options, avec à la clé, une spoliation des travailleurs et de la Sécu. Et pourtant (bis), cette supposée connivence est répandue et, fraude ou pas, promoteurs, acquéreurs, investisseur et élus locaux sont parties prenantes. Voilà le fond à examiner. La question de fond c’est l’immobilier, la construction de logement sociaux, le prix des terrains, les décisions des maires quant aux permis de construire, les classements en zones constructibles, l’intervention du droit pour casser la spéculation, exproprier quelques propriétaires de terrains, municipaux notamment, pour bâtir du logement. Voilà les vraies questions qui devraient être posées et débattues mais, silence, trop d’intérêt. Quand bien même il y aurait une procédure judiciaire sur ces faits délictueux s’ils sont avérés, cela ne changerait rien à la spéculation, à la cherté des logements, à la pénurie d’HLM, au chantage exercé par la rente sur les locataires. Ce sont ces questions qu’une démocratie devrait aborder. Mais pour les médiacrates, mieux vaut livrer quelques faits, quelque soupçons, jeter en pâture quelque individu, pour faire de l’information cosmétique que chaque réactifs saura utiliser avant de faire sa toilette de réacrate et se présenter comme un réactif du cinquième pouvoir ! Il a fusionné avec la société du spectacle.

En résumé, la démocratie est faite de représentants élus qui gouvernent pour les citoyens. La réacratie s’y superpose, étant composée d’individus réactifs face au pouvoir des médiacrates qui ne sont pas élus, mais consacrés par l’audimat. Le citoyen est censé s’intéresser à la société, ses gouvernances et ses fondements, le réacrate s’intéresse à ce dont « tout le monde il en parle » et à lui-même.

*** Platon, Gorgias : Je dis qu’il y a deux arts qui se rapportent au corps et à l’âme. Celui qui répond à l’âme, je l’appelle politique. Pour l’autre, qui regarde le corps, je ne saurais le désigner d’abord par un seul nom. Mais quoique la culture du corps soit une, j’en fais deux parties, dont l’une est la gymnastique, et l’autre la médecine. En divisant de même la politique en deux, je mets la puissance législative vis-à-vis de la gymnastique, et la puissance judiciaire vis-à-vis de la médecine. Car la gymnastique et la médecine d’un côté, et de l’autre la puissance législative et la judiciaire [464c] ont beaucoup de rapport entre elles, car elles s’exercent sur le même objet ; mais elles ont entre elles aussi quelques différences. Ces quatre arts étant tels que j’ai dit, et ayant toujours pour but le meilleur état possible, les uns du corps, les autres de l’âme, la flatterie s’en est aperçue, non point par réflexion, mais par un certain tact, et, s’étant partagée en quatre, elle s’est insinuée sous chacun de ses arts, [464d] et s’est donnée pour celui sous lequel elle s’est glissée. Elle ne se met nullement en peine du bien ; mais par l’appât du plaisir, elle attire et séduit la folie, et s’en fait adorer. La cuisine s’est glissée sous la médecine, et s’attribue le discernement des aliments les plus salutaires au corps ; de façon que si le médecin et le cuisinier avaient
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à se disputer ensemble devant des enfants, ou devant des hommes aussi peu raisonnables que les enfants, pour savoir qui des deux, du cuisinier ou du médecin, connaît mieux les qualités bonnes et mauvaises de la nourriture, le médecin mourrait de faim. Voilà donc ce que j’appelle flatterie, et c’est une chose que je dis laide, [465a] Polus, car c’est à toi que j’adresse ceci, parce qu’elle ne vise qu’à l’agréable et néglige le bien. J’ajoute que ce n’est point un art, mais une routine, d’autant qu’elle n’a aucun principe certain sur la nature des choses dont elle s’occupe, et qu’elle ne peut rendre raison de rien. Or, je n’appelle point art toute chose qui est dépourvue de raison. Si tu prétends me contester ceci, je suis prêt à te répondre. [465b] La flatterie en fait de ragoûts s’est donc cachée sous la médecine, comme je l’ai dit. Sous la gymnastique s’est glissée de la même manière la toilette, pratique frauduleuse, trompeuse, ignoble et lâche, qui emploie pour séduire les airs, les couleurs, le poli, les vêtements, et substitue le goût d’une beauté empruntée à celui de la beauté naturelle que donne la gymnastique. Et, pour ne pas m’étendre, je te dirai, comme les géomètres (peut-être ainsi [465c] me comprendras-tu mieux) que ce que la toilette est à la gymnastique, la cuisine l’est
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à la médecine ; ou plutôt de cette manière : ce que la toilette est à la gymnastique, la sophistique l’est à la puissance législative ; et ce que la cuisine est à la médecine, la rhétorique l’est à la puissance judiciaire. Telles sont les différences naturelles de ces choses ; mais comme elles ont aussi des rapports ensemble, les sophistes et les rhéteurs se confondent avec les législateurs et les juges, s’appliquent aux mêmes objets, et ne savent pas eux-mêmes quel est leur véritable emploi, ni les autres hommes non plus. Si l’âme, en effet, ne commandait point [465d] au corps, et que le corps se gouvernât lui-même ; si l’âme n’examinait point par elle-même, et ne discernait pas la différence de la cuisine et de la médecine, mais que le corps en fût juge et qu’il les estimât par le plaisir qu’elles lui procurent, rien ne serait plus commun, mon cher Polus, que ce que dit Anaxagoras (et tu connais cela, assurément) : toutes choses seraient confondues, on ne pourrait distinguer ce qui est salutaire en fait de médecine et de cuisine. Tu as donc entendu ce que je pense de la rhétorique : elle est par rapport [465e] à l’âme ce que la cuisine est par rapport au corps.


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20 réactions à cet article    


  • PtitLudo PtitLudo 21 septembre 2007 11:23

    On est effectivement catalogué comme laxiste dès lors que l’on veut aborder le fond des problèmes.

    Par exemple pour l’éducation, on préfère envoyer des jeunes de 14 ans se faire exploiter sous prétexte qu’ils ne savent pas lire, plutôt que de se poser la bonne question, à savoir, pourquoi ne savent-ils pas lire ?

    Mais bon ceci est trop compliqué, entraînerai trop de réflexion, entre temps on sera déjà passé à un autre sujet.


    • jps jps 23 septembre 2007 18:02

      l’un n’empêche pas l’autre : les médias peuvent réagir en s’interrogeant sur la licéité de l’acquisition du logement de sarkosi et également s’interroger sur la bulle immobilière . quelle ineptie d’opposer l’un et l’autre. Quoi qu’il en soit les médias sont inféodés , explications : http://poly-tics.over-blog.com/article-7119345.html


    • Dalziel 24 septembre 2007 10:23

      Par exemple pour l’éducation, on préfère envoyer des jeunes de 14 ans se faire exploiter sous prétexte qu’ils ne savent pas lire, plutôt que de se poser la bonne question, à savoir, pourquoi ne savent-ils pas lire ?

      Mais bon ceci est trop compliqué, entraînerai trop de réflexion, entre temps on sera déjà passé à un autre sujet.

      C’est ridicule, la réponse prend cinq secondes, réflexion et rédaction comprises : « Les jeunes de 14 ans ne savent pas lire parce que lire, ne les intéresse pas. »

      Je connais quelqu’un qui, à cinq ans, a demandé à sa mère - qui était modiste à domicile - de lui apprendre à lire, et qui à six ans lisait le journal, et tous les livres qui lui tombaient sous la main.

      A huit ans, on l’envoyait faire des « démonstrations » dans les classes des grands... Pour leur faire honte, peut-être...


    • La Taverne des Poètes 21 septembre 2007 11:23

      Et entre la réaction et la rédaction, il n’y a qu’un coup de « d » qui n’abolira pas le bazar. Le bazar des réactions en chaîne.

      La réactivité est bonne, la réactivite est malsaine. L’individu sans réactivité est un mollusque. Un auteur donne aujourd’hui l’exemple de Chirac qui demeura trop longtemps silencieux face aux évènements de la banlieue. Mais, à l’opposé nous avons un Sarko pris de réactivite au moindre fait divers.

      Bien sûr qu’il faut réagir, mais il faut aussi parfois se forcer à ne pas réagir ou s’imposer le temps de la réflexion et du recul nécessaire.


      • moebius 22 septembre 2007 01:02

        .... l’ame et le corps...lutte des classe... la question de fond est bien là, elle a été « traité ». Un débat s’est tenu a l’extérieur puis à l’inrérieur d’une enceinte. Des lois ont été démocratiquement voté par des réprésentant démocratiquement élus par des citoyens responsables..et il n’appartient à personne de dire ici s’ils le sont plus ou moins que d’autres. Des citoyens qui sont en tout cas pas au dessus de ces lois les contournent, ne les respecte pas..vont en prison ou modifie la loi....que sais je ?...et et et... et encore« lutte » lutte des classes vous dis je...mais Platon....non ! c’est une horloge


        • moebius 22 septembre 2007 01:12

          Céline... le pouvoir ne parait pas énergique il l’est, on aimerait bien que l’opposition le soit autant pour ne pas dire plus..Ici on imagine le pouvoir qui devrait etre mais qui n’est pas ou n’est plus comme un archétype platonicien un peu méprisant, on se dit aussi que cette attitute n’est pas bonne.


        • moebius 22 septembre 2007 01:16

          ...et dans nos cultures on" a toujours gouverné grace aux images


        • bernard29 candidat 007 22 septembre 2007 11:01

          Vous dites ;

          « Dans une démocratie représentative, le citoyen est vigilant, mais laisse le temps au gouvernement d’agir, fait confiance aux instances de contrôle, puis jauge et juge en temps voulu, en examinant le fond de la politique menée et les résultats. »

          .........

          La réactivite des citoyens, par le net en particulier, existe aussi parce que les citoyens ne font plus confiance aux « instances de contrôle », justement. C’est donc aussi en raison de ce manque de consistance des contre-pouvoirs, (instances de contrôle, médias, partis...associations d’intérêt public..), dans notre démocratie que cette réactivité compulsive se développe et que les intérêts individuels ou corporatistes s’épanouissent.


          • Barbathoustra Barbathoustra 23 septembre 2007 17:24

            La réactivite des citoyens, par le net en particulier, existe aussi parce que les citoyens ne font plus confiance aux « instances de contrôle », justement.

            — >

            traduction :

            La réactivite des citoyens, par le net en particulier, existe aussi parce que les citoyens QUI PENSENT COMME MOI ne font plus confiance aux « instances de contrôle », justement.

            C’est pas beau l’hypocrisie !


          • Barbathoustra Barbathoustra 23 septembre 2007 17:27

            Monsieur candidat007 a sans doute oublié le score de Sarkozy aux élections. A moins qu’il ne voit tout simplement dans l’internet son dernier espoir de voir un jour la gauche au pouvoir ...


          • bernard29 candidat 007 24 septembre 2007 03:10

            Sur la question démocratique, les 9 candidats sur 12 à la présidentielle qui souhaitaient une Sixième République ont fait plus de 56 % des voix au premier tour.

            Quant à Sarkosi, c’est un « huluberlu » qui a été élu par défaut et parce qu’il y avait un(e) challenger aussi « fofolle » que lui au deuxième tour.

            La préselection de ces deux candidats pour l’élection présidentielle nous prouve qu’une seule chose ; c’est que notre élite politique est tombée bien bas et notre système démocratique itou.

            Votre chef, je ne sais même pas s’il passera l’hiver... le plus drôle , c’est que c’est peut être la droite ou ses « collaborateurs » qui vont donner le signal des indispositions à son égard. Come vous le savez, la gauche se refonde et elle n’a pas le temps.


          • Barbathoustra Barbathoustra 23 septembre 2007 15:05

            Plus la démocratie touche à sa fin, ou devrais-je plutôt dire, à son but ; c’est à dire l’acceptation par le plus grand nombre de la dictature de marché comme le meilleur modèle qui soit et plus on en réclame. C’est curieux ? Ou plutôt, non ! A bien y réfléchir, quoi de plus naturel au contraire ...


            • Barbathoustra Barbathoustra 23 septembre 2007 15:13

              Les révolutionnaires d’hier veulent de la démocratie aujourd’hui, admettez qu’il y’a de quoi rigoler un bon coup.


            • Marc P 24 septembre 2007 08:43

              Bonjour Bernard,

              Je trouve le terme « réacratie » moyennement heureux.

              Je pense plutôt à une « pavlovisation du peuple ou à une opinion publique pavlovisante ou pavlovisée » par exemple. Parlerait on de la « réactivité » des chiens de Pavlov ?

              N’a ton pas droit « qu’à des réactions médulaires ? » et je ne m’exclus pas de ces gens là...

              Bonne journée

              Marc P


              • Vilain petit canard Vilain petit canard 24 septembre 2007 09:04

                Il est dit plus haut que "NS a le talent de transformer une visite apparemment sans intérêt en événement politique”. Là encore, posons la question de fond : est-ce le petit Nicolas qui est dépositaire d’un talent surhumain de modeler l’action des medias à sa guise, ou plus simplement les medias se mettent-ils à sa botte pour des banales questions de proximité de leurs actionnaires ? Et/ou d’une conception très suiviste de métier d’informateur ?

                Posé plus simplement et très concrètement, la vraie question qui se pose au journaliste c’est : tiens Sarko a encore été faire un show qui n’a aucune importance, mais, d’une part, mon patron est pote avec lui, d’autre part, le Président, c’est quand même quelqu’un à ne pas négliger, il est puissant, et enfin, mes auditeurs-lecteurs vont se faire ch... si je leur casse les pieds avec des questions de fond « qu’ils ne comprendront pas », par ce qu’il sont moins « intelligents » que moi, qui côtoie le pouvoir.

                Et c’est ce qui fait qu’on relaie n’importe quoi, du moment que ça bouge du côté du Pouvoir (« on surveille Sarkozy comme le lait sur le feu »), et sans se poser de questions oiseuses, comme la validité, le sens de l’événement, etc.. Le problème n’est pas que nous assistons à la naissance d’une médiacratie ou d’une réacratie, ou d’une machincratie, mais à l’utilisation cynique (décomplexée ?) d’un système de diffusion et de création de l’information, qui jusque là, ne posait de problème qu’à trop peu de monde.

                Ce qui explique tout : le primat de l’émotion visible (pas d’incendie sans pleurs devant la caméra) sur l’information, du débat truqué (« contre le trou de la sécu » versus « pour la franchise médicale ») sur l’analyse, et du spectaculaire sur le verbal.

                Si on devait caractériser notre époque, ce serait plutôt la victoire des possédants sur les consommateurs/travailleurs, et la survalorisation du cerveau reptilien : bouger, sentir et alerter, plus que penser. L’adrénaline comme outil de gouvernement.


                • arturh 24 septembre 2007 10:32

                  L’article commence par une définition : « ...la démocratie représentative, forme politique née au XIXe siècle et accomplie dans les années 1960,... »

                  C’est faux. Donc, tout l’article ne vaut pas un clou.


                  • Dalziel 24 septembre 2007 11:17

                    Ce genre de dissertation, qui repose sur le postulat que l’homme serait une créature raisonnable et rationnelle, est complètement irréaliste.

                    Quatre-vingt pour cent de ce que n’importe quel individu pense, dit, décide, fait, est de matrice fondamentalement affective.

                    Et quand je dis quatre-vingt pour cent, je fais certainement preuve de beaucoup d’optimisme, même en ne considérant que les esprits qualifiés de brillants. Que d’imbécilités n’ont pas proféré les « grands hommes » !

                    Le seul fait de nous positionner sur la droite ou la gauche de l’éventail politique, est l’aboutissement d’un processus sur lequel notre raison n’a pratiquement aucune prise.

                    Pour toutes sortes de raisons, bonnes ou mauvaises, nous nous découvrons, un jour, de droite ou de gauche, et ensuite nous allons chercher dans notre raison les mobiles de notre positionnement.

                    Ce n’est pas faire de la psychologie à deux balles que d’observer que Mme Royal est de gauche, parce que, seule de la fratrie, elle s’est révoltée contre l’éducation rigide que dispensait son père.

                    Sa tante, Marie-Jeanne Langard, nous révélait l’an dernier qu’elle a pratiquement coupé tous les ponts avec sa famille, mais je n’exclus pas qu’élue présidente de la République, elle les aurait rétablis dans un geste de magnanimité triomphante, d’où l’esprit de revanche n’aurait pas été absent.

                    Et ça non plus, n’aurait pas été très rationnel !


                    • Malinche 28 septembre 2007 09:25

                      La démocratie n’est qu’un paravent derrière lequel cacher tous les abus, un mirroir aux alouettes , un substitut à la motte de beurre et à la vaseline, un conformisme hautain et dédaigneux qui uniformise la pensé, alors après, le rôle des medias ... ! Une vrai démocratie peut exister mais sans le peuple et une armée d’esclaves. C’est vraiment la forme d’élitisme la plus répugnante, donc si évolution il y a, elle ne sera que négative !


                      • PageNotFound 28 septembre 2007 12:35

                        J’ai apprécié votre billet, et trouves votre référence à Platon intéressante. On peut encore une fois se rendre compte de la permanence du comportement humain, a champ expérimental constant que sont le Monde pour le territoire, et la société pour le groupe d’individus étudiés. Les seuls changements observés concernent bien évidemment l’époque et les moyens d’expression. De plus, j’aimes bien les termes que vous utilisez : Médiacratie et Réacratie. Vous auriez pu utiliser le pouvoir des médias ou le pouvoir réactionnaire (par les médias), mais en utilisant ces termes, vous leur donnez une teinte péjorative et négative trés tendance ! Comme vous, je ne me fais aucune illusion sur la manière dont on utilise les médias. Et comme vous je viens sur Agoravox, avec l’intuition que ce mode de communication, parce qu’il permmet de d’offrir un espace de reflexion et d’expression, permettra la formation de l’esprit (« l’âme » comme dit Platon). La question de savoir ce qu’il en sortira reste ouverte, mais il est sûr que cela mofifiera profondément notre manière d’appréhender le monde.


                        • Walid Haïdar 8 octobre 2007 07:48

                          @ arthur et Dalziel :

                          Je trouve vos deux interventions très bien tombées en étant l’une après l’autre !

                          Le premier nous fait une démonstration de logique pure pour invalider en une ligne et à 100% un article entier. Ce me paraît être appliquer de la logique pure, de la raison ridiculement rationaliste à un champ complètement inaproprié. (en un mot c’est du foutage de gueule)

                          Et ensuite Dalziel, nous dit que l’analyse de l’article n’aurait aucun intérêt puisque l’article souligne un manque de temps de pensée, alors que nous serions plutôt régis, de fait, par nos affects. Ce n’est pas parcequ’on est conditionnés en grande partie (admettons) par nos affects qu’un diagnostic de carence de temps accordé à la concertation collective et raisonnée, ne peut être fait, car en toute chose (quelle banalité), il y a une mesure voyons !

                          C’était marrant d’avoir un commentaire 100% extrêmiste rationnel, suivi par un commentaire dénué de tout sens logique. Entre les deux il me semble qu’il y a justement le champ de la discussion raisonnable, voire de la construction de formes de consensus vers l’intérêt du plus grand nombre quelques fois.

                          L’homme n’est là ni pour simplifier son contexte en le rationalisant à outrance, ce qui reviendrait à le mutiler, ni pour se rabaisser à l’état d’animal dépouvu de raison, ou encore de crétin qui ne voit pas plus loin que le bout de ses propres inétrêts à court terme : car nous vivons encore sous le même ciel il me semble.

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