La règle de trois de François Bayrou
Après le PIC, slogan sous forme d'acronyme voulant dire "Produire - Instruire - Construire", le candidat à l'élection présidentielle relance sa campagne par un nouveau volet de son programme en trois points : sortir du surendettement / Produire en France / Soutenir les entreprises et la co-gestion. Mais son grand projet, on le sait est d'établir la règle de trois dans la vie politique en instaurant le tripartisme. Avant de nous pencher sur cette nouvelle annonce du programme de François Bayrou, je vais développer un avant-propos philosophique.
La règle de trois n'est pas naturelle. Dans la nature tout va par deux : les genres (masculin, féminin), les yeux, les oreilles, et ainsi de suite. La règle de trois convient tout particulièrement aux constructions intellectuelles. En revanche, c'est une hérésie contre-nature. Pour ceux qui aiment débattre philosophie, lisez la première partie. Les autres iront directement au chapitre deux qui traite des propositions de François Bayrou.
La règle de trois, une hérésie contre-nature
Quand la nature va par deux, l'idéal humain tend vers l'unité. A défaut, une chose allant par paire mais symétrique et également proportionnée peut lui convenir. La nature va par deux, même quand on le voit pas ainsi. Par exemple, nous n'avons pas un nez mais deux narines, ni une bouche mais deux mâchoires, deux lèvres. La nature va toujours par deux, je vous le dis. Deux équinoxes, deux solstices et non pas quatre saisons. D'accord, je pousse un peu mais l'idée est là, non ? Le jour et la nuit, la vie et la mort, le bien et le mal, et ainsi de suite.
La règle de trois est une construction de l'esprit qui se révèle bien pratique pour démontrer ou développer des thèses mathématiques. Le syllogisme, argumentation en trois propositions a fait les grandes heures des philosophes grecs, le triangle enchante les mathématiciens. La Sainte-Trinité ravit les chrétiens. Quant aux amateurs de belles histoires, ils ont le choix entre "Les trois petits cochons", "les trois mousquetaires", les rois mages...
Quand un génie sort de la lampe d'Aladin, que vous propose-t-il ? D'exaucer non pas un voeu, ni deux voeux mais... (suspense, suspense !) trois voeux ! Les agences de notation nous notent avec trois lettres. La devise de notre république contient trois mots pour trois grandes et belles idées. Bref, tout ce qui est intellectuel se conçoit mieux et se retient plus facilement grâce à la règle de trois. Les étudiants des grandes écoles font leurs devoirs en trois parties : thèse, antithèse, synthèse (moi j'ajoute "foutaise" mais je ne suis pas étudiant d'une grande école, juste un saltimbanque impertinent).
Au théâtre, le lever de rideau se fait en tapant les trois coups. Quand on donne le départ d'une course, on dit quoi ? "un - deux - trois : partez !"
Finalement, cette construction de l'esprit humain est une excellente chose. Alors pourquoi ne pas l'appliquer en politique avec le tripartisme ?
La règle de trois de François Bayrou
- Sortir du surendettement : le principe du 50 -50
Le principe de base est : 50 milliards d'économies et 50 milliards de recettes. Côté dépenses, la règle est simple : pas un euro de plus dépensé dans la sphère publique pendant deux ans. Côté recettes, les niches fiscales sont dans le collimateur mais pas de rabotage aveugle et idéologique (pas à la manière socialiste) mais un recalibrage et une recherche d'efficacité dans les avantages fiscaux accordés. Tout ceci avec en arrière-plan l'esprit de justice. D'ailleurs, François Bayrou veut créer deux tranches d'impôt supplémentaires sur le revenu à 45% et 50% (pour les revenus supérieurs à 250.000 euros). Enfin, une augmentation minime de la TVA (1 point de plus, voire 2 si indispensable).
Pour ce qui est du discours, Bayrou tient au langage de vérité. Cela n'est pas nouveau ; c'est la position de Bayrou depuis au moins 2007. Bayrou déclare : "Le premier devoir de l'Etat, c'est de bien gérer, de mettre la France en état de sortir du surendettement assez vite pour que ce soit crédible et de procéder à cette remise en ordre en sachant que cela sera supportable, sans porter atteinte ni à la santé économique du pays ni à la justice sociale".
Objectif de sortir du "surendettement" du pays en trois ans et demi, d'ici à la fin 2015.
- Produire en France
François Bayrou veut identifier clairement la part de production française dans les marchandises ( création d'un "label indépendant") et établir une stratégie nationale qui sera mise en oeuvre par un "commissariat aux stratégies".
- Soutenir les entreprises et la co-gestion
François Bayrou, fidèle à ses engagements déjà pris lors de la campagne de 2007, souhaite défendre les PME. Cette idée, on le sait, a été reprise depuis pas l'UMP. François Bayrou veut également créer des banques - décentralisées -de soutien à l'investissement . Cette action de relance de l'économie serait menée en étroite collaboration avec les collectivités locales. Celles-ci pèsent en effet d'un poids assez conséquent dans le PIB.
Un emploi sans charges pendant deux ans pour toutes les entreprises de moins de 50 salariés (idée reprise par l'UMP), des incitations fiscales pour favoriser la mise en réseau des grandes entreprises et des PME.
François Bayrou est partisan de la co-gestion au sein des entreprises.
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