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Le discours du président au Puy-en-Velay sur les racines chrétiennes de la France : « Pas en notre nom »

À l’instar de nos concitoyens qui ont leurs racines dans le monde arabo-musulman et qui avaient formulé un vigoureux « pas en notre nom » au moment des attentats antichrétiens dans le monde arabe, à l’initiative du magazine Respect et relayé par Libération, il faudrait que tous ceux qui en France se sentent héritiers d’une culture chrétienne, croyants ou non, que tous ceux qui sont en accord avec le champ éthique déployé par l’Évangile, puissent eux aussi formuler un vigoureux « pas en notre nom » quand on brandit l’identité chrétienne de la France à des fins politiques et partisanes. Il faut bien sûr ne pas confondre ici, le sang versé par la haine la plus rétrograde à Bagdad puis Alexandrie et là, les habiletés politiques du Puy-en-Velay dictées par une pré-campagne présidentielle qui situe Marine Le Pen en tête au premier tour devant un chef de l’État fragilisé.
 
Mais, mutatis mutandis, les gens de culture chrétienne peuvent à juste titre se sentir pris en otages par les propos d’un président qui certes a le droit de visiter les cathédrales comme d’insister sur la défense du patrimoine, mais qui sait très bien de quelle valeur performative particulière sa réaffirmation des racines chrétiennes de la France se teinte. Car, si nul n’ignore que celle qui fut longtemps la fille aînée de l’Église, s’ancre dans un terreau chrétien comme romain, quel sens cela a-t-il de le répéter et d’insister lourdement sur « l’âme » française (« il est évident que la France a aussi une âme »), dans les circonstances que l’on sait et à l’endroit même où débuta la première croisade. Les quelques allusions à la très ancienne synagogue de Clermont, aux inscriptions en écriture coufique (et non « soufique ») sur les portes de la cathédrale, aux Lumières et à Ernest Renan pour faire bonne mesure, sentent l’à peu près et l’argutie. En réalité, il s’agissait au moins autant de célébrer un patrimoine de la France éternelle que de reprendre la main en faisant oublier à quel point la diplomatie française était passée à côté (malgré une forte présence de nos ministres sur le terrain) des commencements du printemps arabe en s’érigeant comme éventuel rempart face aux foules de Tunis ou du Caire, désormais libres, et qui donc ne manqueraient pas de nous envahir en traversant la Méditerranée.
 
Après le débat calamiteux sur l’identité nationale, la loi maladroite sur la burqa, il fallait aussi « trianguler » face à une Marine Le Pen qui a fait de la laïcité son nouveau cri de guerre, qui a compris tout l’intérêt de brandir (et de tordre) à sa façon les valeurs de la République, mais qui, ce faisant, délaisse un peu son aile catholique. Les déclarations inopportunes du maire de la ville Laurent Wauquiez, qui constatait l’éloignement entre les berges du Potomac où loge DSK et sa « colline inspirée » du Puy-en-Velay, venaient rendre tout à fait clair le sens profond de ce beau discours, sens qui sera sans doute encore approfondi par les débordements qui ne manqueront pas d’être associés au nouveau débat sur la laïcité que lance l’UMP.
 
Une des forces de la religion chrétienne est justement, dès l’apôtre Paul, d’avoir proposé une vision universelle de l’homme, au-delà de telles ou telles racines, au-delà des Juifs et des Romains, comme en témoignent les coptes ou les chrétiens d’Irak, conception qui s’est retrouvée jusque dans les Lumières qu’on lui oppose quelquefois trop frontalement. Cette dimension universelle est assez loin de la dialectique entre identité et diversité que nous a servie le président, en invoquant habilement les mânes de Claude Lévi-Strauss, qu’à ce rythme-là on va finir par ériger en maître à penser post mortem du Bloc identitaire. Au-delà de la sortie de route présidentielle en matière de laïcité, c’est l’instrumentalisation de ces racines chrétiennes par un discours politique qui les trahit dans leur profondeur, qui est insupportable. Alors oui, que tous ceux qui se sentent effectivement héritiers pas seulement des murs, fussent-ils magnifiques ou romans, mais aussi des valeurs chrétiennes, mais qui ne souhaitent pas les voir ériger en outil de propagande, en arguments pour justifier tous les renfermements, toutes les exclusions et toutes les peurs, disent eux aussi « pas en notre nom ».

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14 réactions à cet article    


  • POUR AVOIR DES VOIX...IL PRENDRAIT TOUTES LES RELIGIONS DU MONDE NOTRE AMI DES DICTATEURS ( khadafi est le meilleur....)

    vite une vraie gauche...pas seulement socialiste...........tousensemble

    au fait meme en instruction civique il devait faire le pître...un clown triste...séparation églises/état...il ne connait pas


    • Taverne Taverne 8 mars 2011 10:02

      Il faudrait cesser de s’intéresser à ce que nous radote ce looser.


      • Gabriel Gabriel 8 mars 2011 10:47

        J’ai hâte qu’il se convertisse temporairement à l’islam, comme cela, le temps d’une prière, agenouillé et front au sol en direction de la Mecque, nous pourrons lui notifier avec nos pieds orientés vers sa partie la plus élevée, tous le bien que nous pensons de sa politique.


        • titi titi 8 mars 2011 11:45

          « faut bien sûr ne pas confondre ici, le sang versé par la haine la plus rétrograde à Bagdad puis Alexandrie et là, les habiletés politiques du Puy-en-Velay dictées par une »

          Bah vous avez tout dit. Alors pourquoi avoir fait un article ?

          Que Sarko se prostitue auprès des cathos pour avoir des voix à un an des élections, je ne vois pas ce qu’il y a d’étonnant.

          Tiens faisons quelques paris... combien de temps avant que le PS ne nous reparle du vote immigré aux élections locales ?

          C’est de la politique. Politique de merde, mais politique quand même.


          • Robert GIL ROBERT GIL 8 mars 2011 11:56

            Existe-t-il une identité nationale unique ? Laquelle : Niçoise, Corse, Basque, Bretonne, Parisienne, Réunionnaise ou Guadeloupéenne ? Quelles religions : Chrétiens, Protestants, Juifs, Musulmans ? Ou Athées ? Et pour qui ? Un smicard a- t-il les mêmes valeurs, les mêmes intérêts que le patron de Carrefour ou de Total ? Un étranger qui travaille et paye des impôts en France a-t-il moins sa place dans la nation qu’un grand patron ou un actionnaire français qui fraude le fisc, délocalise, exploite ses concitoyens et planque son argent à l’étranger ? Lire...

            http://2ccr.unblog.fr/2010/11/04/lidentite-nationale/


            • titi titi 8 mars 2011 13:10

              Vous opposez la nation à la classe... heu...si je me trompe pas d’autres ont déjà montré que ca menait à pas grand chose/

              « Un smicard a- t-il les mêmes valeurs, les mêmes intérêts que le patron de Carrefour ou de Total  »
              La Nation, devrait transcender les valeurs personnelles et les interêts particulier.

              Et même sans parler de Nation, on appelle ca l’interêt général.

              Intérêt général qui n’est aucunement la somme des interêts particuliers.


            • ffi ffi 13 mars 2011 00:30

              L’intérêt général n’est que l’intérêt de ceux qui remporte les élections. Ce n’est pas du tout la somme des intérêts particuliers.

              Il faut parler de bien commun.


            • jullien 8 mars 2011 12:56

              qu’on me pardonne l’auto-citation :

              Mais revenons à nos catholiques : Ne vont-ils pas trouver la ficelle un peu grosse ? étant moi-même un pieux catholique (un vrai, c’est à dire quelqu’un fidèle à la seule église fondée par le Christ lui-même), je peux donner la réponse : oui, c’est trop gros pour que ça passe.

              Mais ne vous faites pas beaucoup d’illusions. Les journalistes semblent porter en permanence sur les yeux des sortes de lentilles correctrices pouvant les rendre insensibles à la réalité. Un tel appel n’irait probablement pas au-delà de Témoignage Chrétien et peut-être de la Vie ou le Pèlerin, c’est à dire des journaux que quasiment personne ne lit en dehors d’un noyau dur.


              • Wàng 8 mars 2011 14:02

                Mettre sur le même plan des attentats barbares frappant des innocents au nom de l’islam, et l’affirmation de l’identité chrétienne de la France et de l’Europe, est profondément immoral et le signe (parmi tant d’autres) d’une sénilité décrépie et accélérée de notre pauvre pays. smiley


                • Massaliote 8 mars 2011 15:15

                  Et de son avilissement programmé.


                • Wàng 12 mars 2011 16:03

                  C’est sûr que ça n’a absolument rien à voir. D’ailleurs, on se demande même pourquoi on est obligé de le préciser à chaque fois. smiley

                  Après tout, ça aurait tout aussi bien pu être des bouddhistes


                • ffi ffi 13 mars 2011 00:58

                  Je suis en accord sur l’article.

                  Sauf sur un détail : comme beaucoup, vous propagez une erreur sur « l’universel » chrétien.

                  Il ne signifie pas que « nature commune », mais aussi direction commune. Au sens littéral « unis vers ». Universum veut dire en latin « tourné d’un même élan vers ». Pour l’église, cela signifie un rite pour tous « tournés vers le Dieu Amour ». Economiquement, cela signifie que les artisans s’assemblent en fonction de leur activité pour l’administrer par eux-mêmes : universités d’activité, c’est-à-dire corporations (ministerium en latin a donné ministère / métier). Localement, sur une même activité, un seul ministère, un seul gouvernement suffit : l’université des artisans locaux a le monopole (grec monos politia = 1 seul gouvernement).

                  Chacun des artisans ayant une convoitise commune pour ce qui les fait survivre (l’activité), la société de l’amour fraternel consiste à leur faire gérer ensemble celle-ci pour éviter toute concurrence entre eux et des conflits inutiles.

                  L’universel chrétien consiste à s’unir vers des buts communs (bien commun), tandis que l’universalisme républicain consiste à considérer que tout le monde il est à priori pareil.

                  Ce n’est pas trop gênant d’avoir des différences, si l’on consent à converger au futur. La République est logiquement vouée à nier les différences pour garder la cohésion (uniformité et assimilationnisme historique). Il manque à son universel la profondeur du temps, et surtout une vision du futur (au-delà des élections).

                  La diversité est à la division ce que l’université est à l’union.


                  • elec 42 elec 42 13 mars 2011 10:01

                    arrètons d’avoir honte d’ètre français et chrétien.


                    • TSS 14 mars 2011 09:52

                       Simple tentative de regroupement des brebis egarées pour la presidentielle !!

                       casser la loi de 1905 cela fait 4 ans qu’il le fait en catimini !

                       16000 profs de moins dans le public ,augmentation du budget du privé et donc de

                       l’enseignement confessionnel ...donc rien que du deja vu... !!

                       

                       

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