Un article de Juan Branco explique la
corruption qui règne au plus haut sommet de l’Etat :
Sur un certain Benjamin Griveaux,
porte-parole du gouvernement.
https://blogs.mediapart.fr/juan-branco/blog/101218/sur-un-certain-benjamin-griveaux-porte-parole-du-gouvernement
L’explosion des rémunérations des
cabinets ministériels du gouvernement Philippe ne fait que
reproduire un système mis en oeuvre par les aînés du gouvernement,
à commencer par Emmanuel Macron.
Benjamin Griveaux, lorsqu’il était
conseiller ministériel, touchait plus de 10 000 euros par mois au
cabinet de la « socialiste » Marisol Touraine pour du
« conseil politique ». Cela ne suffisant pas, il partit
vendre son « influence » à Unibail (« influence »,
terme que l’élite utilise pour « corruption ») pour 17 000
euros par mois.
Sa mission ? "S’assurer que
personne au ministère des finances ne propose d’abolir une niche
fiscale favorable à l’entreprise." Ses moyens ? Les réseaux
que l’Etat lui avait confié.
Nous étions en 2014.
Entre temps, il octroyait à son
ex-futur ami Attal, Gabriel, 23 ans, aucune expérience
professionnelle ni diplôme du supérieur au compteur, un salaire de
6 000 euros par mois dans le même cabinet, où il le chargeait de
recruter chargés de missions - et parlementaires socialistes qui
serviraient à faire en sous-main la campagne de Macron.
Attal était, théoriquement, rémunéré
pour servir l’Etat, par le ministère de la santé et des affaires
sociales. Il avait pour cela voitures de fonction, secrétaires et
chefs cuisiniers à disposition. Il mettrait ces moyens au service de
son ambition.
Au même moment, le cabinet Macron
explosait les limites imposées par François Hollande en termes de
conseillers. Il n’en comptait pas moins de... six en communication.
Stéphane Séjourné, ancien lobbyiste,
compagnon de Gabriel Attal, propulsé chez Macron après avoir
été recruté chez Huchon, et Ismaël Emelien, ancien d’Havas dont
la femme y travaillait et qui ferait attribuer des contrats sans
appel d’offre à la multinationale pour des montants supérieurs à
300 000 euros sur les fonds de communication du ministère, y
organisaient des événements pléthoriques avec les moyens de l’État
pour préparer la campagne d’Emmanuel Macron, séduisaient les
parlementaires, bref, préparaient eux aussi au détriment du bien
commun l’ascension de leur chef.
Gabriel Attal, 29 ans, est devenu
député, porte-parole du parti puis ministre grâce au soutien de
Stéphane Séjourné, qui dirigeait effectivement le comité
d’investitures d’En Marche et s’occupait des nominations du groupe
LREM à l’Assemblée.
Stéphane Séjourné - qui a masqué sa
relation et les renvois d’ascenseur qu’il mettait en place avec Attal
sous le prétexte commode de l’impossible outing, alors qu’ils
étaient pacsés - a été nommé à l’Elysée comme conseiller
politique, tandis qu’Ismaël Emelien - qui y a recruté Ludovic
Chaker, lui-même en charge du recrutement d’Alexandre Benalla, en
charge de la mise en place d’une « garde prétorienne » que
les menus excès de ce dernier ont fait tomber - était nommé
conseiller spécial. Toujours rémunérés aux frais de l’Etat.
Griveaux est lui devenu ministre et
porte-parole du gouvernement, avant de faire exploser ses dépenses
en cabinet.
Tous ont trahi leurs familles
politiques d’origine, mais aussi leurs fonctions et cet Etat qui les
a rémunérés et propulsés aux plus hautes responsabilités. Alors
faut-il vraiment se montrer surpris que le système qui les a
propulsés se remette en place maintenant qu’ils sont au pouvoir,
qu’ils octroient des salaires délirants à leurs propres conseillers
après s’être eux-mêmes servis ?
Faut-il s’étonner que Attal et
Griveaux, aux poches bien remplies, soient devenus respectivement le
plus jeune ministre de la Ve République et (croit-il), le futur
Maire de Paris, le tout sans n’avoir rien démontré ni fait de leur
vie, en faisant appel aux services de Mimi Marchand via Ramzy
Khiroun, dirigeant de facto de Lagardère Active (et donc patron de
facto de Paris Match) pour leur peopolisation ?
Faut-il s’étonner qu’ils l’aient fait
après que leur « boss », Emmanuel Macron, ait recruté la
« papesse du people » sur recommandation de Xavier Niel, son
« ami », qui avait lui-même rencontré et utilisé Mimi
Marchand alors qu’ils sortaient tous deux de prison, et qui depuis
sert et dessert ses amis et ennemis, effaçant les informations qui
pourraient les gêner, propulsant les politiques qui pourraient
l’aider ?
Ce même Xavier Niel dont la fortune
dépend de la régulation de l’Etat, qui, en lui retirant des
licences, pourrait le réduire à néant comme il l’a rendu
milliardaire ?
Ce même Xavier Niel qui a investi dans
tous les médias parisiens non détenus par des oligarques
jusqu’alors, de Mediapart à Le Monde en passant par l’Obs, pour
« qu’on ne le fasse pas chier » (dixit), et pour, avec l’aide
de son homme de main Louis Dreyfus, s’assurer que les « bons »
journalistes seraient recrutés et promus, les autres virés ou
inhibés.
Ce même Xavier Niel qui, en janvier
2014, lors d’un déjeuner, m’annonçait l’élection de Macron. Macron
qui n’était alors que secrétaire général adjoint de l’Elysée,
que personne ne connaissait, et qui ferait bientôt les couvertures
de tous les médias de Niel, comme il le ferait de tous ceux de
Lagardère.
Faut-il s’étonner de la série
d’articles publiés au coeur de l’été par Paris Match qui
dressaient l’hagiographie d’Attal avant sa nomination au gouvernement
?
Que Bruno Jeudy, valet de tous les
pouvoirs, ait ainsi répondu aux commandes de Khiroun et Marchand ?
Que Lagardère, qui fut client de
Macron chez Rothschild avant de devenir son « ami »,
là-aussi, propriétaire de Paris Match, l’ait autorisé ?
Tous ces gens remettent en place à
leur échelle le système créé par leur aîné, qui consiste à
piller les poches de l’Etat après avoir prétendu se mettre à son
service.
Rappelons que Macron cumulait les
millions à Rothschild à à peine trente ans en y vendant réseaux
et connaissances de l’ENA, de l’IGF et la commission Attali. Réseaux
et connaissances censés lui avoir été attribués pour servir
l’État, et non pas se servir soi.
Tous ces gens, par l’élection, pensent
avoir été sanctifiés, et par la complaisance que le petit Paris -
qui est au courant de toutes ces manoeuvres, les voit et les couvre
en direct - leur a octroyé, légitimes pour à leur tour créer
leurs réseaux d’affidés.
Voilà comme se constituent en France
les « miracles » que la presse va bêtement relayer. Voilà
comment l’on se retrouve dirigés par des gommeux sans talents,
exploitant et pillant les ressources d’Etat au service de leur
intérêt.
Voilà comment un pays s’effondre dans
la médiocrité. Spectateurs des mouvements des grands, finançant
leurs ascensions et subissant leurs coups et petits mots lorsqu’ils
ont besoin de se défouler, il ne nous reste plus qu’à, ébahis par
leur maîtrise, les féliciter.
Ces êtres ne sont pas corrompus. Ils
sont la corruption.
https://blogs.mediapart.fr/juan-branco/blog/101218/sur-un-certain-benjamin-griveaux-porte-parole-du-gouvernement