Le miroir aux alouettes de la décolonisation !
Il est important qu’une réflexion critique ait lieu sur la question de l’attitude post coloniale des gouvernements successifs.
La connaissance de l’histoire de la colonisation et un retour sur les débats qui ont agité la gauche sur cette question permettent de mieux comprendre la situation actuelle, internationale avec le post colonialisme qui conduit des pays africains à connaître des difficultés économiques majeures et des populations entières à se réfugier en Europe pour rechercher en vain l’Eldorado.
L’auteur de ce livre , Jean Pierre Blondi apporte une contribution utile car originale puisqu’il n’oublie pas les différents acteurs, souvent peu connus d’un combat difficile, dangereux menés par des journalistes, des avocats et des militants qui ont osé soutenir la lutte des peuples pour leur libération.
« Clio et les grands-blancs la décolonisation inachevée » de Jean Pierre Blondi, Editions Libertalia, 266 pages, 15 €
Comprendre l'histoire et changer de cap !
Aujourd'hui, le temps des colonies semble être périmé, dépassé.
La bourgeoisie ne peut plus avec la modification des rapports de force, par réalisme et par intérêt maintenir un empire colonial.
Le post colonialisme s'exprime différemment pour préserver l'essentiel.
Le gouvernement américain dévoilait dès 1941 les dessous de la charte de l'Atlantique, signée en août 1941 par les deux compères Churchill et Roosevelt.
Le fameux « droit des peuples de choisir la forme de leur gouvernement » devait permettre le libre « échange, l'ouverture des marchés et le développement d'un postcolonialisme comme nouvelle forme de colonialisme !
L'auteur de ce livre revient aux sources du colonialisme et au combat pour l'indépendance des peuples.
Il explique bien la place et la politique de la social démocratie et son double langage, radical dans les congrès et pour l'assimilation « démocratique » des colonies quand elle était au pouvoir.
Ce chapitre est très intéressant et instructif, dommage que l'auteur n'ait pas consacré quelques pages à la politique stalinienne qui n'était pas non plus exempt de « contradictions » voire de trahisons.
Cela ne signifie pas qu'il nie cette réalité mais qu'il ne la traite qu'au détour de quelques passages.
Si la bourgeoisie française a pu contenir et réprimer la révolution nationale algérienne pendant plusieurs années c'est parce qu'elle a compté sur le soutien actif de la SFIO et sur une « passivité » de la direction du PCF durant la gestion de Guy Mollet.
Près d'un tiers de l'ouvrage est consacré au parcours des militants.
Cette biographie synthétique redonne à des militants parfois oubliés de la lutte anti coloniale leur place. Des catholiques de Témoignage chrétien aux trotskistes, en passant par des socialistes indépendants et des communistes, ils ont soutenu la lutte des peuples colonisés....Certains en ont perdu la vie dans des circonstances dramatiques comme Fernand Iveton, Maurice Laban et Maurice Audin .
Aujourd'hui, les populations issues de l'immigration, installées en France subissent de plein fouet des discriminations sociales.
« Le phénomène culturel ( langue, mœurs, religion) complique encore une fois les choses. L'identité supplante la nationalité et bouscule la solidarité de classe. C'est la ghettoïsation qui se généralise, dont enseignants, travailleurs sociaux, policiers, pompiers, infirmiers, urgentistes, chauffeurs de bus subissent les effets au quotidien. »
Il faut un cours nouveau, reconstruire des solidarités et combattre le système.
Si je trouve ce livre utile, enrichissant et intéressant, je ne peux pas suivre son auteur quand il évoque l'appel des Indigènes de la République que j'estime pour ma part confusionnistes et dangereux car prônant une forme de différencialisme.
Par contre l'auteur a totalement raison quand il s'interroge : « Mais n'y a-t-il pas aussi quelques perversions à sublimer une laïcité s'abritant derrière la « menace islamique » pour décorer une arrière pensée raciste ? »
Sont-ils d'ailleurs réellement laïques en confondant la lutte contre l'islamisme qu'il faut mener, avec l'islam qui doit avoir sa place dans le cadre du respect de la loi de séparation des Églises et de l'État ?
Jean-François Chalot
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