Le Pen, un candidat faussement ordinaire
Jean-Marie Le Pen était l’invité lundi 12 février de l’émission politique de TF1 animée par PPDA : “J’ai une question à vous poser”. Comme si de rien n’était, le président de la formation d’extrême droite s’est glissé dans les habits d’un candidat ordinaire. Sans aboiement, sans dérapage. Sans opposition non plus. Un boulevard médiatique pour un candidat faussement ordinaire.

A 79 ans, le Chef porte fièrement le poids des ans. Sa prestance et son bagout sont intacts, tout comme sa capacité à intimider son auditoire. Fort de la nouvelle respectabilité que lui a conféré sa présence au second tour des présidentielles de 2002, le leader frontiste a pu parader en toute impunité en prime time sur la 1re chaîne de télévision française. C’est la démonstration même de la faiblesse d’un concept qui consiste à opposer un homme public à un auditoire seulement constitué de “Français ordinaires” sans jamais s’appuyer sur un professionnel reconnu pour recadrer les propos. Or, en démocratie, la crédibilité, la parole d’un homme politique ne peut être jugée qu’en comparaison avec les faits, actes et engagements passés.
Plus que tout autre, J.-M. Le Pen, qui ne craint pas grand-chose, doit être confronté à son passé qui permet à lui seul de cerner le personnage. Président de la corpo de droit d’Assas en 53, nid d’extrême droite, il sert en Indochine comme officier dans le 1er bataillon parachutiste. C’est un homme d’action qui n’hésite pas à faire le coup de poing. En 1956, il est élu député dans le sillage de Pierre Poujade qui mène alors une croisade populiste de petits commerçants contre l’Etat et le fisc. Rapidement Poujade l’accuse de dérives fascistes tout en le sommant de cesser sa propagande antisémite. Le Pen adhère lors de la mandature suivante au groupe parlementaire du Centre national des indépendants et paysans.
Il quitte volontairement l’Assemblée nationale pour se battre pour la défense de l’Algérie française.Quarante ans plus tard, il justifie l’usage de la torture comme “une pratique nécessaire pour lutter contre le terrorisme”. Il participe par la suite à l’opération militaire franco-britannique de Suez. En 1965, il devient directeur de campagne de Jean-Louis Tixier-Vignancour, candidat extrémiste à l’élection présidentielle. La même année, il est condamné pour « apologie de crimes de guerre » pour un disque de chants du IIIe Reich comportant des titres comme l’Hymne du parti nazi ou Vive Hitler. Deux arrêts de la Cour de cassation confirment la condamnation pour « apologie de crimes de guerre » en 1971.
1972, Le Pen fonde le Front national, dont le vice-président d’alors est François Brigneau, (un ancien du Rassemblement national populaire de Déat et de la milice de Darnand), le secrétaire général adjoint, Roger Holeindre (para rallié à l’OAS), et le trésorier, Pierre Bousquet, (engagé dans
En 1988, il s’attaque au ministre Durafour : “Monsieur Durafour et Dumoulin, obscur ministre de l’ouverture dans laquelle il a d’ailleurs immédiatement disparu, a déclaré : nous devons nous allier aux élections municipales, y compris avec le Parti communiste, car le PCF, lui, perd des voix tandis que l’extrême droite ne cesse d’en gagner... M. Durafour-crématoire, merci de cet aveu.” En 1997 (notre photo), le dérapage est physique, il agresse une candidate socialiste aux législatives, faits pour lesquels il sera condamné à trois mois de prison avec sursis.
Depuis son succès de 2002, Le Pen tente de lisser son image avec l’aide de sa fille Marine. Pourtant, il reste droit dans ses bottes. “Le jour où nous aurons en France, non plus cinq millions mais 25 millions de musulmans, ce sont eux qui commanderont. Et les Français raseront les murs, descendront des trottoirs en baissant les yeux. Quand ils ne le font pas, on leur dit : ‘qu’est-ce que tu as à me regarder comme ça ? Tu cherches la bagarre ?’ Et vous n’avez plus qu’à filer, sinon vous prenez une trempe.” (Le Monde, 19/04/2003) “En France du moins, l’occupation allemande n’a pas été particulièrement inhumaine, même s’il y eut des bavures, inévitables dans un pays de
C’est bien cet homme-là qui, contre toute apparence, était présent sur le plateau de TF1 hier soir. Comment a-t-on pu omettre de le rappeler ?
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