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Medef, Montaigne, Ifrap : leur inquiétante stratégie du choc (2/2)

S’il y a quelque chose de surréaliste à voir les pires tenants du système faire des propositions aussi injustes socialement que dangereuses économiquement, il ne faut sous-estimer leur impact. Parce que ces mesures risquent d’être à l’agenda de Macron, il faut veiller à bien décrypter leurs arguments afin de mieux tenter de les mettre en échec en démontrant leur nocivité.

 

Un aller sans retour vers la situation étasunienne
 
Malheureusement, il faut reconnaître que le discours de l’institut Montaigne et de l’ifrap n’est pas totalement malhabile. Leur premier argument est le besoin de travailler plus. C’est assez malin après une période de confinement, où plus de douze millions de Français ont été au chômage partiel. Le thème d’un rattrapage qui appellerait un effort de tous peut sembler logique. En outre, devant les difficultés des entreprises, du fait de l’effondrement de certains marchés, il est assez logique d’imaginer que les salariés pourraient être amenés à faire des efforts pour leur permettre de redémarrer. Parce que le confinement a provoqué une crise économique extrêmement violente, cela nourrit des discours de régression sociale pour en compenser les effets. Ce raisonnement est encore renforcé par les reportages sur les difficultés des entreprises à faire face aux coûts supplémentaires liés à la crise sanitaire.
 
Même si dans quelques exceptions, cela pourrait avoir du sens, et encore, en fonction des conditions, ce discours est très majoritairement faux. D’abord, il ne faut pas oublier que l’Etat, par le dispositif de chômage partiel, coûteux et imparfait, mais approprié, à condition de chasser les abus, compense une partie de la baisse d’activité des entreprises en prenant en charge les salariés qui n’ont plus d’activité. Ensuite, travailler plus ne sera pas forcément nécessaire, car dans bien des domaines, l’activité perdue ne sera pas rattrapée : les repas au restaurant qui n’ont pas été pris en avril et en mai sont malheureusement perdus à jamais. S’il ne s’agit pas de produire davantage que la normale après le confinement, pourquoi faudrait-il demander plus d’heures de travail aux salariés ? Enfin, alors que le chômage monte, n’y-a-t-il pas le risque d’accélérer les destructions d’emplois en augmentant la durée du temps de travail ?
 
Plus globalement, même s’il peut paraître juste de demander une contribution aux salariés, cette logique est un cercle vicieux si elle s’applique largement. En effet, si un plus petit groupe de salariés parvient à maintenir son salaire en travaillant plus longuement, alors la demande globale baissera, ce qui enfoncera l’économie dans la récession. En outre, il ne faut pas oublier que les profits des entreprises sont au plus haut : il y a donc globalement de la marge pour amortir la crise et les entreprises ont également intérêt à ne pas saborder leur demande. Bien sûr, il y a des cas particuliers, des activités moins rentables, d’autres davantage touchées par la crise et certaines entreprises plus fragiles. Là, il revient à l’Etat de bien cibler les dispositifs pour éviter les effets d’aubaine et apporter son concours financier à ceux qui en ont vraiment besoin. On peut craindre que l’aide n’arrive pas toujours là où il faut.
 
Les propositions de l’ifrap sont proprement ridicules, pour ne pas dire plus, d’un point de vue financier. Mais comment peut-on demander aujourd’hui une aide sans limite pour les entreprise, des baisses massives de la fiscalité et plus de contraintes budgétaires ? Où l’ifrap pourrait trouver les dizaines de milliards nécessaires pour appliquer ses idées, alors même que bien des services de l’Etat souffrent d’un manque de moyens, comme le montre la situation de l’hôpital, malheureusement guère différente de celle de l’école ou la police ? Jamais l’ifrap ne dit souhaiter réduire les retraites, le nombre de lits d’hopitaux ou le nombre de profs… Ce programme est de la pure pensée magique, totalement déconnectée de la réalité. En réalité, les propositions de l’ifrap sont un simple agenda catégoriel, celui des plus riches, et encore, uniquement ceux qui ne se soucient pas le moins du monde de l’intérêt général et n’ont que faire que les soignants et les professeurs soient si mal payés. Ce n’est qu’un agenda d’oligarques égoïstes.
 
Ce que souhaitent ces gens, c’est continuer à pousser notre pays dans la direction complètement folle prise par les Etats-Unis, un pays où la régression sociale a produit une régression de la condition humaine, faisant gagner un « prix Nobel d’économie » à Angus Deaton, qui a théorisé les dégâts humains monstrueux de ce système économique, les « morts de désespoir ». Malheureusement, les arguments de ces gens s’appuient aussi sur des faits non mis en perspective (hausse de la dette publique, niveau de la dépense publique) qui leur permettent de donner un minimum de crédit à leurs histoires. Et en s’appuyant sur la gestion critiquable de la crise sanitaire par l’Etat et les difficultés de nombreuses entreprises après le confinement, une énième version de la politique de l’offre a une opportunité. Ici, il faudra rappeler le bilan calamiteux de cette politique sous Hollande (baisse des taxes et démantèlement du droit du travail), au coût budgétaire et social extraordinairement élevé et aux effets économiques totalement dérisoires.
 
Il est donc essentiel de continuer à décrypter le discours de ces gens-là pour démonter les incohérences et les zones d’ombre de leurs discours. La politique de l’offre demain, ce serait une nouvelle baisse de toutes les retraites (préparée par la réforme Macron), moins de moyens pour l’hôpital et une poursuite de la chute de notre Education Nationale. La politique de l’offre est une absurdité dans un marché unique où le SMIC est cinq fois plus bas que le nôtre, à moins de vouloir la convergence là aussi.

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11 réactions à cet article    


  • rogal 5 juin 2020 13:30

    Ce n’est pas exactement le confinement qui a été à l’origine de la crise économique.

    Son déclenchement a été l’arrêt brutal du tourisme international, avec toutes les conséquences qu’il laissait prévoir même en absence de confinement : chute du transport aérien et des croisières, coup à l’hôtellerie, arrêt de la production aéronautique, etc. Bref, la peur du virus a provoqué une baisse de la demande dans l’économie des loisirs.
    Le confinement y a ajouté une baisse de l’offre, par le retrait de nombreux travailleurs, là encore par peur de l’épidémie. Ces deux baisses, offre et demande, s’entretiennent mutuellement depuis lors.

    N’oublions pas, en outre, le contexte dans lequel tout cela est arrivé : crise financière majeure en vue (surendettement général) et récession arrivant.


    • Le421... Refuznik !! Le421 5 juin 2020 18:49

      @rogal
      Avant le confinement, la situation était déjà en chute libre.
      Demandez à Renault.


    • troletbuse troletbuse 5 juin 2020 21:39

      @rogal
      Non, c’est la crise économique qui a été à l’origine de la fausse pandémie.


    • rogal 6 juin 2020 02:49

      @troletbuse
      Une interprétation qui en vaut une autre.


    • Le421... Refuznik !! Le421 6 juin 2020 08:23

      @Le421
      C’est rigolo... Je dis la même chose que Rogal et je prends des « 1 étoile » là où il en prends trois...
      Y’aurai t-il des notations « au pseudo » ?
      Nooooonnn !! Pas possible !!  smiley
      PS : C’était un test.


    • charlyposte charlyposte 6 juin 2020 09:19

      @Le421
      Et à Carlos.


    • Iris Iris 6 juin 2020 14:38

      @Le421

      Quelques suggestions :

      Vous voudriez dire la même chose mais n’y arrivez pas.

      La forme que vous adoptez n’est pas la bonne.

      Changez de pseudo.


    • rogal 6 juin 2020 15:05

      @Le421
      En voilà une de plus. La 421-ième que je vous mets !


    • DACH 5 juin 2020 17:43

      Les propositions de l’ifrap sont proprement ridicules, pour ne pas dire plus, d’un point de vue financier.

      = Quelle est la démonstration de cette affirmation ?


      • charlyposte charlyposte 6 juin 2020 10:16

        Le grand public assiste, interdit, à une série de voltes-faces de la part de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui a annoncé le 3 juin dernier la reprise d’essais cliniques sur l’hydroxychloroquine en vue de trouver un traitement du Covid-19, après les avoir suspendus suite à la publication d’une étude parue dans The Lancet, alors qu’elle les avait au préalable autorisés face à l’ampleur de la pandémie.

        Au micro de Sputnik, Thierry Mariani, député européen (RN), considère que « la revue la plus importante » du monde scientifique publie un « article absolument pas sérieux ».

        La réponse européenne face au Covid-19

        Mis à part le côté purement scientifique, le député européen fait la remarque que « l’OMS a eu une réaction assez contestable pendant la crise ».

        « Sans être complotiste, on a le droit de se poser des questions : pourquoi tant de revirements ? L’OMS a eu une politique totalement brouillonne. Surtout, il y a certainement de gros intérêts en jeu en ce moment. L’Europe est totalement absente, parce qu’on voit bien que ce ne sont que les jeux des laboratoires médicaux », remarque Thierry Mariani.
        .................

        L’homme politique soulève également plusieurs problèmes de l’Europe dans un certain nombre de secteurs chargés de la recherche et rappelle qu’au moment très tendu de la crise sanitaire, Mauro Ferrari, le responsable de la recherche en Europe a démissionné, « déçu » par le rejet de sa stratégie face au Covid-19 par le conseil scientifique du Conseil Européen de la Recherche (CER). L’incertitude sur l’utilisation de chloroquine demeure

        Le député européen suppose que la science subit des pressions financières : « avec ce qu’il s’est passé avec l’étude, cela me semble évident », glisse-t-il. Mais la valse des revirements dans les positions et des déclarations autour du coronavirus le laisse perplexe, puisque « on n’est plus sûrs de rien ». Un exemple parmi d’autres : depuis le début de la crise, « on a expliqué en France que les enfants sont des porteurs dangereux, depuis deux jours, on explique que c’est totalement faux ».

        « Sur les médicaments ça change très souvent. La vraie question : pourquoi y a-t-il eu cette étude dans The Lancet totalement orientée ? » s’interroge Thierry Mariani.

        Une autre remarque de l’homme politique, qui rappelle « ne pas être médecin », est que « les théories du professeur Raoult gênent visiblement beaucoup de monde ».


        • charlyposte charlyposte 6 juin 2020 13:33
          Le G20, avec les pays invités, a coordonné les efforts mondiaux pour soutenir la lutte contre la pandémie de Covid-19. À ce jour, les membres du G20 et les pays invités ont promis plus de 21 milliards de dollars pour soutenir le financement de la santé mondiale », a déclaré le groupe dans un communiqué publié ce 6 juin sur son site officiel.
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          Selon ce document, ces fonds seront orientés vers le diagnostic, les vaccins, la thérapeutique et la recherche ainsi que le développement au profit de tous. smiley

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