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Nicolas Sarkozy : le trouble plus que la confiance

 Enième crise, énième plan. Plan réaliste ou plan en trompe l’oeil ? Les observateurs sont très partagés sur les dispositions du plan de relance présenté hier par Nicolas Sarkozy. Plus grave pour le Président, outre le fait d’avoir perdu le Nord, Nicolas Sarkozy donne l’image d’un responsable politique qui perd pied face à la complexité économique. Le pire pour l’Elysée serait de donner l’image que derrière l’agitation se dessine la résignation de ses prédécesseurs.

 Pas convaincus. Les principaux éditorialistes de la presse française ne sont pas avares de critiques à l’égard des annonces de Nicolas Sarkozy.  Au-delà du  « concert de louanges ridicule de la majorité » Laurent Joffrin rappelle que Jacques Chirac, confronté à la récession de 1975, avait consacré à la relance quelque 2,2% du PIB, alors que Nicolas Sarkozy s’en tient à un petit 1,2%. Si le directeur de Libération reconnaît le pragmatisme du Président, il juge timide le dispositif présenté, « en dessous des impérieuses nécessités de l’heure ».

Paul Burel (Ouest France) est sur la même ligne et pose le problème d’une relance alors que les caisses sont vides. « Il n’empêche, la pertinence et l’habileté de la relance française ne doivent pas en masquer les limites flagrantes. Les trompettes de la propagande pourraient laisser croire à un plan massif et exceptionnel, alors qu’il s’agit, plus simplement, d’un plan important et ciblé. Qui écarte toute stimulation générale de la consommation, qui n’annonce aucun investissement stratégique majeur, qui ignore de grands travaux dignes de ce nom. Et qui s’avère sans élan européen ».

Où est l’Europe ? Hier proclamé Roi du monde, Nicolas Sarkozy à la tête de l’Union semble avoir renoncé à une réplique européenne concertée et coordonnée. L’Alsacien Jean-Claude Kiefer (Les DNA) est inquiet. « Tout se passe comme si devant une Commission sans autre but que sa propre reconduction en 2009, l’Union européenne était désormais scindée en deux : d’un côté, les artisans de la relance dont la Grande-Bretagne, la France, l’Italie et l’Espagne ; de l’autre, Allemagne en tête, les tenants de l’orthodoxie budgétaire n’autorisant que des aides conjoncturelles - comme celles adoptées hier par le Bundestag - dans la limite des grands équilibres. Or ce “découplage” entre Paris et Berlin n’annonce rien de bon et, outre-Rhin, le plan français est déjà interprété comme une tentative de pression sur la chancelière Merkel très - trop - timorée face à la crise. Car, à moins de mettre définitivement à mal l’ “axe” franco-allemand qui inspire la politique européenne depuis les années 1960, il faudra trouver un terrain d’entente. Le Conseil de Bruxelles les 11 et 12 décembre promet d’être animé ».  Jacques Camus (La République du Centre) ne cache pas que le principal défaut au plan présenté est d’être franco-français.

Interrogations donc sur la dimension du plan mais aussi, sur son équilibre entre la part réservée aux ménages et celle consacrée aux entreprises. Jean-Marcel Bouguereau (La République des Pyrénées) estime qu’en favorisant l’investissement, Nicolas Sarkozy donne les verges pour se faire battre. « Une fois de plus il privilégie les grandes entreprises, l’Etat ayant décidé de leur payer leurs dettes, sans compter de nouvelles exonérations de charges. A côté de ça, le chèque de 200 euros destiné aux bénéficiaires de RSA (ex-RMI) fait figure d’aumône : 760 millions par rapport aux 26 milliards engagés ».

Une provocation pour Daniel Ruiz (La Montagne) « Les Français défavorisés, ceux qui souffrent, vivront comme une provocation la maigreur des dispositifs annoncés en leur faveur. Les tensions sociales vont s’accroître et ne contribueront pas au rétablissement d’un bénéfique climat de confiance. Cette vision un peu étriquée du rôle des ménages dans le redémarrage de la consommation sera d’autant plus reçue comme une agression que le plan ne touche pas au paquet fiscal. Sans compter que c’est un mauvais calcul, on ne vend pas de voitures à des gens qui n’ont pas d’argent pour mettre de l’essence dans le réservoir. Le défi de la modernisation et la croix faite sur le déficit budgétaire auraient gagné à être soutenus par des signes forts en direction du pouvoir d’achat ».

Troisième type de critiques, le manque de lisibilité de la politique présidentielle. Bruno Dive (Sud Ouest) voit une volte-face « Tout de même : quel changement de pied, de la part d’un gouvernement qui nous expliquait il y a peu que les caisses étaient vides et l’Etat en faillite ! Magie de la crise… Soudain, “tout devient possible”, pour parodier le slogan de campagne du candidat Sarkozy. Magie d’une crise qui va permettre à la France de s’équiper à grand pas de nouvelles lignes TGV, de gendarmeries flambant neuves, de campus riants, de voitures propres et logements sociaux… Magie d’une crise qui voit l’Etat tout à coup saisi de scrupules à se faire de la trésorerie sur le dos des entreprises ».

Une nouvelle fois, Nicolas Sarkozy donne le tournis. François Martin (Le Midi Libre) décerne un manque de sens. « Que peut comprendre le Français moyen ? Ce plan fait-il de la crise “une chance de moderniser la France” comme l’affirme le porte-parole de l’UMP ? Pas sûr… Ce Français moyen aurait aimé comprendre d’où vient l’argent. Qui va payer ? A quoi cela sert-il ? D’autant qu’un grand absent a crevé l’écran, hier : le pouvoir d’achat. Les 200 euros à destination des titulaires du RSA ne sont pas à la mesure de la crise. Que pèsent-ils face aux cadeaux du bouclier fiscal ? Sarkozy, parangon du langage de vérité, aurait dû faire oeuvre de plus de pédagogie sur le financement et l’effort de solidarité nécessaire pour sortir le pays de la récession ».


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10 réactions à cet article    


  • Alpo47 5 décembre 2008 13:40

    Mais oui, avec Sarkozy tout ( ?) est possible. Ce qui est certain, c’est que la visible hyperactivité de notre président ne dégage pas l’impression de quelqu’un de solide à la barre et qui sait où il va. Ce qui est ennuyeux, c’est qu’il nous y emmène tout de même avec lui.


    • Oreille 5 décembre 2008 13:51

      Il ne sait effectivement pas où il va, il se contente de "réagir ponctuellement".


    • non666 non666 5 décembre 2008 18:41

      Pas tout à fait, il reagit ponctuellement ...en suivant les sondages et l’actualité.

      Les yankees lachent 750 milliards dans des plans de sauvetages ?
      Il faut faire pareil sinon on pensera qu’il fait moins bien que ses Maitres !

      Il etait liberal et contre l’interventionnisme ?
      Il se renie sans vergogne pour continuer a etre à l’affiche des medias, a surfer sur la vague de l’info et "faire de l’audience", comme la première décolorée venue du "prime time"...

      tant que vous le juegerez comme un politique, vous serez dans l’erreur.
      Il faut le juger comme etant un "artiste ordinaire" au MOI surdimensionné et extremement sensible a l’opinion qu’on a de lui.
      Il se choisissait deja ses interviewer AVANT la campagne présidentielle.
      Les mauvaises langues disait qu’il avait un bureau a Europe N°1 , un lit au Figaro...
      Désormais il nomme directement ses flatteurs à la télé publique et ses copains dans leurs chaines privées.

      Mais il faut faire de l’audience vous comprenez...


    • Oreille 5 décembre 2008 13:50

      "...un plan important et ciblé. Qui écarte toute stimulation générale de la consommation, qui n’annonce aucun investissement stratégique majeur..." Oui et c’est bien ça le problème, on refinance les banques qui ne font pas, ou mauvais usage de cet argent. Les entreprises coulent une à une, les chômeurs se multiplient et de fait l’assiette fiscale 2009 diminue. Les injections de l’argent public doivent se faire des deux côtés... c’est de l’économie basique, soutenir la production d’une part pour éviter la montée du chômage et soutenir l’offre, et booster la consommation de l’autre pour créer de la demande. Ce n’est apparemment pas le désir de nos politocards d’aider la France à ne pas sombrer. Quant aux 200€ de cadeau aux RMIstes, il me semble qu’ils sont là pour payer la redevance TV, la petite boite à propagande... D’ailleurs maintenant, la redevance TV concerne aussi les écrans de pc !!!! Y en a marre de la politique de nain de jardin, ça pisse pas bien haut.


      • le mave 5 décembre 2008 13:52

        Lorsque j’aurai besoin d’une revue de presse je ne viendrai pas sur Agoravox .
         
        Quel intérèt de reproduire des extraits de journaux sur un site qui prétend s’en differencier .


        • Oreille 5 décembre 2008 14:01

          "Ben casse-toi pov’con"  smiley

          (pas pu résister)


        • Gabriel Gabriel 5 décembre 2008 13:55

          Bonjour, Alors ça y est, rantanplan a fait son plan ! Si ce n’était pas si grave on pourrait en rire. Malheureusement, la politique de rantanplan rime avec argent ! Ce plan qui ressemble à tant autres auparavant, excepté peut-être que l’état va enfin payer ces dettes, n’a aucune originalité et sera relativement inefficace. Rantanplan n’a absolument pas pris la dimension de la situation. Est-ce un manque flagrant de neurone ou un je m’en foutisme extrême. Je penche pour la deuxième solution.


          • LE CHAT LE CHAT 5 décembre 2008 14:07

            ceux qui nous gouvernent vivent vraiment sur une autre planète !


            • geo63 5 décembre 2008 16:54

              Ce vendredi à 16h50, il semblerait que l’analyse des boursiers (mais oui ces affreux à qui l’on doit une partie de la merde actuelle) aille dans le sens de l’auteur (-5%), c’est vraiment la déprime !


              • ombrageux ombrageux 7 décembre 2008 00:51

                Au-delà du  « concert de louanges ridicule de la majorité »

                Je crois que l’on pourrait dire aussi du concert de critique ridicule de l’opposition.

                En gros cet article nous fait un condencé des critique émisent dans les autres journeaux.

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Henry Moreigne

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