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Accueil du site > Actualités > Politique > Nomination de faux préfets : François Hollande dira-t-il STOP (...)

Nomination de faux préfets : François Hollande dira-t-il STOP ?

Le nouveau Président de la république a baissé de 30% les rémunérations du Président et des ministres. Le geste est positif mais largement symbolique car le nombre de ministres dans le gouvernement, parité oblige, reste assez élevé. 
 
Et dans son livre "L’argent de l’Etat" aux Editions du Seuil, René Dosière, député apparenté PS, révèle qu’un ministre coûte en moyenne 17 millions d’euros tout compris avec son personnel et ses locaux. Ce chiffre n’avait jamais été calculé auparavant et il n’est pas idiot de l’avoir en tête quand on forme un nouveau gouvernement de 34 membres.
 

Mais au-delà des symboles, si l’objectif de François Hollande est bien de réaliser à l’avenir des économies substantielles et de moraliser la vie politique, de nombreux autres gestes sont possibles comme l’arrêt de la nomination de faux préfets...

Un ou plusieurs faux préfets, chargés d'une soi-disant mission de service public relevant du gouvernement, peuvent être nommés, de manière totalement discrétionnaire, chaque mercredi en conseil des ministres. Des hauts fonctionnaires à qui on a donné le titre de préfet alors qu'ils n'ont jamais exercé cette fonction et sans exiger le moindre titre ou diplôme nécessaire pour ce poste ! 
 
C’est en quelque sorte un cadeau du Président offert à ses courtisans ou obligés mais ces arrangements entre amis que l’on cache soigneusement au citoyen, coûtent très cher aux contribuables…
 
Un peu d’histoire
 
Ces nominations de « faux préfets » ou de "préfets fantômes" existent depuis la création de ce corps par Napoléon 1er, en 1800. Cependant le général de Gaulle, assez strict avec tout ce qui touchait aux finances du pays et à la morale publique, y avait mis fin. 
 
Mais François Mitterrand en arrivant à l'Élysée en 1981 avait rétabli rapidement ce système, basé souvent sur des relations maçonniques. C’est ainsi qu’un décret du 23 décembre 1982 autorisa la nomination de préfets en mission de service public relevant du gouvernement, à hauteur de 5% de l'effectif budgétaire de ce corps. Après François Mitterrand, le système a largement prospéré sous Jacques Chirac et il a perduré sous Nicolas Sarkozy. 
 
Ces préfets sont nommés préfets hors cadre après quelques mois, nomination qui leur permet de toucher environ 6.000 euros bruts mensuels en attendant de faire autre chose, d'être élu sénateur, député ou bien d'attendre sereinement la retraite.
 
Dans le cas d’une élection, ils sont placés en détachement car officiellement ces deux fonctions sont incompatibles selon la loi. De ce fait ils ne reçoivent plus qu'un petit salaire de l'État dont le montant correspond au paiement des cotisations de retraite de préfet. Et s’ils sont confrontés à un échec électoral, ils peuvent de nouveau coiffer la casquette de préfet hors cadre, sans affectation de poste tout en touchant le salaire.
 
Quelquefois, ces nominations ne servent pas uniquement à récompenser les amis du Président de la République, elles peuvent aussi servir à dégager (avec les honneurs) une personne au profit d’une autre qui lorgne par exemple sur une circonscription électorale d’un député sortant ou d’un poste de sénateur à renouveler.
 
Il y aurait actuellement, selon l’ancien ministère de l'Intérieur, Claude Guéant, 66 préfets hors cadre mais celui-ci n’indique pas, bien sûr, le nombre de faux préfets nommés depuis les débuts de la République. 
 
Toutes ces personnes peuvent faire valoir leurs droits à la retraite de préfet sans avoir exercé cette fonction. Ils touchent alors une pension mensuelle d’environ 4.000 euros bruts, à laquelle vient s'ajouter leurs indemnités d’élus.
 
Citons pour mémoire quelques-uns d’entre eux :
 
- Michel Delebarre : ancien ministre socialiste (il sera sept fois ministre dans des gouvernements de gauche) et député-maire de Dunkerque, nommé préfet hors-cadre en 1983. Depuis le 25 septembre 20111, sénateur du Nord. Préfet en retraite depuis le 28 avril 2011. En 2005, il a été condamné dans le cadre de l'affaire des écoutes de l'Elysée et a été notamment reconnu coupable du placement sur écoutes de Jean-Edern Hallier.
 
- Brice Hortefeux : l'ami de toujours de Nicolas Sarkozy a été nommé, selon un décret pris lors du conseil des ministres du 27 avril 1995, « préfet chargé d'une mission de service public relevant de l'action du gouvernement ». Ses propos à l’égard d’un militant d'origine maghrébine, lors de l'université d'été 2009 de l'UMP, filmés par une équipe de Public Sénat mais diffusés par Le Monde sur son site Internet, avait conduit le MRAP à porter plainte pour « diffamation à caractère raciste ».
 
- Jean-Charles Marchiani : député européen sur la liste RPFIE (Pasqua-Villiers) en 1999-2004. À partir d'août 2004, il est nommé préfet « hors cadre » (sans affectation) et a pris officiellement sa retraite en septembre 2008. Jean-Charles Marchiani a été impliqué dans plusieurs affaires politico-financières au cours des années 1990-2000.
 
- Michel Roussin : chef de cabinet de Jacques Chirac à la ville de Paris puis à Matignon. Ministre de la Coopération en 1993-1994, il est mis en examen en novembre 1994 dans l'affaire des HLM de Paris et démissionne de ses fonctions. Dans l'affaire des marchés publics d'Île de France, Michel Roussin a été condamné en première instance en octobre 2005 pour « complicité et recel de corruption » à quatre ans de prison avec sursis, 50 000 euros d'amende et cinq ans de privation des droits civiques, civils et familiaux.
 
- Michel Vauzelle : directeur adjoint de cabinet de François Mitterrand, candidat à la présidence de la République (1981) ; porte-parole de la présidence de la république (1981-1986) ; préfet hors cadre (1985). Préfet en retraite depuis le 15 août 2010. Le 8 septembre 2010, il est entendu comme témoin assisté dans l'enquête sur le détournement de 740 000 euros par des associations présumées fictives et subventionnées par le conseil régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur entre 2005 et 2007.
 
Lorsqu’ils décident de quitter leurs mandats électoraux ils peuvent tout cumuler : retraite de préfet, de parlementaire et d'élu local. Les montants de ces cumuls sont particulièrement choquants (15.124 euros bruts mensuels par exemple pour Michel Delebarre) car, rappelons-le, selon l'INSEE la pension moyenne des retraités (base + complémentaire) et tous régimes confondus s’élève à 1.122 euros par mois (825 euros pour les femmes, 1.426 pour les hommes).
 
Cette existence de faux préfets est un scandale français qui bénéficie d'un habillage légal, un scandale qui serait inadmissible chez nos voisins comme le Royaume-Uni ou l'Allemagne. 
Si la gauche remporte les élections législatives, François Hollande n’aura que l’embarras du choix pour réaliser des économies substantielles : réduction drastique des niches fiscales, rétablissement d’une réelle progressivité de l’impôt sur le revenu, réduction du nombre de députés et sénateurs, suppression de l’exécutif départemental au profit de l’exécutif régional, etc. 
 
La suppression des faux-préfets a l’avantage d’être un geste simple qu’on peut très bien faire aussi par ces temps de crise où le gouvernement compte serrer les cordons de la bourse. Mais, république monarchique oblige, il n’est pas sûr que le nouveau Président de la République saura rompre sur ce point avec son ancien homologue de gauche, François Mitterrand…
 
 

Photo Creative Commons : préfet par la Ville d'Arles (http://www.flickr.com/photos/ville-arles/3909272232/)

Lien direct article :http://reformeraujourdhui.blogspot.fr/2012/06/nomination-de-faux-prefets-le-nouveau.html


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12 réactions à cet article    


  • chantecler chantecler 4 juin 2012 10:31

    C’est ça ! Les électeurs ont élu un président de gauche il n’y a même pas un mois .
    Et la droite, que vous représentez, prétend qu’il ne faut pas toucher à tous les fonctionnaires aux ordres soigneusement mis en place depuis 5 ou 10 ans par l’ancien pouvoir dans tous les domaines ?.
    Préfets, conseillers , dirigeants , etc etc
    Et puis peut être aussi appliquer la même politique que NS qui s’est montrée tellement efficace ?...
    Et puis sans doute laisser les médias continuer leur propagande ?

    Ben, non . Je ne suis pas d’accord .
    Que ce gouvernement fasse ce qu’il peut faire avant d’avoir une assemblée qui soutienne sa politique en lien avec le programme annoncé .
    Peut être que la bonne bourgeoisie peut regretter l’ancienne équipe , puisqu’ apparemment elle en a été largement bénéficiaire .
    Mais une majorité de Français ont dit stop .Autre chose .
    L’état de notre pays est lamentable dans tous les secteurs et sur tous les plans .

    Alors vous pouvez hurler à l’état PS . Ce ne sera pas état PS mais aux mains de gens compétents ce qui changera .

    Salutation .


    • chantecler chantecler 4 juin 2012 13:44

      M’en fiche : je ne suis pas croyant : je préfère les gens qui pensent .


    • AntoineR 4 juin 2012 10:45

      Je ne pense pas que cela soit une mesure de droite ou de gauche. C’est une mesure de bon sens qu’il faut prendre au plus tôt.
      L’exemplarité est la première qualité que doit avoir un gouvernement.
      On ne peut pas demander des efforts aux français si on dépense à tout va.

      On gouvernement honnête devrait mener ce genre d’action.
      Il est urgent aussi de faire quelque chose sur le cumul des mandats et sur le cumul des retraites !


      • Defrance Defrance 4 juin 2012 11:42

         Bonjour à tous,
         
         Ce sujet n’a rien a voir ni avec la droite, ni avec la gauche, mais le bon sens commande qu’en période difficile, RIEN ne doit être négligé !

         Une solution simple consisterai a priver TOUS les condamnés de cet « avantage » !
         Pour les non condamnés ayant exercés d’autres fonctions , laisser le choix entre cette « prestation » et leurs « droits » liés a leur fonctions

         Pour ceux qui n’ont QUE cela, le RSA !


        • Jean-Louis CHARPAL 4 juin 2012 12:46

          Il y a bien sûr, hélas, d’autres scandales du même genre.

          Mais on peut déjà mettre un terme à celui-là. Ce sera toujours ça de gagné en faveur de l’intérêt général


          • Defrance Defrance 4 juin 2012 13:04

             Il peut aussi revendre les Navions de son prédécesseur et utiliser les lignes commerciales ordinaires ?

             Je propose aussi que l’Élysée « ouvre » une agence de location de voitures pour rentabiliser les 650 qui sont au parking ?

             Ex : une descente des champs Élysée dans la SM de Pompidou pour 50 000 € ?
             Pour la DS de de Gaulle 500 000€ !


            • Soi Même 4 juin 2012 14:27

              Hollande est ’il le fils spirituel de Mitterrand ?

              On va voir si il a le courage de réformé cette verrue républicaine qu’est le Sénat, où il va s’allongé comme je le pressent après les législatives au dogme européen.


              • bonnes idées 4 juin 2012 14:36

                Tiens en parlant d’économie il me vient une idée, supprimer le conseil constitutionnel qui nous coûte la bagatelle de 3 millions de petits neuros par an.

                 Si on y arrive, après on s’attaque au sénat qui sert à que dalle.  smiley


                • lebreton 4 juin 2012 16:13

                  @ l’auteur 



                  vous devriez prendre une calculette avant d’avancer des chiffres sortis des poubelles de L’ump ,mais c’est vrai l’honnêteté disparaît de nos jours !!!!!

                  • Albert Ricchi Albert Ricchi 4 juin 2012 22:20

                    @ Lebreton

                    Vous devriez prendre une loupe avant de lire des articles sur Agoravox car à ma connaissance René Dosière n’est pas membre de l’UMP mais apparenté PS.

                    Et ajoutons pour votre information que René Dosière, grand pourfendeur des dérapages du train de vie de l’Etat et des élus, a eu la surprise d’apprendre qu’il se verrait opposer un candidat PS à la législative en la personne de Fawwaz karimet, qu’il avait déjà battu en 2007. Si René Dosière a de vrais ennemis à droite, il a aussi de faux amis à gauche...

                    Mais c’est vrai la malhonnêteté intellectuelle est courante de nos jours !

                     

                     


                  • credohumanisme credohumanisme 4 juin 2012 19:57

                     « sans exiger le moindre titre ou diplôme nécessaire pour ce poste ! »
                     dites-vous

                    Où avez-vous vu qu’il faille un diplôme spécifique pour devenir préfet ? La diversité des formations est une chance : Les préfets sont majoritairement choisis parmi les sous-préfets et les administrateurs civils. Toutefois, le Gouvernement peut nommer librement, sans considération de leur statut antérieur, jusqu’à un tiers des préfets. Heureusement que tous ne sortent pas de l’ENA ou de Saint-Cyr !

                    Ensuite on peut naturellement discuter de l’opportunité du nombre, et de la pertinence des nominations, mais démarrer votre article par une inexactitude de cette ampleur ...


                    • mortelune mortelune 10 juin 2012 16:02

                      Qu’est-ce qu’ils se mettent dans les poches ces oiseaux là ... Bon ! Ben ! Aller faut s’coucher il est tard et demain ya boulot. Faut bien que quelque paye les extras salaires de toutes ces bouches inutiles.

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