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Nouvelles Régions et l’Etat. Nouvelle donne ?

Entre Grande(s) Région(s) et L’Etat Central.

Philippe Richert un précurseur ?

 

Entre les 13 régions nouvelles voulues par le pouvoir central, entérinées, bon gré mal gré, par le scrutin national, les relations ou les rapports avec Paris sont forcément complexes puisque demeure une franche distinction, spontanément restaurée après les ententes anti-FN, entre une gauche et une droite aussi impatientes l’une que l’autre de se démarquer. 2017 oblige !

Si on a pu croire, voire espérer, qu’à force de « valeurs républicaines », « de vivre ensemble », d’humanisme (terme souvent galvaudé), de respect de l’intérêt supérieur de la Nation- sans fermer le ban-, on atteindrait l’harmonie d’une démocratie largement partagée, on s’impatiente à son tour. Mais se profile peut-être à l’horizon une reconfiguration voire une refondation du paysage politique...lentement. Si les politiques ne sont pas prêts, les électeurs les y contraindront.

 

La contagion du système allemand ?

 

 En dépit des divergences partisanes historiques entre CDU/CSU et SPD, en dépit de l’absence de majorité absolue, grâce aussi à la faiblesse des petits partis ou encore la brutalité des extrêmes, la coalition des deux grands résiste alors que l’orage gronde sous le tonnerre des drames encore inexpliqués de Cologne et d’ailleurs. L’Allemagne souffre de son courage à accueillir les réfugiés en si grand nombre, de son impréparation un peu naïve à conjurer les scandaleux débordements sans doute d’une minorité active de barbares sans scrupules et dans certains cas nuisibles à leur propre collectivité.

Un exemple à gauche.

Dans l’Eurométropole de Strasbourg, le président socialiste Robert Hermann a ouvert son équipe dirigeante à des vice-présidents de l’opposition de droite et cela sans y être contraint. Et ce n’est pas pro format mais pour travailler ensemble. Et çà marche. Ce goût de l’ouverture gagne peu à peu la classe des politiques, à la suite de ce que les gens manifestent de plus en plus dans leurs propos et dans les urnes.

Un autre cas très intéressant et à suivre celui de Philippe Richert .

 

Philippe Richert, Les Républicains, ….modéré.
 

Il est issu de l’UDF, du CDS rallié à l’UMP donc avec un substrat centriste.
L’ancien président du conseil régional d’Alsace a conquis de haute lutte la présidence de la nouvelle grande région de l’Est, ACAL ( Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine), présidence quasiment promise au FN par les sondages et un premier tour alarmant. S’il n’a pas entièrement profité du « front républicain » officiel comme ailleurs ( le candidat PS s’est maintenu), l’électorat s’est étonnamment mobilisé, stimulé souvent par les écologistes ou une partie de la gauche, pour une large victoire. L’ancien ministre du gouvernement Fillon, chargé des collectivités territoriales avait franchi au préalable toutes les étapes d’une carrière politique à la manière d’un cursus honorum romain (conseiller général, sénateur, président de conseil général, président de région). Parcours long mais sans doute aussi formateur que l’ENA.

 Sans notes mais jouissant d’une mémoire prodigieusement entrainée par une succession de campagnes, Philippe Richert connaît ses dossiers par cœur, (chiffres des postes à répartir, les budgets à l’appui, relations avec le pouvoir central, etc).

Invité par les trois Clubs de la Presse de l’ACAL à Strasbourg à un déjeuner-débat, il a fait état de son respect pour toutes les sensibilités politiques et d’un prégnant désir d’harmonieuse coopération. Avec un soin particulier pour une juste répartition des postes et des budgets (une arithmétique simple et une règle de trois suffisent pour la répartition équitable, en gros) il se sent totalement légitime. Cet aspect ne convainc pas tout le monde car bien des réticences d’apparence ont pour terreau l’appartenance à une région, à un département, à un « pays » dont on craint de voir disparaître l’originalité ou l’identité si on dépasse cette dernière notion un peu abusive. Incollable, l’ancien professeur de bio, désamorce toutes les réticences et même des attaques venant des partenaires des départements plus occidentaux de Champagne-Ardenne, plus éloignés de l’épicentre qui désormais est bien Strasbourg, avec Metz et les autres chef-lieux.... Là encore le président n’a pas de mal à rassurer à coups d’arguments chiffrés mais aussi plus géostratégiques comme celui que lui a inspiré François Baroin, le sénateur-maire de Troyes et président de l’association des maires de France, qui voit dans la réforme territoriale pour sa proche région de l’Aube, des opportunités d’extension vers l’est ou le nord alsacien-lorrain et donc au-delà des frontières.

 

L’Alsacien frontalier.

 

Curieusement, il a fallu qu’un auditeur spécialiste pose une question sur les rapports avec les voisins étrangers pour que Philippe Richert enfourche allègrement son dada des relations transfrontalières surtout avec l’Allemagne, la Suisse du nord, le Luxembourg et la Belgique en suivant les bordures de la Grande Région de l’EST. Ce sujet là, il le connaît parfaitement pour le premier secteur car il y a travaillé avec acharnement surtout avant le référendum sur la fusion des deux départements alsaciens. Un échec qui l’a beaucoup déçu (et c’est un euphémisme).

Une petite rumeur stupide et consternante, vite éteinte d’ailleurs, faisant croire à une retenue pour éviter d’être qualifié de germanophile, enfin disons le, de « boche de l’Est », a circulé dans un petit noyau de journalistes.

Ces rancœurs artificielles sont vivaces dans certains milieux extrémistes surtout, sans doute aggravées par les revendications des autonomistes, à la vérité peu nombreux et les réticences de plus nombreux Alsaciens appelant à la création d’une 14° Région par la fusion des deux départements alsaciens que le référendum avait repoussée. Enfin la participation au scrutin comme le résultat montre que, résignés, force restant à la loi, on est prêt désormais à jouer le jeu.

Il y a là une obligation si l’on veut que l’Alsacien Richert devienne, comme il l’a souhaité dans son annonce de candidature du 13 janvier, le président de l’Association des Régions de France (ARF). Il a toutes ses chances à cette élection du 26 janvier au sein du groupe des présidents de région constitué de 7 élus de droite et du centre ; 5 élus de gauche ; 1 autonomiste.

Un mandat non seulement prestigieux mais surtout efficace si ce président se pose en interface entre les régions et le Gouvernement.

Encore un échelon de plus dans le cursus honorum de Philippe Richert ?

 

Antoine Spohr.


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5 réactions à cet article    


  • périscope 19 janvier 2016 19:55

    Cette réforme des régions, proposée, voici 10 ans par Goldman Sachs, poussée par Bruxelles, est une aberration pour la France.
    Loin de diminuer le coût des administrations, elle le fera flamber et va éloigner, encore beaucoup plus les Français de leurs représentants.
     Ces régions sans unité, ressemblent aux nouveaux cantons, les uns doublés, d’autres triplés, soit disant pour faire avancer la représentation féminine, quand on pouvait faire autrement, en pénalisant les partis qui auraient trop d’hommes. Le résultat, ici, chez moi, c’est qu’on a ajouté un canton qui n’a rien à voir avec les 2 autres, et que les électeurs qui connaissaient bien leur ancien Conseiller Général, ne savent plus qui les représente.
     En France, il fallait commencer par la base : regrouper les communes, et bâtir des structures au dessus, jusqu’aux régions, en ÉLIMINANT LES DOUBLONS à chaque niveau.
     Tout ce qu’a bâti Hollande est un déni de notre démocratie Française


    • A. Spohr A. Spohr 19 janvier 2016 20:01

      Malheureusement la messe est dite et comme moi vous êtes démocrate même s’il faut se contraindre à la résignation. On s’y fera ou on changera mais démocratiquement.


      • Rincevent Rincevent 19 janvier 2016 22:46

        Si certains présidents de régions travaillent avec leur opposition, c’est peut-être parce qu’ils ont un problème commun : le désengagement de l’État dans de nombreux secteurs sans les compensations correspondantes, non ?


        • A. Spohr A. Spohr 20 janvier 2016 11:08

          @Rincevent
          Très juste mais pas que…..Il y a 2017 et une menace qui nécessitera une campagne à fleurets mouchetés en attente de….


        • Olivier Perriet Olivier Perriet 20 janvier 2016 14:13

          Un beau panégyrique, j’en ai la larme à l’œil.

          Soulignons le paradoxe de la situation :
          Richert voulait fusionner à son profit les 2 départements Haut et Bas Rhin, ce fut un échec, causé par le blocage du haut-rhin, mélangé, on le souligne peu, à l’indifférence générale (plus de 70% d’abstention de mémoire). D’où la présence d’une liste « autonomiste » anti Richert à ces élections
          Le pouvoir socialiste, par ses jeux de coloriage de la carte de France, lui offre à présent 2...régions, dans le cadre d’une « grande Alsace » qui ne dit pas son nom : la région ACAL est érigée en « région transfrontalière, quand bien même une part notable de ses départements n’est pas du transfrontalier...

          L’UMP a souhaité récompenser le seul président de région resté à droite depuis 2004, c’est un choix partisan à mon avis très maladroit.
          On aurait pu désigner un chef de fil venant d’une région »minoritaire", comme ça a été fait finalement avec Wauquiez (Haute Loire) ou Bertrand (Aisne).

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