Pas de regret pour Chirac : les Français orphelins d’un président
Comment expliquer ce chiffre impressionnant ?
Doit-on en déduire que les Français regrettent leur ancien président, celui qu’on appelait Supermenteur il y a deux ans à peine, l’habitué des bas fonds des cotes de popularité ?
Nous ne le pensons pas.
D’abord parce que la politique de Nicolas Sarkozy pour l’essentiel diffère très peu de celle de son prédecesseur, dont il était l’un des principaux ministres : même échec concernant l’insécurité, même politique européenne, même culte du libre-échange, même libéralisme, même destruction des services publics. Il n’y a qu’en matière de politique étrangère que le changement est vraiment intervenu, Nicolas Sarkozy choisissant l’alignement total sur Washington via l’OTAN et une politique outrageusement atlantiste.
En réalité, la nostalgie de Jacques Chirac révèle surtout que les Français sont orphelins d’un président. Ce n’est pas tant Chirac qu’ils regrettent, mais l’époque où ils avaient encore un président.
Faites le test autour de vous, vous constaterez que nombreux sont ceux qui ne parviennent toujours pas à considérer Nicolas Sarkozy comme le président de la République.
ll n’en a ni la stature ni l’étoffe. Perpétuellement agité, il communique, il enfume, il endort, mais il ne préside pas.
Peu respectueux des Français (souvenons-nous du "casse-toi pauvre con"), Nicolas Sarkozy n’est pas respectable en retour. Tutoyant le grand patron, le journaliste et la star des plateaux de télé, embourbé quotidiennement dans la petite cuisine partisane, il est incapable de prendre la hauteur inhérente à la fonction suprême.
Omniprésent, sans tenue, massacrant à chacune de ses interventions le français, la langue de la République, il n’est pas à sa place.
Ce constat est encore plus cruel lors des déplacements à l’étranger. Face aux grands de ce monde, Nicolas Sarkozy se comporte davantage en enfant fier d’être sur la photo qu’en chef de l’Etat, manquant à son obligation de tenir son rang, et de tenir en même temps celui de la France.
Bref, tout donne l’impression que la France n’a plus vraiment de président depuis 2007.
Les Français se sentent orphelins d’un homme dont on attend qu’il se hisse à la hauteur des enjeux, en charge de fixer un cap pour le pays, laissant le soin à son premier ministre de mettre en oeuvre une politique, comme le prévoit normalement la Constitution.
Certes, au-delà du contenu très criticable de sa politique, Jacques Chirac n’était pas le président idéal. Mais il avait le mérite au moins de ne pas rabaisser la fonction jusqu’aux caniveaux. En cherchant à tenir son rang, il préservait un minimum la dignité du pays, et son rayonnement international.
Poussons même le raisonnement plus loin en remarquant que les Français sont désormais doublement orphelins.
Non seulement, ils n’ont plus le sentiment d’avoir un président digne de sa fonction, mais de surcroît ils demeurent orphelins d’un président qui aurait les leviers d’une véritable politique.
Ne nous leurrons pas en effet, Nicolas Sarkozy, comme son prédécesseur pour le coup, ne décide plus grand chose.
Les centres de décision sont largement ailleurs. A Bruxelles essentiellement, où les partis du Système depuis 25 ans ont accepté de transférer l’essentiel des compétences nationales, au point qu’aujourd’hui 4 lois sur 5 votées à l’assemblée nationale ne sont en réalité que des directives européennes transposées, et qu’il nous est impossible de protéger nos emplois, nos industries et nos frontières, Traités européens obligent.
A Washington ensuite, où une part croissante de notre politique étrangère et de défense se décide, plus encore après le retour dans le commandement intégré de l’OTAN annoncé début avril par Nicolas Sarkozy.
La France est orpheline d’un président et d’un Etat réellement en mesure de prendre les décisions qui comptent.
Non pas parce qu’elle n’en aurait plus les moyens, que cela correspondrait à un hypothétique "sens de l’Histoire", mais bien parce que nos dirigeants successifs ont organisé cette politique de renoncement national, qui nous prive d’instruments de régulation et de protection plus indispensables encore en période de crise.
Jacques Chirac était déjà dans cette situation, et a contribué à l’aggraver. Nicolas Sarkozy poursuit sur la même voie, se montrant par ailleurs incapable de se hisser à la hauteur de la fonction.
Quand retrouverons-nous un président digne de ce nom ?
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