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Accueil du site > Actualités > Politique > Pierre Laval, de l’arrivisme ordinaire à l’horreur politique (...)

Pierre Laval, de l’arrivisme ordinaire à l’horreur politique (2)

« En elle-même toute idée est neutre, ou devrait l’être ; mais l’homme l’anime, y projette ses flammes et ses démences : impure, transformée en croyance, elle s’insère dans le temps, prend figure d’événement ; le passage de la logique à l’épilepsie est consommée… Ainsi naissent les mythologies, les doctrines, et les farces sanglantes. » (Emil Cioran dans "Précis de décomposition", 1949, cité dans "L’œil de Vichy", 1993). Sur Pierre Laval, deuxième partie.



Pierre Laval était une personnalité politique très classique de la IIIe République. Et le voici qui a viré à l’autocrate traître et sanguinaire.


Laval et Vichy

Le régime de Vichy était ainsi né : « L’Assemblée Nationale donne tout pouvoir au gouvernement de la République, sous l’autorité et la signature du maréchal Pétain, à l’effet de promulguer par un ou plusieurs actes une nouvelle Constitution de l’État français. Cette Constitution devra garantir les droits du Travail, de la Famille et de la Patrie. Elle sera ratifiée par la Nation et appliquée par les Assemblées qu’elle aura créées. La présente loi constitutionnelle, délibérée et adoptée par l’Assemblée Nationale, sera exécutée comme loi de l’État. » (signé par Albert Lebrun et Philippe Pétain, à Vichy le 10 juillet 1940). Il n’y a eu aucune ratification par le peuple des actes constitutionnels que Pétain a promulgués dans la plus grande autocratie.

Ce régime, qui remit en cause sans le dire explicitement à la fois la République et la démocratie, dura quatre années parallèlement à l’Occupation nazie. Il s’effondra avec la Libération de la France et très formellement avec l’ordonnance du 9 août 1944 relative au rétablissement de la légalité républicaine sur le territoire continental promulguée à Alger par De Gaulle.

Cette ordonnance, inspirée des thèses constitutionnelles de René Cassin, proclamait que le régime de Vichy ("autorité de fait") n’avait jamais représenté la France qui était donc toujours demeurée républicaine : « La forme du gouvernement est et demeure la République. En droit, celle-ci n’a pas cessé d’être [article 1]. Sont en conséquence nuls et de nul effet tous les actes (…) promulgués sur le territoire continental postérieurement au 16 juin 1940 et jusqu’au rétablissement du Gouvernement provisoire de la République française [article 2]. ».

C’est pourquoi De Gaulle a toujours refusé de rétablir la République comme lui demandait notamment Georges Bidault, le président du Conseil national de la Résistance (CNR) : « La République n’a jamais cessé d’être. La France libre, la France combattante, le Comité français de libération nationale l’ont tour à tour incorporée. Vichy fut toujours et demeure nul et non avenu. Moi-même suis le Président du Gouvernement de la République. Pourquoi irais-je la proclamer ? ».

Cette doctrine très gaulliste (déjà proclamée dans le manifeste de Brazzaville le 27 octobre 1940 : « L’organisme sis à Vichy et qui prétend porter ce nom est inconstitutionnel et soumis à l’envahisseur. ») fut néanmoins battue en brèche sans être explicitement remise en cause par Jacques Chirac lorsqu’il a reconnu la responsabilité de l’État dans la rafle du Vel’ d’Hiv’ le 16 juillet 1995 (voir plus loin). On ne pouvait cependant ignorer que le pouvoir en France continentale était aux mains de Pétain…


La politique de collaboration

Philippe Pétain resta officiellement Président du Conseil avec le titre de Chef de l’État mais le gouvernement était désormais dirigé par un Vice-Président du Conseil avec la nomination de Pierre Laval le 12 juillet 1940, bombardé comme le successeur désigné de Pétain en cas de vacance du pouvoir, et cumulant à partir du 28 octobre 1940 le Ministère des Affaires étrangères, mais il a été congédié sans ménagement le 13 décembre 1940 au profit de Pierre-Étienne Flandin puis de l’amiral François Darlan. Il fut rappelé par Pétain sur forte insistance des nazis le 18 avril 1942 avec le titre de Président du Conseil jusqu’à la Libération (formellement le 19 août 1944), période où il a cumulé également les titres de Ministre de l’Information, des Affaires étrangères et de l’Intérieur.

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Toute la politique de Pierre Laval, en 1940 et de 1942 à 1944, a été de montrer la sincérité d’une alliance entre la France et l’Allemagne, ce qui nécessitait d’être plus zélé que les nazis. Il considérait que le Royaume-Uni perdrait un jour ou l’autre la guerre et qu’il fallait montrer des gages de bonne volonté aux Allemands pour préserver au maximum les intérêts de la France. Toute une propagande s’est développée autour de Pétain, des valeurs du travail, de la famille et de la patrie, autour de l’effort et de la noblesse des paysans, de la période précédente qui était laxiste, immorale et dégénérée. Je conseille à cet égard de regarder l’excellent film "L’œil de Vichy" réalisé par Claude Chabrol en partenariat avec Robert Paxton et Jean-Pierre Azéma, et sorti le 10 mars 1993.

Se moquant de la "Révolution nationale" voulue par Pétain et peu "préoccupé" par le statut des Juifs institué dès le 3 octobre 1940 (qu’il signa), Pierre Laval a tout fait pour favoriser la collaboration avec les nazis. Après sa rencontre avec Hitler à Montoire, Laval a convaincu Pétain de le rencontrer aussi le 24 octobre 1940. La poignée de main eut un terrible retentissement symbolique.

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De retour au pouvoir (après la disgrâce de Darlan), Pierre Laval redoubla les signes de collaboration avec les nazis, pensant (à tort) que Hitler serait plus clément avec la France dans le cadre d’une réorganisation de l’Europe. Au point de se faire humilier lors d’une autre rencontre avec Hitler à Munich le jour même de l’invasion de la zone libre par les nazis. Pierre Laval rencontra Hitler au moins trois fois pendant la guerre.


« Je souhaite la victoire de l’Allemagne… »

Le 22 juin 1942, à l’occasion du premier anniversaire de l’attaque de l’Allemagne contre l’Union Soviétique, Pierre Laval prononça à la radio ce qui le fit condamner pour haute trahison. Il donna cette alternative : « Ou bien nous intégrer, notre honneur et nos intérêts vitaux étant respectés, dans une Europe nouvelle et pacifiée ; ou bien nous résigner à voir disparaître notre civilisation. (…) J’ai la volonté de rétablir avec l’Allemagne et l’Italie des relations normales et confiantes. De cette guerre surgira inévitablement une nouvelle Europe. (…) Pour construire cette Europe, l’Allemagne est en train de livrer des combats gigantesques. (…) On parle souvent d’Europe. C’est un mot auquel, en France, on n’est pas encore très habitué. On aime son pays parce qu’on aime son village. Pour moi, Français, je voudrais que demain, nous puissions aimer une Europe dans laquelle la France aura une place qui sera digne d’elle. ».

On notera que les mots employés avaient perdus de toute signification : "Europe pacifiée" (par les ravages du nazisme), "civilisation" (déjà disparue avec Auschwitz), "digne d’elle" (en collaborant avec l’occupant). Un peu comme après la Libération les "républiques démocratiques" ou "populaires" qui n’avaient rien de démocratique et rien de populaire. Alors que la Communauté Économique Européenne (CEE) puis l’Union Européenne (UE) ont été réellement porteuses de paix sur le continent européen (et même Prix Nobel de la Paix).

Et dans un détour d’argumentation, Pierre Laval lâcha cette phrase qui choqua tous les Français, même ses plus proches collaborateurs : « Je souhaite la victoire de l’Allemagne parce que, sans elle, le bolchévisme demain s’installerait partout. ». Il avait initialement prévu de dire « Je crois en la victoire de l’Allemagne et je la souhaite parce que… » mais Pétain lui avait fait corriger : « Non, vous n’avez pas le droit de dire "je crois", vous n’êtes pas militaire, donc vous ne pouvez pas faire de pronostic sur l’issue du conflit, vous n’en savez rien. ». Lors de son procès, Pétain rejeta toute la responsabilité de la phrase sur Pierre Laval : « Quand je l’ai entendu à la radio, je croyais que c’était fait, qu’il avait arrangé l’affaire, quand j’ai entendu que cette phrase était répétée à la radio, j’ai bondi. Je ne me suis pas rendu compte. Je croyais que c’était supprimé et je suis navré qu’elle soit restée. » (3 août 1945).

Maurice Schumann, représentant de De Gaulle à la BBC à Londres, a réagi le soir même : « L’homme qui ose souhaiter la victoire de l’Allemagne s’est exclu de la France, il s’est condamné à mort. [Il est] un Judas doublé d’un maître-chanteur et triplé d’un négrier. (…) Pour forcer les ouvriers français à mener dans les usines bombardées du Reich une existence pire que celle des coolies [ouvriers agricoles d’origine asiatique], il a commencé par fermer mille trois cents usines, de manière à synchroniser la création du chômage avec l’invitation au voyage. » (22 juin 1942).


La répression antisémite

La répression des Juifs se renforça et ce fut Pierre Laval qui proposa le concours de la police française dans les arrestations. Plus de dix mille Juifs, surtout des femmes et des enfants, furent arrêtés par la police française (dirigée par René Bousquet) lors de la rafle du Vel’ d’Hiv’ les 16 et 17 juillet 1942.

Il a fallu attendre le 16 juillet 1995 avec l’élection de Jacques Chirac pour que le Président de la République française reconnût la responsabilité de l’État dans cette cruelle ignominie : « La France, patrie des Lumières et des Droits de l’Homme, terre d’accueil et d’asile, la France, ce jour-là, accomplissait l’irréparable. Manquant à sa parole, elle livrait ses protégés à leurs bourreaux. » en ajoutant plus positivement : « Je veux me souvenir que cet été 1942, qui révèle le vrai visage de la "collaboration", dont le caractère raciste, après les lois anti-juives de 1940, ne fait plus de doute, sera, pour beaucoup de nos compatriotes, celui du sursaut, le point de départ d’un vaste mouvement de résistance. Je veux me souvenir de toutes les familles juives traquées, soustraites aux recherches impitoyables de l’occupant et de la milice, par l’action héroïque et fraternelle de nombreuses famille françaises. J’aime à penser qu’un mois plus tôt, à Bir Hakeim, les Français libres de Kœnig avait héroïquement tenu, deux semaines durant, face aux divisions allemandes et italiennes. (…) Cette France n’a jamais été à Vichy. Elle n’est plus, et depuis longtemps, à Paris. Elle est dans les sables libyens et partout où se battent les Français libres. Elle est à Londres, incarnée par le Général De Gaulle. Elle est présente, une et indivisible, dans le cœur de ces Français, ces "Justes parmi les nations" qui, au plus noir de la tourmente, en sauvant au péril de leur vie (…) les trois quarts de la communauté juive résidant en France, ont donné vie à ce qu’elle a de meilleur. Les valeurs humanistes, les valeurs de liberté, de justice, de tolérance qui fondent l’identité français et nous obligent pour l’avenir. » (16 juillet 1995). Ce discours est d’ailleurs toujours d’actualité avec la crise des réfugiés syriens.

Son successeur François Hollande confirma cette interprétation historique le 22 juillet 2012 : « La vérité, c'est que la police française, sur la base des listes qu'elle avait elle-même établies, s'est chargée d'arrêter les milliers d'innocents pris au piège le 16 juillet 1942. C'est que la gendarmerie française les a escortés jusqu'aux camps d'internement. La vérité, c'est que pas un soldat allemand, pas un seul, ne fut mobilisé pour l'ensemble de l'opération. La vérité, c'est que ce crime fut commis en France, par la France. ».

En tout, plus de soixante-seize mille Juifs furent arrêtés par la police française entre 1942 et 1944, puis déportés et massacrés à Auschwitz. La justification de Pierre Laval était terrifiante : « Le seul moyen de conjurer le péril juif était le rapatriement de ces individus dans l’Est de l’Europe, leur pays d’origine. » (30 septembre 1942, télégramme aux ambassadeurs français).

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Pierre Laval institua aussi le STO (Service de travail obligatoire) qui apporta une main d’œuvre de 600 000 ouvriers français dans les usines allemandes de juin 1942 à août 1943 (le STO a encouragé l’entrée en Résistance de jeunes qui refusaient de partir en Allemagne).

À partir du 26 novembre 1942, Pierre Laval a concentré tous les pouvoirs avec la bénédiction de Pétain (il n’avait plus besoin de la signature du vieux maréchal). Il accentua la répression contre les résistants, les maquisards, tous les opposants au régime ou à l’occupant, et intégra même dans son gouvernement des militants carrément fascistes comme Joseph Darnand (1er janvier 1944), Philippe Henriot (6 janvier 1944) et Marcel Déat (16 mars 1944). À Marseille, un milicien fut même nommé préfet.

Dans le prochain article, la déchéance de Pierre Laval, dont personne ne demanda la réhabilitation.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (15 octobre 2015)
http://www.rakotoarison.eu

Je conseille de lire la biographie par le gendre de Pierre Laval, René de Chambrun : "Pierre Laval devant l’Histoire" (éd. France-Empire, 1983).


Pour aller plus loin :
De Gaulle.
Pierre Laval.
Pétain.
Hitler.
La Shoah.
Mai et juin 1940.
Daniel Cordier.
Jean Zay.
Germaine Tillion.
Stéphane Hessel.
Irina Sendler.
Élisabeth Eidenbenz.
Céline.
Charles Péguy.
Jacques Chirac.
Le mythe gaullien de la rafle du Vel’ d’Hiv’.
Discours de Jacques Chirac du 16 juillet 1995 (texte intégral).
Discours de François Hollande du 22 juillet 2012 (texte intégral).
L’Europe, c’est la paix.
Ce qu’est le patriotisme.

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15 réactions à cet article    


  • J.MAY MAIBORODA 23 décembre 2015 08:36

    Merci à l’auteur pour ce rappel exhaustif mais clair des pensées et des « actes » de l’apôtre LAVAL.
    A-t-il cru servir les intérêts de la France en pactisant avec l’occupant ou bien n’a-t-il été que l’exécutant de ses propres ambitions ? La question n’est toujours pas tranchée.

    • Le p’tit Charles 23 décembre 2015 08:48

      bof..un collabo comme on en trouve tant chez nos politiciens de l’UMP/S...rien de bien nouveau..c’est une des spécialité française... !


      • pierre 23 décembre 2015 09:05

        @Le p’tit Charles
        et surtout au fn, un vrai nid.


      • Le p’tit Charles 23 décembre 2015 09:18

        @pierre...bonjour..Pas pour l’instant à ma connaissance...vous avez des noms..ou c’est juste pour faire l’important et dire des bêtises.. ?


      • Lonzine 23 décembre 2015 09:55

        @pierre
        Lisez les commentaires de MAIBOROBA (que je salue au passage), il y a tout ce qu’il faut.


      • Le p’tit Charles 23 décembre 2015 10:01

        @Lonzine...heu c’est tout comme information.. ? Pas de noms donc..du bidon de votre part pour mousser dans le vide...

        Quand on affirme quelque chose faut avoir des preuves...BOUFFON.. !

      • Captain Marlo Fifi Brind_acier 23 décembre 2015 21:59

        @Cadoudal
        L’hôpital qui se fout de la charité ? ou la compétition des collabos ?
        La Gauche a collaboré au niveau du gouvernement.
        L’Extrême droite a collaboré aussi, elle vient des ligues fascistes des années 30 + la Collaboration + l’ OAS. 


        Ce qui est à noter dans cet article, merci à l’auteur, c’est l’apparition de l’ Europe...
        Et oui, Hitler était pour l’ Europe nouvelle ! Il était même pour « une Europe des ethnies ». Que nous retrouvons aujourd’hui, mais quel hasard !! dans la Charte des langues minoritaires et dans les euro-régions ....

        En fait, il n’y a aucun hasard.
        La construction européenne n’est que la suite de l’ Europe Nouvelle d’ Hitler.
        Elle a été décidée en Août 1944 à Strasbourg entre les dirigeants nazis ( Walter Hallstein sera 1er président de la Commission européenne) et de Hauts fonctionnaires américains ...
        « L’ Europe des collabos ».

      • escoe 23 décembre 2015 10:22

        Il est plus que jamais nécessaire de lire « Industriels et banquiers sous l’occupation » d’Annie Lacroix-Riz.
        Nos Laval à nous sont déjà là : ils s’appellent Valls et Macron.


        • julius 1ER 23 décembre 2015 17:27

          @escoe


          en ce sens l’Histoire n’est jamais écrite définitivement et les analyses de Annie Lacroix sur la période avant -guerre vaut son pesant d’or ..... 

          analyses pertinentes qui permettent de mieux comprendre « l’étrange défaite » ...
          excellente analyse avec le lien ci-contre :



        • Captain Marlo Fifi Brind_acier 23 décembre 2015 22:04

          @julius 1ER
          J’apprécie beaucoup Annie Lacroix Riz, mais sur le FN, je crois qu’elle se trompe.
          Le FN n’a pas vocation à gouverner, mais à faire peur au moment des élections pour obliger les électeurs à aller votre « pour faire barrage au FN » et faire élire les 2 autres.


          Il a aussi pour rôle de salir l’idée de souveraineté, pour que les Français n’envisagent pas de se rassembler pour sortir de ce bouzin européen. Il empêche tout débat serein et républicain sur la sortie de l’ UE, de l’euro et de l’ OTAN, puisque ce sont désormais des sujets traités et salis par le FN. 

        • Rincevent Rincevent 23 décembre 2015 16:49

          Laval n’était qu’un politicien classique, emblématique de la vielle 3 ème République, pas du tout un militant contrairement à un Doriot, ex espoir du PC devenu fasciste. Il est à noter que, étonnamment, Hitler se méfiait de ce genre d’admirateurs et préférait traiter avec des gouvernements, autoritaires certes, mais plus classiques (Pétain en France, Horty en Hongrie, etc). Les leaders fascistes ne viendront aux affaires que sur le tard, quand ça tournera mal pour l’Allemagne, histoire de faire flèche de tout bois.


          • marceau 23 décembre 2015 23:55

            Lamentable petit article inepte,raciste, révisionniste.Enfilage des poncifs idéologiquement corrects dont on nous rebat les oreilles depuis 75 ans.

            -Laval, dans sa première période s’est efforcé, très activement, et très longuement de trouver un lieu d’accueil pours les juifs étrangers installés en France. Plusieurs milliers de ces juifs étrangers ayant été installés de force, par les allemands, dans la zone libre. Laval a entamé des pourparlers, avec plusieurs pays d’Amérique (USA, Mexique...) pour trouver un lieu d’ accueil à ces juifs étrangers, Laval proposant même que l’or de la BdeF déposé aux USA, soit utilisé pour leur installation.Ces discussions durèrent plusieurs mois et tous les pays contactés refusèrent .Derrière les prétextes avancés, la raison profonde de ces refus résidait dans le fait que ces pays ne voulaient pas accueillir de juifs chez eux.

            Déjà au printemps 1938 , le St Louis, un paquebot transportant 1000/1500 juifs allemands qui fuyaient l’Allemagne nazis arrivèrent à New York et demandèrent à débarquer . Les autorités américaines refusèrent et le paquebot dû rebrousser chemin.

            -Concernant la déportation des juifs de France, il est d’usage d’imputer une responsabilité à Vichy, à la police française dans ce processus, sans oublier la posture indigné, de celui qui les évoque persuadé d’être dans le camp des bons, des gentils, du côté de ceux qui aurait été incapable d’un tel comportement.

            Ce qu’il faut savoir c’est que ce sont les allemands, qui occupaient la France, qui entreprirent ce processus de déportation des juifs (mais pas que puisque les non juifs déportés furent infiniment plus nombreux que les juifs).L’essentiel de ce processus débuta durant l’année 42, les nazis ayant besoin de main d’œuvre pour faire marcher leurs usines puisque la main d’œuvre allemande était occupée à faire la guerre sur le front de l’est. Berlin demandait , par exemple, aux autorités allemandes d’occupation d’envoyer en Allemagne , avant telle date, tant de milliers de juifs .C’était les troupes allemandes qui faisaient le boulot en déportant tous les juifs trouvés, étrangers comme français. Si Vichy est intervenu dans ce processus, ce fut principalement à la demande pressente des juifs français qui demandèrent à Vichy d’intervenir pour leur éviter la déportation, notamment par le biais de l’AGIF.Vichy répondit favorablement à leur demande , entrèrent en pourparlers avec les autorités allemandes d’occupation pour trouver une solution à cette question .Le deal final entre Vichy et les allemands fut le suivant. Les juifs français seraient déportés, par les allemands si cela leur était nécessaire pour atteindre le quota demandé, si Vichy voulait protéger les juifs français de la déportation, il fallait qu’il remplace les juifs français, par des juifs étrangers afin que le quota demandé soit maintenu.C’est donc bien à la demande des juifs français, de l’AGIF que Vichy s’est mêlé de cette question, mais ce fut exclusivement pour protéger les juifs français. Cette politique fonctionna très bien puisque plus de 95% des juifs français échappèrent à la déportation, taux le plus important de tous les pays occupés.Ce point est reconnu remarqué par tous les grands historiens de cette question (Hilberg, Poliakov, Aron...)

            Cela est très bien explique dans le livre récent d’Alain Michel « Vichy et le Shoah »,


            • Captain Marlo Fifi Brind_acier 24 décembre 2015 07:29

              @marceau
              Remplacer les Juifs français par des Juifs étrangers, c’était toujours participer à la déportation.


            • marceau 24 décembre 2015 14:40

              @Fifi Brind_acier
              -Mais si Vichy avait laissé « filer » les juifs français , vous seriez en train de nous faire des petits posts pour critiquer Vichy de n’avoir rien fait pour sauver des français sous prétexte qu’ils étaient juifs et que vichy considérait qu’un juif ne pouvait pas être pleinement français parce que juif et que ça ne valait pas la peine d’intervenir pour défendre ses nationaux dés lors qu’ils étaient juifs.

              -Je pourrais vous répondre que Vichy a empêche la déportation de juifs français et qu’il n’était pas dans ses moyens d’empêcher la déportation de juifs étrangers.

              -Vous vous en prenez à Vichy mais pas à l’AGIF qui a joué un rôle de premier plan dans le tri entre juifs français et juifs étrangers et le sauvetage des juifs français en accord avec Vichy !


            • Captain Marlo Fifi Brind_acier 24 décembre 2015 19:49

              @marceau
              Si, si, si... , avec des si, on referait l’ Histoire...
              La réalité, c’est que la classe dominante avait choisi Hitler et pas la France.
              « Le choix de la défaite ».

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