Pourquoi je n’irai pas manifester le 5 mai… mais le 1er mai !

Je me posais la question : que faire le 5 mai ? Y aller ou pas ? J’ai pris ma décision. Il est finalement exclu pour moi d’aller manifester le 5 mai. En quoi la participation au 5 serait utile ? Pour les élections municipales ou européennes ? Utile aux luttes en cours ? Utile à la conscientisation politique de grands pans du prolétariat actuellement en « remue-méninges » ? Elle est là la question, la seule : le 5 sera-t-il utile aux luttes, et si oui, comment, dans quelle proportion, dans quel SENS ? Car comme le rappelait un temps la devise de la CGT « syndicat de MASSE » certes mais aussi « DE CLASSE » la question du SENS ne peut plus être écartée.
Nous connaissons les médias. Nous savons ce qui se passera. Ils diront que ceux qui ont manifesté le 5 mai, y sont allés pour soutenir le bout-en-train Mélenchon, ils diront que nos marches sont ses voix à lui (même pas au « FDG »). Bref, ceux qui iront seront noyés et utilisés. Les journalistes feront leur boulot de clébards du Capital. Quoi que nous écrivions, fassions, disions.
Or nous avons vu que laisser à Mélenchon et son état-major le soin de « rassembler » leur permet dans le même temps (et c’est logique) de distiller leurs idées, et que ce rassemblement, contrairement à ce que disent des doux rêveurs (ou des gens qui ne veulent pas se battre…) s’organise non pas de façon « neutre » en « réveillant les consciences », mais il s’organise sur les bases idéologiques du FdG, de manière indubitable. C’est donc ainsi, comme toujours, forme et fond sont rigoureusement indissociables.
A force de soutenir tout et son contraire (« le parlement européen n’est pas démocratique et n’a aucun pouvoir mais l’essentiel ce sont les élections européennes » – en résumé), à force d’oxymores, de litotes, pour paraître sans être, pour faire croire aux prolos que …, tout en rassurant à demi-mots le patronat…, Mélenchon finit par se prendre les pieds dans le tapis (le tapis rouge que lui ont déroulé les médias bourgeois depuis des mois et des mois, à dessein….).
Je lui laisse donc très volontiers sa « gauche souverainiste », incohérente sur l’avenir européen et surtout, contre-révolutionnaire. Ce n’est pas moi qui leur filerai les balles pour me les tirer dans le dos à la première occasion. J’ajoute que tout militant communiste ou anarchiste un peu « au fait » ne peut pas ignorer que ce « mouvement » du 5 est déjà infiltré à la base par des tas de mouvances d’extrême droite, type UPR Asselineau, Soraliens, Dieudonnistes et j’en passe… Et que sans volonté claire des membres du FdG de ne pas tolérer une seconde ce type d’immixtion, qui n’a rien de « caché », cela ne pourra que mal finir.
Leur présence est parfaitement normale car le discours social-chauvin, républicano-nationaliste, souverainiste, laïcard-border line… de Mélenchon et de ses cadres, incohérent (en apparence) sur le plan politique (« Hollande c’est de la m…., sauf si je suis premier ministre », en gros), articulé à une absence totale de remise en cause du Capitalisme et de la bourgeoisie (à l’aide de discours tonitruant en accents mais édulcoré en propositions, cette mise en cause permanente – et stérile – du « capitalisme financier » pour mieux protéger le « capitalisme industriel » et les PME…) et congédiant d’emblée la possibilité révolutionnaire réelle (« l’obtenir par la force…..de la loi » ou encore « la révolution….citoyenne » ou « l’action….du suffrage universel »…) …est la porte ouverte à l’entrisme fasciste.
Attention M. Mélenchon, vous jouez avec le feu. Un feu qui finira par nous brûler tous. Il faut être un débutant ou un abruti (il n’est certainement ni l’un ni l’autre) ou… un apprenti-sorcier (est-il un fieffé roué retors ou stratosphériquement grisé par ses succès d’estime, je l’ignore et peu importe je ne suis pas psy) …. pour ne pas le savoir, pour ne pas comprendre ce que cela veut dire et où cela ira.
Notre première responsabilité politique, morale, organisationnelle est donc de ne pas cautionner cela. Ni de près ni de loin. C’est trop grave à l’heure où la peste brune envahit l’Europe à nouveau. Ne pas y participer donc. Car ils auront le contrôle de ce que l’on fera de nous, et justement, cette manière de faire très bourgeoise, nous luttons contre. Je n’ai (toujours) rien en commun avec le programme et les idées de Mélenchon et sa bande de cadres issus du chevènementisme et du républicanisme social, et je n’irai certes pas me faire compter parmi un des leurs. Que celles et ceux qui nourrissent le « nouveau Grillo à la française » réfléchissent, une fois sur orbite, il sera trop tard.
Notre seconde responsabilité est d’organiser, ou plutôt, de préparer, de permettre d’émerger dare-dare un autre mouvement, qui pourrait commencer, non pas le 5 mais le 1er mai (car avant le 5 mai il y a le 1er mai…) avec des bases simples mais claires, PAR EXEMPLE :
« annulation de tous les « PSE » en cours, interdiction immédiate des licenciements (je ne précise pas « boursiers » et c’est à dessein), expropriation de la bourgeoisie et appropriation collective des moyens de production, matériels et immatériels, et de leurs financements, mise en place de conseils ouvriers, expropriation des sociétés privées de santé pour financer l’hôpital public, suppression immédiate du financement des écoles privées (que les confessions paient elles-mêmes celles qu’ils veulent maintenir ouvertes) et financement de nouvelles écoles publiques, régularisation de tous les sans-papiers, intégration immédiate de tous les intérimaires et CDD, augmentation du SMIC à 1700 euros, taxation immédiate et conséquente des plus grosses fortunes, mise en œuvre des poursuites fiscales à l’encontre des « 3000 familles », plafonnement immédiat des loyers, réquisition des logements vacants et des propriétés immobilières détenues par le grand patronat… »
Laissons à la CFDT et autres inféodés au patronat les mots d’ordres aussi répugnants que « séparation du politique et du syndical ». C’est avec cela que l’on désarme les travailleurs ! Pas question de séparer oh non. De la politique, les patrons en font tous les jours ! Aussi, je vous invite toutes et tous à faire pareil. A être extrêmement nombreux le 1er mai, avec vos panneaux, vos banderoles, vos mots A VOUS….
Il n’y a pas de luttes syndicales sans luttes politiques et vice-versa. Il faut ancrer le politique dans le prolétariat et parvenir à en faire « sa chose ». Ce que les bourgeois appellent « faire de la politique » (comme on dirait faire du golfe, de la peinture…) nous, nous appelons cela « livrer la lutte de classe ».
D'aprés un article de La LOUVE
Lire également : MELENCHON, OUI, MAIS …
« La politique c’est l’art d’agiter les peuples avant de s’en servir »…TALLEYRAND
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