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Primaires : sondages et libre arbitre

Depuis des semaines, nous assistons à une hystérie sondagière sur les primaires organisées en octobre prochain par le Parti socialiste (et, espérons-le, d’autres formations).

La campagne n’a pas commencé, le débat d’idées non plus, tous les candidats ne sont pas déclarés, mais les sondages se succèdent et se nourrissent d’eux-mêmes. Ils nous disent tous les jours qui sera le ou la vainqueur du scrutin dont le panel est pourtant inquantifiable (tous les Français qui le souhaitent pourront venir voter).

Ces enquêtes d’opinion nous affirment qui l’emportera sans interroger les Français quant aux propositions des différents candidats. Les médias n’en parlent pas non plus ou bien peu.

On nous répondra que chaque élection a connu son hystérie sondagière en amont. C’est vrai et d’ailleurs, le plus souvent leurs prévisions se sont avérées fausses. Quand à ceux qui brandissent le précédent de 2006, rappelons que les sondages favorables à Ségolène Royal portaient certes sur la perception (nouveauté, femme, « à côté » du parti, etc.) mais aussi sur le fond (démocratie participation, croissance verte, ordre juste, donnant-donnant, notamment).

En 2011, on assiste à une tentative grossière d’écrire l’histoire. Elle vise à persuader le citoyen de gauche lambda que les primaires se résumeront à un duel, voire à un vote de confirmation. Ce qui fausse évidemment le libre choix des sympathisants.

Il y a des précédents bien sûr. Et, là encore, s’en souvenir permet souvent de rire un bon coup. Par exemple, souvenons-nous que pour le Congrès socialiste de Reims, Ségolène Royal était « complètement finie », qu’elle « n’arriverait à rien ». C’était tellement sûr que certains « grands élus » déclaraient : « Nous suivrons la liste de tête »… sans imaginer une seule seconde que celle-ci puisse être celle de l’ex-candidate à la présidentielle. Si les sondages étaient sérieux, c’était Bertrand Delanoë qui serait aujourd’hui chargé d’organiser les primaires à la tête du PS.

Ce qui est navrant, c’est que loin de se décourager, malgré leurs échecs, certains « apprentis sorciers » de la fabrique de l’opinion continuent de le faire, de manière toujours plus violente et manipulatoire.

Ce qui est plus triste, c’est que certains commentateurs, n’apprenant rien de leurs erreurs, continuent de remplir des chroniques et des articles sur la perception de tel(le) ou tel(le) candidat(e), réussissant la performance de n’en parler qu’en termes de poids sondagier. D’autres le refusent et continuent de réaliser des interviews de fond, mais tout ce qui se fonde sur le vide finit par occuper l’essentiel de l’espace médiatique.

Alors que reste-t-il à l’électeur pour faire son choix ? Pour que celui-ci soit réel et libre, il faut que les Français soient informés des idées de chaque candidat(e), de sa vision de la France, de ses quelques mesures phares, et de sa détermination à changer le cours des choses.

Ce sont des banalité et des évidences, mais elles n’en sont pas moins vraies. La plus importante étant celle dont on essaie de les priver : Non, un sondage ne remplacera pas un vote ; oui, une élection se fait le jour du vote.

Ne nous étonnons pas que les gens désertent les bureaux de vote quand toute la presse persuade les électeurs qu’un panel bidon (il faut le dire) de « 956″ personnes peut les remplacer.

Nicolas Cadène

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5 réactions à cet article    


  • Alpo47 Alpo47 4 juin 2011 11:35

    Les sondages ont une utilité essentielle pour le « système » en place. Ils utilisent le travail de Solomon Asch, c’est à dire le besoin de beaucoup de se conformer à l’opinion de la majorité ... pour faire voter « comme il faut ».

    Juste une manière détournée de dire pour qui voter ... ou pour qui il est inutile de voter .


    • bernard29 bernard29 4 juin 2011 13:03

      le pouvoir médiatique a tellement besoin de croire en son pouvoir, tellement besoin de croire qu’il est celui qui sera déterminant dans le choix des citoyens. Il en a tellement le besoin, qu’ensuite il passe de l’information à la propagande pour montrer qu’il a raison.

      Et c’est la surdose qui participe à sa décrédibilisation. En général c’est raté. mais vous croyez qu’il se décourage, pas dut tout. Ce n’est que partie remise pour la prochaine fois, parce que bien entendu ça fait jaser dans les basses-cours et ça se vend..


      • Alexis_Barecq Alexis_Barecq 4 juin 2011 15:35


        Dans un système électoral qui rend nécessaire le « vote utile », les sondages sont une odieuse manipulation.

        C’est bien beau, mais que proposez-vous ?


        • Nicolas Cadène Nicolas Cadène 4 juin 2011 18:50

          @ Alexis_Barecq : Tout simplement que l’on cesse cette hystérie sondagière et que l’on permette un vrai débat d’idées. Cela suppose une loi sur les sondages (commanditaires, échantillon, etc.) comme cela avait été proposé par le PS au Sénat (où même l’UMP était d’accord) mais qui n’a pu passer le « cap » de l’Assemblée nationale (refus du pouvoir) ainsi, sans doute, que des médias moins concentrés pour permettre une vraie pluralité d’opinions.


          • oblomov 23 juin 2011 20:22

            Quelle est la plus grande menace pour la démocracie et le secret du scrutin : les primaires ou les sondages ?

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