Qu’est-ce qui cloche ?
Combien de fois nous sommes-nous posé cette question sans en connaître l’origine, car la cloche si bruyante fait naître un silence gêné lorsqu’on interroge nos concitoyens sur l’origine des expressions qu’a fait naître cette occupante de nos clochers.
C’est au 4ème siècle de notre ère que l’on doit l’introduction de la cloche dans les églises, grâce à un évêque de Nole, en Italie, nommé saint Paulin, les fondeurs de cloche étant parfois appelés saintiers, puisqu’ils décoraient leurs fabrication d’effigies de saints. lien
Comme l’explique dans son récent livre Clara Frugoni, « la vie au moyen âge » (éditions « belle lettres »), (lien) au moyen âge, les cloches sonnaient à de nombreuses occasions, que ce soit pour signaler un incendie, une émeute, une assemblée politique, à tout moment de la journée, mais aussi la nuit, ainsi les matines étaient sonnées à minuit…nos concitoyens en effet se levaient très tôt, allant « aux offices » avec de commencer le travail. lien
Toute l’histoire de nos cloches est racontée sur ce lien.
Mais intéressons nous donc aux expressions qu’à fait naître cette cloche.
N’est-il pas judicieux d’utiliser l’expression « qu’est-ce qui cloche », lorsque, voyant la posture et les décisions du premier personnage de l’état, on s’interroge sur celles-ci, puisqu’elles sont assez éloignées des promesses annoncées lors du discours du Bourget.
Il promettait qu’il n’augmenterait pas les impôts, et distribue allègrement des nouvelles taxes…
Son ennemi c’est la finance, et l’une de ses premières interventions télévisuelles se passe sur le plateau de l’émission « capital »…
Dans ce cas, l’expression « qu’est-ce qui cloche » fait référence, non pas avec l'instrument de percussion, mais plutôt à celui du mot cloche lorsqu’il évoque une personne qui boite, lequel a donné naissance au mot clochard, de « cloppus », les boiteux, (ce qui est aussi le sens de l’expression « cloche-pied » qui signifie boitiller, ou sauter sur un seul pied), donnant naissance à l’expression « être de la cloche ».
D’autres linguistes distingués proposent une autre explication : l’église rémunérait les mendiants pour qu’ils se rendent dans les églises afin de faire sonner les cloches, et ces sonneurs providentiels de cloche, auraient du coup étés naturellement appelés les clochards…lien
Fatal dès lors que François Hollande se fasse « sonner les cloches », (lien) par tous ceux qui, faute de finances suffisantes en viennent à déménager à « la cloche de bois ». lien
Cette « cloche de bois » serait celle de la concierge, qui se devait d’être discrète, lorsque l’on quittait en douce son appartement, afin de ne pas payer son loyer. lien
Comment ne pas comprendre la colère de ceux qui ont faim, alors que d’autres « se tapent la cloche » sans vergogne ?
Dans ce cas précis, la cloche représente soit la tête d’un être humain, abritant en principe un cerveau, puisqu’en 1900, se taper la tête voulait dire manger, quoique d’après d’autres linguistes, la cloche serait, plutôt le ventre. lien
Ces avis différents permettent de nous intéresser à l’expression : « un autre son de cloche »…
Elle est généralement utilisée lorsqu’un informateur, du genre lanceur d’alerte, parfois aux antipodes du discours médiatique habituel, donne une autre version argumentée d’une situation particulière.
Prenons l’exemple de Marine Le Pen, qui menace les journalistes de procédures judiciaires si ces derniers ont l’outrecuidance de qualifier son parti « d’extrême droite »…
Surprenante position, car au moment ou la droite s’assume, allant jusqu’à faire de ce terme un étendard, l’extrême droite refuse la place qui est la sienne, affirmant qu’elle est seulement un « parti patriotique », ce qui demande à être prouvé, et de la gauche (lien) à la droite, (lien) ils sont nombreux à affirmer que le FN n’est pas un parti républicain, d'autant que les preuves sont nombreuses, et récentes.
Invitée en 2012 par le parti d’extrême droite autrichien, le FPÖ, la présidente du FN en a rencontré le leader, valsant même à Vienne, lors du bal donné par ce parti nazi, aux bras de Martin Graf, membre d’Olympia, une corporation secrète interdite aux juifs et aux femmes, bien connue pour ses idées néo-nazies, pangermanistes, antisémites et négationnistes. lien
Et puis, récemment encore, elle a renforcé les liens existants entre le parti d’extrême droite italien et le FN, en rencontrant en avril 2012 Francesco Storace, figure marquante du mouvement néo nazi italien…et ce n’est pas une nouveauté, puisqu’en octobre 2011, elle avait rencontré à Véronne des élus issus eux aussi du néofascisme. lien
En s’affichant avec Franz Schönhuber, ex militant des jeunesses hitlériennes, ex-waffen SS, comme le montre cette photo, la présidente du FN, aura de la peine à faire croire que son parti est devenu respectable du jour au lendemain. lien
On peut bien sur deviner que, pour rassembler un maximum de français sur les candidatures frontistes, il soit nécessaire de ne pas se positionner à l’extrême droite, mais est-ce une raison suffisante pour masquer la réalité idéologique de ce parti ?
Mais il y a mieux.
Pour se convaincre de la place à l’extrême droite du Front National sur l’échiquier politique français, il n’est pas inutile de lire le rapport sur l’extrême droite présenté par Alain Pruvot, président de la Fédération de la Ligue des droits de l’Homme du Pas-de-Calais.
Après un bref rappel historique, il démontre bien que le FN n’est pas un « parti comme les autres », puisqu’il met systématiquement en avant la « préférence nationale », allant ainsi à l’encontre de nos principes constitutionnels, et rappelle « qu’aucun régime politique d’extrême droite n’a jamais été porteur d’un quelconque progrès pour les citoyens du pays concernés » concluant que « tous ces régimes ont abouti à de véritables catastrophes ». lien
Et puis, en refusant l’étiquette d’extrême droite, la présidente du FN, embarrasse les dirigeants de l’UMP, dont Copé et Fillon sont les provisoires leaders.
Le premier, adepte des « petits pains au chocolat », (lien) et le second qui vient de faire part de sa volonté de ne rien s’interdire lors d’un second tour électoral, appelant à voter pour le moins sectaire, (lien) impliquant la possibilité de voter « front national » se retrouvent en fâcheuse posture, puisqu’ils se voient du coup catapultés à droite du front national… donc à l’extrême de l’extrême droite…comprenne qui pourra.
Un autre son de cloche donc.
Changeons de parti…pour découvrir d’autres « querelles de clocher » :
Lorsque le parti socialiste s’estime à gauche, il serait légitime de s’interroger, au vu des déclarations faites, ne serait-ce que celles du ministre de l’intérieur qui, en stigmatisant un pourcentage insignifiant de Roms présents dans le pays, (20 000) pour une population de 65,7 millions d’habitants, relativise la notion induite dans le mot « social », ou celle qui se trouve évoquée au fronton de nos mairies…"fraternité".
Pourtant certains politologues, s’étonnant du silence du chef de l’état, avancent une autre explication.
Devant la débâcle possible lors des municipales du printemps 2014, il y aurait une tacite stratégie élyséenne, qui en laissant s’exprimer Valls sur le terrain de prédilection du FN sans le désavouer, (lien) espèrerait glaner quelques voix à l’extrême droite…mais n’est-ce pas jouer un jeu dangereux ?
L’exemple de Brignoles, où pour les cantonales prochaines, ne restent en lice que le FN et l’UMP, ne semble pas donner raison à cette possible stratégie.
Avec au premier tour 40,2% de votes pour le FN, largement devant la candidate UMP, qui n’obtient que 20,8%, excluant d’entrée les partis de gauche, montre bien que la stratégie du PS et de l’UMP n’est plus payante, d’autant qu’ajoutant les voix obtenues par le candidat dissident d’extrême droite Jean Paul Dispard, le score total de cette extrême droite frôle les 50%. lien
Il y a donc bien « quelque chose qui cloche » au pays de la liberté, de l'égalité et de la fraternité, et les municipales prochaines s’annoncent plutôt mal pour le parti gouvernemental.
Terminons logiquement par l’expression « quelle cloche celui-là » qualifiant d’abord l’indécis, qui, tout comme l’instrument de percussion de nos clochers, se balance d’un coté à l’autre, et qui prend aujourd’hui un tout autre sens, définissant plutôt un naïf, celui qui se fait avoir…comme beaucoup de français, peut-être. lien
Comme dit mon vieil ami africain : « n’achète pas la cloche avant la vache ».
L’image illustrant l’article vient de « artcorusse.org »
Merci aux internautes de leur aide précieuse
Olivier Cabanel
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