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Accueil du site > Actualités > Politique > Que reste-t-il de Jaurès, un siècle après son assassinat ?

Que reste-t-il de Jaurès, un siècle après son assassinat ?

JPEGL’Histoire du socialisme peut être décomposée en quatre périodes. La première, la plus ancienne, a commencé au début du XIXe siècle. C’est l’archéo-socialisme allant de François Noël Babeuf, dit Gracchus, à Pierre Joseph Proudhon. La seconde époque du socialisme, qui allait de Karl Marx à Joseph Lénine, avait trait au socialisme historique. Quant à la troisième époque, elle est celle allant de Jean Jaurès à Léon Blum. C’était la période du socialisme moderne, la plus active de la pensée socialiste – ayant couvert outre la Révolution russe, la révolution et la contre-révolution allemandes d’après-guerre, l’avènement d’Adolf Hitler, les dictatures fascistes, Staline, la Seconde Guerre mondiale et la révolution chinoise. Le plus grand penseur socialiste de cette époque était évidemment Jean Jaurès. Ce dernier avait dominé non seulement le socialisme français, dont il est resté l’un des plus remarquables, mais aussi le socialisme international.

Antagoniste de Jean Jaurès, en Allemagne, Karl Kautsky était apparu comme le théoricien du marxisme dogmatique développé après la mort de Karl Marx. Il avait été longtemps le représentant du Parti Social-Démocrate Allemand à la IIe Internationale et avait partagé avec August Bebel le privilège de parler au nom de Karl Marx. Bien entendu, la période du socialisme moderne fut certainement la plus fructueuse sur le plan doctrinal. C’était aussi celle où des événements nombreux et importants ont constitué, côtoyant la pensée de tous ces grands dirigeants socialistes, un théâtre de pratiques historiques particulièrement révélatrices

La quatrième période est celle du socialisme contemporain. Face à leurs adversaires réactionnaires et même à leurs partenaires républicains et radicaux, la position rigide des socialistes a rendu difficile le rôle du Parti Socialiste. Mais pour la première fois en France, le 10 mai 1981, les socialistes ont pu prendre le pouvoir grâce au suffrage universel. C’est donc dans la dernière partie de l’époque du socialisme moderne qu’a démarré l’expérience socialiste française avec la prise du pouvoir par le pragmatisme de François Mitterrand, et l’accession à l’Élysée de François Hollande[1].

 

Un républicain réformiste

Plus républicain que révolutionnaire, partisan d’un humanisme conciliateur, Jean Jaurès avait reçu des influences diverses : marxiste (lassalienne), syndicaliste-révolutionnaire, utopiste, radicale et chrétienne (Lamennais). Son assassinat par Raoul Villain le 31 juillet 1914[2] fut, pour tous les socialistes, un coup presque fatal asséné à la cohésion et à la légitimité du socialisme français par le fascisme commençant.

Jaurès était un pur réformiste qui définissait un socialisme de conciliation et de synthèse, en y incorporant la société démocratique et la République. Il n’y avait aucune orthodoxie doctrinale dans sa pensée, car il s’adaptait en permanence aux circonstances et aux événements. Il donnerait au courant réformiste ses lettres de noblesse et préciserait son identité en parvenant, sur toutes les grandes questions posées au socialisme, à une solution originale qui lui permettrait de se positionner au centre afin de rassembler davantage.

 

Le marxiste humaniste

Adversaire des idées dogmatiques de Jules Guesde, Jean Jaurès avait adhéré au socialisme en 1893, au moment où le guesdisme se sclérosait. Il a été sans doute l’homme le plus haï. Créateur du journal L’Humanité en 1904 sans pour autant avoir connu L’idéologie allemande, œuvre fondamentale de Karl Marx, il était un marxiste humaniste. Il pensait que l’abolition du capitalisme était juste et inévitable parce qu’elle relevait de la morale. Il proclama la nécessité d’une organisation ouvrière toujours plus forte et son attachement à la Révolution française et aux droits de l’Homme est resté légendaire. Jean Jaurès avait été certainement le meilleur exemple d’acteur politique républicain et démocrate, dans la tradition d’un socialisme réel qui avait servi de modèle à beaucoup de réformistes à travers le monde. L’objectif du socialisme devait être, pour lui, la dignité de la vie.

Jaurès était un disciple du Karl Marx humaniste, dont les marxistes dogmatiques, après la mort du maître, avaient oublié le message. Il se refusait à ramener le socialisme à une seule pensée économique rigide qui commanderait toute l’Histoire. Il souligna la valeur des idées morales auxquelles l’Humanité, qui constituait la base du socialisme, ne pouvait se soustraire. La solidarité et la justice à l’égard des pauvres et des ouvriers étant la trame de son argumentation, il recherchait donc une synthèse pour servir la cause de la Révolution.

 

La pensée de Jaurès

Le moment est venu d’examiner et d’analyser la pensée de Jean Jaurès, ce dernier étant sans doute le plus prestigieux des socialistes français. Jean Touchard le présenta ainsi : « Il est très évident que Jaurès [a dominé] de très haut et de très loin le socialisme français des années 1900. »[3] On n’a certes plus, dans un premier temps, à brosser le portait de Jean Jaurès, mais à rappeler seulement qu’il est né à Castres en 1859, qu’il était agrégé de philosophie, que c’était un ancien normalien, un intellectuel. L’écrivain Max Gallo le devinait ainsi : « Ce petit homme chaleureux et débraillé, barbu et éloquent, dont l’éloquence enflammait les foules socialistes et qui a été peut-être plus haï qu’aucun homme politique ne l’a été de son vivant […] »[4] Paul Louis osa questionner : « Qu’est-ce donc que le socialisme de Jaurès, si l’on cherche à le schématiser rapidement ? C’est avant tout un socialisme de conciliation et un socialisme de synthèse. »[5] Quant à Jean-Pierre Rioux, Jean Jaurès était « le premier penseur d’un socialisme qui ne s’en [laisserait] pas compter par l’État » : « Ainsi l’intellectuel chez Jaurès a-t-il conforté le socialiste et l’homme de gauche, avec son génie d’éloquence et de plume, son attention à tous les regains du monde, sa quête du neuf. »[6] Tribun, ses prises de parole pour une société sans classe marquaient les esprits. De Jaurès, Vincent Auriol dirait : « Soudain jaillissait l’idée, drue, éblouissante. Sa pensée s’élevait et élevait son auditoire avec lui. »

Jean Jaurès entendait d’abord concilier socialisme et démocratie, une thèse contradictoire avec les conceptions de Jules Guesde. Il était, à cet égard, plus proche de Jules Michelet. Cela se manifeste notamment dans son Introduction à l’histoire socialiste de la Révolution française. Chez Jaurès, le socialisme était étroitement lié au souvenir de la révolution. En 1890, il parlait du « socialisme immense, humain, qui [était] contenu dans la Révolution française ». Il affirmait que « [c’était] le socialisme seul qui [donnerait] à la déclaration des Droits de l’Homme tout son sens et qui [réaliserait] le droit humain ».

Jean Jaurès apparaissait à travers sa philosophie comme l’antiguesdiste par excellence. Il se situait aux antipodes du dogmatisme et du sectarisme. Il inspirerait Léon Blum[7] et François Mitterrand[8]. Retenons surtout que Jean Jaurès a voulu faire de la SFIO l’un des lieux d’exception où l’on remettrait sans arrêt en chantier l’examen du réel, où l’on proposerait des méthodes nouvelles afin de mieux appréhender et entendre la société.

 

Gaspard-Hubert Lonsi Koko



[2] Jean Jaurès fut assassiné lors d’un dîner au Croissant, sis rue Montmartre dans le IXe arrondissement de Paris.

[3] In La gauche en France depuis 1900 – Jean Touchard, Seuil, 1977.

[4] In Le Grand Jaurès – Max Gallo, Robert Laffont, 1984.

[5] In Les étapes du socialisme – Paul Louis, Éditions Fasquelle, 1903.

[6] In Jean Jaurès, 2005, Perrin.

[7] Marcel Sembat et Léon Blum plaidèrent pour la continuité et l’héritage jauressien. De fait, ils garderaient la « vieille maison » que Jean Jaurès contribua à construire « au-delà des réformistes et des révolutionnaires ».

[8] François Mitterrand avait déclaré être « fidèle à l’enseignement de Jaurès » aussitôt installé à l’Élysée en mai 1981. Un autre gardien du temple socialiste, Pierre Mauroy, a présidé en 1992 la Fondation Jean-Jaurès.

 


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34 réactions à cet article    


  • zygzornifle zygzornifle 6 mars 2014 10:04

    Quelques os ....


    • posteriori 6 mars 2014 23:07

      Et tout plein de vilain toujours en liberté...


    • claude-michel claude-michel 6 mars 2014 10:08

      Remontez donc jusqu’à Charlemagne pendant que vous y êtes..Y a St Louis aussi assis sous son chêne comme roi des glands... !

      Pauvre Jaurès...laissez le en paix.. !


      • julius 1ER 6 mars 2014 10:36

         La seconde époque du socialisme, qui allait de Karl Marx à Joseph Lénine, avait trait au socialisme historique.

        @ l’auteur,
        je ne connais pas de Joseph Lénine !! mais il y a Joseph Staline et Wladimir Illitch Oullianov dit Lénine, choisis ton homme camarade !!!!

        • Gaspard-Hubert B. Lonsi Koko Gaspard-Hubert B. Lonsi Koko 6 mars 2014 14:19

          Vous avez raison ! Il s’agit, de ma part, d’un lapsus calami (ou je ne sais pas quoi, dès lors que j’utilise l’ordinateur) - le prénom « Joseph » étant en trop. Il est plutôt question de Lénine.


        • julius 1ER 6 mars 2014 10:48

           le rôle du Parti Socialiste. Mais pour la première fois en France, le 10 mai 1981, les socialistes ont pu prendre le pouvoir grâce au suffrage universel. C’est donc dans la dernière partie de l’époque du socialisme moderne qu’a démarré l’expérience socialiste française avec la prise du pouvoir par le pragmatisme de François Mitterrand, et l’accession à l’Élysée de François Hollande[1].

          @ l’auteur
          cette prise de pouvoir des socialistes de l’époque suivi de la vague de nationalisations qui ont été décriées par la suite pour finir par la vague de dénationalisations sous prétexte que les « nationalisations ne marchent pas » auront donné raison aux trotskytes pour qui le socialisme ne peut pas marcher uniquement dans un pays, c’est d’ailleurs une vérité de l’économie actuelle, on ne peut mener une politique différente seulement dans un pays, cela engendre d’énormes distorsions de compétitivité et affaiblit celui qui pratiquerait une politique plus « soft »
          vis-à-vis du travail, on le voit bien, partout ce sont les mêmes politiques qui sont menées. 

          • Mmarvinbear Mmarvinbear 6 mars 2014 12:59

            L’ultra-libéralisme actuel court à sa perte. Ce système permet la production suffisante pour contenter la demande du publique mais elle n’engendre pas les revenus nécessaires pour permettre l’écoulement facile de ces produits anas recourir au crédit.


            Les économies dirigées de façon étatique ne marchent pas non plus.

            Cela montre que le système économique parfait reste à inventer. Un mix des deux devrait être une piste de travail.

            En tout état de cause, ceux qui luttent conte la mondialisation ont tout faux. C’est par l’intégration économique totale que l’on pourra réformer le système, et pas avant.

          • epicure 6 mars 2014 18:25

            D’ailleurs pour Marx le communisme final, c’est à dire en fait une société anarchiste socialiste sans état, ne pouvait se faire qu’avec une révolution internationale.

            Mais Mitterrand entre le « réalisme » en fonction des pressions internationales, et le renoncement total, a choisi finalement la seconde voie. D’un autre côté pour beaucoup Mitterand n’a jamais été un vrai socialiste.


          • Gaspard-Hubert B. Lonsi Koko Gaspard-Hubert B. Lonsi Koko 6 mars 2014 19:27

            Mais Mitterrand a su parler socialisme mieux que ceux qui, comme Guy Mollet, se revendiquaient socialistes de naissance. Il a réussi à conduire les socialistes au sommet de l’Etat, ce que n’a pas su faire Georges Marchais. Pour ce qui est du résultat, il est vrai que on peut en discuter.


          • Antoine Diederick 6 mars 2014 22:32

            Mitterand, un ovni oui...cela commence à droite, cela fini à gauche...etc

            fin renard ambitieux..


          • eric 6 mars 2014 13:51

            Que reste-t-il de Jaurès ? Rien.

            Ou peut être une icône et un exemple « durable » et une justification a posteriori pour les socialistes français.
            Ses titres de gloire sont d’avoir unifié une fraction très minoritaire des gauches a l’époque, et d’avoir crée, avec d’autres, un titre de presse qui sera piqué par ceux qui étaient ses adversaires a gauche.
            La participation la plus concrète qu’il ait jamais atteinte au pouvoir, c’est d’avoir été brièvement président de la chambre.

            Comme tous les personnages notables du PS qui ont laisse un bon souvenir a peu prêt unanime, il n’a a peut prêt rien fait de concret. Il est un prédécesseur des Mendes, Rocard, Delors.
            Un syncrétisme entre « gauche de gauche » « gauche tout court » et « gauche de droite », aussi « imprécise qu’improbable ». L’aisance d’ex « bon en classe » qui parle bien et qui fascine l’intelligence souvent scolaire des gauches.

            Mais ce qui reste essentiellement de Jaurès, c’est l’idée qu’il y a eu UN socialiste pour essayer ne pas nous faire entrer en guerre en 14. Faire oublier que la gauche était au pouvoir et que son habile gestion de la politique internationale n’a pas peu contribuée a la catastrophe....



            • Gaspard-Hubert B. Lonsi Koko Gaspard-Hubert B. Lonsi Koko 6 mars 2014 14:29

              L’objectif de cet article, c’est que les lecteurs se prononcent, d’après leur parcours et leur expérience, ainsi que leur sensibilité politique, sur l’héritage partagé ou non de Jaurès. Et votre prise de position va dans ce sens. Je ne dirais pas qu’il n’a rien laissé, mais je partage plus de la moitié de votre point de vue.


            • epicure 6 mars 2014 19:23

              Non c’est vrai il n’a rien fait : juste été un des artisans de la loi de 1905, il a poussé au vote de grandes lois sociales pour l’époque (voir discours au dessus).
              Et il a tout fait pour éviter la guerre à la France, ce qui lui a coûté la vie.

              Cites moi beaucoup d’hommes politiques qui peuvent en dire autant.

              Pas hollande ou sarkozy en tout cas.


            • Antoine Diederick 6 mars 2014 22:08

              dans toutes les chaumières de France et de Navarre ainsi qu’en Picardie belge et française, il n’y avait point d’homme honnête qui n’eut en sa bibliothèque quelques écrits de ou à propos de Jaurès....il a fait rêver des générations d’exploités ....amen !


            • eric 7 mars 2014 04:14

              Soyons sérieux ! Quand il « contribue » a créer son parti, en 1905, celui ci recueille 9% des voix aux élections législatives de 1906 et 17% en 14.

              C’est a dire respectivement les scores de Bayrou et de Le Pen aux dernières présidentielles...
              Cela limite quand même pas mal le nombre d’honnêtes gens dans la pays même si on admettait que tous ses électeurs le lisaient. Mais on est bien face a un précurseur du socialisme actuel : ne sont « honnêtes » que les gens qui votent bien...

              Son parti est membre de la seconde internationale. Dans la section Russe,on parle de Lénine, Staline, Trostky etc... Montrez moi vos amis....
              Au congres unificateur , il n’y a pas 300 personnes, et l’union se fait sous la contrainte de la seconde internationale plus que sous son initiative.
              Il en représente un courant plus a droite ? Sans doute, mais il fait quand même parti des gens qui pensent que la révolution française est une révolution bourgeoise et que la république n’est pas un aboutissement, même si elle peut donner les moyens de sortir d’elle même pour passer au socialisme.

              A certains égard, son truc, c’est « égalité et réconciliation » la gauche sociale internationales et les valeurs « françaises »

               La question juive en Algérie », 1er mai 1895, La Dépêche (cité par Michel Winock, La France et les Juifs, Seuil, 2004), Jaurès déclare : « Dans les villes, ce qui exaspère le gros de la population française contre les Juifs, c’est que, par l’usure, par l’infatigable activité commerciale et par l’abus des influences politiques, ils accaparent peu à peu la fortune, le commerce, les emplois lucratifs, les fonctions administratives, la puissance publique . [...] En France, l’influence politique des Juifs est énorme mais elle est, si je puis dire, indirecte. Elle ne s’exerce pas par la puissance du nombre, mais par la puissance de l’argent. Ils tiennent une grande partie de de la presse, les grandes institutions financières, et, quand ils n’ont pu agir sur les électeurs, ils agissent sur les élus. Ici, ils ont, en plus d’un point, la double force de l’argent et du nombre ».

              Dans un discours au Tivoli, en 1898 (cité par B. Poignant, Ouest-france, 13 décembre 2005), il déclare également : « Nous savons bien que la race juive, concentrée, passionnée, subtile, toujours dévorée par une sorte de fièvre du gain quand ce n’est pas par la force du prophétisme, nous savons bien qu’elle manie avec une particulière habileté le mécanisme capitaliste, mécanisme de rapine, de mensonge, de corset, d’extorsion ».

              Soral dans le texte, a moins que ce ne soit Dieudonné, puisque Jaurès, lui, ne fait pas de distinction entre « communauté organisée et juifs du quotidien ».

              En 1924, le « Cartel des gauches » le met au Panthéon. Au nom de la défense de la paix...Ce sont les forces politiques même qui ont déclenché la guerre. Hommage du vice a la vertu... ? Mais on pense aussi très fort a René Girard, quand on veut faire disparaître un prophète, on l’enterre sous un mausolée...

              En définitive, son rôle principal est peut être d’incarner l’unité artificielles de gauches qui persistent a ne pas séparer leurs courants totalitaires socialiste marxiste de leur héritage radical, qui lui est réellement républicain. 1905, c’est Combes, le PS n’existe même pas vraiment... !

              Bon, je sais que cela ne sert a rien, mais quand même, marre d’écouter les contes de fées révisionniste socialistes....

              Faites ce que je dis, faites pas ce que je fais...

              Il n’est pas de sauveur suprême :
              Ni Dieu, ni César, ni tribun.

              Vous devriez tous parfois vous inspirer de vos propres idées au lieu de vous contenter de chercher a les administrer aux autres...


            • eric 7 mars 2014 04:20

              Ah oui, et puis les honnêtes gens qui lisent Jaures et les « generations d’exploités »... Je sais bine qu’il était mort mais cherchez sur le net le film de l’arrivée des délégués au congres de Tour, la ou il y a encore tous le monde, et comptez les canotiers et les casquettes ouvrières...
              Tous les partis de gauche ont toujours été des partis petit bourgeois de l’intelligentsia bas de gamme souvent para publique. Comme le rappel Todd, le nombre d’ouvriers dans la direction de la section russe de l’IS était de UN. Cela fait du PS de Tour un parti nettement plus populaire si on se réfère au 2 ou 3 casquettes...


            •  C BARRATIER C BARRATIER 6 mars 2014 15:25

              Que reste-t-il de JAURES ?
              D’abord son internationalisme, sa soif de justice sociale, son républicanisme à la française (liberté, égalité, fraternité), sa haine de la guerre.
              Ensuite la colère de ses ennemis qui ne toléraient pas un pouvoir républicain laïque et social, il les a en quelque sorte amenés à se démasquer : nostaligiques de l’ancien régime, du catholicisme religion d’état, aspirant à ce qu’on appellera le « pétainisme », traitre à la patrie, à la République, ridicule dans sa grandiloquence.
              De ces années avant 39, il faut retenir le lien avec la France anti républicaine qui reste puissante, comme elle le reste aujourd’hui. La pieuvre a tué un grand homme, généreux, juste.
              Voir en table des news qui est cette pieurvre :

              République : Résister à la pieuvre libérale et intégriste

               http://chessy2008.free.fr/news/news.php?id=204




              • Gaspard-Hubert B. Lonsi Koko Gaspard-Hubert B. Lonsi Koko 6 mars 2014 18:52

                Je ne peux qu’abonder dans votre sens.


              • Antoine Diederick 6 mars 2014 22:09

                en France pour le moment c’est plutôt égalité, fraternité et sexualité, cela vous avait échappé, il me semble smiley


              • eric 7 mars 2014 05:08

                MDR... ! Jaurès résistant au Vichysme....Ah si il avait été a Epinay....ou avait pu participer aux primaires socialistes.....Mais non, la je rêve, j’extrapole. Même pas capable d’imposer a son propre parti, participant au pouvoir en 14 d’œuvrer efficacement pour la paix...Il n’est même pas sur qu’il serait parvenu a imposer son héritier spirituel Guy Mollet contre le Vichyste Mitterrand....


              • JANCAP JANCAP 31 juillet 2016 10:06

                @Antoine Diederick

                Erreur. La devise actuelle de la France est Docilité Inégalité Charité.

              • Jean Keim Jean Keim 6 mars 2014 20:09

                Bonjour Gaspard ... ( un pseudo court est quand même pratique smiley ),

                J’aime bien votre article et si je ne pratique pas le culte de la personnalité, Jean Jaurès est quand même un grand bonhomme et un humaniste.
                Si effectivement il était attaché à la Révolution française il était également un grand naïf mais depuis son époque beaucoup d’esprits se sont dessillés.
                Si effectivement Jaurès avait été écouté, la 1ère guerre mondiale aurait été évitée et de facto la 2ème également.
                Mais les marchands d’armes et les intérêts cupides des puissants ne pouvaient laisser faire.


                • Antoine Diederick 6 mars 2014 22:28

                  su Jaurès avait été écouté, les allemands auraient tout de même envahi la France...Jaurès ou pas Jaurès....


                • Gaspard-Hubert B. Lonsi Koko Gaspard-Hubert B. Lonsi Koko 7 mars 2014 00:23

                  Mon cher Jean, il est vrai que d’aucuns ont qualifié Jaurès de naïf, voire d’utopiste. Mais l’utopie, n’est-ce pas le propre de la politique ? Pour matérialiser la réalité, il faut commencer par comprendre l’irréel. Qui n’a pas pris Léon Blum pour un utopiste lorsqu’il militait en faveur des congés payés ?


                • eric 7 mars 2014 07:01

                  Blum et les congés payes...encore de la légende dorée.

                  En 36, il y a de l’ordre de 60% de salaries dans la population active. 40% n’ont donc droit a rien. Sur les 60%, tous les fonctionnaires, les employés des grandes entreprises publiques et de nombreuses grandes entreprises privees ont deja des conges payes. En Alsace, c’est la majorite des gens. (proximite avec l’Allemagne ou ils ont été crée en 1905)
                  Compte tenu du grand nombre de femmes qui ne travaillent pas, on parle donc d’un cadeau a une partie des hommes, sans doute moins de la moitie, bossant dans des grandes boites, ayant donc en pratique, le profil le plus proche possible de l’électorat socialiste. 20 a 25 % de la population ? On pense très fort au 35 heures.
                  Mais ce qui est vraiment spectaculaire, c’est qu’on est a la fin de la troisième république, massivement dirigée par l’une ou l’autre gauche, pendant plus de 60 ans, et...que nous sommes a peu prêt les derniers a nous y mettre...
                  Allemagne dès 1905, en Autriche-Hongrie et dans les pays scandinaves depuis 1910, en Tchécoslovaquie, Pologne, Luxembourg, au début des années 20, puis en Grèce, Roumanie, Espagne, Portugal ainsi qu’au, Chili, Mexique, Brésil, entre la fin des années 20 et le début des années 30.
                  Bonjour la vision utopique en avance sur son temps... ! Grace a BLum, la france républicaine rattrape le tiers monde...

                  Il a donc fallu 80 ans pour que la république, ayant tout pouvoir, generalise aux hommes, salaries, d’entreprises, les conges payes crees par napoleon III en 1853 pour toute la fonction publique. Le vrai grand homme, c’est lui !

                  En revanche, le Front popu. est reste aussi en retard ce qui aurait du être la grande reforme démocratique et gratuite : donner le droit de vote aux femmes plus de 50% de la population...


                • Jean Keim Jean Keim 7 mars 2014 09:20

                  Bonjour Antoine,

                  Nous pouvons compliquer les choses, c’est ce que se complaît à faire l’histoire mais quand des déments ont des envies de guerre, leur entreprise ne peut que capoter si personne ne suit, il ne faut pas oublier que pour faire la guerre, il faut des bras pour tenir les fusils. 

                • Jean Keim Jean Keim 7 mars 2014 09:30

                  Je me suis peut être mal exprimé, ce que je voulais signifier est que son attachement à la Révolution était de la naïveté, ce même Jaurès ramené à notre époque aurait probablement une autre vision de l’événement.

                  Pour son horreur et son rejet de la guerre, Jaurès n’était pas un naïf utopique mais un homme profondément humain.

                • epicure 7 mars 2014 16:13

                  @Par eric (---.---.112.131) 7 mars 07:01

                  oui c’est bien ce babla mais faut voir les faits en eux même :
                  le front populaire comme d’autre gouvernements de gauche avant a posé un projet de loi à l’assemblée sur le vote des femmes : résultat texte voté à l’unanimité.
                  Salop de blum qui n’a rien fait pour le vote des femmes.....
                  Par contre le texte a encre été rejeté une fois de plus par le sénat dominé par des élus plus à droite, plus conservateurs.
                  Et donc c’est comme ça que le vote des femmes a encore été reporté aux calendes grecques.

                  60 ans de dominations par les gauches ? alors que rien que la première partie des années 30, avant le front populaire , a été dominée par des alliances à dominante centre droit. Et encore le seule période 32-34 où les rad-soc ont dominé c’est pour faire une politique de droite au niveau économique.
                  Quand Laval, le futur collaborateur , fait baisser les salaires avec des membres de partis de droite (ses grands amis) dans le gouvernement, dont Pétain , avant 1936, ce n’était pas vraiment la gauche qui était au pouvoir. 

                  De même qu’il y a eu la chambre bleu horizon à la sortie de la guerre, qui n’était pas vraiment à gauche.

                  Après al guerre il n’y a eu que deux période d’alliance majoritaire à gauche : le cartel des gauches vers le milieu des années 20 et le front populaire. Le reste c’est une affaire de centristes ou de partis de droite.

                  De plus il faudrait avoir l’honnêteté de rappeler que c’est les radicaux qui ont mis les bâtons dans les roues du front populaire au niveau réforme économique.


                • Antoine Diederick 6 mars 2014 21:50

                  ce qu’il en reste de Jaures, pas grand chose d’un normalien « normal » smiley

                  Jaures était un homme qui avait donné un sens d’humanisme à l’ingénierie sociale, ce qui nous permettrait d’introduire l’idée de la gratuité et de ses effets....

                  de la gratuité et de son effet social pour contrer toutes les républiques des chiffres et des performances....ok, je m’égare


                  • Antoine Diederick 6 mars 2014 22:27

                    Jaurès , trop atypique, c’est pour cette raison qu’il n’est d’aucune époque, sinon de la sienne et que même ses amis ne l’ont pas compris.....

                    c’était fatal, ce grand idéaliste a fini sous le feu d’un fou.

                    remarquez que les grands idéalistes finissent toujours par mourir de la main de ceux qu’ils auraient voulu sauver...Gandhi par exemple....cela fait christique...


                  • Antoine Diederick 6 mars 2014 22:46

                    c’est dur à dire, mais Jaurès, c’est le passé, en revanche, il a laissé une trace profonde dans l’imaginaire collectif, celui d’une bonté et d’un réel souci des masses laborieuses.


                  • Charlotte Mondo 7 mars 2014 00:27

                    Demandez-vous belle jeunesse,
                    Le temps de l’ombre d’un souvenir,
                    Le temps du souffle d’un soupir,
                    Pourquoi ont-ils tué Jaurès ?
                    Pourquoi ont-ils tué Jaurès ?


                    • eric 7 mars 2014 05:22

                      Mais pour rien, et c’est sans doute cela le plus triste. de toute façon, la gauche, dont les représentant de son parti, était au pouvoir. Leur intense activité diplomatique nous a précipité dans la guerre. Parce que ce serait bien beau de dire que cela nous est tombe sur la tête malgré nous, mais enfin, si les gens qui dirigent n’ont aucune responsabilité dans les résultats de leur politique, c’est un peu facile.
                      Depuis l’époque jusqu’a aujourd’hui, le seul vrai conflit, dans lequel nous nous sommes engage, avec une réelle part d’initiative, sous un gouvernement de droite c’est en gros les bombardement de la lybie par Sarkozy. En 14, gauche au pouvoir, En 40 idem. Et la chambre qui donne les pleins pouvoir a Petain, compte tenu de l’exclusion du PC et des absents, c’est a 50% celle du front popu. A peine sorti de celle la, c’est Blum qui envoie le corps expeditionnaire en Indochine, puis Guy Mollet qui envoie le contingent en Algérie. C’est le même qui attaque les égyptiens a Suez Meme avec l’Irak, il y a Miterrand qui y va et Chirac qui n’y va pas...Et j’en passe...

                      A ce stade, difficile de parler d’une « fatalité »


                    • epicure 7 mars 2014 16:31

                      EN 1940 le front populaire est défait, c’est une union du centre qui dirige la France à cette époque.
                      c’est daladier qui gouverne avec une coalition  : centre-gauche, centre-droit, droite
                      Plus à droite qu’à gauche.

                      Quand à 1914, c’est une alliance centriste qui dirige la france. Des gens à gauche pour ce qui est de la république et de la laïcité, mais pas forcément pour le reste, plutôt libéraux en fait.

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