Réformes des institutions : deux questions (à ne pas) poser !
Le président l’a dit, il veut réformer les institutions et demande à ce qu’un texte soit prêt pour début 2008. La presse commentera évidemment les nominations, les propositions égrenées par ses membres, testées par un lancement en tête de gondole médiatique. Jack Lang a ouvert le bal, en prenant l’initiative d’oser la suppression du Premier ministre. Quelle audace, ce DJack, quel zèle aussi. Car Monsieur le président fait réfléchir les sages mais impose le sujet :
En 50 pages maximales, proposez une batterie de réformes permettant de présidentialiser le régime en renforçant les pouvoirs du Parlement mais pas trop pour ne pas gêner l’action du président. Au besoin, essayez de trouver une série de petits aménagements censés satisfaire les différentes parties, sans léser personne, le tout dans le respect de l’esprit de la démocratie. Vous travaillerez en groupe, vous pouvez utiliser tous les documents à votre disposition. Vous avez quatre mois pour rendre votre copie.
Cette présentation ironique a pour but d’attirer l’attention sur un point, que les uns jugeront de détail et les autres, trouveront bizarre, pour ne pas dire inquiétant. Une Constitution, elle est faite pour inscrire dans le marbre des grandes règles et principes permettant à un gouvernement de fonctionner, peu importe que la nation adopte la démocratie ou non. Les nations occidentales, le Japon, bien d’autres pays, ont opté pour la démocratie. Les citoyens élisent les représentants et chez nous, le président est élu au suffrage universel. On peut s’attendre à ce qu’un président élu, avec l’ensemble de représentants, agisse selon les règles stipulées dans la Constitution. Imaginons par exemple une équipe qui, pour convenance personnelle, décide de changer les règles du foot, parce qu’elle juge que le développement de son jeu ne peut s’exercer dans toute sa plénitude si on garde les règles en l’état. Eh bien c’est ce que semble vouloir faire Sarkozy. Vouloir adapter la Constitution à sa manière de gouverner. La première question, à laquelle devraient s’intéresser les sages intellectuels qui pensent pour servir le peuple, journalistes de haut rang inclus, est la suivante. Cette réforme des institutions, est-elle nécessaire à la nation française ou à son président ?
Deuxième allégorie. Un navire se déplace dans un environnement fluctuant, subissant quelques avaries, des phénomènes climatiques, rencontrant des obstacles divers. Les passagers sont un peu agités, pas contents. Le navire tente d’éviter les récifs, mais aussi les bancs de sable, tout en poussant la puissance des machines au maximum. Dans la salle des machines, les mécaniciens suent et grognent. Au poste de pilotage, le capitaine tient la barre, mais les instructions données sont corrigées par une équipe décentralisée. Le capitaine reçoit les informations depuis la vigie, dotée de radars et d’instruments divers. Les données sont discutées par une équipe qui, tous les deux jours, lui remet son rapport. La croisière ne s’amuse plus car les problèmes s’accumulent. Notre capitaine décide alors de lancer quelques architectes et autres ingénieurs pour lui proposer une série de modifications dans l’agencement du navire, la structure du pilotage et le déroulement des procédures d’informations et de transmission au capitaine, ainsi que les corrections apportées par l’équipage. Mais vu d’en haut, un observateur extérieur voit que les problèmes du navire sont dus à une erreur de cap.
Voilà donc la deuxième question. Cette réforme voulue par le président relève de la gouvernance de l’Etat français, dans un contexte européen, mais surtout mondial, avec une série de fluctuations géopolitiques et économiques susceptibles d’interférer avec le fonctionnement de la nation française dans son ensemble. En plus, une crise sociale est largement dessinée depuis deux décennies. Nous sommes dans la situation d’un capitaine Sarkozy qui semble certain du cap à tenir, de la feuille de route à proposer, mais qui, pour barrer plus efficacement la France et la faire aller dans le bon sens dont il pense être le dépositaire et qui ne peut être que bon puisque c’est approuvé par le peuple récemment convoqué aux urnes, eh bien qui pour barrer demande qu’on modifie les règles du pilotage. Cette question, on peut la formuler explicitement : la France devra-t-elle revoir ses orientations ou bien celles-ci étant infaillibles, il faut donner au capitaine Sarkozy des règles et des commandes reformatées par une commission de sages indiquant les défaut à réviser dans la Constitution, bref, les points obligatoires à corriger, comme dans un contrôle technique.
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