Sarkozy est de retour : L’Aubisque sans freins un bandeau sur les yeux

En amateur éclairé de bicyclette, Nicolas Sarkozy sait qu’il vient de franchir le col de son apogée présidentielle. La présidence tournante européenne lui a donné l’occasion d’avoir le job de sa vie. L’agenda de cette présidence tournante a été prise d’assaut par une crise internationale aigüe sur fond d’absence diplomatique du poids lourd Américain pour cause d’élection interne.
Un terrain propice à notre président, c’est effectivement dans ces conditions là que l’animal sarkozy est à son aise. C’est dans ces terrains instables et imprévisibles qu’il sait être bon selon son horloge interne, c’est à dire jouant du bâton et de la carotte avec son entourage immédiat, tout en arborant un large sourire. Tout cela est bien rodé, le large sourire est présent plus que de raison. D’ailleurs plus son sourire est large, plus son interlocuteur devrait se poser des questions à son humble sujet. Toute l’application que notre président prête à sa gestuelle afin qu’elle ne laisse pas transparaître sa personnalité est à vrai dire très poussée. C’est un travail remarquable qu’il a dû améliorer tout au long de son existence. Laissons là l’animal post coïtum, c’est un animal triste.
Les Etats-unis sont exsangues sur le plan diplomatique depuis déjà un certain temps, ils ont laissé derrière eux une friche dans l’ordre mondial dont Nicolas Sarkozy a su opportunément saisir quelques bribes. On peut se demander d’ailleurs si "le plomb durci" qui s’abat actuellement sur Gaza n’est pas lié à cette absence durable du patron. Le proverbe : "quand le chat n’est pas là les souris dansent" prend une tournure particulière à cette occasion.
Toutes les bonnes choses ont une fin, Vaclav Klaus le président conservateur tchèque vient de prendre la relève. Nicolas Sarkozy retourne donc aux fourneaux après avoir côtoyé les sommets. Le revoilà donc de retour les mains dans le cambouis de la politique Française. Et comme il l’a si bien dit aux eurodéputés le 16 décembre : "il voulait changer l’Europe", (c’est du premier degré avec l’humilité qui lui est propre), mais "l’europe l’a changé". Une phrase qui devrait très certainement ne pas résister à l’Histoire, si tel était le dessein de notre président à cette occasion. Revoilà notre président conservateur sur la scène nationale, non pas touchant le cul des vaches et serrant des centaines de mains à l’heure, non revoilà notre président au coeur de la chienlit qu’il a instaurée depuis un an et demi. Le revoilà au coeur de son oeuvre, des canards gras du sud-ouest à la cuisine au beurre en Bretagne en passant par la quiche lorraine dans l’est.
Il faut dire qu’il devait être fatigué le bougre d’avoir côtoyé les sommets, alors il s’est fait ré-expliquer la réforme de Darcos, car il ne l’avait pas comprise. Il a donc décidé de refreiner Darcos dans ses velléités. Sarkozy prend donc du repos, il vient de faire marche arrière sur nombres de mauvaises réformes à tel point que certains lui reprochent de se Chiraquiser. Ce n’est certainement pas moi qui vais me plaindre de ce repos du guerrier bien mérité. En effet lorsque Sarkozy a eu durant quelques semaines l’impression que son "idéal de soi" très Lacanien était rattrapé par la réalité, il en a tiré deux conclusions :
1-tout le reste peut passer à la trappe.
2-l’Europe l’a changé : Sarkozy est désormais perché.
Les problèmes sociaux et humains sont donc toujours là, ici bas en France. Peu importe ces détails de cette fin de gouvernement Fillon. On change les chevaux et on continue l’équipée sauvage. Sarkozy peaufine donc son nouveau jouet gouvernemental comme Joseph, mon fils, découvre un nouvel aspirateur cet après-midi en répétant à satiété : t’es beau, t’es beau, t’es beau....
Sarkozy a d’ailleurs joué à chat perché avec Obama cette semaine puisqu’il a vaillamment déclaré : "au XXIe siècle, il n’y a plus une seule nation qui peut dire ce qu’il faut faire ou ce qu’il faut penser". Dès lors, "soit les Etats-Unis accompagneront ce changement (...) et nous changerons le monde avec les Etats-Unis, mais nous n’accepterons pas le statu quo". Quelque chose cloche dans cette phrase... la fin tombe à l’eau comme un animal post-coïtum en quelque sorte. Nous observons bien la "menace" en début de phrase, celle-ci appelle une chute au moins aussi gonflée que la menace en elle-même dans le genre : "soit nous changerons le monde sans les Etats-unis", mais nous n’avons eu droit qu’à un "mais nous n’accepterons pas le statu quo". Couillu Sarkozy, mais pas fou. Pourquoi une telle pugnacité à l’égard d’un président Américain pas encore installé, unanimement et internationalement auréolé de son succès récent à l’élection Américaine ? - C’est qu’il en va de l’estime que notre président se porte à lui-même. Nicolas Sarkozy a souhaité ce sommet du G20 qui aura lieu le 02 avril. Il n’en sortira probablement rien, mais un échec de ce processus pourtant légitime affecterait sans doute gravement l’estime que sarkozy s’accorde à lui-même.
D’une phase maniaque durant feu la présidence française doublée d’une emphase monomaniaque internationale, un échec du "bébé de sarkozy" pourrait conduire notre président vers une phase plus dépressive que jamais. Maladie bipolaire ou pas, l’entourage du président risque de dérouiller grave, et nous aurions droit au grand retour des menaces, de la division, de la vindicte et des boucs émissaires. Mais nous n’en sommes pas là.
Nous vivons sans doute l’une des crises les plus importantes depuis la Seconde Guerre mondiale et elle sera très certainement plus longue que ce que l’on entend ici et là. Notre président va pourtant vivre les prochains mois perché sur son nid d’aigle prêt à soigner son égo et à caresser des rêves de grandeur, dont nous commun des mortel ne pouvons pas avoir idée. Chacun son business.
Nous sommes bien dans une régression amorcée de notre pouvoir d’achat et de nos acquis. Notre président qui a tourné trop longtemps aux fortes émotions de la transgression semble repus de lui-même, il souhaite faire une pause au pire moment de son mandat. Fidèle à lui-même il va de nouveau invoquer l’éphémère pour essayer de tirer un trait sur les problèmes actuels trop matériels à son goût.
De l’égo à l’intérêt général, Nicolas sarkozy nous prend toujours de court, il a déclaré à des journalistes du point en juillet dernier : "Alors moi, en 2012, j’aurai 57 ans, je me représente pas. Et quand je vois les milliards que gagne Clinton, moi, j’m’en mets plein les poches ! Je fais ça pendant cinq ans et ensuite je pars faire du fric comme Clinton. Cent cinquante mille euros la conférence".
L’intérêt général au milieu de ce cloaque individuel semble être limité à sa portion congrue, alors continuons la descente de l’Aubisque avec notre président aux manettes, la vitesse grise l’imaginaire et fait oublier le présent.
Illustration : tableau de Francis Bacon "Je crois que l’homme aujourd’hui réalise qu’il est un accident, que son existence est futile et qu’il a à jouer un jeu insensé"
par peuples.net
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