Sondage Marine Le Pen : le truc que personne n’a vu

Ils sont très forts chez Louis Harris…3 petits sondages et voilà la France qui s’emballe en découvrant la nouvelle série de politique fiction : « Marine en tête du premier tour », « Marine à l’Elysée », « Marine forme son gouvernement ».
Selon ces sondages, tous les Français ont déjà un avis bien arrêté sur la présidentielle. C’est là l’incroyable mensonge par omission de Jean-Daniel Levy, responsable de Harris Interactive. Pendant que les spécialistes débattent, de résultats bruts, de méthodes de redressement, de marges d’erreur et d’intervalles de confiance, lui doit bien rigoler car il y a un truc que personne n’a vu. Le truc ? Avoir passé directement à la trappe les « Ne Se Prononce pas » (NSP) et les « indécis ».
Tiens c’est vrai ça ? Mais où sont-ils donc ? Où sont passés ces Français qui n’ont pas encore d’avis sur la nature du bulletin qu’ils glisseront dans l’urne en avril 2012 ? Où sont passés ceux qui, bien qu’ayant donné une intention de vote, ne sont pas sûrs de leur choix ? Ne cherchez pas. Ils ne sont ni dans les sondages de Louis Harris, ni dans la plupart des enquêtes sur les intentions de vote pour la présidentielle de 2012.
Cette omission volontaire de l’« opinion qui hésite » n’est pas un cas isolé. Déjà pour les présidentielles de 2007, la majorité des sondages ne mentionnait pas le nombre de « NSP » ni celui des « indécis ». Quatre ans plus tard, nous en sommes toujours au même point.
Normal. Les instituts n’aiment les esquisses, ils préfèrent des images bien léchées quitte à les retoucher en supprimant les zones floues. Le résultat final donne le reflet d’une opinion sûre d’elle-même et de ses choix. En somme, une opinion re-liftée et irréelle.
Encore une fois, le trucage n’est ni dans les marges d’erreur, ni dans les méthodes de redressement. Comme les meilleurs trucages, il est là, sous nos yeux, dans l’escamotage de ces Français bien plus nombreux que les potentiels électeurs de Marine Le Pen et qui ont comme particularité de ne pas vouloir donner leur opinion ou de ne pas encore en avoir une.
Les NSP étaient 40 % à un an de l’élection présidentielle de 2007. Qu’en est-il aujourd’hui ? Il n’y a aucune raison pour qu’ils soient moins nombreux. Mais officiellement nul n’en sait rien…sauf la Commission des sondages qui détient ces chiffres qui lui ont été communiqués par les instituts en application de la loi.
Et le moins qu’on puisse dire c’est qu’elle ne les divulgue pas facilement au citoyen qui a légalement le droit d’y accéder. Pour ceux qui voudraient essayer d’obtenir ces informations et ainsi se forger leur propre opinion sur ce service public qu’est la Commission des sondages, trois ingrédients sont nécessaires : de la ténacité, une adresse e-mail et un numéro de téléphone (1).
Mais de quel droit les instituts passent-ils sous silence la France qui attend de voir un peu plus ce que donnera la campagne électorale pour donner son avis ? Rien ne justifie une telle omerta sinon la volonté de monter des « coups » médiatiques.
Or, c’est parce que l’opinion hésite que la démocratie existe et qu’une campagne politique a un sens. Le devoir des instituts est de suivre cette partie de l’opinion qui se cherche et d’offrir ainsi une vision réellement dynamique du choix électoral.
Mobilisons-nous pour que tous les sondages sur les intentions de vote mentionnent les NSP et les indécis. Ce sont ces chiffres qui peuvent changer le cours d’une campagne et relativiser la percée de tel ou tel candidat. Ce sont donc ces chiffres qui doivent être systématiquement publiés par les instituts. Nous en finirons ainsi avec les histoires électorales à dormir debout que certains instituts veulent nous faire croire.
(1) Pour les lecteurs d’AgoraVox qui souhaitent tester eux-mêmes le degré de transparence de la Commission des sondages : 01 40 20 88 70 / secretariat@commission-des-sondages.fr. Pour la tenacité, les lecteurs d’AgoraVox n’en manquent pas ;-)
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