Curieux spectacle pour cette rentrée politique que de voir le président traverser l’Europe et s’agiter pour dénoncer cette « trahison de l’esprit européen » que représente la fameuse directive sur les travailleurs détachés et réclamer sa réforme. Après le refus, temporaire, du rachat de STX par Fincantieri, on pourrait croire à une évolution souverainiste. Sauf qu’il ne s’agit que de communication.
Postures et compromis dérisoires
Voilà qui amène à remettre en perspective le cinéma diplomatique de Macron. Bien sûr,
entre des discours calibrés, et un tour d’Europe alimentant les média, le président semble prendre à bras le corps ce problème. Ici, on peut y voir l’enfant politique de Sarkozy : beaucoup d’agitation, de coups de mentons, pour pas grand chose au final (comme pour la délinquance et la finance alors). Car ce qui est frappant
pour qui accorde la moindre attention aux propositions de l’Elysée, c’est leur très grande timidité. Ce n’est pas en limitant à un an des contrats, qui sont de toutes les façons bien plus courts en général, que cela limitera cette pratique, d’autant plus qu’il serait sans doute possible de les enchaîner.
Bref, ici, Macron ne fait que de la communication, une forme de triangulation, où il reprend un argument du camp adverse pour essayer d’affaiblir son opposition. Mais,
à juger par une courbe de sondage qui descend plus vite que pour tous les autres présidents, les manœuvres grossières du président ne parviennent pas à convaincre. Le maquillage est bien trop grossier. Et ce faisant, il est possible qu’il parvienne à la fois à décevoir ses soutiens sincères, déçus par les gouttes d’eau d’apparence souverainiste qu’il met dans son vin, sans pour autant convaincre ceux qui s’opposaient à lui, pas dupes de la réalité des mesures qu’il prend
ou encore de l’agenda plus global qu’il a choisi de mettre en place.