U.M.P.= Unis Pour Moi
Après la défaite prévisible de l’UMP en mai 2012, les couteaux sont tirés et chaque jour, le parti de droite voit sortir du chapeau un nouveau candidat pour reprendre le flambeau, l’ex-président ayant laissé la place vide.

Fillon a tiré le premier, le 30 juin 2012, prenant de surprise Copé, secrétaire général du parti, et énervant Christian Jacob (soutien de Copé), lequel estime que l’heure n’est pas aux candidatures, mais plutôt « à l’organisation de l’opposition parlementaire ». lien
Fillon n’y va pas par quatre chemins, et dénonce aujourd’hui le bilan de Copé à l’UMP, évoquant une « politique inconséquente », jugeant sévèrement la gestion du parti depuis la défaite de mai dernier.
Il affirme être parrainé par l’ex président de la république, expliquant : « c’est un sujet que nous avons souvent évoqué ensemble, et depuis longtemps ».
Et pour bien marquer sa différence, il déclare : « nous avons des valeurs qui sont celles de la droite républicaine », dénonçant la posture ambiguë de l’UMP de Copé vis-à-vis du FN, le « ni-ni » qui permettait aux électeurs de droite de voter éventuellement pour le front national, refusant ainsi le vote républicain. lien
Roselyne Bachelot, après la parution de son brûlot « A FEU ET A SANG », (éditions Flammarion », qui semblait tentée par le fauteuil, est maintenant devenue un soutien pour son ami François Fillon. lien
Copé, que Martin Hirsch qualifiait « d’ambitieux sans bornes », (lien) sera bien évidemment candidat, mais peut-être attend il que toutes les candidatures se soient déclarées.
C’est maintenant sur le net que la bataille entre les deux frères ennemis s’est invitée.
Les seconds couteaux y vont de leur Twitt, tel Patric d’Agostino, qui qualifie la méthode de Fillon d’intox.
C’est aussi sur le net qu’Estrosi a apporté son soutien à Copé écrivant par Twitt « chacun sa priorité. La mienne est de défendre le bilan de N.Sarközy lors de la session extraordinaire… » (lien), mais Estrosi ne serait-il pas, lui aussi, tenté par l’aventure ?
Dernière péripétie, se plaignant que Copé utilisait les structures du parti pour faire campagne, les « fillionnistes » ont récupéré un compte de soutien de l’ex-président, pour en faire le leur, récupérant ainsi les 60 000 abonnés engrangés durant la présidentielle, qu’ils ont rebaptisé « Teamfillon ». lien
Ce qui a plongé Copé dans une grosse colère d’autant qu’un autre compte a été récupéré.
Appelé @MdameMichu, ce compte qui pratiquait un « humour de droite », mettait en scène une fausse retraitée qui tentait de tourner en dérision le candidat Hollande. lien
Dans chaque camp, on compte ses soutiens : Valérie Pécresse a choisi le sien, celui de Fillon, et après 80 déplacements pendant la campagne, elle a constaté que « les gens voulaient Fillon », donc acte.
Laurent Waukiez soutient pour l’instant Fillon, mais il n’écarte pas la possibilité de se présenter.
François Baroin semble avoir fait son choix, ce sera Copé, mais du bout des doigts : « Copé à le droit de tenter sa chance, il est légitime » affirme-t-il.
On peut être mieux soutenu, d’autant que ce même Baroin n’écarte pas la possibilité de se présenter en 2017 pour la lutte présidentielle.
Xavier Bertrand, après avoir été « sarköziste » et « fillionnien », est maintenant « bertrandrien », et s’il n’exclut pas une candidature de Juppé à la tête de l’UMP, il n’a pas pour autant l’intention de jouer les potiches de salon.
Il avait d’ailleurs été candidat pour prendre les rênes du groupe UMP à l’assemblée nationale, affirmant que : « ce n’est que la première étape de l’élection à la présidence de l’UMP ». lien
Juppé n’est, affirme-t-il, pas candidat, et il préconise une direction plurielle, se réservant plus tard le droit d’arbitrer si sa proposition n’est pas validée, mais si Copé et Fillon le soutiennent, il serait candidat à la présidence de l’UMP. lien
Il ne veut pas d’un combat « fratricide » entre ses 2 « amis », Copé et Fillon, et pour faire cesser cette lutte, Il est allé plus loin affirmant qu’il s’engagerait à ne pas être candidat à la présidentielle de 2017, faisant au moins l’unanimité contre lui, puisque Copé et Fillon doutent clairement que cette promesse de Juppé soit tenue. lien
Jamais deux sans trois, dit le proverbe, c’est ce qu’a prouvé la dernière candidature, celle de Bruno Lemaire, convaincu d’être le seul qui ait avancé des propositions concrètes, ajoutant « ça ne m’intéresse pas de rentrer dans les querelles de personnes, de prendre parti pour un clan ou un autre ».
Affirmant que si ses propositions ne sont pas reprises par l’un ou l’autre des candidats, Il présentera son projet politique début septembre. lien
Mais y a-t-il d’autres candidats. ?
Gérard Longuet, silencieux jusque là, a de l’ambition, celle de créer un nouveau courant, celui d’une « droite libérale et moderne ». lien
Adepte lui aussi du « ni-ni », il affirme pourtant montrer de la considération pour le Front National, trouvant Marine Le Pen fréquentable, estimant même qu’elle peut être une interlocutrice pour l’UMP.
Personne n’a oublié son lapsus révélateur lorsqu’il avait prononcé cette phrase : « pour nous, au front national… ». lien
Ca ne devrait étonner personne si on veut bien se souvenir du parcours de Gérard Longuet : cet ancien membre du mouvement d’extrême droite « Occident », mis en examen à 5 reprises dans les années 90 (lien) a été condamné à 1000 francs d’amende pour complicité de « violence et voies de fait avec armes et préméditation », pour avoir provoqué en 1967 le coma d’un étudiant d’extrême gauche. lien
Certains, comme Rachida Dati, au nom peut-être de la parité, est prête à être candidate, mais à plusieurs…femmes bien entendu. lien
Même Hervé Gaymard semble tenté par la belle place : considéré comme « l’outsider », il propose que l’élu remette en jeu son mandat à mi parcours. lien
Quant aux candidats à la vice-présidence, ils se bousculent au portillon : ils sont déjà au moins 3, Bernard Deflesselles, Christian Kert, et Christian Jacob.
Nadine Morano doit se réserver d’être la porte parole, à moins qu’elle serve un beau jour de lien pour faire fusionner l’aile droite de son parti avec les bleus de la Marine. lien
Pour l’instant, si l’on compte bien, ils sont donc une petite dizaine plus ou moins attiré par la place du chef, mais toutes les ambitions ne sont pas connues, et cette affaire de chef de l’UMP pourrait tout aussi bien provoquer l’éclatement du parti, pour le plus grand profit de Marine Le Pen, qui se tient en embuscade au cas où.
Elle a toujours l’espoir de récupérer une partie de l’UMP, puisqu’ils sont nombreux à prôner depuis toujours la fusion entre les 2 partis.
Si l’on fait le bilan, on découvre enfin de compte un éclatement possible de l’UMP en 7 mouvements bien définis :
1) La droite gaulliste défendue par Fillon, avec Bachelot, Pécresse Wauquiez (à moins que celui-ci ne crée son propre mouvement) et quelques autres.
2) La droite sarköziste, défendue par Copé, soutenu par Barouin, Estrosi, entre autres.
3) La droite « moderne » de Gérard Longuet, dans laquelle on retrouve Luc Chatel, Hervé Novelli, Michelle Tabarot, et Axel Poniatowski.
4) N’oublions pas la droite des « paritaires », menée par Rachida Dati.
5) La droite « bertrandiste » menée par Xavier Bertrand.
Mais ce n’est pas tout.
6) Il ne faudrait pas oublier la droite « centriste humaniste » qui sous la houlette de Jean Pierre Raffarin, veut regrouper des élus UMP de « sensibilité libérale ». lien
7) Cerise sur le gâteau, Roger Karoutchi a annoncé de son côté la création du « Rassemblement gaulliste ». lien
Quant à Bayrou, il doit secrètement penser à récupérer dans son vieux modem, ceux qui, en créant le nouveau centre, avaient rejoint l’UMP.
L’ex-président de la république devrait s’interroger sur le champ de ruines prévisible qu’il va laisser, mais il a aujourd’hui d’autres préoccupations, puisque la justice semble s’accélérer pour les affaires le concernant.
Pas moins de 3 perquisitions viennent d’être effectuées : l’une à son cabinet d’avocat, une autre dans ses bureaux de la rue de Miromesnil, et une dernière à son domicile parisien.
Il semble que le juge Gentil n’ait apprécié que modérément la tentative de justification lancée par Thierry Herzog, l’avocat de Sarközy, qui lui avait proposé des copies d’agenda en déclarant que son client : « n’avait rien à se reprocher ».
Dans la tourmente on retrouve aussi le procureur Courroye, surnommé aimablement par le passé et par ses collègues « Courroye de transmission », accusé par « Le Monde » dans l’affaire des « fadettes », ainsi que Patrice de Maistre, lequel n’aurait rien lâché devant le juge sur le volet politique de l’affaire concernant le financement de la campagne de Nicolas Sarközy. lien
Comme dit mon vieil ami africain : « il vaut mieux jouer aux échecs que les collectionner ».
L’image illustrant l’article provient de « blogs.lesinrocks.com »
Merci aux internautes pour leur aide précieuse
Olivier Cabanel
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