Une dizaine de ministres de Fillon bloguait avant d’entrer au gouvernement. Vont-ils continuer ?
Sur les 19 membres du gouvernement, on compte une dizaine de blogueurs. Ou, plus exactement, une dizaine bloguait avant l’annonce du nouveau gouvernement. Ont-ils annoncé leur nomination ? Comment ? Ont-ils dit sur leur blog s’ils allaient continuer à bloguer ? Revue de détail, et note globale pour chacun des blogs, dans l’ordre protocolaire.
François Fillon était un blogueur actif. Il a ouvert son blog en mai 2004 et a publié plus de trois cents billets. En mai, il a posté à ce jour huit articles (dont, certes, trois n’étaient que des liens vers des médias, et les deux derniers des copies de discours). Plus significatif, depuis le début de l’année, François Fillon a publié quatre-vingt-sept billets. Il est nettement plus actif que ses quatre prédécesseurs à Matignon qui bloguent (soixante billets pour Jean-Pierre Raffarin, dix-sept pour Alain Juppé, treize pour Laurent Fabius et seulement trois pour Lionel Jospin). Mardi 22 mai, le tout nouveau Premier ministre écrivait : "Pourrai-je continuer à tenir ce blog ? Je ne suis pas sûr d’en avoir le temps et je ne veux pas sous-traiter à des collaborateurs un exercice qui n’a d’intérêt que s’il est personnel. Je voudrais pourtant garder ce lien précieux noué depuis plus d’un an avec quelques milliers de Français qui viennent régulièrement exprimer leurs désirs, leurs attentes et leurs opinions ou plus simplement lire mes contributions." 16/20
Alain Juppé, ministre de l’Ecologie, du Développement et de l’Aménagement durables, est un des pionniers parmi les politiques blogueurs. Son dernier billet date du 16 mai et, sous le titre "Au revoir, monsieur le Président..." évoque les deux mandats de Jacques Chirac. Il n’a pas précisé s’il continuerait à bloguer. 16/20
Le blog de Jean-Louis Borloo, ministre de l’Economie, des Finances et de l’Emploi n’est pas vraiment à la page. Son dernier billet date du 11 mai, ce qui n’est pas dramatique, mais son sujet étant complètement à côté de la plaque depuis maintenant près d’une semaine, il n’aurait pas été idiot de mettre en ligne un autre post pour éviter au lecteur de tomber sur ça : "Borloo et Fillon favoris pour Matignon" Ajoutons que le "blog" de Jean-Louis Borloo est un pur gadget de communication, il parle du ministre à la troisième personne du singulier, et ne consiste qu’en une ennuyeuse liste de communiqués de presse. On ne sait pas si le blog continuera à être mis à jour, mais si ce n’était pas le cas, ce ne serait vraiment pas une grosse perte pour la blogosphère... 3/20
Michèle Alliot-Marie, ministre de la Défense, n’a pas de blog à proprement parler. Mais sur son site "Le Chêne", elle délivrait (presque) tous les mercredis un message. Le dernier date du 2 mai. 7/20
Xavier Darcos, ministre de l’Education nationale, a annoncé au lendemain de sa nomination au gouvernement qu’il arrêtait son blog : "Ce blog était une manière d’accompagner la campagne et de mettre un peu d’humeur (voire d’humour) dans cette période. J’ai aujourd’hui l’honneur de participer au gouvernement. Il ne s’agit plus de commenter mais d’agir, pour mener à bien les projets de réforme voulus par le président de la République. Donc, pour quelque temps : adieu. Je vous dis merci de votre fidélité. J’ai été très sensible à votre attention et à nos échanges, parfois vifs mais toujours loyaux et respectueux des convictions de chacun." Dommage, son blog était l’un des plus intéressants parmi ceux des ministres. 16/20
Valérie Pécresse, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, était une blogueuse active. On a donc été un peu déçu qu’elle se soit contentée, pour annoncer sa nomination au gouvernement, le 18 mai, de recopier un article du Monde. Pas de nouveau billet depuis, elle n’a pas indiqué si elle continuerait à bloguer ou non. 14/20
Hervé Morin, ministre de la Défense, avait un blog, mais il a été désactivé. La page indique désormais "Bientôt en ligne". Même les archives ont disparu. Impossible d’y accéder, même avec les liens directs des articles. C’est nul. On ne pourra ainsi plus lire, par exemple, ce post du 5 avril dans lequel il écrivait : "L’UDF s’affirme comme une force politique autonome qui souhaite modifier en profondeur un système qui depuis vingt-cinq ans nous conduit au déclin. Bien entendu, c’est plus risqué que de rester sous la tutelle d’un « grand parti frère », mais face à une situation aussi grave il faut des solutions exceptionnelles." Evidemment, le nouveau ministre souhaitant, avec une quinzaine de députés UDF raliés à Nicolas Sarkozy, créer un "nouveau centre" qui présentera des candidats aux législatives sous le label de la majorité présidentielle, il était préférable de faire disparaître ce genre de billets. 0/20
Le blog de Christine Boutin, ministre du Logement et de la Ville, annonce sa nomination au gouvernement à la troisième personne du singulier : "Une des instigatrices de la loi sur le droit au logement opposable, la présidente du FRS se voit ainsi confier en tant que spécialiste reconnue les rênes d’un dossier qui lui tient à coeur depuis longtemps." La nouvelle ministre n’aurait-elle pas pu trouver cinq minutes pour l’annoncer elle-même en disant "je" ? Christine Boutin était, avant son entrée au gouvernement, une blogueuse active. Pas d’autre billet depuis le 18 mai, et elle n’a pas indiqué si elle continuerait à tenir son blog. 13/20
Le blog d’Eric Woerth, ministre du Budget, des Comptes publics et de la Fonction publique, n’est pas du tout à jour. Son dernier billet a été mis en ligne le 30 avril, voici plus de trois semaines et, surtout, ce qui frappe en arrivant sur le blog, c’est le header où est écrit en gros caractères : "Ancien ministre". 8/20
Le site d’Eric Besson, secrétaire d’Etat auprès du Premier ministre, chargé de la prospective et de l’évaluation des politiques publiques, comprend un lien intitulé "Le blog", mais ce dernier pointe vers une page vide. 0/20
Martin Hirsch, haut commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté, a un blog hébergé par Le Nouvel Obs. Au lendemain de sa nomination, il a mis en ligne le communiqué d’Emmaüs dans lequel il explique pourquoi il a accepté cette mission : "Au cours de la campagne électorale, plusieurs candidats ont inscrit dans leur programme la création du revenu de solidarité active (...). Le président élu m’a confirmé sa volonté de le mettre en œuvre et m’a demandé d’assurer le pilotage d’une réforme des minima sociaux, telle que proposée par la commission que j’avais animée. (...) Le président de la République a estimé que le pilotage d’une telle réforme nécessitait (...) d’être exercé au sein du gouvernement. Je n’ai pas accepté un titre ministériel, mais ai donné mon accord à une nomination, dans des fonctions nouvelles de haut commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté, pour mettre en œuvre ces réformes." Son blog n’avait pas été très actif dans les semaines précédentes : seulement deux autres billets entre le 1er et le 18 mai. 12/20
Plusieurs des ministres ont également, au cours des derniers mois, été les invités de podcasts vidéo sur différentes blogs. On peut ainsi retrouver des vidéos de rencontres avec des blogueurs au siège de campagne de l’UMP, celle avec Michèle Alliot-Marie en avril, et celle avec Valérie Pécresse en mars, deux interviews vidéo de Loïc Le Meur, celle de Christine Lagarde en janvier, à Davos et celle de Xavier Bertrand (alors ministre de la Santé) en septembre, ou encore plusieurs podcasts vidéo de Thierry Solère, avec Roselyne Bachelot en novembre dernier, avec François Fillon et avec Eric Woerth en octobre.
Rappelons aussi le podcast vidéo de Nicolas Sarkozy, avec Loïc Le Meur. C’était en décembre 2005, place Beauvau.
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